Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 37 : L'ours exilé qui combattit pour le Nord. (Jorah Mormont)

4992 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/06/2019 12:37

CHAPITRE NUMERO TRENTE-DEUX : JORAH MORMONT.


Jorah avait longuement fixé le sol de pierres de la salle d’audience tandis que ce jour-là, si sa mémoire ne lui faisait pas pleinement défaut, une bise glaciale soufflait sur l’Île aux Ours. Jamais encore il n’avait perçu un tel sentiment de honte vis-à-vis de ce que ses actions avaient entraîné comme conséquences en ce qui concernait la personne qui lui avait fait face. Néanmoins Jorah ne parvenait à se résoudre de lever les yeux pour rencontrer ceux de son père qui le toisait, il le savait, d’un éclat froid.


« Comment as-tu pu à ce point déshonorer notre maison ? Comment as-tu pu à ce point salir le nom des Mormont ? »


Jorah avait eu la possibilité de se justifier. Expliquer que ses agissements n’avaient été fait que dans le but de bien faire, satisfaire la femme dont il était éperdument amoureux. Seulement voilà il s’était tu car il ne pouvait croire que son père aurait pu comprendre que l’on puisse faillir à ses devoirs par amour. Au lieu de quoi Jeor était un féal des Stark et en tant que tel il n’aurait pu se dérober à ses obligations et Jorah avait rapidement comprit que son père ne serait pas allé à l’encontre de la justice qu’Eddard Stark escomptait appliqué lorsqu’il aurait atteint l’Île aux Ours.

C’était tout de même un monde que d’avoir à payer le prix de sa vie une simple petite erreur de parcours. D’autant que Jorah n’avait pas œuvré en pensant à mal. Loin de là. Certes vendre des esclaves à ces marchands de Pentos n’était pas des plus judicieux, malgré tout Jorah avait escompté que cette transaction lui permettrait de renflouer ses cassettes qui étaient vides depuis qu’il avait épousé Lynce Hightower. C’était une jeune femme magnifique qui depuis toute petite avait été habituée aux richesses, aux beaux vêtements, etc. Lorsqu’elle l’avait suivi dans le Nord Jorah s’était fait la promesse de l’éblouir chaque jour et de la contenter comme il devait en aller pour toute femme de son rang.

Cette tâche s’était avérée bien plus difficile que prévu. La malheureuse avait toujours une raison de se plaindre et quoiqu’il eut fait, Jorah n’en faisait jamais assez. Ces jongleurs de Volantis payé à prix d’or ? Cette troupe de théâtre qui venait de Braavos et dont la réputation s’étendait jusqu’aux confins de Westeros ? Ce n’était pas suffisant pour permettre à Lynce de retrouver cette joie de vivre et chaque jour Jorah l’avait trouvé plus triste que le précédent, lui remémorant ce qui avait été sa vie alors qu’elle vivait à la Citadelle, loin dans le sud.

Jorah ne pouvait cependant pas se permettre de telles dépenses et souvent il ne pouvait faire grand-chose pour chasser la tristesse qui se devinait dans les yeux clairs de dame son épouse. L’Île aux Ours n’était pas le plus bel endroit du monde et les festivités locales étaient bien rares. Les habitants de ces terres ne respiraient pas non plus la gaieté.

Jorah s’était endetté plus que de raison sans que toutefois cela suffise puisque la belle s’en était finalement allée depuis qu’il avait été forcé à l’exil. Quoiqu’il en avait été depuis lors, c’est le jour de son départ que Jorah gardait le plus en mémoire. Or plus son père l’accablait et plus ce sentiment de honte s’exacerbait.


« Tu es mon fils unique Jorah. Le seul que je n’aurai jamais. Ces terres, Ces terres où tu as grandi, ces terres où ont régné tous tes ancêtres, elles devaient être tiennent à mon trépas. Mais maintenant… . Maintenant… . »


Jeor Mormont n’avait pu poursuivre son discours et ce pendant plusieurs minutes où seul un silence gênant avait régné.


« Ce crime ne saurait rester impuni, j’espère que tu en as conscience. Pourtant je ne puis me résoudre à accepter le sort qui t’attend. Comme je l’ai dit tu es le seul enfant que j’ai. Plus au ciel de m’octroyer d’autres rejetons mais nos Dieux en ont décidé autrement. Et voilà qu’à présent ils me punissent davantage en t’ayant conduit sur le chemin du parjure.

-Pourquoi ne pas plaidoyer ma cause, à moins que vous ne comptiez pas le convaincre de m’accorder sa grâce.

-Que ne le puis-je, s’emportait alors Jeor Mormont. Seulement voilà il s’avère que tu as voulu vendre des esclaves. Des esclaves Jorah alors que nous sommes tous des hommes libres. Ceci est interdit par nos lois ancestrales et tu les as tout simplement bafoué sans éprouver une once de culpabilité vis-à-vis de cet acte. Si la chose était possible je ferai en sorte d’endosser la responsabilité de tes agissements. Il est cependant trop tard pour persuader Eddard Stark de ton innocence. La seule solution envisageable serait que tu partes en exil Jorah. Et ce pour un départ immédiat. Car lorsque notre gouverneur surviendra je ne pourrai plus rien pour toi.

-L’exil, avait répété Jorah sans en revenir. Je suis un Mormont de l’Île aux Ours, un Nordien. Ma place est ici, sur ces terres qui m’ont vu grandir. Laissez-moi demeurer afin de plaider ma cause. Eddard pourra comprendre que je n’ai œuvré que par amour d’une femme.

-Eddard n’aurait que faire des raisons qui t’ont poussé à t’octroyer le droit de vendre des hommes libres. Ceci est un crime passible de mort et Eddard est prompt à rendre la justice, tu le sais aussi bien que moi pour avoir assisté à des exécutions. Si le mestre dit vrai alors Eddard sera là d’ici une demi-lune. Profites donc de ce temps et fuis.

-Où irai-je si Westeros m’est interdite ?

-Essos. Ailleurs. Qu’importe. Tu as bafoué le nom de tes ancêtres. Et ceci ne sera pas sans conséquence car j’en porterai moi-même l’opprobre. Comment puis-je demeurer le seigneur de cet île après tout ce que tu as fait. »


Jorah n’avait pas assimilé immédiatement ce que son père avait entendu par là. Ce n’est qu’après qu’une minute se fut écoulée qu’il réagit enfin.


« Que voulez-vous dire ?

-Qu’il faudra bien que quelqu’un paie pour tes actions. Il est impensable que je te regarde te faire étêter Jorah. Seulement en te permettant de t’échapper je me rends complice te ce que tu as fais. Aussi ne puis-je continuer à régenter l’Île aux Ours après que tu auras mis les voiles. »


Jorah avait tenté de trouver les mots pour protester, mais Jeor était un homme buté. Jorah s’en était allé non sans que ce sentiment de honte ne l’accompagne dans ses pérégrinations. Il gagna donc le continent d’Essos où quelque temps plus tard lui parvint la nouvelle comme quoi son père avait rejoint la Garde de Nuit où il y était devenu le nouveau Lord Commandant.

En ce qui le concernait Jorah avait intégré la Compagnie Dorée où, en tant que mercenaire, il avait combattu sur ces terres étrangères et ce avec le concours de ses nouveaux frères d’arme dès lors qu’une des Cités Libres se décidaient à recourir à leurs services.

Ce que des années après que Jorah avait intégré le peuple des Dothraki où en quête de rédemption qui lui eut permit de regagner Westeros, il espionna Daenerys Targaryen pour le compte du roi Robert Baratheon. Le temps passant il était toutefois amoureux de cette jeune femme et aujourd’hui Jorah se savait prêt à mourir pour elle s’il le fallait et si un tel sacrifice devait avoir lieu peut-être que dans son trépas il pourrait revoir son père Jeor et finalement réussir à le toiser dans les yeux et y voir la fierté d’avoir recouvrer son honneur en agissant pour le bien.


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Autour de lui les clameurs s’élevèrent. Elles émanaient toutes des centaines de cavaliers Dothraki qui étaient rassemblés en un même point. Pour avoir voyagé avec ceux-ci pendant une longue période, Jorah n’avait pas le moindre mal à comprendre les termes employés dans cette langue si particulière. Il était évident que tous étaient gagnés par la ferveur de la bataille à venir. Or Jorah était bien loin de ressentir des sentiments similaires.

En ce qui le concernait il avait déjà eu l’occasion d’affronter l’armée des morts lorsqu’il s’était rendu au-delà du Mur. Avoir à les combattre une fois de plus ne le rassurait aucunement. Certes il le ferait tout de même car il n’était pas le genre d’individu qui se défilerait face au danger. Il se devait également de protéger ces terres nordiennes qui l’avaient vu grandir. Tout comme il ferait tout pour qu’aucun fâcheux événements ne puissent être fatales à l’encontre de Daenerys qui envers et contre tous, avait choisi de lutter face à cette menace sans précédent.

Ses pensées l’ayant conduit à s’intéresser au sort de la jeune Targaryen, Jorah Mormont leva les yeux en direction des cieux où il savait la trouver. Pour l’heure seule la silhouette de Drogon était visible tandis que le dragon planait loin au-dessus des têtes des combattants. A cette distance nul n’aurait pu discerner Daenerys. Malgré tout Jorah ne pouvait s’empêcher de visualiser mentalement cette dernière, lui prêtant une expression emplit d’une fervente résolution tout en devant déborder intérieurement d’un sentiment d’inquiétude croissante quant à ce qu’il pourrait survenir au sujet des gens qui comptaient pour elle et qui n’avait pas la chance de posséder une créature ailée qui pourrait les tenir hors de portée de ces milliers de spectres.

Tout à coup Jorah assista à une attaque en piquée de Drogon, sa toute première semblait-il, et ce avant de se mettre à cracher un torrent de flammes écarlates qui réduisent instantanément en cendres des dizaines de cadavres ambulant. Après quoi le dragon s’en fut reprendre de l’altitude, déjà paré à reproduire une offensive similaire.

Les Dothraki poussèrent des acclamations avant de charger leurs adversaires, suivi par un Jorah qui portait l’épée Corvenin pour parvenir à occire quiconque se trouverait à portée de ses allonges. Cette arme ancestrale avait le mérite d’être en acier valyrien ce qui pourrait représenter un plus si jamais des Marcheurs Blancs se décidaient à être de la partie puisque certains d’entre eux étaient juchés sur des montures mortes depuis bien longtemps.

La flamberge Corvenin appartenait à la famille Tarly. Sam, qui en était le propriétaire actuelle, lui avait expliqué l’avoir volé à son père, un homme dont il ne regrettait manifestement pas le trépas, mais qu’en temps que piètre soldat il avait préféré la confier à Jorah qui en ferait un meilleur usage. Mormont avait promit qu’il en prendrait grand soin et ferait en sorte d’honorer Sam qui quelques temps auparavant l’avait soigné de la grisécaille sans quoi Jorah n’aurait pas été présent aujourd’hui pour en découdre contre les forces du Roi de la Nuit.

Certes il était vrai que les Mormont avait possédé leur propre épée faite dans ce métal aussi rare que précieux. Néanmoins son père avait légué Grand-Griffe à Jon Snow, chose que Jorah ne pouvait blâmer puisqu’en ce qui le concernait il avait jeté l’opprobre sur sa famille et ne méritait pas d’hériter de l’épée bâtarde.

Quoiqu’il en était Corvenin lui allait très bien et les nombreux morts qu’il trancha ne se relevèrent plus. Jorah les pourfendit donc tous et bientôt un matelas de dépouilles inertes recouvrit le sol enneigé tant et si bien qu’il devint difficile pour les cavaliers Dothraki de se mouvoir avec aisance. Les spectres en tirèrent profit et les montures se mirent à être écorchées ou plantées par les lames rouillées des fantassins ennemis.

Jorah peste silencieusement face à cette vision. Les Dothraki se voyaient contraient de combattre à terre ce qui n’était pas leur point fort. Loin de là et déjà plusieurs dizaines d’entre eux venaient de succomber face à cette marée. Jorah tenta de coordonner au mieux les troupes bien que nul ne paraissait se préoccuper de ses vociférations.

La situation allait en se gâtant, d’autant plus que des géants vinrent prendre part aux massacres et via leurs puissantes massues ils écrasèrent aussi bien les têtes des hommes que le crâne des chevaux. Jorah parvint à en terrasser un, manquant cependant de finir écraser sous l’immense carcasse. Et lorsque de nouveaux morts se matérialisèrent dans son champ de vision il réalisa qu’il ne pourrait tenir plus longuement.

Ce fut là que des flammes se mirent à pleuvoir sur les armées du Roi de la Nuit et de nombreux géants furent atteints, succombant sous l’effet du feu de Drogon. Ragaillardi par cette aide providentielle, Jorah décupla ses forces et se mit à découper des membres froids qui s’approchaient d’un peu trop près.

Non loin de là il nota que les Dothraki s’étaient recoupés en une formidable armada de cavaliers. Ils chargèrent une fois de plus, n’hésitant pas à faire un mouvement en tenaille pour atteindre le plus d’assaillants possibles. Et les spectres se firent piétiner en masse.


« Nous allons peut-être parvenir à triompher, pensa Jorah avec espoir. »


La bataille était pourtant bien loin de toucher à son terme puisqu’au moment où il escalada une pile de dépouilles il put se rendre compte que partout à la ronde se déployer les unités ennemies. Son humeur s’assombrit davantage lorsqu’il put également constater que Drogon avait disparu. Où que fut celui-ci, il agissait dans une nouvelle zone, ayant laissé les Dothraki faire face seuls.


« Il faut gagner un espace plus dégagé afin de nous mouvoir avec plus d’aisance, beugla-t-il à un des cavaliers. »


L’intéressé l’avait-il entendu ? Jorah ne pouvait l’affirmer puisque le Dothraki trépassa lorsqu’une massue rencontra sa face sombre. Mormont raffermit sa poigne autour de la garde de Corvenin et vengea le guerrier à la chevelure typique de ce peuple d’Essos. Le géant ne réalisa jamais ce qui venait de lui arriver et l’éclat bleu disparu de ses prunelles autrefois sombres.


« Par les Dieux, se mit-il subitement à prier, apportez-nous de l’aide. »


Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas tourné vers les Anciens Dieux que priaient pourtant ses ancêtres. Jorah avait cessé de croire en eux parce qu’il les tenait pour responsable de ne pas l’avoir soutenu lors de son exil vers Essos. Peut-être était-il temps de se rabibocher avec ces entités anciennes et en escompter le concours.

Néanmoins le temps continuait à s’écouler lentement et les vivants tombaient les uns après les autres avant de se relever avec l’iris devenue bleue témoignant ainsi de leur passage du côté des armées du Roi de la Nuit.

De ce que Jorah pouvait en déterminer pour le moment, il n’y avait que les Immaculés qui formaient un bloc compact contre la vague qui déferlait continuellement sur eux. Ver Gris ne se voyait nulle part mais Jorah pouvait certifier que le jeune homme n’était pas prêt à céder le moindre pouce de terrain.

Les cadavres étaient cependant bien plus nombreux et déjà quelques uns se précipitaient sur les flancs de Winterfell afin de débuter l’invasion des lieux et même la ténacité des Immaculés ne suffisaient à empêcher leur progression. Jorah sentit son sang se glacer devant cette vision. Il restait du monde à l’intérieur, les seigneurs du Nord ainsi que les populations qui n’avaient pas eu le temps d’évacuer les lieux et qui avaient été placés au sein des cryptes où reposaient les Stark depuis des temps immémoriaux. Et il y avait aussi sa jeune cousine Lyanna Mormont. Elle était l’avenir de sa famille, celle destinée à régner pendant encore longtemps sur l’Île aux Ours et Jorah ne pouvait se permettre qu’elle vienne à succomber face aux guerriers qui en avaient après les vivants.

Ainsi, et bien décidé à protéger le sang de son sang, Jorah se mit à courir vers la masse volumineuse du château. Quelques Dothraki, qui allaient à pied suite à la perte de leurs montures, l’escortèrent alors et Jorah se mit une fois encore à prier les Dieux, escomptant vivement sur le fait qu’il n’arriverait pas trop tard.


********************


Lorsque Jorah parvint aux pieds des remparts il aperçu Ver Gris. Malgré toute leur bonne volonté les Immaculés ployaient peu à peu face à la puissance qui les assaillaient. Jorah rejoint donc le jeune eunuque.


« Il faut nous barricader derrière ces murs et les empêcher de pénétrer à l’intérieur, cria Jorah pour couvrir le vacarme ambiant.

-Ma personne doit contenir l’ennemi sur le champ de bataille, rectifia Ver Gris. Nous pouvons les bloquer ici encore longtemps.

-Ils sont plus nombreux que vous autres et vous vous faites déborder sur les flancs. Si vous ne faites rien il sera trop tard. »


Ver Gris ne paraissait pourtant pas enclin à renoncer aussi aisément. Jorah eut le pressentiment que l’eunuque se contrefichait de savoir si oui ou non il allait survivre à cette bataille. Peut-être même n’en avait-il nullement l’intention, désireux de retrouver Missandei si jamais il existait un au-delà.

Malgré tout Jorah ne comptait pas rester là, les bras ballants, et d’avoir à apporter de mauvaises nouvelles à Daenerys. Cependant il ne pouvait se permettre de traîner de force Ver Gris dans l’enceinte de Winterfell alors que ses frères d’armes étaient tout autant enclin que lui à maintenir leur position défensive. Aussi Jorah héla-t-il les Dothraki qui n’avaient plus de monture. Lorsqu’ils l’eurent rejoint, ils étaient environ trois cent à répondre à ses ordres.


« Tentons de nous étirer un maximum et de les encercler pour en massacrer le plus possible, déclara-t-il à l’intention de Ver Gris, ils sont peut-être en supériorité numérique mais il nous faut inverser la tendance.

-Ma personne et mes frères vous suivront. »


Jorah n’en doutait pas. Les Immaculés ne craignaient pas la peur, ce n’était pas d’affronter autant d’adversaires qui les feraient sourciller plus que ça. Ver Gris donna donc des ordres aux siens et bientôt un demi-cercle de rempart de boucliers et de lances se mirent en branle, perforant chaque spectre qui se pressait dans la mêlée.

Très vite il parut que cette folle stratégie était bien plus efficace que d’attendre l’ennemi de pied ferme. Jorah et Ver Gris continuèrent à déclamer des directives. Mormont en profita pour qu’une partie des forces dont il disposait convergent vers les cavaliers qui luttaient contre plusieurs géants.


« C’est là que Drogon ou Rhaegal nous seraient bien utiles, pensa sombrement Jorah. »


Cependant le dragon noir n’était pas visible à moins qu’il ne consente à fouiller le ciel du regard, quant à son frère Rhaegal seul Jon aurait pu le monter pour le mener dans les cieux. Or Jon était en train de lutter sur la terre ferme sans que Jorah ne puisse déterminer sa zone de combat ni si celui qui avait les faveurs de Daenerys s’en était sorti.

Pour l’instant Jorah devait se focaliser sur sa propre survie. D’autant que les guerriers adverses continuaient d’apparaître. Il nota néanmoins qu’ils arrivaient en moins grande quantité. Le Roi de la Nuit avait-il comprit qu’il ne pourrait pas s’emparer de Winterfell ?

Cette lueur d’espoir fut vite détrompé lorsque Ver Gris agita les bras vers la muraille ouest de Winterfell. Des spectres s’engouffraient dans une brèche qu’ils avaient ouverte. Si jamais les Immaculés et les Dothraki ne remédiaient à ce problème alors tous ceux qui étaient réfugiés à l’intérieur de la forteresse risquaient de tomber face aux forces du Roi de la Nuit.

La cavalerie Dothraki s’étaient regroupée et fondaient à présent sur les morts, les terrassant tous à mesure qu’ils foulaient ceux-ci. Jorah estima que le camp des vivants possédaient l’avantage dans cette partie des alentours de Winterfell. Il pouvait donc se permettre de disperser une partie de leurs contingents militaires et le fit donc. Environ mille Immaculés prirent la direction du lieu où les spectres s’infiltraient dans l’enceinte du fief des Stark Jorah allant à leur tête.

Un nouveau choc entre les deux factions s’amorça et Jorah usa une fois encore de Corvenin et l’acier valyrien fit son office. Ce furent là que deux Marcheurs Blancs arrivèrent. Jorah se souvenait de ce qu’il s’était passé au-delà du Mur lorsque Jon en avait terrassé un. Les spectres s’étaient quasiment tous écroulés à la suite de la disparition de l’être surnaturel responsable de leur mutation.

Bien décidé à réitérer la chose et amoindrir au mieux l’armada adverses. Le duel qui s’engagea l’épuisa bien plus que ne l’avait fait l’assaut jusqu’à présent. Jorah n’était plus aussi jeune et ses forces lui suffisaient tout juste à contre les coups d’estoc que les deux Marcheurs lui administraient l’un après l’autre. Il lui sembla même que ceux-ci paraissaient s’amuser de lui et de sa futile résistance.

Jorah parvint à contrer le coup qui suivit et des Immaculés lui prêtèrent assistances en le forçant à battre en retraite. Les Marcheurs Blancs n’en poursuivirent pas moins d’exterminer ceux qui se plaçaient en travers de leur route.


« C’est à croire qu’ils veulent à tout prix ma peau, pensa lugubrement Jorah. »


Si cette assertion devait se vérifier alors il ne comptait pas leur facilité la tâche ni abdiquer et attendre que les Marcheurs fassent leur office. De fait Jorah resserra son emprise sur Corvenin et il défia du regard ses deux adversaires. Et alors que ceux-ci s’avançaient une fois de plus à sa rencontre, Jorah put entendre des cors résonner dans le lointain.

Qu’était-ce donc que cela ? Ce n’était pas le son d’un ralliement pour les forces qui se battaient hors de la forteresse et de leur permettre de trouver refuge derrière les imposantes murailles où ils auraient pu escompter contenir plus facilement leurs adversaires.

Non le son provenait d’au-delà de la zone de combat. Se pouvait-il que des troupes fraîches venues du Nord aient décidé de venir concourir à leurs côtés contre l’armée des mort ? Si oui d’où venaient-ils ? Une fraction de seconde Jorah se représenta son peuple, hommes, femmes et enfants compris, marchant droit vers les spectres, prêts à ferrailler. Ils ne seraient toutefois pas les seuls car tous les Nordiens seraient présents sur place.

Malgré tout Jorah ne pouvait y croire. Les Stark avaient décidé de mener leurs sujets vers le Sud pour échapper un temps au Roi de la Nuit et ses immenses cohortes. Qui que furent les nouveaux venus, Jorah en remercia mentalement ses propres Dieux. Peut-être la tendance pouvait-elle s’inverser en la faveur des vivants.

Revigorer par une telle pensée, Jorah se sentit prêt à se mesurer une fois de plus aux Marcheurs Blancs. Il était certes éreinté par le précédent duel mais se sentait prêt à leur faire mordre la poussière. Et qui sait, avec un peu de chances, les spectres alentours étaient de ceux qui se réduiraient à néant une fois que les lieutenants de l’Ennemi seraient définitivement vaincus.

Corvenin para la première épée de glace. La seconde se précipitait déjà vers son ventre et Jorah ne pouvait rien pour empêcher que le coup ne porte. Ce fut une lame en verre dragon qui para l’estoc. Ver Gris venait de se porter à son secours.

L’Immaculé n’attendit aucun remerciement. Le visage témoignant de son implacabilité et ses yeux étincelants d’un éclat froid, Ver Gris désirait en découdre contre de tels adversaires. Jorah le sentait, son camarade souhaitait vengeait le trépas de sa bien aimée. Malgré tout la vaillance de Ver Gris ne pouvait suffire face à ces êtres puissants et infatigables.

Jorah peinait une fois encore contre l’unique Marcheur qu’il lui restait à triompher. Corvenin vibrait inlassablement sous les coups de buttoirs que lui administrait son vis-à-vis. Une chance néanmoins que les soldats eunuques et les Dothraki étaient occupés à se défaire des spectres auquel cas Jorah n’aurait pas réchappé bien longuement au massacre qui se préparait.

Il se permit pourtant de faire un vœu silencieux, celui qu’au cas où il succomberait Ver Gris ou qui que ce soit d’autres l’empêchent de se relever avec les yeux bleus typiques de ces cadavres ambulant.


Pour la énième fois il contra l’arme faite de glace et plus tranchante qu’aucun acier d’hommes si l’on exceptait l’acier valyrien. Jorah ressentit pourtant la douleur croître au sein de la poitrine et il n’avait de cesse de reculer. Du coin de l’œil il nota que Ver Gris était parvenu à vaincre son propre opposant puisque le Marcheur venait de se disloquer en une myriade d’éclats.

Jorah ne put s’empêcher de toiser les alentours, en quête d’un signe démontrant que les spectres s’écroulaient par milliers après que leur lieutenant eut été défait. Il n’en était rien, les morts étaient toujours aussi nombreux. Pire, leur quantité allait croissante.

Se forçant à reculer en compagnie des Dothraki, Immaculés et une poignée de Nordiens qui s’étaient joints à eux, Jorah escomptait gagner une des cours de Winterfell, où l’étroitesse du passage pourrait contenir un temps le flot incessant des spectres. Tout du moins l’espérait-il.

Le Marcheur Blanc qui continuait de le harceler ne l’entendait pas de cette oreille et il accentua la puissance de ses frappes. Sans Corvenin Jorah aurait mordu la poussière depuis bien longtemps. Une chance que Samwell Tarly lui eut confié l’arme ancestrale de sa famille.

L’intervention de Ver Gris lui donna l’occasion de porter un coup qui trancha la main droite du Marcheur qui se désintégra aussitôt en des centaines d’éclats de glace. Sans toutefois que ça n’ait des conséquences sur les cohortes adverses.

Pantelant il lui fallu près d’une minute pour recouvrer un semblant de regain d’énergie. Il toisa donc le chef des eunuques et d’un signe de la tête il indiqua les murailles.


« Il nous faut nous abriter à l’intérieur. Là nous pourrons les maîtriser. »


Ver Gris consentirait-il malgré tout à désobéir cette fois-ci aux ordres reçus ? Jorah l’escomptait car il était inconcevable qu’il réchappe à ces centaines d’êtres morts. De plus les possibles secours survenus un peu plus tôt demeurait invisible et Jorah ne pouvait se permettre d’attendre que cette supposée aide parvienne jusqu’à eux.


« Ma personne vous suit, décréta Ver Gris. »


Ce qui soulagea Jorah bien qu’il ne montra rien de cela. Ensembles ils se replièrent donc, terrassant ceux qui voulaient leur ôter la vie. Et ce fut à cet instant précis, alors que rien ne l’annonçait, que parut apparaître des géants originaires de terres dont il ne connaissait rien.

Jorah n’eut toutefois pas à les affronter puisqu’ils étaient assez loin de lui. Il ne put en dire autant de Ver Gris et une quarantaine d’Immaculés qui se firent littéralement massacrés par les énormes massues que possédaient les géants. Impuissant, Jorah vit son compagnon d’armes se prendre un coup dans le dos qui dû lui broyer les os. L’eunuque ne s’en releva pas.

Toutefois Jorah savait que Ver Gris n’avait pas survécu et très bientôt il deviendrait une de ces choses sans âme. Cette pensée venait à peine de lui traverser l’esprit qu’il fut le témoin du « réveil » de Ver Gris et de ses hommes. Les yeux bleus qu’ils arborèrent suffirent à rendre compte de leur nouveau statut.

Ne pouvant se permettre d’éprouver du chagrin pour le trépas soudain de cet homme loyal à leur reine Daenerys, Jorah se contenta de rameuter les survivants et ensembles ils s’enfoncèrent vers la partie intérieure des murailles de Winterfell.

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