Le retour de la Beïte : Chagon contre les Papillons de Nuit

Chapitre 1 : Le retour de la Beïte : Chagon contre les Papillons de Nuit

Chapitre final

587 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/05/2023 13:48

Le retour de la Beïte : Chagon contre les papillons de nuit


Dédié à OldGirlNoraArlani



Les légendes racontent que la Beïte était morte. Mais son esprit pourrait s'être réincarné, à moins que ses descendants n'eussent hérité de sa malice lépidoptérienne, et n'aient choisi une autre victime nocturne à importuner en mémoire de leur ancêtre...



Le mois de mai, quoi que fort pluvieux,

Apportait en montagne une douce chaleur.

Hier soir, un chagon, de fraîcheur envieux,

Ouvrit la fenêtre de son humble demeure.


Jusqu’au coeur de la nuit, perdue sur son ordi,

Elle laissa l’air entrer dans sa chambrette.

Derrière sa porte close, elle était au paradis,

Et fredonnait une mélodie guillerette.


Au-dehors, le vent chantait dans le sapin,

Taquinait de ses piques le torrent assoupi

Dont les soupirs parvenaient au chagon, assourdis,

Comme des querelles de vieux copains.


Quand minuit se fut bientôt enfui,

Le chagon fatigué voulut s’endormir.

Mais alors qu’elle cédait à l’appel de la nuit,

Une large tache au mur la fit frémir.


Une Beïte. Grise, menaçante, observatrice,

Pareille à un monstre flou et inquiétant.

Notre chagon, aux yeux incompétents,

Chaussa alors ses lunettes salvatrices.


La Beïte devint alors inoffensif papillon,

Apaisé par la quiétude de son repaire.

Mais le chagon fatigué, un rien tatillon,

Chassa cet importun un peu trop pépère.


Alors qu’elle fermait derrière lui la vitre de verre,

Il revint et s’y posa. Triste ? Provoquant, peut-être ?

Le chagon s’en retourna, pas peu fier,

De son domaine être redevenu le maître.


Mais voilà qu’une nouvelle ombre tâcha sa toile,

Ou, plutôt, son papier peint d’un bleu usé :

Un autre papillon, plus petit que le premier,

Qu’elle envoya lui aussi rejoindre les étoiles.


Mais ce n’était pas fini ! Sur le plafond, bien caché,

Un gros cousin espérait pouvoir s’y reposer.

Bien essayé ! Le chagon, un tantinet épuisé,

Finit tant bien que mal par l’en arracher.


Un dilemme se posa alors à notre chagon :

Dehors, la Beïte restait là à le narguer.

S’il libérait Cousin, à coup sûr elle rentrerait,

Détruisant l’ego de notre fier chaton-dragon.


Alors notre héroïne ouvrit la porte de son royaume,

Passa en terres neutres, où la chaleur l’étouffa,

Et, dans la moiteur de la salle de bains, elle libéra

Son petit Cousin, qu’elle espéra ravi de ce nouveau biome.


Rentrée chez elle, à deux doigts d’enfin se reposer,

Notre chagon remarqua un dernier intrus :

Un autre Papillon, sur son mur sagement posé.

Agacée, elle tenta d’attraper cet insecte malotru.


Mais le fourbe lépidoptère voleta loin d’elle,

Et, d’un rapide et léger battement d’ailes,

Se réfugia hors de sa portée,

Bien caché sous sa couche sacrée.


Notre pauvre chagon, l’esprit embrumé,

Abandonna l’idée de l’en extraire.

Silencieuse, par cette petite chasse fatiguée,

De son repos ne se laissa plus distraire.


Toute la nuit, cependant, Papillon l’embêta :

« Fritch fritch fritch », faisaient ses ailes contre le matelas.

Chagon endormi crut plusieurs fois entendre une araignée,

Mais ce n’était que Papillon qui son sommeil dédaignait.


Encore ce matin, quand le chagon se leva,

Papillon voletait sous son lit.

En retard, elle l’y laissa,

Espérant qu’il finisse par sortir vivre sa vie.

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