Monstermen : Les Cinq Seigneurs

Chapitre 22 : Deux Mondes

Chapitre final

3884 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour il y a 3 mois

La bataille était terminée. La menace de Guthul'Araeg avait été anéantie et sans la présence de la magie nécromancienne de l'entité, tous les cadavres animés sous son emprise étaient retombés, inertes. Raegoth, souffrant encore de ses blessures mais apte à bouger, marchait maintenant au milieu de la place de la cathédrale, redevenue silencieuse et jonchée de nombreux cadavres. Il avait pu constater que la grande lumière rouge et brûlante générée par la Flamme du Sang Unifié, cette grande lueur comme une flamme qui avait explosée dans le ciel et qui par sa chaleur ardente, avait chassé les ténèbres qui couvraient la ville, ramenant enfin la présence du soleil dans le ciel. Le Monster-Man sourit doucement. Alice et Isaac avaient réussi. Ils étaient bien les héritiers. Le nouveau couple de la Flamme du Sang Unifié et sans eux, il n’aurait jamais pu venir à bout de son frère déchu.

Tenant sa hache tachée de sang à la main, le seigneur de Laponie put constater ensuite les dommages et les pertes qui avaient été subis dans cette bataille. De nombreux humains, soldats comme civils, avaient hélas péris.

Il le savait. Cette invasion ne passerait pas inaperçue. Désormais, les humains étaient conscients de l'existence des monstres et du surnaturel, ou plutôt, ils découvraient leur existence sans savoir qu'autrefois il y a fort longtemps, l'humanité avait déjà combattu à leurs côtés. Mais l'encre du passé étant sèche depuis longtemps, Raegoth se souciait surtout de l'avenir et de ses conséquences. Comment les humains réagiraient-ils?

Alors qu'il était perdu dans ses pensées, il vit trois formes familières traverser une rue. Amon. Tavros. UR-66. Ils étaient tous les trois blessés, mais vivants. Se soutenant l'un l'autre, les trois monstres arrivèrent devant leur seigneur et ami, qu'ils saluèrent par de simples hochements de la tête et sourirent de le voir aussi vivant.

_ Heureux de voir que vous avez survécu, mes amis, Raegoth exprima sincèrement, en posant fermement sa main sur l'épaule d'Amon.

_ Ouais, mais ça n'a pas été sans douleur, Tavros ricana, souffrant encore un peu de ses blessures. Je vous préviens, demain, je dors toute la journée.

UR-66 secoua la tête d'agacement face au comportement du minotaure. Raegoth eut un petit rire amusé.

_ Mais... c'était quoi cette lumière ? demanda Amon, perplexe. "Nous nous battions, et soudain tous les morts-vivants sont tombés sans vie comme des poupées de chiffon.

Raegoth montra un petit sourire en coin et tourna son attention vers la cathédrale.

_ Demandez leur, dit-il simplement en désignant du doigt vers une direction.

Amon, Tavros et UR-66 regardèrent alors. Les portes de la cathédrale s'ouvrirent lentement, laissant sortir un couple se soutenant mutuellement pour marcher, ayant apparemment beaucoup souffert eux aussi. Isaac et Alice, voyant leurs amis encore vivants, leur sourirent et se dirigèrent vers eux. Raegoth et les autres arrivèrent à leur rencontre et maintenant le groupe était réuni au complet.

_ Vous avez réussi. Jamais je n'ai douté de vous, dit Raegoth avec fierté.

_ C'est grâce à vous, seigneur Raegoth, lui dit Alice en partageant cette satisfaction. Sans vous, Isaac et moi n'aurions jamais su qui nous étions vraiment.

Isaac partagea cet avis avec elle et remercia également le Monster-Man. Mais au fond de lui, Raegoth savait que sans eux, il n'aurait jamais pu gagner seul. C'était leur victoire à tous. Amon, Tavros et UR-66 approchèrent tour à tour pour féliciter le couple et le seigneur de Laponie pour leur victoire sur le Seigneur du Vide. Après toutes ces congratulations, Alice tint à remercier Isaac à sa manière, et de ce fait l'attira dans une étreinte amoureuse et un baiser tendre, tandis que les autres regardaient avec des rires et des sourires moqueurs mais pas méchants. Isaac, d'abord pris au dépourvu, la laissa faire et lui rendit son baiser tout en refermant ses bras autour de sa taille.

_ Hé, il y a des endroits prévus pour ça vous savez, ricana Tavros afin de les taquiner, mais reçu un coup de coude dans les côtes de la part d'Amon, ce qui a fit encore plus rire le minotaure fier de lui.

Alors qu'Alice et Isaac finissaient de s'embrasser, d'autres survivants firent leur apparition depuis plusieurs rues. Des survivants humains civils et militaires, encore déboussolés par ce qui venait de se passer. Une foule tremblante et terrorisée d'hommes, de femmes et d'enfants de tous âges, ne comprenant pas ce qui s'était passé.

Le corps sans vie du Chasseur de Dragons fut alors amené par Tavros qui le posa alors avec respect au sol. Raegoth s’en approcha et vint apposer une main sur le plastron du guerrier légendaire.

_ Nous le ramènerons sur sa terre natale et lui offriront un lieu de repos digne de lui, décida le seigneur de Laponie.

Même s'il avait été son ennemi, ce chasseur antique n'était en fait qu'une marionnette de plus de Guthul'Araeg, arraché de sa tombe et de son sommeil éternel. Il méritait d'avoir une nouvelle sépulture et d'y reposer avec le respect dû à son rang de guerrier légendaire. Les autres partagèrent l’avis de leur camarade et montrèrent également une marque de respect envers cet adversaire puissant et digne.

Mais soudain, des bruits sourds et mécaniques se firent entendre. Des tanks de l'armée humaine surgirent dans les rues, ainsi que des soldats qui avaient survécu à la bataille. Tous, encore choqués par ce qui s'était passé, montraient cependant des visages animés de méfiance et de crainte envers le groupe de Raegoth et braquèrent sans attendre leurs armes vers eux. Isaac haleta, mais Alice se plaça devant lui pour le protéger.

_ Vous osez lever vos armes sur nous?! Approchez, s’il y a des amateurs, je suis partant, Tavros grogna contre l'armée, mais Raegoth lui fit signe de se calmer et de ne pas agir à l’encontre des humains.

Un officier, reconnaissable à son uniforme et ses décorations, arriva à côté de ses hommes.

_ Rendez-vous, créatures, ou nous n’hésiterons pas à employer la force ! ordonna fermement le militaire, très remonté.

Tout autour de lui, ses hommes préparaient leurs fusils d’assaut, et les canons des tanks se pointèrent vers les monstres. Raegoth, Alice, Amon, Tavros et UR-66 se tenaient debout, ne montrant aucune peur ni hostilité et à la demande de Raegoth se contentèrent de lever simplement leurs mains en signe de non agression. Voyant cela, Isaac réagit sans hésitation et vint se placer devant ces monstres qui étaient maintenant devenus ses alliés et amis, les bras tendus devant les soldats humains.

_ Jeune homme, écartez-vous immédiatement ! ordonna de nouveau l'officier qui avait pris son pistolet et s'apprêtait à tirer.

_ Vous pouvez toujours courir! affirma Isaac, le regard déterminé, bien que déglutissant un peu de voir toutes ses armes à feu braquer sur lui. Ces monstres sont mes amis, et les alliés de l'humanité ! Ils se sont battus pour nous sauver ! Alors si vous voulez les tuer, vous devrez d'abord passer par moi, car il est hors de question que je bouge de là!

_ Isaac..., souffla Alice en venant à côté de lui, le soutenant mais lui faisant comprendre par son regard qu'il n'avait pas à prendre de tels risques pour eux.

Les soldats et les civils avaient écouté, mais la plupart ne semblaient pas y croire, agissant sous l’emprise de la peur, l’incompréhension et la colère encore très imprégnée dans les esprits malgré la fin des combats. Certains d'entre eux ont commencé à crier, les traitant de menteurs ou d'abominations. Des mots durs et blessants après ce qu'ils venaient de faire justement pour sauver ce monde. Isaac reçut même une vieille cannette vide dans le front jetée par un civil furieux, le faisant légèrement vaciller mais resta debout et ne montrant aucune volonté à bouger de sa position.

_ Il dit la vérité! cria soudainement une voix d'homme, que Isaac reconnut un peu.

De la foule des civils survivants sortit un homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux bruns courts, et tenant dans ses bras une jeune adolescente aux cheveux bruns, visiblement handicapée des jambes. Isaac les reconnut alors. C'était cette fille autiste, Sarah, et son père, Ben, qu'il avait croisé par hasard à l'arrêt de bus il y a plusieurs jours. Même s'il ne les connaissait pas personnellement, Iaac fut soulagé de les voir vivants, tous les deux.

_ J'ai tout vu..." exprima Ben aux autres survivants ainsi qu'aux soldats. Je les ai vu combattre ces créatures mortes-vivantes, et protéger les civils ! L'un d'eux nous a même sauvés ! Sans eux, ma fille et moi ne serions plus en vie maintenant.

_ C'est vrai, s'avança alors une vieille femme. Ils m'ont sauvé aussi !

_ Pareil pour nous, déclara alors l’ami d’Isaac, Mathilde, soutenue par Aurélien qui se trouvait avec elle.

Puis, quelques autres survivants commencèrent à clamer qu'ils avaient eux aussi été sauvés par l'intervention des monstres, à la stupéfaction de ces derniers. Voir des humains, même s'ils n'étaient pas majoritaires, les défendre, suffit à réchauffer leurs cœurs monstrueux. Ben et Isaac se regardèrent, se remerciant d'un hochement de tête. Sarah fit de même avec le jeune homme. Mathilde et Aurélien, bien que ne comprenant pas tout ce qui avait pu se passer, restèrent fidèles à leur ami et vinrent même le rejoindre pour le soutenir.

Face à l'avancée des civils, les militaires ne savaient pas trop comment agir, certains commençant à baisser les armes. Alice prit donc la décision de s'avancer pour leur parler, sans armes.

_ Écoutez moi! Autrefois, j’étais un être humain, comme vous, mais le destin a voulu que je devienne un monstre. Au début, je pensais mon existence vouée à un vide éternel, mais je me trompais. Grâce à cette nouvelle chance, j'ai pu me découvrir un nouveau but, trouver l'amour de ma vie et découvrir au fond qui j'étais réellement. Et c'est cette union qui a permis à nos mondes de survivre aujourd'hui. Dans le passé, les monstres et les humains se sont alliés contre un ennemi commun. Ils ont combattus, péris et gagnés ensemble. Croyez-le ou non, mais pour le bien de ce monde et de tous les autres, nous devons nous unir! Nous n’opposerons aucune résistance, quelle que soit votre décision !

Raegoth sourit légèrement en la voyant faire, fier de la laisser s’exprimer au nom de toute la confrérie. Alice avait fini de parler, rejoignant ses amis et laissant les militaires encore plus perplexes et confus qu'avant. Même l'officier ne pouvait plus agir, l'air perdu. Raegoth, Amon, Tavros et UR-66 félicitèrent Alice pour ses paroles, tout comme Isaac.

_ Tu as très bien parlé, dit le jeune homme, fier d'elle.

_ J'espère que cela suffira, répondit-elle, pas sûre à 100%.


Un peu plus tard, à la demande des militaires survivants, une réunion de crise avait été demandée avec le maire et ses conseillers, eux aussi parvenus à survivre pour la plupart. Raegoth et Alice Derune s'étaient portés volontaires pour représenter les monstres lors de cette réunion et s'étaient tous deux rendus à la mairie de Chartres pour parler avec les humains et exprimer leurs motivations quant à cette alliance entre les humains et les monstres.

Isaac attendait maintenant depuis plus d'une heure, assis sur les marches devant la cour de la mairie. Il était nerveux, frottant ses mains à cause du stress. Il priait pour que tout aille bien même si il savait que la nature humaine n'accordait en général aucune chance à ce qu'elle ne comprenait pas.

Autour de lui, les forces des pompiers, de la police et des services hospitaliers aidaient les militaires à déblayer les rues dévastées et aidaient des civils rescapés à se rassembler dans des petits camps provisoires pour se faire identifier et recevoir des soins. Ben et Sarah passèrent devant la mairie, remerciant une dernière fois Isaac d'un hochement de tête avant de repartir dans l'autre rue, probablement vers l’un des postes de l’armée. Mathilde et Aurélien étaient également partis vers l’un des camps militaire provisoire pour y être répertoriés parmi les survivants.

Isaac vit également Amon, Tavros et UR-66 s'approcher de lui, au pied des marches de la mairie. Les trois monstres, bien que pouvant se déplacer à peu près librement, étaient mis sous étroite surveillance de plusieurs soldats lourdement armés qui ne les quittaient pas des yeux tout en restant à bonne distance.

_ Alors? demanda UR-66 avec curiosité.

_ Toujours rien pour l'instant, répondit Isaac en haussant les épaules et toujours en se frottant nerveusement les mains.

Tavros vint s'asseoir lourdement à côté de lui, et tira quelque chose de sa ceinture. Une gourde faites de cuir animal, probablement remplie de bière, dont il but une gorgée. Il en offrit une gorgée à Isaac, qui refusa poliment, un peu méfiant des boissons et des mélanges que buvait le minotaure car se souvenant de la dernière fois qu’il avait essayé.

_ Même si je doute que ça arrive, que se passera-t-il s'ils acceptent votre présence ici? demanda Isaac.

_ Je ne sais pas, répondit Tavros en reniflant bruyamment. Il va falloir trouver de nouveaux endroits ou habiter. D'ailleurs, je voulais te dire: Tu t'es bien battu, pour un humain.

Tavros donna une légère tape dans le dos d’Isaac, ce qui le secoua tout de même assez fort. Isaac grimaça un peu, souffrant encore de quelques blessures, mais accepta le compliment, même s’il pensait ne pas avoir accompli grand-chose durant cette bataille, contrairement aux monstres qui s’étaient montrés des plus impressionnants en dépit de l’écrasante supériorité numérique de l’ennemi.

Soudain les portes de la mairie s'ouvrirent et tout le monde vit Raegoth et Alice sortir et descendre les marches, eux aussi sous la surveillance de plusieurs militaires armés. Isaac se leva aussitôt pour aller rejoindre les deux monstres.

_ Alors? demanda-t-il, très nerveux.

Amon, Tavros et UR-66 écoutaient eux aussi, dans une tension à couper au couteau.

_ Cela n'a pas été aisé, mais les humains acceptent notre présence ici pour le moment, dit Alice, au grand soulagement d'Isaac, qui souffla alors qu'il s'attendait au pire.

_ Mais cela ne sera pas sans conditions bien sûr, ajouta Raegoth. Durant les premiers mois, nous devrons nous tenir éloignés des humains, ne pas nous mêler de leurs affaires et les laisser progressivement s'habituer à notre présence. Afin de s'assurer de notre bonne parole, nous serons constamment surveillés par les forces armées humaines. Nous sommes néanmoins autorisés à nous installer dans la petite forêt à côté de la ville, dans un périmètre contrôlé. Je vais devoir donner de nouvelles instructions et m’assurer que la forteresse reste sous surveillance durant notre présence ici.

Isaac comprit la situation et sembla l'accepter, de toute façon, il n'avait pas le choix. Les nains, les gobelins et les Maîtres Corbeaux devraient rester à la forteresse dans la dimension de la Laponie, mais le groupe de Raegoth était au moins autorisé à rester dans le monde humain, du moins pour l’instant. Isaac s'inquiéta cependant d'un autre détail qu'il s'empressa d'exprimer à ses monstrueux amis.

_ Mais... vous tenir à l'écart des humains... Est-ce que ça m'inclut aussi alors? demanda Isaac.

Alice et Raegoth montrèrent un regard désolé mutuel.

_ Je suis vraiment navrée, Isaac, sincèrement, mais c'est la condition... à partir de ce soir, et jusqu'à nouvel ordre, nous ne pourrons plus nous voir, dit la comtesse, aussi triste que lui de cette condition.

Isaac était intérieurement dégoûté. Lui et Alice venaient à peine d'entamer leur relation et ils se retrouvaient maintenant séparés et pour une durée indéterminée. Raegoth posa sa main sur l'épaule du jeune homme.

_ Prenez tout le temps que vous voulez ce soir, et soyez patient. Souvenez-vous de ce que vous avez fait pour les mondes, car nous, nous ne l'oublierons pas.

Sur ces mots, le Monster-Man, ainsi qu'Amon, Tavros et UR-66, après un dernier salut à leurs amis, s'éloignèrent, dans le but de trouver un endroit dans la forêt à proximité de la ville pour s'y installer.

Un peu plus tard, la nuit tombait sur la ville de Chartres. Sur les 30 000 habitants, plus de 9 000 avaient été tués par les morts-vivants et Guthul'Araeg. Ce véritable carnage attirerait inévitablement l'attention du monde entier et en peu de temps, tous apprendraient l'existence des monstres et des forces du mal dans leur propre réalité et les réactions qui en découleraient laissait craindre le pire pour la suite. Afin d’éviter le plus possible un chaos parmi la population, l’armée avait décidée de garder secrète l’information de la présence des monstres dans la forêt de Chartres et s’assurerait que le périmètre forestier concerné reste fermé au public, pour une raison qu’ils devraient trouver vite.

Côte à côte et main dans la main, Isaac et Alice se promenaient depuis plusieurs minutes dans une des allées désertes du petit parc, doucement éclairée par les lueurs des lampadaires. Ils arrivèrent au pied d'un arbre qu'ils reconnurent bien. C'était ici qu'elle l'avait sauvé de la bande de fanatiques sanguinaires, et où, d'une certaine manière, tout avait vraiment commencé entre eux deux.

Isaac regarda pensivement et tristement le tapis de feuilles mortes sur l'herbe. Alice le remarqua et le sortit de ses pensées avec un baiser sur la joue, mais ne parvint pas à lui remonter le moral.

_ C'est tellement injuste, souffla le jeune homme de frustration. On s'est battu, on a failli mourir, et au final, on se fait cracher à la gueule et par dessus le marché on ne pourra même pas profiter pleinement de moments ensemble.

_ Je te comprends, Isaac, lui dit la comtesse vampire, aussi peinée que lui par cette séparation forcée. Mais ce n'est que temporaire. Crois moi, nous nous reverrons. Je crains hélas que Guthul'Araeg ne soit que le début. Il y a d'autres forces qu'un jour nous devrons combattre ... Mais pour l'instant, il faut savourer cette paix et cette unité enfin retrouvée.

Isaac comprenait ce qu'elle voulait dire, mais était tout de même dégoûté de ne pas pouvoir savourer cette paix avec la femme qu’il aimait. Alice, pour lui faire comprendre que rien ne pourra jamais les séparer, referma ses bras autour de son cou.

_ Viens ici, murmura-t-elle avec amour.

Elle l'embrassa tendrement, avec tout l'amour qu'elle pouvait lui donner. Isaac l'étreignit à son tour, lui rendant son baiser avec force et passion. Le couple s'embrassa pendant de longues minutes, profitant de chaque seconde et priant pour que ce moment soit figé pour l'éternité. La chaleur qu'ils partageaient dans leurs cœurs était un sentiment unique et puissant.

Après l'avoir embrassé, Alice commença alors à s'éloigner, à contrecœur et d'un pas lent, sans détourner les yeux d'Isaac qui la regardait s'éloigner dans la nuit. Juste avant de disparaître dans l'obscurité de la nuit, Alice lui souffla un dernier baiser de la main. Isaac le saisit dans la sienne, et après un simple clignement des yeux, vit qu'elle était partie, évanouie dans les ténèbres de la nuit. Se retrouvant seul maintenant au milieu du parc, le vent se levant lentement et faisant trembler les feuilles, il souffrit en silence de ce départ. Déposant ce baiser contre son cœur, Isaac, bien que triste, sourit néanmoins.

_ Oui... on se reverra, dit-il doucement, avant de commencer à marcher, jetant un dernier regard en arrière comme s'il s'attendait à la voir reparaître, et repartant en silence vers sa maison.


Le coeur lourd marqué par la séparation, Alice Derune s’était téléporté, mais pas n’importe où, se retrouvant seule sur le toit du petit immeuble sur lequel elle était arrivé dans le monde humain en débutant sa recherche de celui qui pourrait raviver son coeur. La comtesse vampire resta un instant contemplative de la ville humaine plongée dans la nuit, mais sentit tout de suite une présence familière derrière elle et se retourna sans montrer de crainte ou d’hostilité. À quelques mètres, se tenait cette mystérieuse silhouette féminine fantomatique vêtue entièrement de noir et au visage caché par un voile. Mais cette fois, Alice lui sourit et approcha d’elle, se souvenant de la question qu’elle lui avait posé la dernière fois qu’elle lui était apparue. Désormais, elle avait sa réponse…

_ Oui… J’ai su accepter celle que je suis vraiment. Je suis heureuse désormais, dit alors Alice en paix à la femme dont elle avait finie par découvrir la vraie nature.

Soulevant son voile et révélant un visage pâle mais magnifique, la femme, ou l’esprit qu’elle était devenue, lui sourit à son tour tendrement, avant de s’évanouir peu à peu dans les airs sous le regard d’Alice qui ne fut pas attristé, au contraire, son coeur se fit plus léger en sachant que maintenant sa mère pourrait reposer véritablement en paix.

_ Au revoir… mère, souffla doucement Alice.


Pendant ce temps, se tenant sur une colline offrant une vue d’ensemble sur la ville de Chartres et ses alentours, Raegoth regarda un instant sa main griffue, encore marqué par la destruction nécessaire de son frère déchu Guthul’Araeg. Il restait toutefois marqué par ce que ce dernier lui avait révélé… Tant qu’il resterait un membre de la lignée des seigneurs en vie de ce côté du voile, les autres seraient en mesure de revenir sans cesse. Araeg n’était plus, mais la guerre ne faisait que débuter.


Deux espèces. Deux mondes. Opposés, mais partageant désormais un destin commun. L’encre du passé est déjà sèche, mais nous pouvons faire en sorte d’écrire un futur meilleur. Un mal a été détruit, mais d'autres viendront, maintenant que les seigneurs sont revenus. Je m'appelle Raegoth, dernier de la lignée des grands seigneurs de Laponie, et j'adresse ce message à tous les monstres qui ont pu survivre et trouver refuge parmi les mondes et les dimensions. Vous n'êtes pas seuls. Nous sommes là.



FIN


à suivre : Monstermen 2


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