Can you see us ? Monde ordinaire et monde extraordinaire

Chapitre 9 : Intermède

1633 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 14/09/2023 12:10

Fin décembre 2004, à la maison des Neely,

Carl Neely ne comprend plus le sens de ses mystérieux rêves où des vivants et des défunts le menacent directement ou indirectement, le traitant d'ignorant et de tsar. Le détective soupire, dépassé par la situation. Il avait congé aujourd'hui, il profite pour passer son temps avec sa famille. Il sourit lorsqu'il voit les enfants se réjouir de la neige et s'amuser à l'extérieur, insouciants, alors qu'il est à l'intérieur, ayant vu sur eux par la fenêtre de la cuisine, et est plein d'inquiétudes, de craintes et de peurs. Hélène Popović-Neely s'assoit sur les genoux de son mari et se blottit contre lui.

Après quelques minutes, l'épouse murmure doucement au détective en lui tenant tendrement la main en signe de soutien :

— Mon Carl, mon amour, j'ai remarqué que tu es très fatigué ces derniers jours. Est-ce les enquêtes qui sont si difficiles ?

— Non, maugrée-t-il. Ce sont mes rêves bizarres où des vivants et des défunts me menacent d'une manière ouverte ou voilée de nous tuer et d'assassiner nos enfants. Ils me traitent de « tsar », d'« ignorant », de « tsar des détectives » et de « Votre Altesse, tsar de toutes les Russies », avec une feinte référence et une fausse politesse, voire sur un ton moqueur. Je suis perplexe et angoissé, j'ignore comment interpréter ces rêves... et je crains sérieusement pour notre famille, nos enfants et pour toi, ma chérie... Sans oublier que j'ignore absolument sur quel tsar je dois enquêter. Est-ce Ivan le Terrible, Nicolas II, Pierre le Grand, Fédor Ier, Alexis Ier, Pierre III, Alexandre Ier... ou je-ne-sais-plus-qui ? Peu importe sur qui j'enquête, je ne peux le faire officiellement, mais sous un couvert, en trouvant un prétexte quelconque. Ce qui me complique un peu, beaucoup la vie.

— Bonne question. Mais as-tu un indice, Carl ?

— Oui, un seul. Celui d'un tsar très important qui fait peur aux espions, un tsar très pieux, un bon orthodoxe, un tsar Russe.

— Très aidant comme indice! Tous les tsars étaient officiellement orthodoxes.

Sur ces mots, Carl Neely enlace sa femme pour se rassurer dans ses sombres pensées et réfléchit, très intrigué et inquiet par ce titre, il ne cesse de tourner les mêmes idées pendant une heure. Heureusement, les enfants le sorte de ses sombres ruminations.

Le soir, alors que toute la famille dort tranquillement et que son épouse est à ses côtés, Carl Neely fait un rêve inhabituel.

Il rêve qu'il est assis sur un trône d'or massif, très richement vêtu, et qu'il est couronné à titre de duc de Moscou et tsar de toutes les Russies par le patriarche de Moscou dans une cathédrale orthodoxe qu'il ne parvient à identifier. Il tient dans une main un sceptre surmonté d'un aigle bicéphale, dans l'autre un orbe crucigère : les symboles de royauté. En jetant un rapide coup d'œil sur ses mains, il remarque qu'aucune alliance n'orne son annulaire et que ses mains sont trop jeunes pour ses quarante ans. Les aristocrates et les riches familles sont présents, l'observent, les femmes portent un voile sur leur tête. Fin du rêve.

Carl Neely s'est réveillé, comprenant que ce tsar a accédé au trône jeune et a certainement vécu dans un lointain passé, au Moyen-Âge, à la Renaissance ou peu après. Mais, il ne parvient toujours pas à savoir son identité. Il se retourne et s'endort à nouveau.

Il rêve qu'il est à son bureau et deux espions font irruption et lui hurlent ironiquement :

— Le tsar est encore resté à son époque... Nous nous arrangerons pour répéter l'Histoire, tant pis pour vous si vous ignorez votre vie... Peut-être en la répétant vous vous en souviendrez!

— Si vous prétendez savoir qui je suis, alors dites-le moi!, intervient sévèrement le détective ennuyé d'être nargué par ces hommes.

— Ne jouez pas le fou, Monsieur le Tsar de toutes les Russies! Ne vous attendez pas que nous vous aiderons... Au contraire, nous vous pourrirons votre vie... Ah! Ah! Ah!

Les espions avaient parlé ainsi et ils sortent. Le détective remarque sa mère dans un coin de son bureau, elle lui sourit.

Katarina Dimitrievna Baranovskaia ordonne à son fils :

— Cherche dans l'Histoire des tsars de Russie et fie toi à tes premières impressions. Toutes les réponses s'y trouvent. Mon fils, tu n'es pas détective pour rien. Fait-toi confiance, mais il faut que tu te dépêches... Avant qu'il soit trop tard... Avant que les salauds s'en prennent à ta famille, ta femme et tes enfants. 

Sa mère se dissipe, laissant Carl Neely fort perplexe et surtout inquiet.

Carl Andrew Neely et Paul Neely rentrent dans son bureau et lui chantent, malgré leur manque de talent, avec beaucoup d'ironie :

— Carl, nous ne te laisserons pas en paix... Toi, le tsar, tu es trop important pour que nous te laissons vivre plus longtemps... Mais tu ne te rappelles de rien... Peu être tu t'en souviendras lorsqu'il est trop tard... À plus tard...

— En espérant vous revoir descendant..., ajoute Carl Andrew Neely, Ah!Ah! Ah!

Sur ces mots, l'ancêtre et son frère s'évaporent aussi mystérieusement qu'ils sont arrivés. Carl Neely sort de son bureau et rentre dans un palais où il se marie à son épouse qui est beaucoup plus jeune que lors de leur propre mariage. Le mariage est fastueux et Carl Neely est proche de son épouse, l'embrassant amoureusement. Les tables sont bien garnis, des candélabres éclairent la salle, les convives festoient et se parlent entre eux en russe, mais un russe qui n'est pas moderne, un russe du passé, un russe tellement vieux que Carl Neely a de la difficulté à comprendre, mais il saisit intuitivement le sens des paroles. Fin du rêve.

Carl Neely est intrigué, ne sachant comment interpréter ces rêves. Il distingue, dans un coin de la chambre, l'âme de son frère qui lui sourit ironiquement et le nargue avec ces mots :

— Frère, ne pense pas que je te faciliterai la vie... Le tsar doit tout connaître, son blason n'est-il pas l'aigle bicéphale couronné ?... D'ailleurs, j'ai compris depuis longtemps que nous sommes ennemis... Nous nous opposons, chacun a choisi son camp... Et nous ne sommes pas dans le même camp... Je sais que tu ne me fais pas confiance, mais tu oublies que je te connais très bien, tu es mon frère maintenant... Par ailleurs, nous nous sommes déjà croisés, Monsieur le Tsar... À la prochaine.

L'âme de Paul Neely parla ainsi et elle regagne son corps. Carl Neely réfléchit au sens des propos de son frère. Il conclut qu'il doit se dépêcher pour au moins avoir une vague idée de l'identité du tsar. Le détective soupire et comprend qu'il devra fouillé dans des livres d'Histoire.

À ce moment, Katarina Dimitrievna Baranovskaia apparaît à la droite de son fils et l'encourage à faire cette enquête à comprendre son rapport avec l'un des tsars de l'Histoire. Carl Neely comprend que le tsar aurait vécu au XVIe ou au XVIIe siècle, c'est-à-dire qu'il n'aurait qu'à enquêter sur douze tsars, allant d'Ivan le Terrible à Pierre le Grand. Rassuré, le détective pense qu'il lui sera plus simple d'avoir une enquête réduite à douze individus, puisqu'il pourra rapidement conclure lequel des tsars correspond à ses rêves, au lieu d'avoir une enquête sur tous les tsars.


Deux jours plus tard, Paul Neely alors que son frère est au travail à la station de police,

Paul Neely attend avec impatience de rencontrer sa sœur, Amélie, pour lui demander un petit service très important. Dès que l'aîné frappe à la porte, la sœur l'invite à l'intérieur, très intéressée à connaître ce que Paul veut lui demander.

Paul Neely, sourire énigmatique aux lèvres, somme à sa sœur :

— Amélie, donne-moi un mélange de drogues et de médicaments suffisamment puissant pour tuer quelqu'un en une semaine. Donne-moi aussi du poison.

La sœur de Carl Neely obtempère sans se poser de question ou l'interroger plus sur son motif. Une fois les drogues, médicaments et poisons donnés, le Poète revient chez lui, content de son plan machiavélique. Il sait qu'il devra encore un peu patienter pour le mettre en marche, mais, au moins, il a déjà l'essentiel. Paul Neely rit de son idée et espionne son frère avec ses visions à distance.


Le surlendemain, au soir,

Carl Neely rêve qu'il est dans sa maison et l'espion Chasseur et son frère le narguent de son incompétence à trouver l'identité du tsar, qui est aussi son identité ; il était tsar, et pas n'importe lequel. Mais personne ne veut lui donner d'indice, sauf une année 1990. Il se réveille en sueur, fatigué de la folle poursuite de son rêve et des menaces, réveillant sa femme à ses côtés, et lui chuchote en russe :

— J'ai compris ce que je dois faire. Ma priorité est cette enquête des tsars. Il faut que je trouve rapidement à quel tsar ces sombres imbéciles m'associent. Ainsi, je comprendrais le schème de raisonnement et je pourrais prévoir leur coup, et protéger notre famille, ma chérie. Je vais la commencer dès demain... Le seul problème est que 1990 ne correspond à aucun tsar. Nicolas II, le dernier tsar, est mort en 1918.


À suivre.

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