Généalogie alternative et histoires de famille
Chapitre 4 : Les esprits errants de la famille Clancy 1
8885 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 31/03/2023 14:05
« Chaque bonne action, chaque bonne pensée de l’homme augmente la force de l’esprit du Bien, de même que chaque mauvaise pensée augmente l’empire du Mal. »
Ernst Cassirer, La philosophie des formes symboliques, tome II, La pensée mythique, traduction de l’allemand et index par Jean Lacoste, Paris, Les Éditions de Minuit, 1972, p. 151.
Voici, en résumé, la généalogie de Jim Clancy
Aiden Clancy (†) + Faith Clancy, née Smith = Daniel Clancy (†) et Jim Clancy
Du côté paternel
Henry Clancy (†) + Olivia Clancy, née Berg (†) = Aiden Clancy, Susan Clancy, Jack Clancy et Jennifer Clancy
Susan Clancy-Bloch + Elijah Bloch = Helen Bloch et Jacob Bloch
Jack Clancy + Irina Slavski-Clancy = Wiliam Clancy, Jean-Paul Clancy et Mary Clancy
Du côté maternel
Arthur Smith (†) + Grete Meckelburg-Smith (†) = James Smith et Faith Smith-Clancy
James Smith + Anne-Marie Glosowski-Smith = Cynthia Smith et André Smith
Résumé des chapitres précédents : Mélinda et Jim savent que les Eastman et les Clancy connaissent les Slavski, par alliance, car Ielena (Hélène) est mariée à Radimir Christianovitch Eastman, tandis que sa sœur, Irina, est mariée à Jack Clancy. Ils savent aussi que Elijah Bloch s'est marié à Susan Clancy puis à Vera Boguslawiak. Ils ont rencontré le détective Carl Neely, qui travaille comme policier à Grandview depuis août 1997 et qui s'est remarié en secondes noces en 2001 à une veuve, Marianne Bazra, qui traîne avec elle sa fille de son premier mariage, Caitlin Mahoney, âgée en 2003 de 8 ans. Le détective a déjà connu un premier mariage à Longview (à 5 km de Grandview) en 1989, avec Sara Blumenfeld, avec laquelle il eut trois enfants, prénommés David, Daniel et Jeanne, nés respectivement en 1990, 1991 et 1992. Sa femme et ses enfants meurent dans un accident de voiture en juillet 1997.
Jim et Mélinda, eux, savent très bien qu'ils doivent maintenant comprendre les différents liens qui unissent leurs familles. Pour ce faire, ils doivent enquêter sur la famille de Jim Clancy.
Christian Eastman, le grand-père paternel de Mélinda, est parti dans la Lumière en mai 2003.
Un jour ensoleillé de juin 2003, gare principale de Grandview, 10h15.
Jim Clancy, lunettes fumées sur le nez, attend sa mère, Faith. Elle vient lui rendre visite pour une semaine, afin de voir sa bru, Mélinda Eastman-Clancy. Elle a décidé de prendre le train passant de Hauteview à Grandview. Lorsqu'il reconnu sa mère, une femme mince de 56 ans, il lui fait un signe de la main. Mère et fils se saluent, et il l'aide à placer les bagages dans une voiture qu'il a loué pour trois heures, afin de permettre à sa mère de se rendre dans sa maison, où Mélinda les attend. Elle salue sa belle-mère. Jim lui montre la chambre d'invité, improvisée dans leur salon. Puis, Jim, Mélinda et Faith s'asseyent sur des chaises disposées autour de la table de la cuisine. Jim et Mélinda sont face à Faith Clancy.
Une fois assis, Jim prend la parole : – Mère, content de voir ! Voici trois ans que je suis marié à Mélinda Eastman, une femme fantastique et extraordinaire. Mélinda, je te présente ma mère, Faith Clancy.
Faith, intriguée : – Je suis contente que vous formez un si merveilleux couple ! Vraiment, c'est le coup de foudre dès le premier regard ! Au moins, je suis certaine d'être grand-mère.
Mélinda remarque à la droite de sa belle-mère Daniel Clancy, le frère aîné qu'elle a déjà remarqué le jour de son mariage, toujours vêtu d'un complet noir et d'une chemise blanche. Mais il est accompagné d'un autre esprit errant, un homme un peu plus âgé, vers la quarantaine, qui semble visiblement être son père. Il est vêtu d'un complet blanc avec une chemise bleue, dont la poitrine est tachée de sang. À partir de cette apparence, la bru déduit que son beau-père a connu une fin sanglante. À la gauche de Faith se tiennent deux esprits, visiblement ses propres parents. L'homme, un septuagénaire, est vêtu d'un complet brun avec une chemise blanche et des petites lunettes rondes en or. Du sang séché se voit sur ses tempes. La femme, une sexagénaire, est vêtue d'une robe bleu ciel, sauf qu'elle est souillée de sang à la hauteur de la poitrine. Elle aussi, elle porte des lunettes rondes en or. Ces deux esprits regardent par-dessus leurs lunettes les vivants.
Faith Clancy poursuit : – L'adjectif extraordinaire m'intrigue... Pourquoi ? Ma bru, travaillez-vous ou êtes-vous femme au foyer ?
Mélinda : – Je suis propriétaire d'une boutique d'antiquités, The Same As It Never Was. Mais je suis quand même un peu à la maison, surtout ces derniers temps... Mais, pas encore d'enfant en vue... Simplement parce que je me suis trouvé une nouvelle associée pour m'aider à gérer la boutique.
– Quel est son nom ?
– Délia Banks. De métier, agente immobilière, mais qui a toujours voulu avoir une petite boutique. D'ailleurs, j'ai autre chose à faire, surtout rassurer les gens qui ont perdu des proches, car, tout bizarre que cela puisse paraître, j'entends et je vois les esprits errants et je communique leurs messages aux vivants. Parfois, les cas sont plus compliqués, mais je comprends entre mes recherches, mes visions et mes rêves.
Faith Clancy : – Sérieux ?
La jeune femme hoche timidement de la tête. Sa belle-mère poursuit : – Mais c'est vraiment intéressant et extraordinaire! Au moins, vous pourriez me rassurer, car parfois, j'ai l'impression de ne pas être seule. J'ai même vu des objets se déplacer dans ma maison à Hauteview.
Après une courte pause, tournant le regard vers Jim, sa mère poursuit : – Par contre fiston, fais attention pour que les malédictions de famille ne te rattrapent pas. Sois vigilant !
Jim, intrigué : – Quelle est cette histoire ? J'en est vaguement entendu parler...
Faith : – Je sais ce que tu le sais, c'est moi-même que te l'a dit, il y a quelques années. Il s'agit des malédictions du père de ton père et de mon propre père. Je ne connais qu'une partie de la vérité. En ce qui concerne mon père, Arthur Smith, je sais qu'il est loin d'être un ange...
L'esprit errant, interpellé, fronce des sourcils et dit : « Elle ment ! » Furieux, il se rapproche de Faith Smith-Clancy, mais Aiden Clancy le foudroie du regard, ce qui le fait reculer.
Mélinda, après s'être éclaircie la voix : – Désolée, Faith de vous interrompre, mais votre père ne semble pas content de ce que vous nous expliquez. Il vous accuse d'être une menteuse.
Faith : – Il devrait arrêter de faire des projections ! Je sais très bien qu'il veut pousser ses crimes sur mes fils. Also! Dass er für seine Fehler bezahlt [Et bien! Qu'il paie pour ses fautes] ! Et, Jim, tu comprends très bien que je ne voudrais pas te perdre après avoir perdu ton père et ton frère.
Jim répond d'un signe affirmatif.
Faith Clancy poursuit : – Qu'est-ce que je disais ? Oh ja ! Ah oui ! De mon père ! Il a tué ma propre mère puis lui-même, sauf que ma mère, Grete, l'a maudit. Je sais aussi qu'il a tué d'autres individus, des innocents, car il était payé par des criminels.
Jim : – À part être un tueur à gages, avait-il un métier plus socialement acceptable ?
Faith : – Oui, agent de sécurité, ce qui lui facilitait l'accès aux armes. Sauf qu'ironiquement, il était très habile avec un marteau, ce qui lui valut le surnom de «Hammermörder», «tueur au marteau». Par contre, je sais que la bague et le collier en or qui lui appartenaient sont devenus l'héritage de mon frère. Par contre, je sais qu'il ne porte aucun de ces bijoux, car, ils sont maléfiques. Et je préfèrerais mieux qu'ils soient détruits, afin que tu ne paies pas des fautes de ce salaud, tu comprends, fiston ?
Jim, entre les dents : – Je comprends.
Faith : – Et alors, je me demande comment il est possible de récupérer ces bijoux pour les détruire afin de faire cesser cette malédiction qui semble toucher les hommes de la famille ?
Jim : – Il suffit d'engager un bon détective. J'en connais un, Carl Neely, un policier intègre et diligent.
Sa mère, pâle comme linge, dit d'une voix tremblante : – Carl avec un C ou avec un K ?
Jim : – Avec un C. On dirait que tu connais Karl Neely (avec un K), qui est le père de mon ami policier.
– Oui. Parce qu'il est le policier responsable de la mort de ton père.
Silence lourd. Aiden Clancy dit : « Ce policier à payer des criminels de rang inférieur pour me tuer. Mais je sais qu'il est responsable de ma mort. J'ai montré cela en rêve à Faith, c'est pour cela qu'elle sait cette information. »
Mélinda intervient : – Votre époux dit que ce policier à payer des criminels de rang inférieur pour le tuer et qu'il sait que Karl Neely (avec un K) est responsable de sa mort. Vous le saviez, puisque votre mari vous a communiqué cette information en rêve.
Faith Clancy confirme les propos de sa bru.
Aiden Clancy : – Fiston, n'oublies pas le sens des mots. Sois prudent et que Dieu te protège!
Mélinda rapporte les propos de l'esprit errant à son mari en russe, qui confirme sa compréhension d'un signe de tête.
Faith dit : – Mais, je ne sais pas si le fils est comme son père... Sois prudent... On dit bien que la pomme ne tombe pas loin du pommier ! Quoiqu'il ne soit pas exclut que le fils soit meilleur que son père. Je te recommanderais de vérifier avant d'avoir affaire à lui.
Aiden et Daniel Clancy disent à l'unisson : – Ne cherches pas à disputer Jim avec Carl Neely!
Jim : – J'ai assez de preuves en deux ans. Je suis vraiment convaincu en son honnêteté.
Arthur Smith disparaît, furieux. Grete le suit de près. Aiden sourit à son fils. Daniel dit : – Frérot, n'oublies pas d'enquêter sur ma mort, mais dit à ton ami policier d'être vigilant ! Qu'il soit secondé par un autre collègue qui peut nous voir.
Mélinda rapporte les propos à son mari puis commente : – Ton frère Daniel souhaite que Carl Neely soit secondé par mon père.
Jim répond d'un signe affirmatif.
En s'adressant à sa belle-mère, la jeune femme précise : – Mon père, Paul Eastman, est aussi un policier, sauf qu'il a le même don que moi. D'ailleurs, j'ai hérité ce don de mes deux parents.
Faith Clancy : – Intéressant. Au moins, je sais que mon fils sera bien équipé et encadré pour mener l'enquête sur notre famille et surtout pour mettre fin aux malédictions familiales.
Après une courte pause, elle dit : – Pour se changer les idées, je propose une promenade. Pourriez-vous me faire visiter votre charmante ville ?
Jim répond : – Bien sûr ! En plus avec le joli temps ensoleillé, il faut bien en profiter avant le repas du midi !
Jim Clancy, Mélinda Irina Eastman-Clancy et Faith Clancy sortent se promener dans le parc de Grandview. La jeune femme remarque que Aiden et Daniel Clancy les suivent. La promenade se passe sans incident. Ils reviennent dans la maison de Jim et Mélinda réchauffe les portions de pierogis au chou blanc. Jim dresse la table ; il verse du jus de pomme dans les verres et les trois adultes s'attablent.
Le reste de la journée se passe très bien. Par contre, le soir n'est pas tranquille pour Jim, qui reçoit en rêve la visite de son grand-père maternel, Arthur Smith. Inutile de dire que c'est un cauchemar dans lequel Jim est à la place d'Arthur.
Le lendemain matin, Jim raconte à sa femme en russe son rêve. Il conclut que son grand-père n'avait aucun scrupule envers qui que ce soit. En bref, un monstre sanguinaire qui tua sans pitié sur commande pour une bonne somme d'argent.
En après-midi, Jim demande à sa mère des informations supplémentaires au sujet d'Arthur et de Grete Smith : Ils discutent dans le salon, où Mélinda les rejoint. Il apprend ainsi que son grand-père maternel gardait des documents secrets dans son château dans les environs de Hauteview. Ce château est abandonné à sa mort ; une légende locale dit que l'endroit est hanté par des esprits qu'il est possible de voir aux environs de minuit. Parfois, certaines fenêtres sont brisées sans qu'aucun vivant ne se soit approché. La légende précise que ce manoir a une salle secrète en son coeur, salle qui n'a aucune fenêtre. Faith n'a jamais mis les pieds dans le château de son père ; l'accès lui est formellement interdit. Elle comprend seulement que son frère y a accès depuis la mort d'Arthur et de Grete Smith, ce qu'elle trouve bizarre. Elle pense que son frère a peut-être repris certaines activités de leur père, ce qu'elle regarde d'un œil suspect.
Au cours de la semaine au cours de laquelle Faith Clancy était leur hôte, Jim et Mélinda obtiennent plus d'informations (entre les propos de Faith et d'Aiden Clancy et des visites nocturnes à Jim et à Mélinda) au sujet d'Henry et d'Olivia Clancy, mais aussi des phénomènes bizarres qui surviennent à Faith Clancy dans sa maison à Hauteview. Henry Clancy s'est marié à Olivia (Berg de son nom de jeune fille) non pas par amour, mais par intérêt, car elle est la descendante d'une famille aristocratique russo-germanique. Olivia elle-même n'aimait pas son mari, et par conséquent, se trouvait des amants qu'elle tuait avec un couteau de cuisine après une courte relation d'au plus trois mois. Henry, lui, ferme les yeux sur ces infidélités; il s'arrangeait, avec l'aide d'un cercle de sorcières et de diseuses de bonne aventure de trouver des boucs émissaires pour ces péchés, qui ne sont nul autres que son fils aîné, Aiden, et sa fille benjamine, Jennifer. Résultat de ce transfert de mal : Aiden meurt en 1977 d'une balle perdue alors qu'il se trouvait près d'une bande de petits criminels; Jennifer, elle, est resté vieille fille, connaissant plusieurs hommes, mais sans parvenir à en marier un.
Les phénomènes qui surviennent dans la maison de Faith Clancy dans sa maison à Hauteview sont les suivants : des tiroirs qui s'ouvrent et se referment avec violence ; des photographies par terre, sur lesquelles des traces de sang apparaissent près d'Aiden, de Daniel et de Jim, traces qui disparaissent après une ou deux minutes; des couteaux qui sortent de leur tiroir et qui volent vers sa direction, venant se planter à quelques centimètres de son visage ou de sa poitrine, ce que Faith Clancy voit comme une menace à peine voilée.
La journée suivant le départ de sa mère de Grandview, Jim décide, après son quart de travail d'avant-midi, de se rendre au bureau de son ami le détective Carl Neely. Ce dernier s'y trouvait, assis sur sa chaise, occupé à coucher sur papier les résultats d'une enquête en cours. Étonné que quelqu'un frappe à la porte de son bureau, le policier dit : « Entrez ! » Lorsque l'ambulancier, encore dans son uniforme, entre et le salue après avoir doucement fermé la porte, Carl dépose ses feuilles de papier dans une chemise qu'il range aussitôt dans un tiroir de son bureau. Il sort ensuite des feuilles de papier vierges pour prendre des notes. Le policier, en lui désignant du regard une chaise en face de lui, dit : – Monsieur Clancy ! Quelle est la raison de votre visite ?
– Vous soumettre une enquête sur ma famille, plus précisément sur mes grands-parents maternels et paternels, mon père et mon frère. Je suis désolé de vous surcharger... Mais prenez le temps qu'il vous faudra. D'ailleurs, j'ai appris que nos pères se sont rencontrés, c'est pourquoi je m'excuse si cette enquête vous revient comme un pseudo-conflit d'intérêt.
– Ne vous inquiétez pas pour moi ! Je saurais m'organiser... Mais que saviez-vous de la rencontre de nos pères ?
– Votre père est responsable de la mort du mien.
Silence lourd. Carl Neely baisse son regard et fixe son bureau, évitant le regard de son interlocuteur. Après quelques minutes de silence, il bredouille : – Je suis... vraiment désolé.
– Ne le soyez pas. Vous n'avez pas à être coupable pour les fautes de votre père.
Silence lourd. Le policier ne lève pas les yeux sur son interlocuteur, visiblement mal à l'aise.
Jim brise le silence et dit : – Si vous voulez, Monsieur Neely, je peux vous proposer l'aide d'un policier de Verylongview.
Intrigué, Carl demande : – Qui est-ce ?
– Mon beau-père, Paul Eastman.
– Merci, mais je le contacterais si je suis intéressé par son aide, qui, je l'avoue, me sera la bienvenue. Avez-vous son numéro de téléphone de travail ?
– Non, mais je peux le lui demander sans problème.
– Merci. Mais pouvez-vous seulement me dire les noms des individus sur lesquels vous voulez que j'enquête ?
– Bien sûr ! Mes grands-parents maternels sont Arthur Smith et Grete Meckelburg-Smith ; mon oncle maternel est James Smith. Mes grands-parents paternels se nomment Henry et Olivia Clancy, Mes oncle et tantes paternels sont Suzan, Jack et Jennifer Clancy. Mon père, Aiden Clancy et mon frère, Daniel.
Après avoir griffonné le dernier nom sur sa feuille de papier, le policier, sans lever les yeux de sa feuille : – Merci à vous et passez une bonne journée !
– Bonne journée à vous aussi !
L'ambulancier sort du bureau du détective et rentre chez lui. Sa femme est dans sa boutique d'antiquités avec sa nouvelle associée, Délia Banks. Jim, après avoir mangé son repas du midi, fait la vaisselle puis fait une recherche sur un site de généalogie. Il apprend que son nom de famille, Clancy, est la forme anglicisée du géalique Mac Fhlannchaidh, nom lui-même dérivé du nom Flannchadh, dérivé de flann, qui signifie « rouge ». Il comprend alors pourquoi il y a eu beaucoup de morts tragiques et sanglantes dans sa famille paternelle. Quant au nom de famille du côté maternel Smith, il est rattaché au mot « forgeron ». Ceci expliquerait les morts violentes au marteau et le surnom du « tueur au marteau » de son grand-père maternel, qui est l'un des outils d'un forgeron. Ces deux noms de famille réunis ensemble par le mariage de sa mère à son père, et voilà le pauvre Aiden Clancy victime de cette double malédiction. Jim espère que le détective se mettra rapidement au travail.
Département de police de Grandview.
Dans son bureau, le détective Carl Neely, lui, est perplexe. Il a honte pour son père. Il est vraiment désolé du fait que son père soit responsable de la mort du père de son ami ambulancier. Il craint pour cela de perdre son amitié. Il craint encore plus que Aiden Clancy l'ait maudit, en tant que fils de son meurtrier. Après avoir rangé les feuilles de papier contenant la requête de Jim, il revient à l'enquête qu'il écrivait auparavant. Une fois ce travail terminé, il saisit les feuilles de la demande d'enquête de son ami, parcourant du regard les noms qu'il a griffonné, mais range aussitôt ces feuilles dans un tiroir. Il préfère ne pas y penser. Il ne veut point commencer cette enquête. Il sort de son tiroir de bureau une icône portative de l'ange Michel et la fixe, dans l'espoir de savoir le prochain pas à faire. « Mon père est quand même impliqué », pense-t-il, « ce qui est techniquement un conflit d'intérêt. Je laisserais Monsieur Paul Eastman débuter l'enquête de Jim Clancy. » Il attend dans son bureau, que quelque chose arrive. Heureusement pour lui, le téléphone sonne : un homme le demande pour une enquête sur son frère. Ayant pris en note les détails, le policier remercie son interlocuteur et raccroche le téléphone. Il se lève de sa chaise et débute cette enquête. Au moins, elle lui fait changer les idées.
Après son quart de travail, Carl Neely revient chez lui, où sa femme, Marianne, l'attendait. Elle regardait une émission qui passe à la télévision. Il s'assied à côté d'elle et l'embrasse tendrement sur les lèvres. Elle lui rend son bisou. Carl salue sa belle-fille, qui jouait dans sa chambre. Il la regarde jouer, mais retourne à son bureau, car la vue de Caitlin lui fait penser tristement à ses enfants de son premier mariage, ce qui le déprime beaucoup, car il se culpabilise de leur mort ; il est, à ses propres yeux, un monstre qui a commis homicide et infanticide. Il ne peut pas se pardonner cette faute, malgré qu'il a compris, il y a trois ans, que quatre de ses collègues de Longview ont saboté la voiture, faisant en sorte qu'il a perdu le contrôle du véhicule. Et il n'a pas pu sauvé ni sa femme ni ses enfants, malgré toutes les précautions prises avant l'arrivée des ambulanciers, car le choc de l'accident leur avait été fatal. C'est pour cette raison que Carl Neely a quitté Longview, ne pouvant pas supporter les regards qui tombent sur lui : il avait l'impression qu'ils lui criaient : « Vous êtes un meurtrier ! Et vous pensez pouvoir vivre calmement après avoir tué votre épouse et vos enfants? Que nenni ! » Il décide alors de refaire sa vie à Grandview, où il trouva son poste actuel. Il s'entend bien avec ses collègues et son chef, John Wellington.
Vers 17h, Mélinda revient dans leur maison après avoir fermé sa boutique. Son mari l'attend dans le salon, assis sur le canapé. Elle l'embrasse sur les lèvres ; il l'embrasse en retour. Jim lui rapporte sa visite au policier et les résultats de ses recherches. Une heure et demie plus tard, comme la faim se fait sentir, les jeunes gens décident de prendre leur repas, à savoir de la soupe au poulet. Après la vaisselle, Jim suggère à Mélinda de donner le numéro de téléphone de travail de son père demain à Carl Neely. Elle accepte la suggestion. Ainsi, ils pourront commencer au plus vite l'enquête sur sa famille maternelle (Jim n'aura qu'à indiquer aux policiers l'adresse du château de son grand-père, puisqu'il détient cette information de sa mère).
Le soir n'est pas tranquille pour Jim, qui reçoit la visite d'Arthur et de Grete Smith. Il a compris dans ce rêve ce qui se fait dans ce château : invocation d'esprits démoniaques, meurtres d'individus choisis sur les conseils de sorcières et autres pratiques occultes. Il se réveille en sueur. Il enlace sa femme pour se rassurer. Réveillée par son contact, Mélinda l'enlace à son tour. Il lui raconte son cauchemar. Elle le rassure, puis ils s'endorment à nouveau.
Le lendemain, en avant-midi, Mélinda appelle ses parents. Heureusement, son père ne travaille pas encore et répond au téléphone. Lorsqu'elle lui explique qu'elle voudrait avoir son aide pour enquêter sur la famille de son mari (en lui résumant ce qu'elle sait), et qu'elle voudrait communiquer son numéro de téléphone de travail au détective Carl Neely (en précisant « Carl avec un C »), Paul Eastman lui communique l'information et dit qu'il sera attentif au cas où celui-ci sollicitera son aide. « Je l'aiderais avec plaisir », dit-il à Mélinda, « car je sais qu'il est honnête, ce qui est rareté dans notre métier ! » Et père et fille raccrochent leur téléphone respectif. Deux minutes plus tard, elle communique le numéro de téléphone de travail de son père au détective (elle décide de passer à son bureau pour l'en informer de vive voix).
Le reste de la journée est tranquille pour Mélinda Irina Eastman-Clancy et Jim Clancy ; elle laisse Délia Banks gérer la boutique, car elle préfère passer la journée avec son mari qui a congé de la journée. Le soir est agité pour Jim, qui comprend dans son cauchemar la fin de ses grands-parents maternels : Arthur a tué sa femme, Grete, possédé par un sombre esprit, puis se tua lui-même, se sacrifiant pour le Prince des Ténèbres. Jim se réveille en sursaut.
Carl Neely, divaguant avec d'autres enquêtes locales, ne reprend l'enquête de Jim Clancy que deux semaines plus tard. Ce qu'il fait en premier, c'est de téléphoner à Paul Eastman pour s'assurer de sa collaboration, voire même pour le convaincre de mener l'enquête sur les Clancy, tandis que lui, il enquêtera sur les Smith. Son interlocuteur lui réplique qu'il serait préférable de ne pas agir seul, surtout dans des endroits aussi sinistres ; il faut mieux être accompagné. Carl Neely tente une dernière fois de convaincre Paul Eastman de son point de vue, mais celui-ci ne se laisse pas convaincre. Il lui réplique : « Sachez, Monsieur Neely, que si vous considérez comme un conflit d'intérêt le fait que votre père soit responsable de la mort d'Aiden Clancy, n'oubliez que Jim est mon gendre. Au moins, nous sommes égaux de ce côté-là! Je vous propose de débuter aujourd'hui notre enquête. Nous nous rejoignons près du château d'Arthur Smith. »
Carl Neely, devant une telle attitude, n'a pas le courage ni l'envie de s'opposer à la proposition de son collègue.
Deux heures plus tard, les deux policiers, en uniforme, se rendant près du château en question. Ils stationnent leur véhicule de fonction dans les bois environnants et se saluent mutuellement lorsqu'ils se rencontrent devant la porte du château.
Paul Eastman, un policier agile pour ses 54 ans, remarque que trois esprits accompagnent Carl Neely : une femme vers la mi-vingtaine, portant une robe bleue jusqu'aux chevilles, un voile bleu clair qui cache ses cheveux et des sandales bleues. Son visage est barbouillé de sang, comme si elle a connu un accident sur la route. Un autre esprit est un policier vers la cinquantaine, à l'air sévère, vêtu d'une redingote et d'un pantalon beiges, avec une ceinture brune et des bottes noires. Une tache de sang séchée est visible sur sa redingote à la hauteur de sa poitrine. Le dernier esprit, lui, est un nonégénaire au visage rouge, comme s'il était un alcoolique, vêtu d'un complet bleu marin et d'une chemise blanche avec des souliers noirs. Les deux premiers esprits sont à la droite de Carl, le dernier à sa gauche.
Paul dit : – Monsieur Neely, enchanter de faire votre connaissance ! En tout cas, vous ne venez pas seul.
– Que voulez-vous dire par là ?
– Je ne suis pas un policier ordinaire, puisque je vois les âmes errantes... Des âmes des défunts qui sont encore attachées au monde ici-bas.
Carl, dont la méfiance se lit sur son visage : – Je vous crois bien sincère. Ça doit être dérangeant, non ?
– Oui, c'est dérangeant, mais je m'habitue à leur présence. Je les aide à résoudre leurs dernières volontés pour qu'elles partent dans la Lumière, lieu de paix, de pardon et de joie, où toutes les âmes vont après avoir abandonnées leur corps.
– Ceci fait alors deux métiers ! Vous êtes vraiment sympathique !
– Oui, en quelque sorte... Sauf que je n'exige aucun salaire pour être passeur d'âmes. C'est un don que j'ai hérité de mes parents.
– Votre explication est intéressante... Si vous dites que je suis accompagné, pouvez-vous me dire qui m'accompagne ?
– Bien sûr.
Puis Paul Eastman lui décrit les esprits errants, et il remarque que Carl Neely se trouble à la description de la jeune femme. Il lui dit : – Cette jeune femme est votre première épouse, Sara Blumenfeld ?
Carl, regardant ses pieds, répond entre les dents une réponse affirmative puis ajoute : – Qu'est-ce qu'elle me veut ? Me blâme-t-elle pour être responsable de sa mort ?
Sara Blumenfeld répond : – Nein, Mein Schatz ! [Non, mon amour !]
En s'adressant à Paul Eastman : – Bitte, Sir, sagen Sie meinem Mann, er soll aufhören, sich selbst die Schuld zu geben [S'il vous plaît, Monsieur, dites à mon mari qu'il cesse de se culpabiliser].
Paul Eastman répète les paroles à Carl Neely, qui lève les yeux vers lui, étonné. Il fait des grands efforts pour ne pas pleurer, mais des larmes se pointent dans les coins de ses yeux. Paul remarque aussi que le vieil esprit alcoolique lui murmure des choses à l'oreille gauche ; Sara Blumenfeld-Neely le foudroie du regard, mais il se déplace face au jeune détective, dont la mine s'assombrit.
Paul Eastman dit au mauvais esprit dans un anglais impeccable et d'un air sévère : – Éloignez-vous de Carl Neely et laissez-le en paix !
Le mauvais esprit se tient en retrait à la gauche de Carl. Ce dernier dit timidement : – Monsieur Eastman, comment savez-vous pour ma première épouse ?
– Le monde est petit.
– Je comprends. Pour être honnête, la description que vous me donnez de l'esprit à ma gauche est mon grand-père paternel, Adrian Neely.
Paul Eastman commente : – En tout cas, il exerce une mauvaise influence sur vous. Que Dieu vous protège !
En s'adressant à l'esprit policier, Paul Eastman dit : – Et vous, qui êtes-vous et que faites-vous ici?
L'interpellé répond dans un anglais impeccable sans accent : – Je suis Daniel Miloshevitch et je protège ce jeune policier, car il est une bonne âme, mais imprudente. Mais, s'il vous plaît, ne lui révéler pas mon identité, car il est trop tôt pour lui de la savoir.
Après quelques minutes de silence, Paul Eastman dit à son collègue : – Et si nous commencions la fouille de cet endroit sinistre ? Avant d'entrer, prions notre ange protecteur.
Carl Neely répond d'un signe de tête affirmatif. Les deux hommes sortent de l'une des poches intérieures de leur veste leur icône portative de l'ange Michel, prient en leur for intérieur, se signent et rangent l'icône. Paul Eastman force la porte principale et les deux policiers entrent, suivis des trois esprits qui sont aux côtés du plus jeune. Les deux policiers explorent les lieux. Lorsque Carl Neely se dirige vers un escalier, Sara Blumenfeld se place devant lui. Paul Eastman le retient par le bras gauche. Étonné, il lui en demande la raison. Sara répond : « Gefährlich [Dangereux] ! » Le passeur d'âmes répète le mot, ce qui fait reculer l'autre policier. Puis Sara ajoute dans un anglais avec un très léger accent allemand : « Cet escalier mène aux documents secrets d'Arthur Smith. » Les deux hommes décident alors d'emprunter un autre escalier. Paul Eastman remarque que des âmes errantes déambulent dans le château. Adrian Neely s'approchent d'elles, puis ces âmes s'approchent de Carl Neely. Son collègue s'interpose entre eux, mais elles le contournent. Daniel Miloshevitch vient les affronter ; elles battent en retraite, se tenant tranquilles dans les coins sombres du château. Au moins, les policiers continuent leur fouille sans être dérangés. Ils trouvent ainsi divers indices suspects qu'ils photographient. Les seuls endroits qu'ils n'ont pas fouillé sont les oubliettes, la salle sans fenêtre et le sous-sol. Paul, voyant l'heure qu'il est, propose à son collègue de revenir demain matin. D'ailleurs, les deux hommes sont fatigués. Adrian, un sourire machiavélique aux lèvres, disparaît de la vue de Paul Eastman. Sara Blumenfeld et Daniel Miloshevitch disent à l'unisson en anglais : « Dites-lui de faire attention ! Nous vous conseillons que vous le ramener à son bureau. » Puis les deux âmes se déplacent à la droite de Carl. Lorsque Paul lui transmet les propos de sa première femme et de son mystérieux protecteur, il accepte la proposition et le remercie. Le vieux policier lui propose de l'amener avec ce même véhicule demain pour revenir au château poursuivre leur enquête. Et les deux agents de l'ordre, après avoir fait le signe de croix, embarquent dans le véhicule ; le plus âgé conduit, le plus jeune est co-conducteur. Furieux, Adrian Neely est à la gauche de son petit-fils, lui communiquant des sombres pensées.
Après trois minutes de route, Carl demande, perdu dans ses pensées : – Monsieur Paul Eastman, comment saviez-vous pour mon premier mariage ? Il me semblait que ceci n'était connu que de Longview. À moins que vous avez des connaissances là-bas...
Paul lui répond calmement : – Oui. Vous saviez que le monde de la police est petit. Je connais de nombreux policiers dans plusieurs pays, dont votre père et vous-même, en plus d'avoir des contacts dans des services de contre-espionnage. J'ai appris le terrible accident dont vous aviez été victime. Pourtant, vous n'avez aucune raison de vous culpabiliser de la mort de votre première épouse et de vos enfants. Vous n'êtes point responsable de leur mort.
D'une voix hésitante, Carl réplique : – N'essayez pas de me déresponsabiliser, puisque j'étais le conducteur et j'ai été témoin de leurs derniers moments... J'ai mené une enquête un an plus tard et je sais que mes collègues avaient saboté l'essence du véhicule.
– Vous devez savoir qu'il y a plus que vos anciens collègues qui sont mêlés à cette histoire... Vous n'aviez pas pensé à cette possibilité ?
– Je vous avoue que non.
– Pouvez-vous alors me raconter votre version de l'événement ?
Après quelques minutes de silence, Carl Neely soupire et répond : – Bien sûr, puisque vous l'exigez. C'était une journée ensoleillée de juillet 1997. Plus précisément, samedi le 12 juillet. Je planifiais une sortie familiale dans les environs de la ville de Longview, question d'amuser les enfants (qui avaient respectivement, 7, 6 et 5 ans). J'avais loué une voiture pour deux jours. Et c'était sur une route à la sortie de la ville que le véhicule ralentit considérablement et je remarquais que j'en perdais le contrôle. Un camion en contre-sens frappa du côté de Sara, tandis qu'un véhicule derrière le nôtre se planta sur l'arrière du véhicule. J'ai vite réagi et j'arrêta (je ne le sais pas comment) le véhicule, qui était brisé de tous les côtés. Une fois sorti, j'appelais l'urgence. En attendant l'arrivée des ambulanciers, je suis parvenu à extirper Sara, David, Daniel et Jeanne du véhicule. Ils gisaient, inconscients et j'essayais de les réanimer, mais sans succès. Les ambulanciers sont arrivés trop tard...
Sa voix se brise. Il ne peut pas s'empêcher de verser une larme. Paul jette un coup d'œil rapide à son interlocuteur. Il remarque qu'Adrian Neely lui chuchote qu'il est le criminel responsable de la mort de sa première épouse et de leurs enfants, car il désirait inconsciemment leur mort.
Le pauvre Carl, après avoir essuyé rapidement ses larmes, se ressaisit et poursuit son récit : – Comme les ambulanciers ne sont arrivés que pour constater leur mort, ils ramassèrent les corps. Des collègues m'ont exigé de passer des tests, car ils voulaient être certains de mes capacités à conduire, et surtout pour s'assurer que je n'ai rien consommé. Le lendemain, comme je suis le seul survivant qui en est sorti avec le moins de séquelles, j'ai dû subir une interrogatoire pour s'assurer de mon innocence. J'ai été étiqueté d'homicide perfide. Mais vous devez savoir, Monsieur Eastman, qu'avec le temps, je ne pourrais jamais m'ôter ce poids de l'âme, car à mes yeux, je suis le seul responsable. C'est pourquoi je suis le seul survivant de cet accident : je vis pour expier cette faute, sauf que je ne sais pas comment faire. Le seul espoir qui me reste est de ne pas répéter une autre fois la même faute. Parfois, je me demande pourquoi je suis encore en vie... Pourquoi je ne suis pas avec eux?
Il soupire. Paul Eastman le regarde du coin de l'œil pendant une fraction de secondes. Sara Blumenfeld-Neely se tient à sa droite, Adrian Neely à sa gauche. Carl, entre eux, agité de pensées contradictoires, est silencieux.
Sara dit en allemand : – Vous devez savoir que si Carl est le seul survivant, c'est parce que Monsieur Daniel Miloshevitch et d'autres bons esprits l'ont protégé, en plus de son icône de Saint Michel qu'il apporte toujours avec lui, peu importe où il va.
Lorsqu'il s'arrête à un feu rouge, Paul commente : – Je suis vraiment navré, Monsieur Carl Neely, de ce qui est arrivé. Vous devez savoir que votre survie relève du miracle, car vous êtes protégé par un bon esprit et par votre icône portative. Mais ne vous inquiétez pas, les coupables derrière ce coup n'échapperont pas à la justice divine.
– C'est ma seule consolation. Même si je suis le premier concerné.
– Concernant votre sentiment de culpabilité, il n'a pas lieu d'être. Car j'ai compris que c'est beaucoup plus large que des simples collègues jaloux de votre intégrité.
Carl Neely, atterré : – Comment pouvez-vous en être si sûr?
– Par mes divers contacts et informateurs autant parmi les vivants que les âmes errantes. Je peux vous dire que vous avez beaucoup de chance d'être le seul survivant. C'est tout un ensemble de mauvais esprits (dont vos grands-parents paternels et maternels) et de personnes malintentionnées (dont des espions et votre propre père) qui se sont alliés pour faire périr votre petite famille. Sauf qu'ils ont oublié la protection dont vous bénéficié des deux côtés. Vous devez savoir que les espions de la CIA sont très intéressés par votre père et par vous-même. Voilà, j'ai tout dit !
Par la suite, le chemin du retour se fait dans le silence. Carl Neely, encadré de Sara Blumenfeld et d'Adrian Neely, est agité de pensées contradictoires, partagé tantôt entre la joie du soulagement de son sentiment de culpabilité et le sentiment de culpabilité auquel Adrian veut le convaincre.
Paul Eastman conduit son jeune collègue devant la station de police de Grandview. Les deux hommes se saluent et Paul revient chez lui, à Verylongview. Il embrasse tendrement sa femme et les deux dorment enlacés.
Pendant ce temps-là, à Grandview.
La journée est très tranquille pour Jim Clancy et Mélinda Irina Eastman-Clancy. À son lieu de travail, une intervention mineure. Mélinda, elle, dans sa boutique d'antiquités, ne reçoit que la visite d'Arthur Smith, qui se plaint de l'intrusion des policiers dans son château puis disparaît de sa vue. Le soir, Jim et sa femme dorment enlacés.
Le lendemain, comme convenu, Paul Eastman arrive dans son véhicule de fonction au département de la police de Grandview. Ne remarquant pas Carl Neely, il décide de faire discrètement le tour des corridors pour voir s'il ne s'y cacherait pas dans son bureau.
Rendu près du bureau, Paul est surpris par l'apparition de Sara Blumenfeld, qui lui dit en allemand : « Pouvez-vous venir immédiatement ? »
Après une courte prière à l'archange Michel, il force la porte... Il y trouve en effet son collègue, affalé sur sa chaise de bureau. Il ne respire pas. Adrian Neely l'encercle dangereusement. En s'approchant, il remarque que son teint est pâle et ses yeux vitreux. Paul Eastman dit d'un ton sévère : « Monsieur Adrian Neely, je vous demande de laisser votre petit-fils en paix. Vous l'avez assez torturé, non? » Le mauvais esprit lui réplique : « Vous n'allez pas dicter ma conduite! » Il crache dans sa direction puis se retourne vers Carl, dont l'âme est sortie de son corps. Étonnée et visiblement désorientée, elle se dirige vers la fenêtre. Paul Eastman dit : « S'il vous plaît, Monsieur Carl Neely, vous êtes un bon collègue. Je ne doute pas de votre intégrité, puisque vous avez aidé du mieux que vous pouvez ma fille lorsqu'elle s'est intéressée à sa famille. Seulement, soyez plus optimiste et rejoignez immédiatement votre corps et nous poursuivons notre enquête d'hier. » L'âme de Carl Neely, hésitante, ne dit rien. Son regard se promène d'Adrian à Paul et de Paul à Adrian, comme si elle ne sait pas qui elle devait écouter. Son collègue ajoute : « S'il vous plaît, revenez parmi les vivants! »
Adrian réplique : « Salaud, viens vers moi et je te ferais la connaissance d'un ami qui affirme qu'il est possible de revivre dans un autre corps. »
L'âme du détective revient dans son corps puisque son collègue débute le massage cardiaque.
Adrian, pour toute réponse murmure à soi-même : « Tu payeras pour se jouer de moi ! » Il éclate d'un rire diabolique et disparaît de la vue de Paul Eastman. Ce dernier, lorsqu'il s'est assuré que son collègue est revenu à lui, lui demande ce qui lui est arrivé. Carl bredouille : « Je ne le sais pas... »
Sara Blumenfeld-Neely apparaît à sa droite et explique la situation au policier : il s'est laissé convaincre par les idées déprimantes d'Adrian, qui voulait ensuite le posséder pour gâcher leur amitié, sauf qu'il ne parvient pas. Heureusement, même déprimée, son âme n'est pas non plus intéressée à rester errante et pas plus à être le jouet de la sordide volonté de son grand-père. Au moins, il conserve son aspect combattif qu'elle apprécie beaucoup. Malheureusement, il faudra lui expliquer que son sentiment de culpabilité est injustifié. « Pour cela, » ajoute-t-elle, « il faudrait que Carl reprend contact avec mes parents et mes frères. » Puis elle disparaît.
Paul Eastman résume les propos à son collègue, qui s'est levé de sa chaise. Il dit : « Tous mes respects, Monsieur Paul Eastman, mais je ne désire point reprendre contact avec mes ex-beaux-parents. J'ai trop honte et ils me traiteront forcément de goy. En ce qui concerne notre enquête commune, je propose de vous laisser seul poursuivre la fouille du château d'Arthur Smith. Je préfère fouiller dans les archives de Hauteview. »
– D'accord. Et je vous retrouve vers 17h à votre bureau pour vous communiquer les résultats de ma fouille ?
– Oui. Bonne journée à vous et à tout à l'heure !
– À tout à l'heure !
Puis Paul Eastman se rend seul au château d'Arthur Smith. Carl Neely, lui, débute sa recherche sur le site d'archives des chroniques de Hauteview. Il repère des numéros de dossiers qui pourraient l'intéresser, puis se rend aux archives lire les documents. Possédé temporairement par Daniel Miloshevitch, il décide de se rendre à pied jusqu'à Hauteview. Adrian, néanmoins, possède un conducteur qui l'a presque heurté sur un trottoir. Heureusement pour le détective, le conducteur possédé le rate de peu, passant un peu trop devant lui. Une fois rendu dans les archives, il consulte puis photocopie les documents en question.
Pendant ce temps-là.
Mélinda et Jim, chez eux, entendent leur téléphone sonner. Intrigué, Jim voit que le numéro est celui de Ielena Eastman. Il répond en russe : – Bonjour, Madame Ielena Eastman ! Quelle est la raison de votre appel ?
– Pour vous dire que le collier et la bague que Paul cherche se trouve dans la salle obscure du château. Dites lui d'être prudent ! Et Jim, une fois qu'il vous apportera les bijoux, jetez-les dans la rivière et ne vous retournez pas.
– Je l'informerais à ce sujet. Merci beaucoup, Ielena ! Passez une bonne journée !
– Bonne journée à vous aussi !
Trois minutes plus tard, Jim communique l'information à son beau-père. Ce dernier, lorsqu'il a terminé de fouiller le moindre coin du château, passe apporter à son gendre la mystérieuse boîte contenant les bijoux maléfiques. Et l'ambulancier les jette dans la rivière la plus proche, et retourne, content, chez soi. Il embrasse sa femme sur les lèvres, qui lui rend son bisou. Ensuite, Paul Eastman revient au département de police de Grandview avec le véhicule que son collègue a laissé hier dans les bois environnants du château. Et il attend devant la porte du bureau de Carl Neely. Daniel Miloshevitch apparaît face à lui et explique sa situation. Il était un policier de son vivant, mort en 1950, à l'âge de 50 ans, tué par un collègue jaloux au cours d'un duel. Il était marié à Svetlana Vuk depuis 1920. Miloshevitch était policier en Serbie de 1920 à 1927. Il émigra, sa famille et lui, aux États-Unis d'Amérique en 1927, à la suite d'une dispute avec son supérieur immédiat. Il s'installa à Grandview. Sauf que le juge qui s'occupait de son cas, Monsieur William Gordon, consigne dans les archives que sa mort est un suicide. Miloshevitch lui communique les numéros des dossiers d'archives sur lui et sa famille, le juge Gordon et sa famille, à savoir 19500573, 1939454, 1949494, 1959772, 1944890 et le dossier du patient 119 de l'Hôpital Psychiatrique de Grandview. « Et n'oubliez pas, cher collègue, de rétablir la vérité sur la cause de mon décès, sinon, je me vengerais sur la descendance de Monsieur Gordon! Et laissez votre jeune collègue régler mon cas. Mais avant de penser à mon cas, je vous recommanderais d'aider Carl Neely dans son enquête! » Puis l'esprit policier disparaît de sa vue. Paul Eastman prend en note sur une feuille de son calepin les numéros des dossiers et range calepin et stylo dans une poche interne de la veste de son uniforme.
En après-midi, Mélinda partage son idée à son mari : rassurer Faith au sujet des phénomènes bizarres qui surviennent dans sa maison à Hauteview. Simplement pour la rassurer. Il approuve son plan et l'embrasse pour l'encourager. De plus, il en informe sa mère par téléphone. Mélinda se rend chez Faith Clancy après deux heures. Sa belle-mère l'accueille chaleureusement. La jeune femme remarque que Grete Smith est à sa gauche et Aiden Clancy à sa droite. Près des couteaux se trouve Henry Clancy, car c'est lui qui lance un couteau vers sa direction lorsqu'elle s'approche du cadre de la porte de la cuisine. En décrochant le couteau du cadre de porte, où il s'est planté, Mélinda est transportée dans une vision. Elle comprend que ce couteau était celui qu'Olivia utilisait pour tuer ses amants. Mélinda remet le couteau à sa place et dit à l'esprit d'arrêter ses menaces. Il lui réplique par un rire diabolique lance à nouveau le couteau. Aiden Clancy apparaît devant sa bru et dit : « Le seul moyen de se débarrasser de ce couteau et de le faire disparaître définitivement! » Henry se déplace à la gauche de son fils et lui dit : « Tu n'oublies pas que ton dernier fils peut aussi nous rejoindre! »
Mélinda réplique : – Il n'en est pas question !
Le mauvais esprit disparaît de sa vue, aspiré par le souterrain. Aiden ajoute à sa bru : « N'oublies pas de rassurer votre ami policier, car je sais que depuis un certain temps, il pense que j'ai maudit la descendance de mon meurtrier, ce qui est faux ; je n'ai maudit que le meurtrier. » Puis il disparaît de sa vue. Mélinda saisit le couteau d'Olivia et explique à Faith Clancy ce qu'elle a vu et entendu. Celle-ci remercie sa bru et décide de brûler le couteau le lendemain lors d'un barbecue.
Département de police de Grandview.
Carl Neely salue Paul Eastman, qui l'attendait depuis un certain temps. Une fois entrés dans le bureau de Carl, les deux hommes s'asseyent sur des chaises face à face. Le jeune policier lui dit avoir trouvé tous les documents concernant Arthur Smith, Grete Meckelburg-Smith, James Smith et Faith Smith-Clancy. Paul lui rapporte des éléments suspects trouvés dans le château d'Arthur Smith, entre autres, des documents bizarres qui sont des manuscrits de magie noire, une bibliothèque au sous-sol contenant toute sorte de livres ainsi que la boîte contenant des bijoux maléfiques qu'il a apporté à son gendre pour qu'il s'en débarrasse. « D'ailleurs, » ajoute-t-il, « de nombreuses âmes sont prisonnières de ce lieu sinistre, car elles ont été tué à cet endroit. » Paul remarque que son collègue tressaille lorsque Adrian s'est manifesté à sa gauche. Il poursuit : « C'est pourquoi je propose de passer au château afin de libérer ces pauvres âmes errantes. »
Adrian réplique : « Pas avant d'avoir fait visiter à Carl le sous-sol. »
Avant que son collègue ne réponde, Paul Eastman réplique à l'esprit : « Il n'en est pas question ! Allez-vous en au Diable et laissez Carl Neely en paix ! »
Étonné, Adrian disparaît de sa vue.
Carl, intrigué, demande à son collègue la raison de son comportement. Il lui explique la remarque de l'âme errante et ajoute que c'est forcément parce qu'il planifiait un mauvais coup dans le sous-sol de ce sinistre château. Carl accepte la proposition de Paul Eastman. Et les deux se rendent aussitôt devant le château. Ils allument à plusieurs endroits des feux et regardent de loin. Lorsqu'il n'est que cendres, les deux policiers éteignent le feu avec l'aide d'un pompier complice.
Après, Carl Neely, de retour à son bureau, appelle Jim Clancy pour l'informer de sa courte visite demain pour lui apporter en main propre les documents concernant ses grands-parents et oncle maternels.
Le lendemain, le détective Carl Neely apporte les documents à son ami ambulancier, qui le remercie de sa rapidité. Ensuite, le couple l'invite dans leur salon pour un peu discuter avec lui. Étonné, il accepte. Mélinda remarque que Aiden Clancy se trouve à droite de son mari, tandis que le policier est accompagné de Sara Blumenfeld et d'Adrian Neely (sauf qu'elle ne connaît pas l'identité de ces deux âmes errantes). Une fois assis sur deux canapés (Jim et Mélinda sur l'un en face de Carl, sur l'autre), Mélinda révèle à leur ami policier son don et ajoute qu'il n'a pas à craindre une quelconque malédiction de la part de son beau-père, car il n'a maudit que son père. Rassuré, malgré qu'Adrian Neely essaie de le dresser contre ses amis, il ne veut point tomber sous son influence, ce en quoi il est encouragé par Sara (qui est à sa droite). Il donne une accolade amicale aux deux jeunes gens, les saluent respectueusement. Adrian bat en retraite, furieux.
Note : Si Mélinda Irina Eastman-Clancy révèle son don à leur ami policier à ce moment, au lieu de le lui dire qu'en novembre 2008, comme mentionné dans ma fiction « Le détective Carl Neely ». Dans ce cas, en 2008, il appelle la jeune femme dans sa chambre d'hôpital simplement pour s'assurer qu'il n'hallucine pas lorsqu'il remarque son expérience olfactive des esprits.
Une fois Carl Neely sortit, le couple consulte les photocopies des documents. Voici en résumé, les informations les plus pertinentes, informations obtenues entre la lecture des documents et les visions de Mélinda lorsqu'elle lue par-dessus l'épaule de son mari (qu'elle lui rapporte ensuite) : Arthur Smith est un agent de sécurité recruté par la Central Intelligence Agency (CIA) pour tuer sur commande. Son surnom secret (pas si secret) est le « tueur au marteau ». Pour le récompenser, il obtient le château près de Hauteview, dont il en fait un temple à Satan. Grete Meckelburg-Smith, elle, est d'une famille de la noblesse allemande. Elle émigre aux États-Unis d'Amérique sur les conseils d'une diseuse de bonne aventure. À peine arrivée dans le Nouveau Monde, elle rencontra Arthur Smith et se maria à lui dans l'Église protestante de Hauteview.
Lorsque le jeune couple tire leurs dernières conclusions concernant la famille Smith, Mélinda remarque Arthur Smith et son épouse à la gauche de Jim. Ils grincent furieusement des dents et disparaissent comme aspirés par le souterrain. Ils disparaissent pour ne plus jamais déranger leur petit-fils.
Maintenant, l'enquête sur les Smith est terminée. Il ne reste que celle sur les Clancy.
À suivre.