La flamme de Mililian - Tome 1 - Partie 2

Chapitre 1 : L'alliance des puissants

3891 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/07/2023 13:29

           Vanador s’était enfermé dans son bureau pour rédiger un énième message à l’attention de son collègue marin. Presque trois semaines s’étaient écoulées depuis qu’il avait perdu la trace de l’œuf et aucune nouvelle piste ne s’était offerte à lui pour retrouver les gamins. Il commençait à se demander si le petit groupe ne s’était pas enfui, lui aussi.

           Cette hypothèse le taraudait de plus en plus. Khassendrah avait beau lui assurer qu’ils n’auraient eu nulle part où aller en-dehors de Khaëlentis, il peinait à croire qu’ils avaient survécu aussi longtemps sans se faire repérer par les gardes ou ses hommes. Même les amis peu fréquentables de la jeune alfombre ne les avaient guère repérés. Et pourtant, chaque ruelle était placée sous étroite surveillance.

           Pour ne rien arranger, le Perle d’Ambre semblait s’être volatilisé, lui aussi. Personne ne l’avait aperçu, personne ne savait ce qu’il était devenu. Personne ne savait quelle direction il avait emprunté, qu’il se soit dirigé vers Aërenta ou ait longé la côte toëllienne. Aucun navire n’avait croisé sa route, aucun port ne l’avait vu faire escale. Mais le confrère de Vanador excluait tout naufrage du vaisseau.

           « Cette hypothèse semble irréaliste », écrivait-il dans sa dernière missive. « Le Perle d’Ambre, bien que contrôlé par une bande de gamins inexpérimentés, est un vaisseau stable et léger, qui ne craint ni le vent, ni les vagues. Seuls un assaut ou une puissante tempête pourraient le couler. Quant aux récifs, étant situés près des côtes et au vu du jeune âge de l’équipage, il apparaît certain qu’ils ne quitteraient pas la zone d’impact. La carcasse du navire, le cas échant, serait visible de loin. Or, pour l’instant, nous n’avons trouvé aucune trace d’un quelconque bâtiment échoué le long des côtes. Il me paraît donc évident qu’il vogue toujours, quelque part, mais qu’il nous échappe encore. »

           Sa réponse ne satisfaisait pas du tout l’Ahal. Déjà, le fait qu’ils n’aient pas encore retrouvé le Perle d’Ambre constituait une belle preuve d’incapacité, car les gamins ne pouvaient exploiter toute sa vitesse, et auraient donc dû déjà retomber entre leurs mains. L’autre paramètre, que mentionnait son confrère sans s’y étaler, était l’intervention de possibles gêneurs, pirates ou humains, qui pouvaient très bien aborder le navire et le faire prisonnier. Ou l’envoyer par le fond, d’ailleurs.

           Cette situation, bien qu’il ne l’aurait avoué pour rien au monde, l’angoissait. Le temps commençait à jouer contre eux : plus le Perle d’Ambre restait introuvable, plus les chances qu’il tombe aux mains d’ennemis augmentaient. Et les probabilités que sa broche, toujours portée disparue, ne soit découverte par un groupe de voyous, décuplaient en même temps.

           Plus problématique pour lui, il ignorait lequel des deux groupes possédait le bijou. Il espérait presque qu’elle soit cachée quelque part en ville, entre les mains de gosses terrifiés et planqués au fond d’un trou moisi dans un recoin sombre où ils mourraient de faim. C’était le scénario le plus rassurant pour lui. Le plus rassurant, mais aussi le plus honteux. Après tout, les gamins avaient réussi à briser, d’une manière ou d’une autre, le sortilège qu’il avait lancé sur l’œuf. Il ne comprenait pas comment ils avaient pu se débrouiller. Khassendrah avait avancé l’hypothèse que quelqu’un d’autre, un mendiant affamé, l’ait découvert et transformé en repas. Vanador n’y croyait pas. Aucun gueux tenaillé par la faim n’aurait attendu cinq jours avant de dévorer un repas providentiel comme celui-ci. Cette explication lui paraissait trop simple. Il recherchait toujours quoi, mais il sentait que cette histoire cachait quelque chose de plus compliqué.

           L’Ahal ferma les yeux un court instant. Les dimensions que prenaient les évènements le rendaient presque fou. Une fois encore, la fourberie démoniaque des humains lui prouvait qu’aucune alliance viable n’était possible avec ce peuple. Personne ne pouvait leur faire confiance, puisqu’ils se montraient déjà capables d’envoûter n’importe qui dès leur plus jeune âge.

           Cependant, Raeni ne cessait d’attirer son attention telle une étincelle dans les ténèbres. Il devait admettre que, pour une bâtarde, elle possédait un fort caractère et une audace qui l’emmèneraient loin. Une grande carrière militaire, peut-être de mage, peut-être d’assassin, pouvait tout à fait lui convenir. Même souillée par le sang d’elfe de feu dans ses veines, elle pouvait trouver sa place auprès des thalëni.

           Plus il y réfléchissait, plus il pressentait que le contact perpétuel avec la corruption humaine l’avait affaiblie, au point qu’elle soit devenue un objet entre les mains du démon et des demi-démons. Une fois ceux-ci morts, et après une longue purge de son âme, elle comprendrait ses erreurs et accepterait de se repentir. Les plans farfelus qu’elle avait mis en place par le passé lui prouvaient qu’elle possédait une grande intelligence. Le digne héritage des alfombres, à coup sûr.

           Il en allait de même pour ses amis althëliens, du moins ceux décrits par Khassendrah. L’absence de l’humain à leurs côtés leur rendrait peut-être la vue, à moins qu’il n’ait apposé sur eux un contrôle si puissant qu’ils lui obéiraient à distance. Au vu de leur soudaine disparition et du jeune âge du monstre qui les tenait sous sa coupe, il espérait ne pas se tromper. Avec un peu de chance, il n’aurait pas besoin de faire couler leur sang, et donc risquer l’incident diplomatique, avant de retrouver sa précieuse broche.

           Il acheva de rédiger sa lettre et la cacheta avec soin. Par bonheur, il ne tarderait pas à éclaircir certains détails, qui le guideraient sans doute jusqu’au repaire des gamins, ou, mieux, jusqu’à eux. D’ici quelques heures tout au plus, un puissant allié arriverait. Avec son aide, il comptait bien mettre à genoux tous ceux qui se dresseraient en travers de son chemine.

           Il se leva pour s’approcher de la fenêtre, pensif. En contrebas, les enfants traversaient la cour de l’orphelinat au pas de course, comme effrayés à l’idée de rester dehors. Le regard des gardes posé sur eux devait contribuer à leur donner ce sentiment d’insécurité. Un bon moyen, aux yeux de l’alfombre, de les garder sous contrôle et de recadrer ceux qui auraient de potentielles envies de fugue.

           Une moue préoccupée étira ses lèvres. Depuis qu’il avait pris la tête du bâtiment plus ou moins par la force, il avait constaté une réelle amélioration dans le comportement des mioches. La plupart allait et venait dans le calme le plus complet, sous la surveillance de soldats postés à chaque porte ou presque. Il avait revu l’emploi du temps de ces monstres pour leur donner moins de temps libre et leur avait interdit toute sortie en ville. Malgré les gémissements de certains, il sentait qu’ils ne s’en portaient que mieux. Et quelques mois de ce traitement suffiraient à mater leur esprit rebelle, il en avait la certitude.

           Quelqu’un frappa alors à la porte. La poignée s’actionna dès qu’il invita son visiteur à entrer. Le capitaine Sindor apparut, accompagné d’un elfe de feu plutôt bien vêtu et au visage austère. De ses cheveux roux coupés courts pendaient deux mèches fines ornées de perles d’os peintes en vert. Bien qu’il soit incapable de se souvenir de son nom, Vanador reconnu l’une des personnalités les plus influentes de Khaëlentis. Un riche commerçant, ou quelque chose comme ça. Sa petite vie ennuyeuse à souhait ne l’intéressait guère.

—    Messieurs, les salua-t-il avec un signe de tête qu’il voulut le moins condescendant possible.

—    J’ai reçu votre lettre, expliqua l’elfe de feu sans se perdre en politesses. Je souhaitais entendre votre offre de vive voix et en discuter avec vous avant de prendre une quelconque décision au nom de mes concitoyens.

—    Prenez donc un siège. Capitaine Sindor, souhaitez-vous rester ?

—    Le résumé que Fënalion m’a fait de votre proposition me laisse penser que vous aurez sans doute besoin de moi pour régler quelques détails, déclara le capitaine.

—    Très bien.

Les trois hommes s’assirent autour du bureau, que Vanador dégagea en quelques instants. Il sortit un rouleau de papier et une plume d’un tiroir, ainsi qu’une carte de la cité portuaire.

—    Comme vous le savez sans doute, commença l’Ahal, Khaëlentis est envahie de coupe-jarrets, mendiants et voyous de la pire espèce, sans compter les esprits errants et les animaux sauvages qui rendent ses rues difficiles à sécuriser. Le fait qu’une grande partie des rues intérieures de la ville soient encore encombrées de ruines aggrave le problème en leur offrant de multiples cachettes où disparaître lorsque les forces de l’ordre s’approchent.

—    Si je puis me permettre, puissant Ahal, intervint Sindor, nous avons passé un accord avec certains des dirigeants de ces groupes de réfugiés. Ils occupent les zones laissées à l’abandon, mais les gèrent entre eux. Nous n’intervenons pas, mais, en échange, eux ne s’aventurent pas dans les quartiers intacts de la ville et bénéficient de la protection de ses murs au même titre que ses citoyens plus aisés.

—    C’est là que se trouve le cœur du problème, capitaine, siffla Vanador. Ces hors-la-loi que vous appelez réfugiés sont hors de contrôle. Ils vivent dans leur propre monde et je ne serais pas étonné qu’ils protègent également les voyous qui proviennent du port.

—    Et que comptez-vous faire ? demanda Fënalion, soupçonneux.

—    Il serait temps de faire un peu de ménage, annonça l’Ahal. Rebâtir ce qui a été détruit et chasser les criminels. Khaëlentis ne peut rester indéfiniment un champ de ruines dirigé par des bandits.

Un silence accueillit sa remarque. Les deux interlocuteurs de Vanador échangèrent un regard aussi sidéré qu’empli d’espoir.

—    Je suis prêt à financer les réparations, précisa-t-il, et envoyer quelques courriers à des connaissances qui seraient capables de vous envoyer la main d’œuvre nécessaire.

—    Ce ne sera pas ce qui nous manquera le plus, nuança Fënalion. Les plus démunis seraient sans doute ravis de toucher un salaire en échange de menus efforts, surtout s’ils peuvent, à terme, récupérer un logement. Le plus gros problème, ce sont les matériaux de construction. Nous n’avons que peu de bois dans la région en raison des incendies réguliers qui la ravagent. Il nous faudrait de la pierre.

—    Y aurait-il, quelque part hors de la ville, des champs de roche ou une quelconque plaine où nous pourrions creuser pour en récupérer le calcaire ?

—    Il faudrait sonder les terrains, mais nous n’avons aucun spécialiste ici…

—    Je peux me charger de vous en trouver, affirma l’Ahal. J’ai quelques contacts parmi les architectes thalëni qui pourraient me recommander quelques noms et nous venir en aide d’ici quelques semaines, deux mois tout au plus.

—    Deux mois ? s’exclama Fënalion. C’est…

—    Encore trop long s’il nous faut ensuite détruire pierre par pierre les ruines pour les remplacer par quelque chose de neuf. Cela dit, ce délai nous donnera le temps de trouver des volontaires et de faire le ménage parmi les délinquants qui traînent dans les quartiers insalubres.

—    Mais nous ne pouvons pas mettre ces gens à la porte, fit remarquer le capitaine. Certes, ils ne possèdent rien, mais les priver de notre protection leur assurerait une mort atroce dans les plaines, entre les griffes des créatures qui peuvent y rôder ou dans les flammes des incendies. Nous sommes en plein dans la saison des feux, puissant Ahal. La sécheresse de la terre est telle qu’il suffirait d’un simple rayon de lune sur une goutte d’eau pour embraser une plaine entière !

—    Nous ne réserverons ce traitement qu’aux criminels et à ceux qui refuseront de se mettre au travail, trancha Vanador d’un ton calme. Nous en chasserons quelques-uns pour l’exemple, puis nous laisserons les autres se décider. Ils devraient vite revenir à la raison. De plus…

Il marqua une pause délibérée de plusieurs secondes. Ses interlocuteurs attendaient, pendus à ses lèvres. Un sourire mesquin s’y dessina.

—    Les elfes de feu ne craignent pas le brasier. Ils ne risquent donc pas de finir brûlés, à la différence des autres peuples althëliens. Je n’aurai donc aucun scrupule à les exiler hors de la cité s’il le faut.

Fënalion se leva d’un bond, outré par l’audace de l’Ahal. L’expression de Sindor indiquait sa propre stupeur face à cette idée. Plus calme cependant que son confrère, il tenta de le raisonner, une main posée sur son bras pour l’inviter à se rasseoir.

—    Vous ne pouvez faire une telle chose, s’exclama l’elfe de feu. Toëlla nous appartient davantage qu’à n’importe quel autre peuple ! Vous n’avez pas le droit de nous chasser de nos propres villes !

—    Khaëlentis est depuis longtemps tombée aux mains des thalëni, siffla l’Ahal. Regardez par vous-même dans les rues : les elfes de feu ne sont plus qu’une minorité. Certes, certains se sont adaptés à un mode de vie plus sédentaire, mais la plupart ont déjà fui ou ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils furent par le passé. Il ne reste déjà d’eux qu’une écrasante majorité de sang-mêlés. Il suffit de voir quels groupes de gamins dominent, en nombre, dans cet orphelinat, pour avoir une idée de la population locale, surtout parmi les miséreux. Eux auront le plus de chances de survivre et de gagner d’autres villages, plus loin dans les terres ou le long de la côte.

—    Il n’empêche que ces miséreux, comme vous les appelez, ne possèdent ni armes, ni armures, intervint Sindor. Les forcer à l’exil reviendrait à les condamner à mourir entre les griffes des bêtes sauvages et des possibles esprits errants, dehors.

Il marqua une courte pause, le temps d’avaler sa salive, puis se leva. Bien qu’une certaine colère transparût dans ses yeux, il annonça d’une voix calme :

—    En tant que capitaine de la garde de cette ville, je ne peux autoriser l’expulsion de réfugiés ou d’habitants sous le simple prétexte qu’ils craignent moins la mort que d’autres. Des guerriers bien entraînés, peut-être. Mais de simples civils, malmenés par la guerre ? Ce serait du meurtre.

Vanador se leva à son tour, agacé par la tournure que prenait la discussion.

—    Avant toute chose, capitaine, sachez que je compte expulser en priorité les criminels. Et vous savez qu’ils sont nombreux dans les ruines.

—    Aucun d’eux n’est censé avoir commis de crime suffisant pour mériter un tel sort.

—    Alors nous commencerons par nettoyer les geôles et nous y enfermerons ceux qui le mériteraient !

—    Je persiste à penser qu’il ne s’agit pas d’une solution viable, sans parler du risque élevé de rébellion lorsqu’ils comprendront que nous avons trahi notre promesse de les protéger.

—    S’ils se rebellent, nous aurons une bonne raison de les jeter au-dehors des fortifications, s’entêta l’Ahal.

—    Avant de songer à exiler qui que ce soit, intervint Fënalion, nous pourrions commencer par recruter parmi eux des soldats supplémentaires ainsi que de la main d’œuvre pour l’exploitation de la future carrière et la reconstruction des bâtiments, non ? Nous aurons tout le temps de débattre du sort des récalcitrants plus tard. Et, pour ceux qui n’auront pas la possibilité de posséder une demeure en ville, nous leur offrirons, si cela vous convient, des terres hors des murs de Khaëlentis ou de quoi acheter des terrains ailleurs, avec une escorte pour les accompagner jusqu’à une autre cité.

—    Cela me convient, admit Sindor, le regard toujours rivé sur l’Ahal.

—    Je suppose que je n’ai pas le choix, grinça Vanador entre ses dents.

Il gagna la fenêtre pour se redonner une contenance.

—    Si cette option vous convient, je suis cependant prêt à céder pour le bien de cette ville, déclara-t-il après quelques secondes de silence.

—    Parfait, lâcha Sindor.

Vanador laissa un instant s’écouler avant de se tourner à nouveau vers ses interlocuteurs. Son visage avait retrouvé son impassibilité dédaigneuse habituelle.

—    Une dernière chose, déclara-t-il. J’ai fait appel à un nécromage, qui devrait arriver dans les prochains jours. Son aide nous sera utile pour retrouver le ou les esprits que contrôlait Raeni avant sa fuite, mais je compte également faire appel à ses services afin de renvoyer tous les non-morts dans les limbes d’où ils n’auraient jamais dû revenir.

—    Il s’agit là d’une occasion inespérée d’en finir avec les fantômes qui terrorisent certains quartiers, s’enthousiasma Fënalion. J’ai hâte de le voir à l’œuvre.

—    Je partage votre allégresse, confirma Sindor. Certains nous dérangent depuis trop longtemps dans notre travail. Je crois même me souvenir que certains voyous, surtout parmi les enfants, jouent de leur présence pour nous échapper. Un bon ménage permettra sans aucun doute de récupérer un meilleur contrôle des ruelles qu’ils terrifiaient.

—    Parfait, si nous sommes d’accord sur ce point, résuma Vanador. Je vous ferai prévenir, capitaine, lorsqu’il aura débarqué. Vous lui montrerez les esprits les plus perturbateurs et commencerez à lui expliquer la situation. En attendant, je compte sur vous pour répandre la nouvelle dans toute la ville que vous recrutez de nouveaux soldats. Une trentaine devrait suffire à maintenir l’ordre et compenser ceux qui sont en poste ici, je pense.

—    Je tablerais davantage sur une cinquantaine, si nous devons par la suite traquer les criminels dans tout Khaëlentis.

—    A votre convenance. Mais n’oubliez pas qu’il faudra les payer, par la suite…

—    Beaucoup se contenteront d’un repas chaud et d’un lit confortable, si cela peut leur permettre d’échapper à la rue. Nous verrons pour leur offrir un salaire dès que la ville se sera remise des cicatrices laissées par la guerre.

Son regard se tourna vers Fënalion.

—    Quant à vous, je vous demanderai de commencer à réunir des volontaires pour déblayer les décombres. Je vous laisse juger du nombre de personnes nécessaires pour avancer le plus possible avant l’arrivée d’un expert pour définir où creuser une carrière.

—    Très bien.

Vanador se rapprocha du bureau.

—    Notre entrevue peut prendre fin, messieurs. Nous nous reverrons à l’arrivée du nécromage.

Tous deux hochèrent la tête avant de se lever. Ils saluèrent l’Ahal, puis sortirent de la pièce. Une fois seul, l’alfombre se laissa aller à jurer entre ses dents en thalëni. Leurs cœurs étaient trop tendres. Khassendrah ne se trompait pas lorsqu’elle lui avait décrit les personnalités les plus influentes de la ville. Trop doux, trop passifs. Même Sindor le décevait, à préférer protéger la population dans son ensemble plutôt que de s’attirer le courroux des plus mal lotis, dont il pouvait se débarrasser, pour obtenir la sécurité des citoyens les plus importants. Pire, il ne comptait pas tout mettre en œuvre pour retrouver les sales gosses qui avaient pu dérober sa broche et ridiculiser la puissance thalëni toute entière.

Il se força cependant à se calmer. Bientôt, les alliés les plus puissants de la bâtarde tomberaient. Il pouvait bien attendre quelques jours de plus. Car ce jour-là, une fois qu’ils auraient fait parler les fantômes, plus rien ne l’empêcherait de remettre la main sur les gamins, connaître leurs plans… et leur cachette.

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