Kyme - Partie 3 - Guerre et Tourments

Chapitre 26 : La Lassitude du Guerrier

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:54

La Lassitude du Guerrier



    



    
- Gorn ? s'étonna Zell.
- Je t'attendais. Tu n'as pas oublié notre défi, j'espère.
- Bien sûr que non.
- Alors, approche, on va voir si tu en es digne.
- Attends Zell, il y a un piège ! cria Squall.
- Hein ?
- Il est protégé par une barrière ! C'est pas lui qui nous a mis à terre !
- Lâche, je croyais que t'étais réglo !
- Pour qui tu me prends ! Cette barrière ne devrait pas t'arrêter, elle n'empêche de passer que ceux qui manquent de force physique. Je n'ai pas envie de perdre mon temps avec des personnes indignes de ma force physique. Ce ne doit pas être ton cas. N'as-tu donc plus confiance en ta force?
- Bien sûr que si...
Zell s'avança. Il ne se passa rien.
- D'autres amateurs pour le combat ?
- Attends-toi ! Tu oses dire que je suis faible ? Je vais te montrer moi !
Seifer fusa droit vers Gorn mais la barrière invisible le repoussa à, nouveau.
- Ah la vache ! Moi, plus faible que Zell ? Je ne l'admettrai jamais !
- Que veux-tu Seif', on est doué ou on ne l'est pas, nargua Zell.
- Tu perds rien pour attendre, maugréa le sus-nommé.
- Alors qui d'autre ?
Raijin s'avança et traversa sans difficulté la barrière. Les autres n'essayèrent même pas. Raijin s'échauffa.
- Ça tombe bien, j'avais l'impression de rouiller un peu ces derniers temps.
De son côté, Seifer shoota une pierre, vexé.
- Tu veux que je t'envoie des monstres pour t'occuper ? sourit Gorn.
- Ça ira, merci de ta sollicitude, grinça-t-il.
- Si on te bat, la barrière disparaîtra ? demanda Zell.
- Évidemment...
- Alors... Il est temps de commencer le combat !
Zell se jeta sur Gorn, prenant Raijin de court. Il ne s'attendait pas à ce que Zell parte aussi vite à l'assaut. Gorn, de son côté, avait déjà anticipé l'attaque de Zell. Il fit tournoyer son lourd bâton et frappa violemment son assaillant qui retomba sur le sol sonné. Zell allait se relever mais Gorn n'avait pas encore fini son attaque. Le puissant bâton retombait déjà sur lui. Il fut sauvé in-extremis par Raijin qui para le coup avec le bâton que lui avait confié Edern.
- Zell, je veux pas être méchant, mais sur ce coup là, je préfère qu'on bosse en équipe plutôt que perso.
Zell mit un temps pour répondre.
- Tu as raison. Je me suis laissé emporter par mon envie de le combattre. Excuse-moi.
- Y'a pas de mal, je te rassure. Mais je préfère quand même que les choses se passent comme ça.
Raijin repoussa Gorn qui reprit son équilibre quelques mètres plus loin.
- T'inquiète, moi aussi j'en veux.
- Ça fait plaisir à entendre, lâcha Zell en se redressant.
- Je sens que ce combat va être vraiment intéressant. J 'en bous d'impatience. Cela fait bien longtemps que mon sang n'avait pas autant chauffé.
- L'épreuve de force..., murmura Raijin.
- Oui.
Les trois combattants se jetèrent les uns contre les autres. Les bâtons tournoyèrent, les coups de pied et de poing fendirent l'air. Pendant un quart d’heure, les coups plurent. Nul ne lâchaient pied, mais les deux amis comprirent assez vite que si le combat devait s'éterniser, il tournerait à leur désavantage. Même à deux contre lui, Gorn les surpassait en force et en endurance. Ils ne le
battraient pas avec une simple technique. Mais ils n'avaient pas l'occasion de se poser trop de questions, Gorn ne leur laissait pas de répit. Les deux bâtons s'entrechoquèrent et se bloquèrent mutuellement. Zell saisit l'occasion pour frapper Gorn qui eut juste le temps de s'esquiver. Raijin en profita pour faire glisser son bâton sur celui de Gorn et frappa ce dernier en pleine face. Le coup le fit reculer, mais n'était pas assez appuyé. Gorn reprit vite ses esprits et ses appuis et il décocha un violent crochet à Zell qui s'approchait et envoya un puissant coup de bâton à Raijin qui s'écroula, le souffle coupé par la douleur. Mais il en fallait plus pour les arrêter. Ils repartirent aussitôt au combat, malheureusement, quelques instants plus tard, ils se retrouvaient tous les deux encore à terre. Ils se relevèrent et se battirent encore et encore. Les encouragements de leurs amis à l'extérieur de la barrière leur redonnait souvent de la force. Ils ne comptèrent même plus le nombre de fois où Gorn les envoya mordre la poussière. Mais ce dernier commençait à montrer des signes de faiblesse et de fatigue. Pourtant, il les dominait toujours. Ils utilisèrent leur G-Force pour gagner un peu de temps. Raijin se décida à vraiment passer à l'action. Ils n'étaient pas les seuls à se battre et chaque minute qui passait, coûtait cher en vies humaines. Il avait bien une idée, mais... Il n'avait pas le temps de peser le pour et le contre.
- Désolé Edern..., murmura-t-il.
Il réussit à souffler son idée à Zell entre deux puissantes attaques de leur ennemi. Ce dernier l'accepta. Il n'avait pas vraiment d'autres solutions. Le taux d'échec était élevé mais si ça marchait... Quand Gorn finit son attaque, Raijin concentra toutes ses forces sur son bâton et se dirigea vers Gorn pour asséner son coup le puis puissant.
- Tu penses que tu peux me résister ?
Gorn abaissa son lourd bâton sur celui de Raijin. Le choc fut brutal et violent. Le bâton d'Edern ne put contenir une telle puissance. Il se brisa.
- Alors tu croyais vraiment que... ?
Zell venait de surgir en l'air et détendit violemment sa jambe. Sa frappe toucha la grosse partie du bâton qui venait de se briser. Cette dernière vola en direction de Gorn et lui griffa profondément l'arcade et la joue. Le sang qui en coula, l'aveugla temporairement. Raijin profita de l'ouverture pour exécuter Merton. Son poing s'enfonça profondément dans le ventre de son adversaire qui se courba sous le choc. Zell le redressa d'un flip qui l'atteignit au menton. Gorn n'eut le temps de reprendre ses appuis que Raijin le repoussait violemment de l'épaule au niveau du torse, lui coupant la respiration et lui faisant perdre son bâton. Durant cette intermittence, Zell invoqua sa limite. Les coups tombèrent violemment sur Gorn qui s’écrasa à terre lorsque Zell finit par une de ses plus violentes attaques, Trapèze.
- Allez-y les mecs ! cria Selphie.
Ils finissaient de reprendre leur souffle que Gorn se releva. Il ramassa son bâton et s'approcha de Raijin. Ils se préparèrent au combat.
- Tiens...
Il lui tendait son lourd bâton.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Raijin.
- Le combat est terminé, vous avez gagné. Vous pouvez donc passer.
La barrière qui empêchait les autres de passer, s'affaissa.
- A quoi tu joues ? Tu ne vas pas me faire croire que tu n'as plus de forces..., protesta Raijin.
- C'est vrai... Si le combat continuait, j’aurais des chances de gagner, tout comme vous. Mais tu n'as plus d'arme et cela je ne peux l’accepter. Mais je me retrouve alors moi-même sans arme, je ne peux donc continuer ce combat. Et comme je refuse que tu puisses refuser mon bâton, le combat est donc terminé.
- Mais...
- Pas de protestations, coupa Gorn. De plus, vous m'avez mis à terre. Seul Maître Kyme avait réussi avant vous.
- Mais, protesta Zell, je t'aurais mis systématiquement à terre avec cette technique ! Ça n'a pas de sens !
- Non, en pleine forme, j'aurais su me rétablir. Et puis... Je crois que je commence à en avoir assez de tout ça. De tous ses combats et de tous ses morts...
Disant cela, il porta son regard vers la bataille rangée qui se déroulait plus loin dont on percevait les fracas des explosions et des cris d’agonie.
- Il faut mieux pour vous de ne pas perdre de temps. Filez avant que je ne change d'avis !
- D'accord, finit par lâcher Raijin.
Gorn sourit et laissa passer toute la petite troupe. Ils commençaient à s'engager sur le pont-levis quand soudain...
- Hé !
Ils se retournèrent, surpris et Raijin vit un gros bâton voler dans sa direction. Instinctivement, il leva la main et l'attrapa.
- Tu es sûr ?
- Plus que sûr. Je n'en aurai pas besoin là où je vais aller. Il s'appelle le Broyeur, prends en soin.
Raijin s'inclina en remerciement et partit suivi de la troupe. Mais Zell resta en arrière.
- Avant de partir, je veux savoir une chose Gorn...
- Quoi ?
- Tu es un humain comme nous. Alors pourquoi es-tu avec Kyme ? Il veut tuer tous les humains, je ne comprends pas pourquoi tu es avec lui et pourquoi d'ailleurs il accepte des humains dans son armée... ·
- Ça fait plus d'une chose que tu veux savoir. Enfin soit, je peux te le dire vu que tu m'as battu. De ce que j'en sais, mon Maître veut certes détruire tous les humains, mais il respecte plus que tout la force. C'est peut-être un complexe qu'il a développé par rapport à son père, je n’en sais rien. Quoiqu'il en soit, c'est ce qui fait qu'il accepte des humains dans son armée. Mais ses humains sont condamnés, tout comme moi. Nous sommes liés à lui. S'il meurt, nous mourrons avec lui. Il n'y aura donc plus d'humains sur terre après sa mort et c'est ce qu'il veut. Il aura donc rempli son objectif. Quand à moi, c'est la même chose. Je n'ai toujours respecté qu'une seule chose, la force quelqu'elle soit. Avant qu'il ne devienne mon Maître, il a été mon adversaire. Nous nous sommes battus et j'ai perdu. Alors que je me préparais à mourir, il m'a tendu la main. Il me laissait la vie car il était intéressé par mes capacités. En tant que perdant, j'ai donc accepté toutes ses conditions. Je n'ai d'ailleurs jamais regretté ce geste, car cela m'a permis de rencontrer des ennemis puissants comme vous. Mais maintenant... Je suis lassé de toute cela...
- Zell, qu'est-ce que tu fais ! appela subitement Selphie de l'entrée du château.
- J'ai dit ce que j'avais à dire, donc maintenant, file ! Tu vas avoir un rude combat à mener.
Zell resta un instant à regarder Gorn. La prochaine fois qu'il le verrait, il serait certainement mort.
Alors il voulut une dernière fois imprimer l'image de l'homme le plus fort qu'il eut jamais rencontré. Quand Selphie l'appela une dernière fois, Zell fit un petit signe de tête avant de détourner le regard. Il partit sans se retourner à toute vitesse. Il devait laisser Gorn derrière lui.
- Ces jeunes gens sont vraiment prometteurs, murmura Gorn. Dommage que je ne sois plus là pour les voir évoluer encore plus.
Il s'assit sur la rambarde qui courait le long des escaliers et soupira. Depuis combien de temps ne s'était-il assis ainsi à regarder défiler le temps ? Certainement depuis une éternité... Il se sentit se détendre. Il se sentait en paix, comme cela ne lui était pas arrivé depuis des années. Le calme l'entourait. Il ne percevait même plus le bruit des combats au loin. Il se laissa aller à la somnolence en attendant l'heure de son châtiment. Ce Zell et ce Raijin l'avaient quand même bien fatigué.
    A l'autre bout du pont qui menait dans le château, Fujin faisait des remontrances à Raijin pour avoir cassé le bâton de son père, mais celui-ci ne l'écoutait pas. Il songeait encore à Gorn et à ce qui attendait ce dernier. Il était impressionné par son courage. Il signait son arrêt de mort en les laissant passer et pourtant, il ne semblait pas avoir peur. Non, il semblait calme même. C'était une évidence, il restait encore impressionné et sous le choc de son duel contre cet homme. Même la douleur de son tibia ne le tira pas de sa torpeur. Fujin, voyant que Raijin ne réagissait pas, préféra abandonner. Elle s'occuperait de son cas plus tard. La troupe déboucha dans une vaste cour sans avoir croisé un seul monstre. Face à eux, se dressait le donjon dont la cime se perdait dans les nuages. Ils se précipitèrent sur la porte d'entrée, mais celle-ci était cadenassée et protégée par la magie. Au-dessus de la porte, une inscription se détachait :
"Seuls les vainqueurs des trois gardiens pourront me rencontrer."
- Comme si c'était le moment ! râla Seifer. Où c'est qu'ils sont encore planqués ces abrutis !
- Ça me semble évident Seifer, soupira Quistis. Il n'y a pas vraiment beaucoup de solutions.
Elle montra une des tours qui entouraient le donjon. Il y en avait aux quatre points cardinaux.
- Je suppose qu'il doit y en avoir une qui n'est qu'un piège ou qu'un leurre.
- On n'a pas le temps d'étudier la question, coupa Squall. Selphie, Quistis et Irvine, prenez la tour Ouest ; Fujin, Raijin et Zell, la tour Sud ; Seifer, Linoa et moi, on prend la tour Nord. On se retrouve ici dès qu'on a battu les gardiens.
- On pourrait pas essayer de détruire la porte plutôt ? Avec nos nouvelles épées, ça doit pouvoir être faisable, proposa Seifer.
- Je ne préfère pas, contra Squall. On ne sait pas ce qu'il va nous arriver si on l'attaque directement. Tu as déjà oublié le coup du lapin lors du test contre Orceïn et Orina ? Tu ferais mieux d'être plus prudent, cette fois-ci.
- Oki, oki, je dis plus rien.
- Bon allons-y ! Tâchez de ne pas perdre de temps !
Les trois groupes se formèrent et ils se séparèrent, chacun partant dans sa direction. Le groupe de Squall arriva au pied de la tour Nord. Il y avait une petite porte. Seifer tenta de l'ouvrir mais elle resta obstinément fermée. Il s’acharna dessus, mais rien n'y fit, elle ne bougea pas d'un pouce.
- Laisse-moi faire, le poussa Linoa.
Elle utilisa la magie, mais rien ne bougea.
- lnutile d'insister, lâcha-t-elle déçu. Allons à la tour Est, on aura peut-être plus de chance là-bas.
Ils allèrent à la tour Est en courant et à leur surprise, il n'y avait pas de porte, mais juste une entrée béante donnant sur un escalier qui tournait jusqu'au sommet de la tour. Il s'y engouffrèrent aussitôt.



*
*     *



    Les rafales des Omniborgs améliorés ne s'arrêtaient jamais. Les Hydres débarrassées de nombreux monstres volants, continuaient à semer la mort sur l'armée de Kyme. Les mitraillettes répondaient avec efficacité aux sortilèges des monstres. L'armée humaine gagnait du terrain aidé par son armurerie lourde. Du haut de son trône, Kyme contemplait la scène et se dit que son année méritait du renfort. Il regarda un instant les jeunes gens qui pénétraient dans les tours. Ils se débrouillaient plutôt bien et avaient eu l'intelligence de ne pas s'attaquer à la porte. Sans doute une conséquence de l'aide que leur avait fourni Armane et Orceïn. Cette pensée le fit sourire. Savaient-ils la vérité à leur propos maintenant ? Il le verrait bien en temps et en heure. Mais avant toute chose, un Général devait mourir. Incantant un sort de téléportation, il disparut et réapparut derrière Gorn.
- Je vous attendais.
- Je m’en doutais. Tu sais pourquoi je suis ici ?
- Oui. Pour me tuer...
- C'est vrai, acquiesça Kyme. Mais avant cela, dis moi... Pourquoi les as-tu laissés passer ? Tu savais que cela te coûterait la vie. Alors pourquoi ? Qu'est devenu mon fier Gorn qui adorait se battre jusqu‘à la mort ?
- Je ne sais pas vraiment moi-même. Une envie déraisonnable... Je pense que je suis las de tout ceci. J 'en ai assez de combattre. Je n'ai passé ma vie qu'à faire ça. Maintenant, j'aimerai faire autre chose, découvrir des choses que j 'ai laissé de côté, comme le savoir... Mais je ne verrai jamais cela.
- C'est dommage que tu choisisses de retourner ta veste aujourd'hui. En d'autres temps, tu aurais pu accomplir ce que tu souhaites. Après cette guerre, par exemple...
Gorn se retourna vers son Maître.
- Oui, je le sais. Mais je ne regrette pas mon geste. J 'ai eu le sentiment que je devais le faire. Je suis prêt à accepter votre sanction. Et cela reste pour moi un honneur que ça soit vous qui m'ôtiez la vie. Je ne pouvais espérer meilleure mort.
- C'est le moins que je puisse faire. Et je sais que tu comprends pourquoi je dois le faire.
- Adieu Maître, souffla Gorn.
- Adieu Gorn, Général et ami.
Un éclair puissant que Kyme incantait depuis plusieurs dizaines de seconde, foudroya Gorn. Il s'écroula au sol sans un bruit. Kyme regarda un instant le corps calciné de son ex-général puis il disparut. Il réapparut près de son trône où il s'assit à nouveau.
- Il est temps de libérer mon nouveau joujou.



 




 






 





NdA :
A pu Gorn :'(

 

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