Conte : Le Miroir d'Essien

Il était une fois dans un petit village des jumeaux nommés Essien et Naya. Les deux frères et sœurs étaient comme inséparables. Et cela malgré le fait qu'ils aillaient tous les deux dans des écoles différentes. Tous les matins, Essien accompagnait sa sœur à son école puisque celle-ci se trouvait sur le chemin de la sienne. Cette séparation mettait fin à la figure de frère protecteur et intentionné que maintenait le jeune garçon. Il était le leader d'un groupe qui exerçait de la violence physique et psychique sur une de leur jeune camarade. 

Comme tous les élèves partageaient le même uniforme, il fallait aux agresseurs un autre moyen de créer des disparités au sein de la classe. Ils se moquaient à longueur de journée de la forme dont les cheveux de la jeune fille avaient été tressés. On lui crachait dessus, on lui glissait des chewing-gums, et on avait même essayé de lui les brûler. Pourtant, Essien qui était l'un de ses plus fervents détracteurs, n'avait pas toujours été de ce côté. Il fut d'abord l'un de ses protecteurs. Il désamorça l'une des premières tentatives d'agression du groupe à l'époque où elle était encore nouvelle dans l'école. Il profita de l'occasion pour se rapprocher de la jeune fille avec des intentions un peu farfelues, qu'elle refusa immédiatement tout en étant reconnaissante de son intervention. 

La haine qui jaillit de son cœur après ce rejet donna lieu à une suite d'humiliation. Durant les premiers mois, la victime se débattait avec ses meilleures armes, les larmes et les cris. C'est pourquoi tous furent assourdis par le silence qui sonna sa disparition. Le professeur trop absent pendant les débordements prit la résolution d'infliger de grosses sanctions. Chacun à leurs tours, les élèves qui étaient fiers dans le passé montraient à quel point ils étaient lâches. Un à un, ils pointèrent leurs doigts en direction d'Essien lorsqu'il fallut désigner un monstre. 

Furieux d'être accusé comme seul responsable, il fila chez lui la rage au ventre et aperçut sur le palier de sa maison ses parents. Ils pleuraient. Les yeux de sa petite sœur Naya qui le regardaient lui avec tendresse étaient méprisés par d'autres dans son école respective. La petite fille les avait extraits de ses orbites avant de se jeter dans le fleuve N'Zi.