Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 1 : Au cœur de l'Hiver. (Tormund)

3105 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/11/2019 21:47

Résumé de la fin de la saison 7 :



L’hiver s’est finalement installé sur l’ensemble de Westeros avec les chutes de premières neiges qui ont atteint la capitale Port-Real. Tandis que certains forment des alliances, d’autres dissimulent leur perfidie. Tandis que certains secrets longtemps enfouis trouvent enfin leur réponse, d’autres s’adonnent aux plaisirs charnels. Tandis que les traîtres sont démasqués, certains trouvent une sorte de rédemption. Et pendant que tout ceci ébranle la vie de Westeros, loin dans le Nord le Mur subit les assauts du Roi de la Nuit et de sa terrible monture, un dragon de glace. Et quand le Mur finit par s’écrouler c’est l’armée des morts qui s’avancent, prêt à annihiler toutes formes de vie.



CHAPITRE NUMERO UN : TORMUND.


   La première fois qu'il avait découvert à quel point le froid pouvait être mortel pour l'homme, Tormund devait voir quoi, cinq ans, six ans ? Har qu'importe dans le fond. Il était un simple mioche tout maigrichon, pas plus épais qu'une brindille. Bien loin de l'impressionnant gaillard qu'il était devenu depuis, pas vrai ? Toujours était-il qu'à cette époque là régnait l'hiver. Non pas celui qu'on trouvait de l'autre côté du Mur. C'était un véritable hiver avec un froid si glacial qu'il vous mordait avec une vigueur peu commune et qui donnait à Tormund l'impression qu'on lui arrachait les entrailles à petit feu.

   C'était là qu'au cours d'une nuit Tormund était tombé sur le corps de son petit frère tout juste né ainsi que celui de sa mère. Il n'avait pas compris dans un premier temps et les avait touchés pour tenter de les réveiller. Har qu'ils étaient froids tous deux. Pire qu'un glaçon. Lui-même avait été bien idiot d'insister en appelant sa mère et son petit frère, qui alors n'avait pas de nom. Pour lui c'était l'évidence même qu'ils dormaient et lui faisaient une sorte de farce. Son père était arrivé ensuite, comprenant aussitôt de quoi il en retournait. Tormund pouvait encore ressentir la pression des énormes pognes de son paternel sur ses petites épaules. Mais c'était surtout les mots prononcés ce jour-là qui lui restaient le plus en mémoire.


« Le froid tue et si t'y prends pas garde c'est toi qu'il finira par attraper dans ses griffes silencieuses. »


   Et force lui avait été de constater qu’effectivement l’hiver avait tenté de s’en prendre à lui tout le temps qu’il dura. Mais Har c’est qu’on l’abattait pas facilement le Tormund. Malheureusement ce ne fut pas le cas pour tous les sauvageons de son village. Même son père y était passé malgré toutes les couches de fourrures qu’il portait du fait de son rang de chef.

   Depuis lors Tormund avait toujours été prudent, repoussant le froid, survivant, luttant contre ces serres invisibles qui happaient quotidiennement son lot de victimes. Les sauvageons avaient beau vivre depuis des générations au-delà du Mur ils n’étaient pourtant en aucun cas à l’abri de ces températures glaciales.

   Quoiqu’il en était et malgré ce qu’il avait traversé depuis cette époque pas si lointaine, il était certain que cette sensation de glace qui lui courait actuellement le long du dos n’avait en rien son pareil en guise de temps rigoureux. Non que le fait en revienne uniquement aux températures qui devaient pointer sous le zéro puisque l’Hiver avait fait son grand retour, ce qui n’était un secret pour personne puisque les sauvageons avaient su lire les signes avant ces fichus gens du Sud bien au chaud dans leurs grandes maisons de pierres.

   La vérité cette sensation qu’il ressentait, har qu’elle était horrible, c’était à cause de la peur qui l’avait envahi tout entier et qui paraissait vouloir le ronger jusqu’à ce qu’il atteigne la folie.


   Tormund était quelqu’un qui ne ressentait pas aisément de l’effroi. Et il défierait quiconque tenterait de le faire passer pour un couard. Cependant, à présent il ne pouvait pas dire qu’il était rassuré par les derniers événements. En effet, le Mur, obstacle si imposant et qui s’était dressé durant des siècles, tout du moins aussi loin que la mémoire de son peuple en avait le souvenir, cette barrière faite de glace et de magie ancienne et qui toute sa vie durant avait symbolisé la frontière entre ces contrées froides qu’étaient le Nord et ces terres chaudes qu’étaient le Sud et que les sauvageons, lui y compris, avaient souvent rêvé de contempler, Mur qu'il avait escaladé un nombre incalculable de fois depuis sa douzième année pour assouvir cette vision rêvée et opérer des razzias parmi les villages proches, mais qui était demeuré un obstacle qui avait empêché tout son peuple de se mouvoir loin de leurs ennemis véritables, les morts, qui les tuaient aussi impitoyablement que ne le faisaient l'hiver et le froid glacial, ce Mur légendaire n'existait plus.


   Har ce n’était pas tout à fait vrai, il en convenait lui-même pour avoir assister à la chute de cette barrière de glace. C’était une infime portion, du côté de Fort-Levant que le Mur avait fini par s’effondrer sous les assauts répétés du Roi de la Nuit et de sa terrible monture, le dragon de glace qui avait craché des jets de feu bleu.


   Tormund avait survécu à cet écroulement. Comment ? Har il n’en savait rien. Certains de ceux qui l’accompagnaient avaient remercié les Anciens Dieux, les autres savaient très bien qu’ils n’étaient toujours pas hors de danger. Pas avec les morts qui erraient là quelque part, sûrement sur leurs talons. Alors Tormund et les dix autres sauvageons continuaient à progresser droit devant eux, longeant la face intacte du Mur pour espérer atteindre Château Noir. C’était l’objectif que Tormund leur avait fixé. C’était le plus important avait-il répété à maintes reprises. Le Roi de la Nuit et son armée allaient fondre sur Westeros et eux qui avaient échappé miraculeusement à l’éboulement de la muraille de glace se devaient de prévenir le reste du monde que cette menace tant redoutée allait à présent à la rencontre de chaque être vivant qui se présenterait à eux.

   Tormund toisa chacun de ses compagnons. Il était heureux de n’être pas tout seul dans cette expédition. Malheureusement sur les dix hommes qui l’accompagnaient il n’y avait pas la moitié qui faisait montre d’une bonne santé. Certains étaient blessés par leur fuite éperdue pour échapper au triste sort qu’avaient connu les sauvageons au moment où les premiers pans de glace avaient chut. D’autres, en raison du froid qui régnait depuis le passage du Roi de la Nuit, souffraient de terribles engelures. Tormund n’était pas mieux loti que les autres. Il lui suffisait de jeter un coup d’œil à ses propres doigts pour comprendre qu’à ce rythme il risquait d’en perdre quelques uns avant d’atteindre leur destination. Et que dire de ses orteils. Il avait beau porté des bottes fourrées il ne voyait pas de différence notoire. Il espérait néanmoins avoir assez de force pour parvenir à destination.


   Le groupe progressait toujours vers l’Ouest. Depuis combien de temps en allait-il ainsi ? Tormund n’aurait pu le dire. Trois ou quatre jours probablement. Tout ce qu’il pouvait affirmer c’était que le groupe tout entier avait peu dormi depuis qu’ils s’étaient mis en route. Les conditions climatiques rendaient le trajet difficile et beaucoup plus long.


« Har ce n’est pas de la neige qui va nous ralentir, pas vrai ?»


   Il avait prononcé ces mots dès que les premiers flocons étaient tombés. Les sauvageons ne redoutaient pas la neige, il y en avait partout dans le Nord et deux d’entre eux vivaient dans des contrées si lointaines que l’Hiver y durait continuellement. Non si vraiment ils ressentaient des difficultés dans leur progression c’était dû au fait que les morts étaient derrière eux. Pas toute l’armée mais suffisamment pour savoir qu’en cas d’affrontement ils ne tiendraient pas bien longtemps.

   Tormund avait déjà combattu plusieurs fois les morts. Les deux dernières c’était à Durelieu puis lors de l’expédition au-delà du Mur en compagnie de son ami Jon et de plusieurs autres gars. Cette pensée lui rappela que deux d’entre eux étaient restés avec lui à Fort-Levant. Il y avait eu le gamin. Har il ne se rappelait plus son nom. Tout ce qu’il savait c’était que celui-ci était dans un sale état après avoir couru dans le froid pour apporter la nouvelle à cette reine des dragons sur la tournure qu’avait prit l’expédition.

   Mais le gosse était déjà reparti maintenant qu’il se le rappelait. Deux jours avant la chute du Mur. Il voulait regagner Winterfell. Tormund se prie à espérer qu’il y parvienne sain et sauf. Malgré le jeune âge du gamin il s’était battu avec vaillance et il en fallait pour oser se porter à la rencontre des morts et ça Tormund le respectait.

   En second venait le barbu à l’épée de feu. Béric. Tormund ne savait pas si oui ou non il avait survécu. Lors de la chute du Mur ils étaient ensembles au sommet pour assister à cet effroyable spectacle. Lors de la descente Béric était toujours là. Quand donc avait-il perdu sa trace ? Har il l’avait oublié. Si les morts les avaient séparés alors ce fichu gars les avait sans doute rejoints depuis lors. A moins qu’il ne soit revenu à la vie. Tormund n’avait pas tout compris à son sujet. Une histoire de Dieu de la Lumière, celui qui aurait aussi ramené Jon, d’un prêtre bizarre et d’un type revenu six fois à la vie. Tormund avait l’impression d’entendre le début d’une mauvaise blague.


   Tout entièrement à ses pensées moroses, il ne réalisa pas tout de suite que quelqu’un l’interpellait ni ce que pouvait bien être la teneur des propos que l’autre venait de proclamer. L’intéressé, un gars d’imposante carrure et à la barbe si fourni que seuls ses yeux étaient visibles, pointa du doigt quelque chose derrière eux. Tormund pivota. Plusieurs silhouettes progressaient à vive-allure et le blizzard ne paraissait pas les perturber plus que cela.


« Har ils auraient pas pu nous oublier ceux-là. »


   Malheureusement tel n’était pas le cas et plusieurs dizaines de cadavres s’apprêtaient à fondre sur eux. Tormund pesta dans sa barbe contre la fatigue qui l’accaparait. Il ne se sentait pas la force de mener un long affrontement. Qui plus est les morts étaient bien trop nombreux, sans pour autant qu’il soit capable de juger si d’autres étaient postés dans les environs, prêts eux aussi à batailler contre les sauvageons. Comment pourrait-il donc espérer sortir vainqueur d’un tel combat ? Toutefois la situation pouvait être bien pire si vraiment l’ennemi décidait d’apporter ses pires soldats.


« Y a un marcheur blanc dans le lot, interrogea-t-il la cantonade. »


   Nul ne put lui apprendre sur la présence ou non de l’un d’entre eux. Si tel devait être le cas alors la situation deviendrait carrément catastrophique voire sans issue. Un cri perçant retenti parmi les dix individus à ses côtés. D’autres forces adverses arrivaient par l’Ouest.


« Par les Dieux, pria silencieusement Tormund. Qu’ils nous viennent en aide. »


   Il n’était pas homme à prier ainsi mais là il se doutait que les événements le forçaient à s’y résoudre. Et finalement la lutte pour la survie débuta à grand fracas d’épée contre épée. Har c’était une chance que lui-même soit un des meilleurs combattants de tout son peuple. Malheureusement le froid rendait ses mouvements lents et son état d’épuisement ne le permettait pas non plus d’user de sa véritable force. Il se battit tout de même avec vaillance, les autres l’imitant au mieux. Un, deux, trois, quatre adversaires gisaient déjà à ses pieds quand son groupe perdit son premier membre.

   Har au rythme où allaient les choses, ils risquaient tous d’y passer avant d’avoir aperçu ne serait-ce que l’ombre d’un espoir de survivre. Et les morts qui arrivaient toujours. Tormund repensa justement à Durelieu où nombreux gens appartenant à son peuple étaient tombés avant de se relever les yeux bleus, esclaves du Roi de la Nuit. Sans Jon et les navires venus libérer les siens, il est fort probable que les sauvageons n’existeraient tout simplement plus.

   A présent que les morts avaient franchi le Mur ceci finirait par arriver chose que Tormund se refusait à croire. Ils n’avaient pas survécu tous ces siècles pour disparaître ainsi de la surface de la Terre. Aussi Tormund continua-t-il à lutter pas seulement pour lui mais aussi pour laisser une chance aux siens de survivre dès lors qu’il parviendrait à avertir le monde de l’approche de cette menace sans pareille.

   Trois nouveaux spectres tombèrent à ses pieds bien que pour l’heure cela ne fit aucune différence quant à l’issue prochaine de l’affrontement. En effet sitôt l’un d’entre eux tombait-il que cinq autres s’empressaient de le remplacer, faisant montre de plus de virulence à éradiquer ceux qui respiraient toujours.

   Qui plus est le fait qu’un autre membre de ses compagnons trépassa ne jouait pas davantage en leur faveur.


« Saloperie de morts, éructa Tormund dont ses yeux de déments brillaient d’un éclat qui paraissait promettre mille Enfers à ses assaillants. »


   Pour se faire il usa de la hache en verre-dragon que lui avait offert Jon Snow au moment où ce dernier avait rejoint Fort-Levant pour exposer son attention de mener une expédition au-delà du Mur histoire d’y capturer un soldats du Roi de la Nuit qui viserait à convaincre ces deux reines étrangères. La lame trancha de nombreux membres squelettique ou pourvus de rares lambeaux de chairs.

   De fait les morts virent donc en lui leur plus grande menace et beaucoup se saisirent de son bras droit pour tordre celui-ci pour le forcer à lâcher le manche de ce qui était son unique chance de croire en une issue qui le verrait survivre.

   La douleur que Tormund ressentit alors était telle qu’il s’imaginait déjà son bras se rompre sous l’effet de la torsion exercée. N’y tenant plus il laissa choir sa hache. Har c’était là une terrible erreur et le pire c’est qu’il en avait parfaitement conscience. Malheureusement ce coup-ci il n’y aurait pas ce géant à la face brûlée pour empêcher que sa dernière heure ne sonne.

   Sachant sa fin proche, Tormund ne pensa pas aux siens, ni à ses deux filles qui l’attendaient dans le camp où les sauvageons avaient trouvé refuge une fois que Jon Snow leur eu tous fait traverser le tunnel sous le Mur à hauteur de Château Noir. Non ses pensées se portèrent vers cette beauté aux yeux bleus. Brienne. Har qu’ils auraient été beaux les gosses qu’ils auraient eu ensembles, de véritables petits géants aux cheveux roux, Tormund était prêt à le parier. Mais pour ça encore aurait-il fallu que cette donzelle témoigne du même intérêt qu’il lui portait continuellement.

   Bah peut-être qu’en découvrant le sort qui allait être le sien d’ici peu, cette Brienne finirait par ressentir un sentiment de tristesse. Oh il serait toujours là toutefois, mais deviendrait simplement un spectre comme l’étaient devenus des milliers d’autres avant lui.


   Tout à coup quelque chose attira son attention. C’était une lueur orangée et virevoltante qui lui rappela vaguement quelque chose. La lumière lui vint rapidement. C’était l’épée de feu. Le borgne avait donc survécu tout ce temps ? Tormund ressenti un profond sentiment de gratitude et pria mentalement les Anciens Dieux. Peu après Béric Dondarrion fit lui-même son apparition, plongeant aussitôt dans la mêlée pour en découdre avec les morts.

   Les sauvageons qui avaient survécu jusqu’alors sentirent eux aussi une sensation de ragaillardisse les envahir et retrouvèrent des forces. Tormund se rendit compte que Béric ne venait pas seul. Près d’une quinzaine d’individus allaient à sa suite. Tormund ramassa son arme et avec tout ce monde replongea dans la bataille.

   L’armée des morts n’arrivaient plus. Sans doute ne s’étaient-ils pas attendus à ce que la situation leur échappe. Et bien que les vivants comptèrent trois pertes supplémentaires, au final ils étaient encore vingt-deux à demeurer debout à l’issue de ce combat. Tormund rejoignit Béric.


« Har c’était moins une, clama-t-il d’un ton tonitruant.

-En effet, lui concéda Dondarrion. Il vaut toutefois mieux reporter les réjouissances à plus tard. D’autres pourraient survenir. »


   Ainsi et sans plus tarder ni prendre le temps de récupérer un peu de leurs péripéties, Tormund et tous les siens se remirent en mouvement, espérant toujours atteindre Château Noir, porteurs qu’ils étaient d’une mauvaise nouvelle qu’il allait leur falloir annonce. Alors qu’à quelques jours de leur position les morts déferlaient lentement mais sûrement, telle une gigantesque vague dévastatrice, sur les contrées de Westeros.




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