Et plus si affinités

Chapitre 1 : Et plus si affinités

Chapitre final

2046 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/07/2022 13:46

Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions .fr : Mots et maux estivaux - (juillet août 2022).


La Brigade Prodigieuse repartie, Sophie s’enfouit sous les couvertures. Elle avait pensé donner un coup d’avance au Cygne Noir en les laissant réinitialiser son instillation, mais… cela avait produit l’effet inverse. Elle était coincée au lit depuis déjà cinq jours, avec interdiction de se lever (ordre d’Elwin !) et une migraine épouvantable. Oh, elle n’en mourait pas d’ennui, que du contraire : Biana Vacker et Stina Heks venaient lui rendre visite tous les jours, afin de la tenir au courant des recherches sur ses parents biologiques. Recherches qui ne grimpaient pas d’un palier, d’ailleurs. C’est juste que… Sophie aurait tant voulu les aider… Elle serait volontiers partie en douce si Sandor ne montait pas la garde à l’entrée de la chambre et surtout, si un mammouth laineux ne lui écrasait pas la poitrine depuis son réveil.

Sophie se tourna sur le côté dans l’espoir de se rendormir, lorsqu’une ogresse beaucoup trop familière surgit dans la pièce.

« Hello, Miss Blondinette ! dit Ro en souriant de toutes ses dents sales. Ça roule ? J’ai un message pour toi de la part du gringalet.

-         Pourquoi n’est-il pas venu lui-même ? s’étonna la Télépathe.

-         Puni par son père. Apparemment Grassecoiffe a dépassé la limite des deux cents bulletins de retenue par semestre.

-         Deux cents ?

-         Ouaip. Et vu qu’il est chargé de tous les classer par degré de punition, c’est pas demain la veille qu’il ira au festival de la lumière, je peux te le garantir. Bon, c’est pas tout ça, mais je crois que Gigantor commence à s’impatienter… Et, bien évidemment, Lord Casse-pieds m’a chargé de surveiller son fils.

Elle jeta une enveloppe sur le lit de Sophie.

-         A plus, Blondinette !

La Télépathe décacheta le paquet. Il contenait une lettre, à laquelle était accrochée un bracelet.


« Chère Mademoiselle F,

Bah dis donc, le temps est bien long, sans toi ! Dommage que tu sois clouée au lit parce que, avec tes talents de Téléporteuse, tu pourrais en un clin d’œil me sauver du Travail-De-La-Mort. Bon, d’accord, j’exagère peut-être un peu. C’est pas pire que les vacances durant lesquelles ma mère m’avait condamné à potasser l’Univers parce que je n’avais obtenu QUE 99. Quelle garce, celle-là… Mais bon, l’heure n’est pas à me plaindre une fois de plus de mes parents. Et j’entends déjà mon père qui m’appelle pour que je retourne à mon travail. Quoi ? Que dis-tu, cher père ? Quand j’aurai terminé, je devrai astiquer tous tes trophées, nettoyer la statue de toi en luménite puis passer le balai dans les étages un à quarante-quatre ? C’est noté ! Et avec ça ? Ce sera tout ? Bien monsieur. Oui, monsieur, le travail sera fait.

Bon, Foster, je ferais mieux de te laisser si je ne veux pas finir aux travaux forcés pour le restant de mes jours… Alors j’arrête là et je te laisse découvrir le petit cadeau.

                                                                                                               Bellecoiffe te salue bien bas. »

Sophie décrocha le bracelet tout fait de coquillages et de… de coquillettes ? Un post-scriptum de Keefe lui en expliqua la raison:


« J’ai trouvé des coquillages la dernière fois que je suis venu à Havenfield. J’ai donc décidé de t’en faire un bracelet. Quelque temps après, je repensais à ce fameux jour en Italie. Tu sais, quand on a mangé la glace au melon avant d’aller rejoindre le Forklenator (au cas où la réinitialisation t’aurait ramolli le cerveau, c’est le nouveau surnom que je donne à Forkle). Quoi qu’il en soit, comme le dit mon manuel d’études multiespèces, les Italiens sont les rois des pâtes. Ah oui, au cas où tu te poserais la question, c’est le Fitzou qui m’en a donné. Il en avait ramené un paquet quand il parcourait le monde à ta recherche.

                                                                              Keefe »


On toqua à la porte.

-         Je peux entrer ?

C’était Edaline.

Sophie acquiesça. Sa mère adoptive déposa un plateau sur son lit.

-         Je t’ai fait des muffins aux éclairelles.

Bien que la jeune fille eût l’appétit coupé, elle n’avait jamais su résister à la cuisine de l’Invocatrice.

-         Hum… délicieux ! Tu as mis, quoi dedans ?

-         Oh, tu sais, rien de compliqué ! De la pâte sablée, des baies, et le tour est joué ! A part ça, un certain Empathe t’attend devant la porte… Je lui dis de rentrer ?

-         Il a déjà fini son travail ?!

Pour toute réponse, Keefe pénétra dans la pièce.

-         Foster ! Comment tu vas ? Pour répondre à ta question, non, mes tâches ne sont pas du tout achevées- loin de là- mais, disons que j’ai réussi à négocier avec Sa Grandeur. J’ai le droit de faire une pause seulement si cela ne dure pas plus de vingt minutes. Hé, calme-toi, c’est pas vrai ce que je te raconte ! Ni tout ce que j’ai écrit dans la lettre, d’ailleurs ! Enfin, à part les bulletins de retenue, bien sûr…

Il poussa un long soupir.

-         Me dis pas que t’y as cru, quand même… Bon. On reprend. Foster ! Comment tu vas ?

-         Epuisée, répondit l’intéressée, ravie de placer enfin un mot.

-         Ohh, fit l’Empathe d’une voix mielleuse. Tu n’as pas de température, au moins ?

-         Je voulais dire épuisée à l’idée de te parler, précisa Sophie.

-         Quel dommage ! Je voulais qu’on profite de ce doux temps estival… Qu’on fasse un pique-nique…

-         Un pique-nique ! s’exclama la Télépathe ! Non mais tu m’as regardée ?

-         Pas grave ! Tu seras rétablie d’ici demain ! Tu as un bikini, au moins ?

Sophie rougit et écarquilla les yeux.

-         Relax, je plaisante ! Mais bon, de toute façon je sais bien que même si tu étais en pleine forme, Gigantor ne te laisserais jamais seule avec moi. Enfin, si l’on oublie son tempérament de câlinou.

Clin d’œil de Keefe et grognement de Sandor.

-         Alors, quoi ? s’impatienta Sophie. On laisse tomber ?

-         Bien sûr que non, voyons ! On remet ça à une prochaine fois ! Mais je vais d’abord te donner un petit aperçu.

-         Tu vas faire quoi ? Transformer une brise d’émotion en une image mentale pour me la transmettre ? ricana la Télépathe.

-         Ne me dis pas que tu doutes encore de mes talents ! s’offusqua Keefe.

Il s’éclipsa puis réapparut quelques secondes plus tard, du matériel de dessin dans les mains.

-         Au boulot !

Bien entendu, l’Empathe prit tout son temps pour dessiner. Sophie dut s’endormir, car au bout d’un moment, Keefe la secoua par les épaules.

-         Hé, Foster, réveille-toi ! J’ai terminé.

Il lui tendait un tableau.

C’était joli- très joli même. Il avait peint tout d’abord une plage, baignée du soleil de midi. On pouvait apercevoir deux silhouettes assises côte à côte sur le sable. La première, légèrement plus petite, avait la tête posée sur la seconde. De hauts palmiers les entouraient, les ombrageant.

Une petite paillote était peinte dans un coin, avec un joli transat déplié juste devant. L’ambiance était si sereine que Sophie pouvait presque s’y imaginer. Très vite, ses sentiments prirent le dessus. Et si…

Elle fut tirée de ses rêveries par une main dans ses cheveux. Elle sursauta.

-         Du calme, Foster ! Je voulais juste arranger un peu ta tête de convalescente…

Keefe lui plaça un miroir devant les yeux afin qu’elle puisse s’admirer. Fidèle à lui-même, le jeune Sencen lui avait placé des papillotes un peu partout.

-         Alors, ça te fait rêver, ce pique-nique ? On remet ça à une prochaine fois ? Je t’achèterai un bikini… et même des sandales, si le cœur t’en dit ! Et on mangera de la guimolle ! Et ce sera interdit d’accès aux gardes du corps ! Et on fera des pâtés de sable ! Et…

Il s’interrompit en apercevant les muffins posés sur le lit.

-         Oh, je peux en prendre ?

Sophie lui fit signe de se servir.

-         Merci bien. Je m’en vais de ce pas demander à Dizznee de trafiquer un ou deux élixirs de Gargouille-Bidou… Ah oui, et de Pet-Du-Jour, aussi ! Si on les verse dessus, avec un peu de chance, ça donnera un bien mauvais transit à mon cher petit papa…


Et il s’en alla avant que Sophie n’ait pu vérifier la véracité de ses propos. Amoureux ou pas, Keefe ne changerait jamais.

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