Game of Thrones : Fire and Ice.
Chapitre 6 : La vision de la Corneille. (Brandon Stark)
2192 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 07/12/2019 00:19
CHAPITRE NUMERO CINQ : BRANDON STARK.
Bran, ou plus exactement la Corneille à trois yeux qu’il était devenu depuis son périple au-delà du Nord, toisait ses deux sœurs. Il avait conscience qu’il leur faudrait un temps nécessaire avant d’assimiler pleinement ce qu’elles venaient d’apprendre de sa propre bouche. Sansa fut la première à prendre congé, disant devoir réfléchir à la manière dont elle s’y prendrait pour préparer le terrain. Les seigneurs auraient dû mal à accepter Daenerys comme une souveraine devant qui ils pourraient ployer le genou, cela même Bran aurait pu le déclarer sans l’aide d’une de ses visions. Les choses seraient plus délicates dès lors que tous auraient vent du secret des origines de Jon. Bran ne parvenait pas à obtenir une réponse précise sur ce que fera ou non son frère, ce dernier apparaissant toujours partagé sur la conduite à tenir entre être honnête envers son peuple et les besoins de préserver le secret afin de ne pas contrer ses efforts quant à la guerre qu’il comptait mener contre le Roi de la Nuit et les dizaines de milliers de morts.
Bran s’absenta un peu, le temps d’avoir un aperçu de leurs adversaires. A cette heure-ci ils s’apprêtaient à fondre sur le château des Karstark. D’ici quelques semaines, et en admettant que le Roi de la Nuit ne cherche pas à augmenter le rythme de progression de sa lente invasion, lui et ses troupes finiraient par atteindre Winterfell qui subirait alors le même sort funeste.
Seule l’unité pouvait permettre aux hommes d’espérer survivre à la tempête. Or depuis la chute du Mur, Bran avait eu la possibilité d’apercevoir de nombreux futurs potentiels où discordes et dissensions faisaient le jeu du Roi de la Nuit et avaient compromis les efforts prodigués dans la lutte contre les morts et vu ceux-ci dominaient tout Westeros, puis Essos et enfin sur le monde entier. Vague infatigable qui avaient mit un terme à la Vie elle-même.
En sa qualité de Corneille à trois yeux, il lui revenait de tout savoir afin de pouvoir prédire au mieux les futurs événements pour mener les hommes vers un salut, qui pour l’heure demeurait sombre et plus qu’incertain.
Voilà pourquoi en un sens Bran témoignait d’un vif intérêt sur Jon et qui était celui-ci. Ses sœurs désormais au courant, tout du moins sur ce que Bran avait consenti à dévoiler, gardant le reste par devers lui, il escomptait que sa décision de partager cela avec Arya et Sansa cimenterait l’unité tant cherché. Si cela échouait alors il avait vu les conséquences. Tous les Stark déambuleraient ici et là, les yeux bleus comme tous les Ouestriens que ce soit au Nord, dans l’Ouest, à l’Est ou au Sud. Autant dire qu’il était préférable que cette funeste prédiction ne se concrétise pas.
Oh Bran aurait pu tout aussi bien se taire, Sam le pourrait tout aussi bien et l’authenticité de Jon comme étant un Targaryen aurait pu demeurer inconnue jusqu’à la nuit des temps. Bran en avait décidé autrement. Il fallait que Jon le sache, au moins lui et qu’importe si son frère jugeait plus apte de n’en informer aucune autre personne, notamment Daenerys. Car la Corneille en était certain, toute cette histoire dépassait de loin la simple découverte de qui était réellement ses parents.
« Il est le Prince qui fut promit. »
La voix de Rhaegar résonna dans la tête de Bran. Ce n’était pas la seule voix qu’il pouvait percevoir puisqu’avec des visions constantes, Bran percevait bien plus de choses que le commun des mortels. Si Rhaegar dominait le reste des voix c’est parce que Bran était centré sur l’un de ses précédents voyages dans les limbes du passé.
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Un jeune couple se tenait là présent dans de l’herbe verte tandis que non loin de leur position s’entendait le son constant d’une rivière qui coulait avec allégresse. Les deux personnes étaient allongées. En ce qui concernait la femme, cette dernière était très belle tout en dégageant un côté sauvage qui rappelait à Bran son loup Été. Il ne lui fallu pas longtemps pour l’identifier. Après tout il avait eu à maintes reprises l’occasion de contempler son effigie alors qu’il errait au sein des cryptes de Winterfell. Il s’agissait de sa tante Lyanna. Le ventre rond qu’elle arborait laissait deviner qu’elle approcher du terme de sa grossesse.
Près d’elle, reconnaissable à sa chevelure blonde, presque blanche ainsi que sa broche en or montrant un dragon tricéphales témoignages de son appartenance à la famille Targaryen, se présentait Rhaegar qui jouait à la harpe une mélodie aux consonances tristes et qui était totalement inconnue de Bran. Rhaegar avait subitement cessé de pincer les cordes de son instrument et Bran l’avait alors entendu proclamer :
« Notre fils se nommera Aegon. »
Une moue avait barré les lèvres fines de Lyanna.
« N’est-ce pas ainsi que vous avez nommé le fils que vous avez eu avec Elia Martell ?
-Certes, avait concédé Rhaegar. »
Qui loin de se démonter, Bran l’ayant vu poursuivre tout en portant tendrement sa pogne droite sur le ventre rond de Lyanna.
« Tu es la Glace, je suis le Feu. Notre fils sera la combinaison des deux. Le fruit de la Glace et du Feu. Il est le Prince qui fut promit. »
Il y avait tant de certitudes qui émanaient de Rhaegar que Lyanna parut croire en cette affirmation. Complètement ignorant quant à ce que l’autre entendait par là, Bran n’était pas resté plus longtemps, laissant le couple à leur bonheur qui serait bien éphémère car Bran le savait, la Rébellion avait débuté et que ce fut sa tante ou Rhaegar, aucun d’eux n’y survivrait.
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Désormais de retour dans la grande salle de Winterfell, la Corneille repensa à tout ce qu’elle savait, réalisant que c’était bien peu. Trop peu pour dénouer le nœud épais qui laissait Bran dans le noir le plus complet. Il ne s’en était ouvert à quiconque, pas même à Sam qui pourtant savait pour les parents de Jon.
Bran n’avait jamais entendu parler du Prince qui fut promit. Qui était cet individu ? En quoi ceci pouvait avoir une importance quelconque contre les morts ? Bran n’aurait su l’expliquer. Il en avait simplement la conviction. Si véritablement Jon devait en être la réincarnation, perspective qui ne lui semblait pas aussi incongrue étant donné qu’il était lui-même la énième Corneille à trois yeux et ce depuis des temps immémoriaux, Bran allait devoir explorer le temps en quête de réponses pour lui éclaircir la raison qui faisait de Jon un être potentiellement exceptionnel pour lutter contre le Roi de la Nuit.
Pour l’heure ses nombreux voyages pour obtenir une idée précise sur si oui ou non Jon était ce que son père prétendait voir en lui, n’avait permit à Bran de pouvoir affirmer ou infirmer les conjectures de Rhaegar.
Toutefois si Bran parvenait à établir que Jon était ce mystérieux Prince ce n’était pas pour autant que leur avenir s’éclaircirait. Loin de là. Jon ne pouvait remporter à lui seul toutes les batailles à venir. Seule la cohésion des hommes lui octroierait la possibilité d’atteindre la finalité que visait Bran. Sans cela tout Prince qui fut promit que Jon pouvait être ou non, n’aurait aucune chance. Après tout que pouvait espérer un homme seul contre une menace d’une telle ampleur ?
Fort heureusement, Jon possédait de nombreux autres alliés en dehors des seigneurs du Nord. Cela pourrait peut-être faire pencher la balance du bon côté. Tout du moins ceci dépendrait en grande partie du choix que ferait Daenerys.
Bran avait bien essayé de s’assurer que Daenerys ne trahirait pas Jon une fois que celui-ci lui apprendrait qui il est. Dans ses visions Jon était toujours celui qui parlait en premier sur les secrets que le couple partageait l’un envers l’autre. Car Bran savait comment avait évolué la relation entre les deux jeunes gens.
Quoiqu’il en fût, aucune de ses visions des futurs possibles n’avaient pu lui apporter une réponse claire sur la réaction de Daenerys. Cela fluctuait entre l’acceptation et l’éloignement accompagné de tensions croissantes si jamais la guerre contre les morts venait à se terminer et à être remportée.
Bran en avait suffisamment vu sur son frère pour affirmer que ce dernier ne courait pas après le pouvoir. Le titre de roi du Nord lui était tombé dessus tout comme celui de Lord Commandant de la Garde de Nuit. Daenerys le comprendrait bien que dans certaines situations le fait que Jon soit l’héritier légitime du Trône de Fer qu’elle escomptait s’adjuger, tendrait à entraîner des relations tendues pouvant mener à un nouveau conflit à travers tout Westeros.
Le fait ne pas pouvoir également se prononcer sur la pérennité de l’allégeance des seigneurs du Nord lui faisait dire qu’il avait fait le bon choix d’en avertir ses sœurs. La diplomatie dont ferait preuve Sansa pouvant faire la différence et qui aux yeux de Bran représentait la seule chance de préserver la cohésion chez les Nordiens.
Quoique puisse être l’avenir qui les attendait, Bran ne se satisfaisait pas de tant d’incertitudes, tant de non réponses à toutes ces questions qui lui taraudaient l’esprit en boucle, le laissant dans l’incapacité de demeurer le garçon qu’il était autrefois. Et bien que conscient que le Bran d’avant gisait quelque part au fond de son être, il ne pouvait se permettre de le laisser reprendre sa place tant que durerait la lutte contre le Roi de la Nuit.
Qu’en serait-il de la suite ? Il préférait ne pas se prononcer là-dessus. Encore lui fallait-il y survivre ce qui était loin d’être une certitude. Il poursuivrait ses voyages à travers le temps. Passé, présent, futur. Qu’importe il irait partout où il lui faudrait se rendre en quête de solutions qui offraient peu d’éclaircissements à son incompréhension. Il avait prétendre tout savoir, tout voir, la vérité était que c’était loin d’être le cas et cette prise de conscience ne le réconfortait aucunement.
Bran soupira mentalement, il n’avait qu’une conviction, il serait là pour les siens. Pour Jon. Pour le guider vers le destin qui attendait ce dernier quel qu’il puisse être, quelque soit les méandres des ténèbres qu’il lui faudrait arpenter dans les limbes du temps.
Son esprit revint alors à l’instant présent. La grande salle était déserte et le froid de l’Hiver paraissait s’insinuer au travers de la pièce. Où donc pouvaient bien être passés les autres ? Il se rappelait du départ de Sansa sauf que Sam et Arya étaient demeurés à ses côtés. Tout du moins était-ce là ce qu’il croyait.
Bran n’avait pas tardé à réaliser que ses « absences » incessantes pouvaient le couper de la réalité sur des périodes pouvant variées de quelques minutes à plusieurs heures et à en juger par la non présence des rayons de soleil qui auraient dû filtrer au travers des fenêtres, Bran se trouvait dans le deuxième cas de figure.
« Il y a quelqu’un ? Arya ? Samwell ? Mestre Wolkan ? »
Nul ne formula la moindre réponse ou ne se révéla à sa personne. Bran aurait pu s’en irriter s’il était resté le petit garçon de jadis. Au lieu de quoi, et ne craignant pas l’air glacial qui lui semblait ramper dans sa direction, il décida qu’il avait des choses plus importantes qui l’attendaient. Ses yeux se voilèrent alors et la Corneille s’en fut en quête de réponses.