Kyme - Partie 3 - Guerre et Tourments
Le Retour du Sorcier
Kyme semblait parfaitement calme et en parfaite santé. Comme si la défaite qu'il venait de subir n'avait jamais existé.
- Par Hyne, tu es immortel ou quoi ! s'exclama Seifer, complètement stupéfait.
- Je trouve cela amusant que vous juriez sans cesse par mon père alors que vous ne savez pas à quoi il ressemble, ni ce qu'il est.
- Je vais te faire passer le goût de tes mauvaises blagues ! rétorqua-t-il en levant Rédemption.
Mais une main amicale le retint.
- Fujin ? Mais...
- Ne t'inquiète pas, c'est fini, il a retrouvé la raison.
- Hein ?
- C'est exact, chère Fujin. Vous avez gagné. En me battant, vous avez pu me faire accepter cette contradiction humaine capable de s'entretuer pour un rien mais aussi capable de s'assembler et de s'aider quand le besoin est présent. Cela peut paraître bizarre mais c'est ainsi et nul ne pourra le changer.
- J 'comprends rien..., grommela Seifer dans sa barbe.
Mais Linoa acquiesça. La magie de Kyme était maintenant sereine et douce, contrastant avec ce qu'elle avait été avant. Sa force n'était non plus plus comparable. Elle se situait à un niveau si éloigné qu’elle en était incapable d'en juger les capacités. Mais nul que s'ils devaient se battre contre Kyme maintenant, ils mourraient tous en un claquement de doigt.
- Mais pour le moment, j 'ai à faire. Si vous pouviez m'excuser un instant.
Kyme se concentra et incanta. Une boule blanche apparut entre ses mains. Un jet de lumière en partit. Il perça le plafond du donjon et alla s'écraser sur le ciel. Il s'étala en une nappe blanche qui couvrit peu à peu toute la planète. Puis cette nappe se fondit en flocons blancs qui errèrent sur la terre à la recherche de leur raison d'être.
- Qu'avez-vous fait ! grogna Seifer.
- Taisez-vous et regardez, jeune homme...
Les flocons atteignirent en premier lieu l'armée de Kyme. Les humains au cœur mauvais moururent dans la seconde tandis que les autres furent libérés de l'enchantement qui les liait à Kyme. Puis ce fut au tour des monstres qui se demandèrent ce qu'ils faisaient là. Ils s'éparpillèrent aussitôt dans toutes les directions, n'ayant aucune raison de rester d'avantage dans ces lieux. Ils n'avaient qu'un envie, rentrer dans leur tanière. Puis les flocons parcoururent les rangs des armées apportant réconfort et sérénité au cœur des hommes. Tous en paix, ayant oublié toute velléité de combat, ils partirent tous vers le château de Kyme où le dénouement final les attendait. A l'entrée de ce château, un flocon perdu se posa sur Gorn. Ses chairs se régénérèrent et Gorn s'éveilla.
- Je suis vivant ? Mais comment... ?
Il sentit la magie sereine de son Maître qui flottait tout autour de lui et en lui.
- Je comprends... Ils ont donc réussi à la battre. Ils sont sacrement impressionnants ces jeunes gens...
Son regard se perdit dans l'horizon.
A Esthar, les boules se déposèrent sur les tombes et explosèrent, libérant les morts revenus à la vie. Ils en sortirent un peu hagard. Armane se réveilla et elle comprit la situation plus rapidement que les autres. Elle s'extirpa de sa tombe en granit et regarda autour d'elle. Elle n'avait rien de spécial à faire. Elle allait se résoudre à quitter le cimetière mais une voix l'interpella.
- Vous ! Vous êtes le chef de cette armée qui nous a attaqués ! Rendez-vous !
C'était le chef des armées d'Esthar qu'elle avait tué dans le couloir menant au bureau de Laguna. Les soldats se regroupaient autour de leur chef, un peu perplexes et inquiets.
- Vous ne comprenez pas ? Mon Maître Kyme est mort et en mourant à retrouver la raison. Et en retrouvant sa raison, il a aussi redonner les vies qu'il a prises. Nous n'avons plus aucune raison de nous battre. Vous pouvez me conduire en cellule si vous le souhaitez, je ne résisterai pas. Pour être honnête, vous pouvez faire de moi ce que vous voulez... Je n‘en ai plus rien à faire à présent.
Le chef hésita. Il ne s'attendait pas à ce que cette terrifiante guerrière se rende aussi facilement.
- Suivez-moi tout de même, le président Loire statuera sur votre sort.
- Comme bon vous semble..., lâcha Armane avec un désintérêt total.
L'étrange cortège des morts revenus à la vie provoqua des remous dans la ville, mais tous acceptèrent la situation. Cela dépassait tout simplement lors compréhension. Une scène similaire eut lieu à Balamb quand tous les Trabiens, Balambiens, Galbadiens et Esthariens morts revinrent à la vie. La ville de Balamb fut inquiète en voyant toutes ces personnes, emmenées par un Anderson et une Eméra un peu dépassés, s'approcher de la ville, mais les choses s'arrangèrent d'elles-même calmement. Le retour de la mère de Zell y contribua beaucoup. La situation était plus complexe à Deling City ou le Major Carraway et le proviseur Martine essayaient encore de comprendre ce qu'il s'était passé. Jack Harmster ne fut guère mieux loti, se retrouvant non loin de sa ville avec plusieurs de ses soldats. Le plus difficile, ce fut sans doute pour ceux qui étaient morts à Trabia. Il n'y avait plus de faculté et comme ils ne voulaient pas mourir de froid, ils furent tous obligés de se rentrer dans le village Shumi qui manqua rapidement de place. Mais les Shumis prirent la chose avec philosophie, à leur habitude.
Dans les dortoirs pour les orphelins à Esthar, où les enfants faisaient la sieste, les flocons en intégrèrent quelques-uns. Meredith se retourna dans son lit. Elle sentait quelque chose de différent. Quelque chose qui ne demandait qu'à montrer sa puissance. Elle ne s’en soucie pas et se rendormit. Edéa sentit ces magies naissantes et alla jeter un coup d'œil dans la chambre, nullement inquiète. Kyme n'avait fait que rétablir l'ordre des choses. Elle était un peu triste de la mort d'un si grand sorcier, mais le monde devait encore avancer. Et puis, il avait laissé son héritage à travers le monde entier. Cela allait donner bien du travail aux Seeds et ce, pour plusieurs générations. Mais il allait falloir revoir la définition du Garden. Les Seeds n'allaient plus être destinées à combattre les sorciers mais plutôt à les former.
Dans son laboratoire, Geyser hurla au scandale. Il venait d'échouer dans sa localisation de la source de magie originelle car il y remontait la piste par l'intermédiaire de la magie de Kyme.
Au village de Hari, la pierre de la légende se brisa et disparut en poussière signifiant aux villageois la fin de la partie de cache-cache. Edern leva son verre à sa fille et à ceux qui avaient sauvé le monde.
Dans la salle de trône, toutes les personnes présentes revinrent à elle, leurs blessures disparaissant petit à petit. Orceïn et Orina eurent l'impression d'émerger d'un mauvais rêve. Ils restèrent un temps enlacés et cachés, pensant que ça ne pouvait pas être la réalité.
- Bon, alors qu'est-ce que vous avez fait ? s'acharna Seifer après avoir constaté que ses amis revenaient à eux et après avoir pris de leurs nouvelles.
Seifer n'avait tout de même pas remarqué le réveil d'Orceïn et d'Orina, ne pensant pas que Kyme puisse avoir de tels pouvoirs au point de ressusciter des morts.
- J’ai fait ce que chaque sorcier fait lorsque vient sa dernière heure. Je viens de léguer mes pouvoirs.
- Hein ? Mais qui va porter ce poids ? Notre gouvernante n'avait pas pu résister à la magie d'Ultimecia, alors la vôtre, je n'ose même pas imaginé !
- Je sais.
- Mais alors ? demanda Seifer.
- Je l'ai divisé. Ainsi, elle n'aura que peu d'influence sur la personnalité des gens. De plus, ma magie est stable à présent. Elle n'est plus dangereuse pour quiconque. Seul celui qui l'utilise peut en décider l’usage.
- Mais alors, il va y avoir des sorciers partout ? s'inquiéta Zell qui essayait de suivre ce qui se passait après être sorti de son coma.
- C'est exact. Les sorciers sont indispensables à l'équilibre de ce monde. Aujourd'hui, ils ont presque tous disparu, et la magie est trop concentrée. Il est temps qu'elle s'éparpille à nouveau et qu'elle s'égalise. Cela va donner une nouvelle mission pour vos universités : trouver et éduquer ces sorciers. Ce ne sont tous que des enfants pour le moment. A vous de leur montrer le droit chemin. Quand au reste de ma magie, elle a servi à autre chose.
- A quoi ? s'enquit Seifer soupçonneux.
- A briser le sort qui le liait à ses soldats et à ressusciter les victimes de cette guerre.
Seifer se retourna brusquement. Lui et les autres connaissaient trop bien cette voix. Il resta bouche bée. Orceïn et Orina étaient là, juste devant lui, debout et souriants.
- Qu’est-ce qu'il y a Seifer ? continua Orceïn. Je croyais que tu voulais une revanche. Maintenant, je t'attends quand tu veux.
Seifer sourit.
- J 'y compte bien.
Quistis et Orina soupirèrent en concert, désespérées que ces garçons ne pensent qu'à se battre.
- Mais alors..., tilta subitement Linoa. Mon père est en vie ?
- Et Eméra... Aussi ? espéra subitement Selphie.
- Évidemment.
Linoa bondit au cou de son chevalier et Selphie sauta sur son cow-boy, laissant éclater leur joie. Zell, lui même, se sentait complètement euphorique. Sa mère... Elle devait être en vie elle aussi.
- Je ne voudrais pas briser vos joies, jeunes gens mais à votre place, je déguerpirais d'ici au plus vite.
- Mais pourquoi ? s'étonna Zell.
- C'était ma magie qui faisait tenir ce château. Et maintenant qu'elle n'ait plus...
Un long tremblement parcourut le château, finissant sa place à sa place. Des blocs de pierre commencèrent à tomber autour d'eux...
- On met les voiles ! ordonna aussitôt Squall. Tout le monde dehors !
Ils sortirent de la pièce au pas de course. Seuls Kyme, Orina et Orceïn restèrent. Il leur tourna le dos et commença à monter l'escalier sans marche jusqu'au trône.
- Orceïn, Orina, qu'est-ce que vos faites ? leur lança Linoa.
- Avancez, on vous rejoint ! répondit Orina.
Elle s'exécuta tandis que Kyme s'asseyait sur son trône.
- Allez-y vous aussi. Vous êtes libre maintenant. Profitez donc de cette liberté que vous avez toujours désiré et vivez enfin en paix... Dans votre chaumière... Moi, je suis déjà mort.
Orceïn et Orina échangèrent un regard.
- Vous saviez qu'on pouvait communiquer ?
- Évidemment. Mais je vous ai laissé faire. Je n'avais aucune raison d'être si cruel envers vous. Après tout, c'est mon père qui vous a mêlé à tout ça.
Ils sourirent.
- Nous allons y aller, mais avant ça... Au nom de tous les humains, nous voulons vous remercier, expliqua Orina.
- Me remercier ? Vous n’avez pas à me remercier. Auriez-vous oublié ce que j'ai fait ?
- Oui mais vous l'avez défait. Vous avez prouvé plus que nul autre que les sorciers sont avant tout des êtres humains. Je suis sûr que tout le monde comprendra ça et que pendant des années, les gens parlerons de vous, non pas comme un monstre, mais comme le sorcier le plus humain de tous les temps.
- Vous rêvez ....
- Peut-être pas. Si vous n'aviez pas été si humain, tout cela ne se serait sans doute jamais passé, continua Orceïn. Et les gens de ce monde s'enfermerait encore plus dans leur petit monde. Que l'on veuille ou non, vous avez amélioré ce monde et maintenant, grâce à vous, il s'engage sur la bonne voie. Ce ne sera certes pas pour l'éternité, car rien n'est éternel... Mais une ère de paix est toujours plus agréable qu'autre chose.
- Si vous le dites... Mais cela ne suffira sans doute pas à expier les crimes que j'ai pu connaître dans ma jeunesse.
- Peut-être... Peut-être pas... Seul vous être maître de votre destinée à présent. Vous aussi, vous êtes libre, vous n'êtes plus dévoré par la haine et l'envie de vengeance. Vous pouvez vous aussi aller en paix. Vous n'avez plus rien à vous reprocher maintenant. Et au nom des habitants de ce monde, je vous dis merci.
- Je ne mérite pas tant d'honneur.
- Si. Car par la douleur, vous les avez éveillés à de nouveaux sentiments et au prix inestimable de la vie, renchérit Orina.
- Allez filez maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. Et fermez les portes, je déteste les courants d‘air.
Orina et Orceïn eurent un sourire plein de chaleur. Ils s'inclinèrent cérémonieusement et commencèrent à fermer les portes.
- Et faites attention à l'autre en sortant. Entre l'odeur du sang, les cris de l’Hydre Noire, il m'a semblé particulièrement excité. Il devrait mourir dans l'effondrement du château, mais on ne sait jamais, soyez prudent. Il ne va certainement pas rester sans rien faire.
Ils firent un signe pour dire qu'ils avaient perçu le message. Et ils fermèrent les portes sur l'homme qu’ils avaient côtoyé pendant des millénaires. Kyme secoua la tête en signe de dénégation. Ils avaient quand même des idées bizarres tous les deux. Ils l'avaient presque présenté comme un sauveur de la planète. Il ne put s'empêcher de sourire en s'asseyant sur son trône. Il posa sa tête contre le haut de son dossier et ferma les yeux. Les dernières paroles que sa mère avait prononcé avant de mourir lui revinrent en mémoire : "Kyme, pardonne leur..." Le pardon, était-ce donc là la solution à tout problème ? Peut-être... Peut-être pas... En tout cas, Orceïn et Orina devait posséder cette qualité inconsciemment. Malgré ce qui leur avait fait subir, ils ne lui en voulaient pas. C'était peut-être pour ça que son père les avaient choisis. Ou peut-être pour leur gentillesse. Ils auraient certainement voulu l'aider quoiqu'il leur aurait fait subir. Ils voulaient sans doute le débarrasser de sa haine. Ou. peut-être... Il préféra renoncer à réfléchir. Il y avait tellement de raisons possibles et tellement de possibilités. Il commença à comprendre son père qui s'était noyé dans ces observations. Il y avait tellement de chose à voir et à faire. Petit à petit, il s'oublia dans ses pensées et se laissa aller tout en gardant son sourire. Il sentit son corps se dissoudre pour retourner au éléments auxquels ils appartenaient. Il ne vit pas la dalle au-dessus de lui se détacher et tomber, écrasant le trône et ce qu'il restait de lui. Il ne sentit pas ses os se faire broyer par le poids de la pierre, la douleur ne faisait pas partie de son nouveau monde. Kyme entamait son dernier combat.
NdA :
Oui, je sais, c'est facile. Tout le monde survit. Mais voilà. A la base, l'histoire ne devait pas être aussi positive. Ils devaient battre Kyme, fermez le ban. Sauf qu'après avoir écrit tout ça, ça m'ennuyait fortement que ça finisse ainsi. Je me suis retrouvé dans une des postfaces que Nobuhiro Watsuki, l'auteur de Kenshin le vagabond, avait écrit dans l'un de ses tomes où il expliquait qu'il ne pouvait se résoudre à tuer ses personnages. Là, c'est un peu pareil. Sauf que je ne pouvais juste me contenter de ressusciter ceux qui me plaisaient. Donc, j'ai ressuscité tout le monde, c'était plus simple :D
Trop simple, peut-être. Mais bon... D'un autre côté, ça m'a aussi semblé intéressant de partager la magie de Kyme. Comme il le dit, ça va filer un nouveau boulot aux Gardens et leur permettent de continuer leur existence.
Et surtout, ça a permis de faire mon fanboy dans le chapitre suivant :)
Vous verrez en le lisant ;)