La roue de l'écriture (et plus si affinités)
Un bruit imperceptible. Personne n'aurait pu l'entendre, sauf lui. Car ce son il le connait, il l'a mille fois provoqué.
Une seconde flèche se fiche dans le mortier friable face à lui. Aucune cible, un simple réflexe : riposter. Pas de son cette fois, son ouïe n'existe plus. Sa vue se trouble et il tombe à genoux sur la pierre humide. Tandis que sa chemise perforée se teinte d'un pourpre visqueux, le froid l’engourdit. À la fin, il ne restera que l'odorat, pour happer une ultime fois l'air nauséabond du cloaque de la mystérieuse cité qui sera son tombeau.
Mourir au champ d’honneur, tout guerrier sait quel destin l'attend. Trouver un adversaire digne de lui, l'affronter dans un duel à mort et inspirer quelques péans… Ce fantasme sordide, l'archer l’avait déjà eu. Mais ici point d'honneur, point de rival, point de fin épique.
Mourir seul.
Finalement, peut-être est-ce mieux ainsi, sans témoin de son destin pitoyable.
Faut-il être sot, pour se laisser avoir par une dalle piégée.