La roue de l'écriture (et plus si affinités)
Le calme est enfin revenu. Je suis réapparu sereinement sur le banc du piano du grand escalier. Je ne suis pas mécontent de retrouver Tchaikovsky, après avoir trop joué Songe d’automne. Les passagers dansent au-dessus des marches, aussi soulagés que moi d’avoir trouvé la paix. Ils flottent en ritournelle sur mes notes imaginaires, la musique transcende les frontières de la vie et de la mort. Les robes en linon de ses dames subliment l’aspect spectral de leurs silhouettes charnelles devenues souvenirs. La mousseline vaporeuse se mêle à l’écume. Mon métier est le plus beau du monde, il m’a permis d’admirer ce spectacle gracieux toute mon existence jusque dans l’au-delà. J’étais sceptique, mais père avait raison à propos de la communication avec les défunts.
- Théodore ?
Je me retourne pour voir Percy. Il m’adresse un sourire fantomatique, paisible.
- Il est temps d’y aller, mon ami.
Un pincement enserre le cœur que je n’ai plus.
- Une dernière valse, si tu le permets. Le temps ne compte plus.