Vie sur Terre et Vie dans l'Au-Delà
Chapitre 1 : Fil du destin
4238 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 05/09/2023 01:27
Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions.fr : Le fil du destin (septembre à octobre 2023)
« Même à l’heure du danger, que nul n’abandonne sa dignité » Sanhédrin 92 b
Mélinda, réveillée de son cauchemar, dit à son mari, encore endormi :
— Jim, je ne sais pas du tout ce que je dois faire... J'ai l'impression, malgré mes nombreuses années d'expérience à aider les esprits errants, que le cas d'Andréa est beaucoup plus complexe.
La jeune femme était troublée, plus qu'à l'ordinaire, de la perte de son associée et amie qu'était Andréa et du cauchemar. Son mari, près d'elle, avait ouvert lentement les yeux en entendant sa voix, venant de sortir des bras de Morphée, l'incita, d'un geste de la main, à développer un peu.
— J'ai rêvé de la mort d'Andréa, écrasée dans sa voiture par le crash de l'avion... C'est horrible, se lamenta-t-elle. Et tu sais qu'elle était ma meilleure amie qui ne me prenait pas pour une folle avec mon don singulier... C'est rare d'avoir un tel ami... Et je l'ai perdue parce qu'elle s'inquiétait pour son frère. Je l'ai vue hier et avant-hier se promener dans la rue et dans la boutique, comme si elle était encore vivante... C'est déchirant à voir. Elle était clairement désorientée, perdue, inconsciente qu'elle n'est plus... parmi les vivants. J'ignore ce qui la retient sur Terre encore... Il m'est difficile de considérer son cas comme n'importe quel autre que j'ai eu.
— Mél, je comprends que tu sois affectée émotionnellement et psychologiquement. Mais, ma chérie, tu n'as pas de raison pour t'inquiéter, je te seconderai, dit-il en lui prenant doucement la main, comme je l'ai toujours fait. Et, à deux, on arrivera à surmonter la difficulté, tu en es capable. Tu as réglé des cas plus difficiles.
— Tu sais que t'es génial ? demanda-t-elle avant de l'embrasser tendrement.
Sur ces mots, le couple se leva et prit son petit-déjeuner. La jeune femme ne cessa de penser à la manière d'informer son ancienne associée de sa nouvelle situation.
Mélinda décida de passer dans sa boutique d'antiquités. Elle vit Andréa qui se demanda :
— Pourquoi tout le monde m'ignore ?
Au moment où elle voulut lui répondre, quelqu'un entra dans le magasin, cherchant un meuble du XVIIIe siècle. Une fois le client parti, Mélinda aperçut derrière la porte Romano. Ce dernier était un esprit errant qui l'observait depuis quelques semaines sans qu'elle ne l'ait remarqué et qui vint de montrer son vrai visage et ses intentions : il lui fit un geste menaçant. Andréa, ayant ressenti la présence de l'autre esprit errant, balbutia :
— Cet homme en noir est très bizarre. Je ne comprends pas pourquoi il me suit, m'affirmant qu'il me connaît, et pourquoi tout le monde feint ne pas le voir ?
— Disons que ta situation est très délicate...
Mélinda ne pouvait se résoudre à lui annoncer crûment la vérité et essaya de temporiser :
— .... et j'ignore aussi qui est cet homme en noir.
— Il ne m'a même pas dit son nom. Et en quoi ma situation est délicate ?
— Disons que tu n'es plus vivante, tu es morte, tu es une âme errante... , affirma-t-elle d'une voix affectée par l'émotion, Pars dans la Lumière, s'il te plaît.
— Non... Non, ce n'est pas vrai..., nia-t-elle avec colère et violence, C'est impossible... C'est une blague ?... Une mauvaise blague ?... Et Mitch, mon frère ? Il est vivant ou non ?
Andréa disparut, marchant vers la sortie de la boutique pour aller dans le parc. Le pilote de l'avion se manifesta près de Mélinda pour capter son attention et lui chuchota :
— Venez sur le lieu de l'accident, je vous expliquerai ce qui s'est passé... Mais j'ai surtout peur des passagers, de leur colère envers moi... comment devrai-je les affronter ? Je n'ai jamais été bon en présence d'un public...
Le pilote parla ainsi, et la femme opina du chef et l'esprit s'estompa.
Un peu plus tard dans l'après-midi, dès qu'elle arriva sur le lieu de l'accident, Mélinda traversa la ligne de sécurité où des agents du FBI l'interceptèrent, lui demandant ses papiers et la raison de sa venue. La passeuse d'âmes distingua l'esprit errant du pilote qui lui montrait le volant et essayait de lui expliquer ce qui était arrivé. Mélinda trouva un prétexte aux agents qui la laissèrent passer. Mélinda écoutait les explications du pilote et comprit que la chute de l'avion avait eu lieu lorsque tous les deux cent vingt-huit passagers dormaient et qu'une dépression soudaine de l'air s'était présenté à bord du Trans Eastern Airlines 395, engendrant la mort des passagers et du personnel à bord, pour un total de deux cent soixante individus. Cette dépression de l'air était inexplicable.
Romano se manifesta à la gauche du pilote et harangua les défunts :
— C'est moi qui ai provoqué la dépression, et du coup, votre mort et celle de tout l'équipage. Vous êtes tous miens... Vous avez tous des sombres secrets que vous désirez cacher. Une femme malade à la maison, raison pour laquelle vous travaillez beaucoup pour ne pas la voir, des infidélités conjugales avec le premier venu, des vols dans des magasins, des détournements d'argent... Je connais vos secrets... Et, si vous allez dans cette Lumière, vous serez jugés pour toutes vos mauvaises actions et vos mauvaises pensées. Aussi vous feriez bien de me suivre et de continuer à vivre pour toujours. C'est ma promesse, une vie éternelle sans la peur d'être damné en Enfer.
Le pilote et plusieurs passagers regardaient leurs pieds, se sentant concernés par les propos de l'homme en noir.
Romano se tourna vers Mélinda et lui enjoingnit :
— Madame, que savez-vous de l'Autre Monde ? La vie est fragile et ne tient que sur un fil. N'oubliez pas que vous pouvez passer au fil de l'épée très facilement. Ne vous ingérez pas dans mes affaires, si vous ne voulez pas mourir bientôt. Et si vous ne voulez pas que vous vous joigniez à mes rangs.... Compris, l'élue, la prédestinée ? Votre âme, susurra-t-il en s'approchant d'elle, m'est précieuse et vaut plus que les deux cent soixante âmes ici réunies. Je vous les donnerais volontiers en échange de la vôtre. Tout repose sur vous, selon votre choix. Soit je suis votre plus grand allié, soit je suis votre plus grand ennemi.
— Je sais que les âmes ne doivent pas être avec les vivants. Elles ne doivent plus errer sur Terre, mais plutôt partir dans la Lumière, s'exclama-t-elle.
— Êtes-vous déjà entrée dans la Lumière ?
— Non, je ne suis jamais entrée, sinon je ne pourrai être ici en corps et âme, mais je sais de ma grand-mère et de mes expériences auprès des âmes errantes qu'il doit être ainsi. Je n'oublierai jamais la joie et la paix sur le visage de ces âmes avant de rejoindre cet endroit. Un visage tellement serein que je ne peux vous le décrire.
— Ah ! Ah ! Ah ! Vous voulez nous convaincre d'aller à un endroit inconnu de vous ? Quelle vulgaire tromperie ! Je propose une meilleure voie : celle de l'éternité familière.
Ainsi parla Romano, et il se dirigea vers les esprits errants et continua son monologue. Mélinda décida de se retirer, puisque les agents du FBI commençaient à la regarder bizarrement et l'un d'eux la regardait avec intérêt, pensant la recruter dans leur rang. La jeune femme revint chez elle très perturbée par le sombre esprit.
Une fois qu'elle était revenue chez elle, elle avait expliqué, à son mari, la conversation avec Romano, Mélinda protesta contre sa situation :
— Honnêtement, Jim, j'ignore comment je peux faire passer autant d'âmes dans la Lumière, alors qu'un ténébreux esprit habillé de noir me menace... Il semble me connaître, et je ne connais même pas son nom... Que la vie est injuste! En plus qu'il n'est pas collaboratif! Que puis-je faire ?
— Chérie, je comprends ton désarroi, mais allons-y calmement. Il faut comprendre quel est le rapport de cet homme avec Andréa.
— Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt! Je me mets sur l'enquête maintenant.
— Mais avant, il faudrait au moins connaître son identité, son nom...
— Mais comment le savoir ?
Mélinda parla ainsi, soupira et regarda sur la liste des professeurs de l'Université Rockland dans l'espoir d'en trouver un qui, par sa spécialisation, pourrait l'aider. Son mari regarda distraitement sa recherche. Mélinda trouva le professeur Richard Payne.
Le lendemain matin, Mélinda appela le professeur d'anthropologie et spécialiste des sciences occultes, Richard Payne, pour l'informer qu'elle passerait à son bureau pour lui demander son aide concernant un cas particulier.
Plus tard, une fois arrivée au bureau du professeur et après l'échange de politesses, la jeune femme rentra dans le vif du sujet, à savoir l'identité de l'homme en noir.
Richard Payne, intrigué de la demande, chercha dans ses livres et lui montra plusieurs images et photographies pour trouver, après quelques minutes, son identité. Il s'agissait d'Angelo Romano, né en 1941 et mort en 1999. Il était un fondateur de secte italien en Espagne qui était parti aux États-Unis vers la fin de sa vie. Il mourut en se suicidant rituellement avec ses cent quinze membres.
Mélinda, pensive, se demanda quel pouvait bien être la connexion entre son amie Andréa et ce sinistre inconnu. Était-ce un lien de famille lointain ou inconnu ? Une simple coïncidence ? Une connaissance ? C’était difficile, voire impossible, à envisager la bonne solution pour l'instant. Il était trop vieux. Vingt-neuf ans le séparait d’Andréa. Ce qui l’étonnait beaucoup, c’était les mentions des termes « élue, prédestination, inévitable, mort » écrits en gras dans les notes et les livres de Payne qu'elle remarqua en jetant un coup d'œil rapide. Elle trouvait ces mentions vraiment sinistres et se promit de ne pas trop se confier à lui.
Sur cette pensée, la jeune femme remercia Richard Payne de son aide. Après son départ, le professeur appela un agent du FBI, Matthieu Mallinson, pour l'informer d'avoir à l'œil Mélinda Gordon, car son intérêt pour Romano était douteux et qu'elle devrait être leur prochaine cible, étant la femme qu'ils recherchaient depuis quelques années. Les vivants et les âmes errantes la recherchaient, chacun désirant qu'elle soit dans leur camp, qu'elle soit à leur service. Les deux camps s'opposaient farouchement ; le Bien et le Mal la voulaient. Et tous savaient, inconsciemment, que Romano sera le déclencheur pour essayer de l'attirer dans leur camp ou de l'éliminer.
De retour chez elle, Mélinda chercha sur internet la généalogie de son amie, les Marino, et celle d'Angelo Romano, mais ne trouva rien d'intéressant. Le soir, elle expliqua à son mari ses conclusions. Devant sa déception, Jim lui conseilla de demander à un ami de la police, l'inspecteur Carl Neely, de mener cette enquête, puisqu'il aurait nécessairement accès à des informations qu'elle ne pouvait avoir. En plus que l'inspecteur lui devait un service, l'ayant plusieurs fois aidé pour des enquêtes et, surtout, ayant sauvé ses enfants alors qu'ils étaient au seuil de la mort l'an dernier.
Le lendemain matin, Mélinda se rendit au bureau de Carl Neely pour voir s'il acceptait d'enquêter sur Angelo Romano et Andréa Marino. L'inspecteur, même s'il ne comprit pas la raison de l'enquête, accepta la requête, en souvenir de l'aide inconditionnelle de Jim Clancy par le passé, ce qui réjouissait Mélinda au fond de son âme, même s'il ne lui avait pas caché que cette enquête allait à l'encontre de la procédure habituelle, ce qui l'exposa à une mesure disciplinaire si l'un de ses supérieurs avaient vent de son activité. Il devra être prudent lors de son enquête, ce qui exigea de prendre plus de temps que d'habitude avant d'obtenir les résultats. Mais la bonne humeur de Mélinda tomba vite en apercevant Romano, sortant du bureau de l'ami de son mari, qui lui adressa un geste menaçant avant de s'effacer aussi rapidement qu'il était venu.
En parallèle à l'enquête de Carl Neely, Mélinda et Jim essayaient de trouver une solution, la jeune femme avait l'impression qu'il était question de vie ou de mort pour comprendre rapidement cette énigme entre les deux âmes errantes qui la préoccupaient. Et Mélinda avait conclu qu'il n'y a que deux choix, soit Romano connaissait Andréa par des rapports de famille obscurs (comme un enfant illégitime), soit qu'il était question de vie antérieure.
Deux semaines plus tard, Carl Neely appela Mélinda pour l'informer qu'il avait terminé son enquête et qu'il viendrait le lendemain matin lui apporter dans sa boutique d'antiquités les résultats de sa recherche. Dès que les téléphones furent raccrochés, Romano surgit derrière elle, manifestement content de lui, et clama haut et fort, avec une pointe d'orgueil :
— Vous ne parviendrez pas à votre conclusion, quelqu'un mourra ce soir, son fil sera coupé. Ah ! Ah ! Ah !
Au moment où il s'évanouissait dans les airs, Andréa se montra à la gauche de Romano, la mine inquiète, et elle murmura à son amie :
— J'ai compris que je suis morte maintenant, et que mon frère est vivant, mais je ne peux quitter ce monde-ci facilement, j'ai un lourd poids sur mon âme... Je dois partir... Mais je t'avertis, quelqu'un va mourir ce soir..... N'oublie pas que tout est de ta faute... Si seulement je ne t'avais pas écouté... Oiseau de malheur, proféra-t-elle.
Elle avait dit et elle s'en alla, laissant Mélinda inquiète, très inquiète. Elle sortit de la boutique et partit chez elle, dans sa chambre dormir. Sa nuit fut agitée de cauchemars, de Romano et d'Andréa qui la pourchassaient et la menaçaient de la tuer, non seulement elle, mais aussi le fils qu'elle portait en elle depuis deux mois.
Le lendemain matin, Mélinda se leva et embrassa son mari, mais il ne réagit pas. Romano se matérialisa à la gauche de la femme, suivi par Andréa, et tous deux éclatèrent de rire et lui souhaitèrent la bienvenue dans le monde invisible et dans leur monde. Mélinda, confuse, se retourna vers eux, pour voir que son corps, sans vie, était encore dans le lit. Jim se leva quelques secondes après et, constatant que sa femme ne donnait aucun signe de vie, procéda à une réanimation, terrifié, paniqué et au bord du désespoir pour elle et pour leur enfant. Mélinda, malgré les protestations de Romano et d'Andréa, revint dans son corps sous l'effort répété de son mari et à la demande d'un Ange qu'elle vit à sa droite qui lui somma de revenir dans son corps, parce que son temps n'était pas encore venu. Les deux esprits disparurent, non sans la menacer qu'elle ne pourra pas leur échapper la prochaine fois.
La jeune femme était sérieusement angoissée, mais elle attendait l'inspecteur devant sa porte. Lorsqu'il arriva, sortant de sa voiture de fonction, Romano fondit sur lui, lui coupant tout souffle. Carl Neely étouffa, chercha de l'air, Mélinda intervint d'une voix forte :
— Romano, esprit démoniaque, laissez l'inspecteur Carl Neely tranquille. Si je ne me trompe pas, c'est moi qui vous intéresse et non lui ?
Sa présence d'esprit sauva in extremis la vie de Carl Neely, Romano cessa son action et apparut devant la femme pour afficher un rictus malveillant et sarcastique.
Carl Neely, reprenant son souffle, voulait dire le résultat infructueux de son enquête : à savoir que les deux individus n'avaient aucun rapport de famille. Par contre, il lui avoua avoir une vague intuition que quelque chose devait exister entre eux. Désolé de ne pouvoir faire plus, il lui donna les dossiers d'enquête. Au moment où il les lui passa, Carl Neely tomba mort, face contre terre, transpercé par une balle qui l'avait atteint au milieu du dos. Elle était sortie de l'arme à feu de l'agent Matthieu Mallinson, caché derrière un arbre du voisinage. Il l'avait tué pour donner un avertissement à Mélinda Gordon et pour la menacer.
Mélinda, effrayée, soutenait le corps sans vie de l'ami de son mari, et comme si de rien n'était, ce dernier continuait à évoquer les pistes qu'il avait explorées. Romano, sourire triomphant aux lèvres, devient visible à la gauche de la femme et l'avisa que la mort de l'inspecteur n'était qu'un avertissement avant de tuer le prochain être qui lui était cher.
La jeune femme appela les urgences. L'équipe de son mari arriva rapidement, mais rien à faire. L'inspecteur était mort.
En lisant les documents de l'inspecteur, une heure plus tard, Mélinda comprit qu'Angelo Romano avait toujours résidé en Italie, avant de déménager aux États-Unis. Il avait voyagé en France, en Espagne, en Angleterre et en Allemagne.
Mélinda était perplexe et commença sérieusement à paniquer, sachant qu'elle n'avait encore que peu de temps pour comprendre toute l'intrigue avant que Romano n'engendra la mort de son mari ou de son enfant en elle. Elle pensait que sa vie ne tient qu'à un fil et qu'elle doit comprendre rapidement les liens entre les Romano et les Marino. Pour l'instant, elle n'excluait pas un rapport de famille illégitime, ni l'hypothèse d'une connaissance de vie antérieure. Pour le cas de la famille, Romano avait été en Angleterre entre 1967 et 1970 et la mère d'Andréa avait vécu en Angleterre en 1969, avant de se marier, un mois plus tard, avec son mari officiel. Pour le cas de la vie antérieure, Andréa était quelqu'un mort avant 1969 ou même beaucoup plus tôt.
Elle cherchait des photographies d'Angelo Romano et se rendit à l'appartement de son amie pour y chercher des photographies d'elle. En comparant certaines, elle fut frappée par deux détails, la similitude physique, faciale de l'un et de l'autre, comme pour un père et sa fille, et la présence d'un visage masculin âgé de trente ans sur certaines d'Andréa. Ce visage masculin vint voiler le visage de son amie par moments.
Mélinda était étonnée, mais décida de demander l'aide d'un collègue de Carl Neely. Au moment où elle quittait sa maison, Carl Neely, qui n'était pas encore parti dans la Lumière, lui proposa son aide pour trouver qui était cet homme, n'ayant aucune contrainte professionnelle qui ralentit son travail.
Pendant qu'ils se parlaient, Romano et Andréa, très contents d'eux, tournèrent autour d'elle en lui répétant comme un mantra :
— Vous mettez un être cher en danger... il peut mourir s'il vous aide trop ou si vous fouillez trop dans nos affaires...
Sur ces mots, les deux méchants esprits disparaissaient.
Mélinda sursauta quand Carl Neely se montra à sa droite avec son uniforme sali de sang séché. Il lui dit :
— Je vous ferais cette enquête rapidement. Vous, faites attention à votre mari. Un mauvais coup est clairement en marche. Que Dieu le protège des sombres machinations de nos ennemis. Il serait triste que vous soyez veuve si jeune... Mon cœur paternel se fend lorsque je songe à mes pauvres enfants. Maintenant sans père... Et ma chère femme seule qui va devoir les élever et subvenir à leurs besoins... Laissons mes lamentations et mes inquiétudes, le travail m'appelle. Pour une dernière fois. Ainsi, j'aurai aidé du mieux que je peux mon ami.
L'esprit errant avait exprimé sa pensée et disparaît, laissant la jeune femme perplexe, anxieuse et alarmée pour la vie de Jim.
En début d'après-midi, Neely apparut devant Mélinda et l'informa de son enquête, à savoir que le rapport entre les deux esprits errants que sont Andréa et Romano est un rapport de parenté et un rapport de vie antérieure. Andréa Marino avait été un homme né en 1935 et mort en 1966, un très bon ami et intime connaissance d'Angelo Romano, co-fondateur de la secte, un certain Andrea Mauro, très versé dans l'occultisme. Le détective lui expliqua qu'il détenait ces informations d'un Observateur qui avait bien voulu l'aider. Les Observateurs étaient des âmes qui restaient sur Terre pour observer les actions des vivants, les aider et les protéger. Certains y étaient depuis plusieurs siècles.
En début de soirée, quand Jim fut rentré, Mélinda, qui l'attendait, se sentit soulagée en voyant son mari sain et sauf. Un peu avant d'aller dormir, elle lui répéta les détails que lui avait fournis le défunt détective. Le couple s'endormit et Mélinda, grâce à un Observateur et à un Ange, dans un rêve, avait vu et compris le rapport entre Angelo Romano et Andréa Marino, rapports beaucoup plus anciens qu'une seule vie.
À son réveil, en descendant l'escalier, elle trouva Carl Neely, dans la cuisine, qui tenait à distance les deux esprits malintentionnés. Ces derniers s'éclipsèrent sans un mot, sans menacer Mélinda. Cette dernière était rassurée, pensant qu'ils la laisseraient tranquille pour un certain temps.
Le lendemain matin, Mélinda, néanmoins tourmentée à l'idée que son mari sera la prochaine cible des méchants esprits, lui conseilla prudence. Ce qu'il n'oublia pas et lui sauva la vie en évitant un accident sur la route alors qu'il conduisait son véhicule de fonction.
Le surlendemain, Mélinda décida de se rendre à nouveau sur le lieu de l'accident d'avion pour tenter d'inciter les passagers et les membres du personnel de partir dans la Lumière. Bien sûr, Romano et Andréa essayèrent de les persuader de les suivre, certains les écoutaient. Mais la plupart entraient dans la Lumière, surtout parce que Mélinda avait tenu tête aux deux esprits malfaisants, les enrageant davantage avec ces mots, tançant les esprits réunis :
— Vous, âmes errantes, votre mort avait été tragique, le pilote n'est pas fautif, mais cet esprit errant, Angelo Romano. Allez-vous croire à votre meurtrier ? Celui qui vous avait tué par pur plaisir sadique ? Avez-vous un syndrome de Stockholm ? Du reste, partez dans la Lumière, c'est un endroit pour vous. Un endroit de paix et de joie. Un endroit où des proches, déjà décédés, vous attendent. Il n'y pas de raison d'avoir peur. Allez-y !
Et Carl Neely était à la droite de Mélinda, l'observant de loin. Il partit dans la Lumière peu de temps après les passagers de l'avion, mais avant il faisait ses adieux à sa femme, éplorée par la perte de son mari, et à ses deux enfants de sept et neuf ans. Il quitta le monde des vivants l'âme légère, malgré son serrement de cœur à l'idée des enfants qui grandiront sans sa présence à leur côté et de sa femme qui devrait travailler pour assurer leur subsistance. Neely avait compris qu'il ne servait à rien de rester parmi les vivants pour observer sa femme et ses enfants, puisqu'il ne pourrait les aider depuis le monde invisible.
À l'heure de sa pause, pour le déjeuner, Mélinda avait rendez-vous avec son mari dans le parc avoisinant sa boutique d'antiquités. Elle était plus que ravie de le voir en pleine forme et de noter l'absence de Romano et d'Andréa près de lui. Depuis que les passagers de l'avion avaient rejoint la Lumière, l'un et l'autre se tenaient coi.
Deux heures plus tard, alors qu'elle rangeait des antiquités, la jeune femme entendit le téléphone sonner, et comme un coup de tonnerre, il se fit entendre plusieurs fois. Inquiète, elle regarda le numéro d'appel et, voyant le numéro de l'hôpital Mercy, son cœur battait à la chamade, une terreur sans nom l'assaillie, elle était angoissée au-delà de l'imaginable pour son mari. Elle répondit aussitôt, la main et la voix tremblantes. Elle apprit que Jim avait été grièvement blessé et envoyé aux urgences de l'hôpital, dans un état extrêmement critique. La réceptionniste, au téléphone, la priait de venir le plus rapidement possible car, selon les médecins, il était douteux qu'il survive jusqu'au soir.
Mélinda, le cœur affolé par la peur et les jambes vacillantes, atterrée par la nouvelle, accourut le plus rapidement qu'elle put au chevet de son mari, dans un état de désarroi extrême. Dès qu'elle entra dans sa chambre, un sentiment de terreur innommable l'avait pris et elle demeura prostrée et sans mot en voyant l'âme de Jim devant elle. Aucun mot ne sortit de sa bouche devant l'horreur de la situation.