Un personnage, une histoire

Assis. Sur un rocher. Seul. En plein milieu d’une forêt. Au sommet d’une montagne. Devant ce qui ressemble encore plus à rivière. L’eau qui coule me détend.

C’est paisible. Très paisible. Bien plus paisible que chez moi.

Ici, je suis réellement... bien. Cette méditation me fait le plus grand bien. J’avais vraiment besoin de me reposer.

« Tu n’es qu’un idiot ! »

« Arrête de me parler sur ce ton ! »

« Tu vas partir en pèlerinage, peut être que ça va corriger ta langue de serpent ! »

... Et me voilà, contre mon grès, à partir par monts et par vaux... En pèlerinage dans les montagnes. Des belles montagnes, pourtant. Je n’affirme pas le contraire ! Dame Nature a fait un bon boulot.

Mais là... Devoir partir seul en pleine montagne... Ca me lasse. Profondément.

Partir en montagne... L’air vivifiant, la solitude... Tout le monde au monastère pensait que ça pourrait me recaler. Que j’arrêterais d’être aussi pessimiste, insolent...

Mais non. Je m’en fiche complètement. Ca me contrarie, c’est sûr, mais pas plus que ça. Ça me fait une promenade. Ce n’est pas ça qui me changera de personnalité.

Alors je reste là. A rester tranquille. Et rien, ni personne, ne pourrait m’ôter le sentiment de légèreté en moi.

La méditation... C’est la vie... Qui pourrait gâcher un...

-A L’AIDE !!! QUELQU’UN !!!

...

...

...

Qui... Comment... Pourquoi... Qui !

Qui a osé me déranger en pleine méditation ! Qui a osé crier comme ça ! QUI A PU ME FAIRE UNE CHOSE PAREILLE !!!

Et maintenant que je ne peux plus méditer, je vais trouver ce trouble-fête ! Non mais, me déranger comme ça !

Je me lève de mon rocher. Moi qui avais besoin de toute la concentration possible pour méditer ! Maintenant que j’ai tout perdu, je ne peux plus le faire ! Je vous jure que si je le trouve...

J’empoigne mon sceptre de soin. Si je ne l’utilise pas correctement, il peut devenir un très bon anesthésiant !

Je marche vers l’endroit d’où provient le bruit. On pourrait penser que je me dépêcherais... Mais pourquoi faire ? Que j’aille plus vite ou plus lentement ne changeras rien, je me vengerais tout de même.

Je m’enfonce plus profondément dans la forêt. Elle semble déserte.

-S’IL VOUS PLAIT !!! J’entends encore

Mais elle ne l’es pas. Un imbécile est toujours dedans. Petite vermine. Malheureusement, même Dame Nature ne veut pas s’occuper de vous finir. Je vais lui rendre service.

J’arrive dans ce qui ressemble le plus à une clairière. Je suppose que cette malheureuse victime du hasard est par ici. Sinon, je n’aurais qu’à me fier à ses cris insupportables.

-S’il vous plait... J’entends

Non, il est ici... Je dirais même elle. On dirait bien une fille. Je baisse les yeux. Oh ! Je vois qui vient de crier comme ça !

Il y a une petite fille au sol. Elle a des cheveux rouges feu, et un kimono blanc. Elle est blessée. Elle est dans une flaque de sang. Si personne ne fait rien, elle va sans doute mourir.

Comment est-ce qu’elle a fait pour être blessée ainsi ? Une si petite et frêle créature ne devrait pas être ici en train de mourir ! Je ne crois pas que ce soit une situation normale... Mais qu’est-ce que je vais faire ?

-M... Monsieur... Souffle la petite

Elle relève la tête. Me regarde dans les yeux. J’ai un choc.

Ses yeux... Son regard... Elle est furieuse. Frustrée. Elle veut vivre. Et elle sait que sans mon aide, elle ne pourra pas.

Mais elle n’est pas suppliante. Elle est furieuse de me voir ne rien faire pour l’aider. Elle m’ordonne de l’aider par le regard.

Cette envie de vivre... Cette fureur... Hehe... Elle est tellement inspirante...

Je lui souris, et me met à genoux. Et puis, pourquoi pas.

-M... Elle commence

-Silence. J’ordonne. Tu as de la chance, je suis relativement de bonne humeur, aujourd’hui.

Elle se tait. Mais continue de me fusiller du regard. 

Je prends mon sceptre, et me concentre. Une aura blanche apparait autour. Les petits rubans sur le sceptre commencent à s’envoler.

Je sais très bien ce que je dois faire. Je sais comment soigner. C’est la première chose qu’on nous apprend, au monastère.

Ou plutôt à l’école des moines... Oui, c’est du pareil au même.

Je vois les saignements s’arrêter. Les plaies se refermer. Je souris, qu’est-ce qu’on pourrait bien faire sans cette douce magie, hein ? Je me demande ce qu’il se passerait...

Imaginez ! Les plantes seraient à la mode pour soigner ! Ha, ridicule. Rien ne vaut un bon sceptre.

Je vois la petite sourire. Elle regarde partout sur elle, comme pour confirmer qu’elle n’a plus de blessure. Voyant que la réponse est positive, elle me sourit, et se relève.

-Merci, monsieur ! Elle fait

Je me lève aussi, et commence à tourner la tête. Je n’ai pas que ça à faire...

-Vous m’avez sauvez la vie ! Merci, merci infiniment ! Affirme la petite

-Ce n’est rien, petite ! Je réponds rapidement

Elle me regarde, l’admiration brûlant ses yeux. Il est vrai que cela casse son précédent charme... Ma foi, on ne peut rien y faire.

Mais je sais que cette flamme ne peut pas partir aussi facilement.

-Et comment vous appelez vous ? Elle demande

-Hein ?

Elle est tellement naïve ! Haha, c’est bien une gamine ! Mais sa stupidité enfantine me fait bien rire !

-Je suis Azama ! Moine venu de loin, à travers montagnes ! Je réponds

-Oh ! Moi, je suis Hinoka. Princesse d’Hoshido. Elle affirme

Oh ! Une princesse d’Hoshido ! Cela explique le kimono luxueux... Même si je me demande vraiment comment elle a fait pour atterrir dans une forêt pareille...

Une princesse n’est-elle pas sensée... Je ne sais pas, rester dans un château ? Apprendre à se battre pour son royaume ? Je ne connais pas les habitudes des princesse, mais tout de même ! J’ai quelques idées, mais certainement pas une virée en forêt qui tourne mal !

M’enfin, pourquoi pas. Je suppose que ce ne sont pas vingt ans dans un monastère qui vont m’apprendre comment marche le monde.

Je remarque qu’elle regarde mon sceptre avec un certain intérêt. Je lui souris un peu.

-Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Je demande

-Alors c’est ça, un sceptre... Elle souffle

Elle semble fascinée... Et sa tête de bienheureuse me fait tellement rire !

-Mais oui ! Que voulais-tu que ce soit ! Je fais

-C’est la première fois que j’en vois un... Elle affirme

-Vraiment ? Une princesse n’est-elle pas sensée tout savoir sur son royaume ?

Elle ne semble pas avoir entendu la fin de ma phrase. Elle continue de me regarder avec admiration. Bon sang, ces gosses...

-Enfin... Je vais... Je commence

-Je dois vous remercier ! Coupe la princesse

Elle me prend la manche. Surpris, je me laisse faire au début.

-Venez avec moi au palais ! Je suis sûre que mère trouvera quelque chose pour vous remercier ! Vous venez de me sauver la vie ! Elle continue

-Hein ? M... Je tente

Elle est très insistante. Elle VEUT que je vienne avec elle. Mais moi, je n’ai pas envie. Je me dégage de son emprise rapidement.

-Je ne peux pas, gamine. Je dois continuer mon pèlerinage. J’affirme

Excuse nulle, d’accord... Mais excuse tout de même.

-V... Vous êtes sûr ? Elle souffle

Ouf, elle est parfaitement naïve... C’est un avantage.

-Oui ! Enfin... C’est une tâche très importante pour un moine comme moi ! Je dois partir le plus vite possible !

-...

Je pose mon sceptre sur mon dos, intimant que je dois partir. Elle comprend. Pas trop idiote, pour une gamine. Je crains l’avoir sous-estimée.

-J’aimerais tout de même vous remercier...  Elle affirme

-Mais je vous affirme que ça va ! Rentrez chez vous, reprenez votre petite vie de princesse, et ne vous occupez plus de moi ! J’ordonne presque

-... Bon...

Elle me regarde dans les yeux.

-Faites un bon voyage, monsieur Azama. Elle souffle

Elle me fait un petit signe de la main. Je pars sans attendre. La laissant seule dans la petite clairière.

Elle me semble débrouillarde. Elle pourra rentrer toute seule.

Sacré gamine ! Elle m’a dérangée en pleine méditation, et j’ai quand même pris le temps de la sauver ! Mais pourquoi je fais ça, je ne suis pas si sympathique, d’habitude !

Peut-être parce que ses yeux lançant ses flammes me rappelait mes belles années... Hum, peut-être...

Je repars dans la montagne. J’ai encore un pèlerinage à faire ! Et ce n’est pas en sauvant des princesses que je vais pouvoir rentrer chez moi !

Repartons méditer dans les montagnes, on va bien s’amuser...

Oui, je chantonne, et alors ? Je n’ai que ça à faire de toute façon. Je ne peux rien faire de plus.

Alors repartons dans la montagne. Pour méditer sur la prochaine. Pour pouvoir rentrer bientôt au monastère...

Oui. Je suis un martyre. Tant pis. Continuons à marcher.

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« Moi ? Votre vassal, princesse ?

-Oui, vous Azama !

-Princesse Hinoka, je ne pense pas...

-Si ! Je t’assure que si ! Tu m’as sauvée la vie il y a longtemps, je n’ai toujours pas oublié !

-Mais...

-Pas de mais ! J’aimerais tellement vous avoir pour vassal !

-... Vous ne voyez pas comment chaque personne dans cette salle me dévisage ? Personne ne voudrait que je sois votre vassal.

-Je me fiche des autres ! Vous êtes si calme, réfléchis... Et humble !

-...

-J’aimerais réellement que vous deveniez mon vassal ! S’il vous plait !

-... Eh bien...

-S’il vous plait !!!

-D’accord, d’accord ! J’accepte !

-Merci, Azama !

-Si un jour j’avais su que je deviendrais vassal d’une princesse d’Hoshido...

-Oh, c’est contre ton grès...

-Non, pas forcément. Ça peut être amusant !

-... Amusant ?

-Oui, très amusant !

-... Bien, je suppose que c’est une bonne chose.

-Oui, une excellente chose ! Et c’est parti pour une longue vie de servitude ! »

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Joyeux Anniversaire, Azama !