Douceurs de Décembre
À toi, petit Rémi
Finalement, étais-tu si petit que ça ? Certainement que non, mais jamais je ne pourrai me défaire de ce surnom. Puisque tu me souriais de toutes tes dents lorsque je t'appelais ainsi, j'ai tendance à penser que tu l'appréciais également, de ton côté.
Combien de temps cela fait-il, depuis la dernière fois que je t'ai vu ? Un petit bout de temps, très sûrement, mais comme le prouvent ces mots couchés sur le papier, je pense à toi et ne t'oublie pas. Je comprends totalement que tu aies dû t'en aller, mais je dois bien avouer que j'ai eu un petit pincement au cœur. C'était si brusque, bien trop soudain. Entre quelques rayons de soleil, j'avais comme l'impression que tu t'étais évaporé. Non pas que je m'attendais à des grands adieux, mais peut-être un petit signe de ta part... Toutefois, tu n'en as peut-être pas eu le temps.
Le destin d'un bonhomme de neige tel que toi, mon petit Rémi, est bien hasardeux. Parfois, le ciel s'habille d'élégants et cotonneux nuages qui partagent avec nous leur cargaison floconneuse. Alors, emplis d'une excitation sans pareille, certains tels que moi s'en vont récolter ces délicates et fragiles particules. Avec soin ou avec précipitation, elles sont agglomérées, rapidement réunies en une, puis deux voire trois boules. Nous profitons du présent de la météo pour vous offrir une âme, et ta naissance me réjouit tout comme ton existence me comble.
D'autres fois, il dévoile une clarté chaleureuse, une étendue bleutée, froide et pourtant si douce. Celle-ci est simultanément réparatrice et destructrice. Elle est capable de panser les cœurs, de soigner les maux, de soulager les pensées. Néanmoins, toute chose est relativement grise, n’est-ce pas ? Quand elle se présente, toi et tes amis sphériques déménagez.
Oui, bien sûr que nous en avions déjà parlé, nous l’avions évoqué tous les deux ! Mais, je le ressentais, j’avais besoin de te transmettre tout ça une nouvelle fois à travers cette lettre, à défaut de pouvoir en discuter avec toi une fois de plus. Tu as bouclé tes bagages en si peu de temps, apprécies-tu voyager léger ? Les bonhommes de neige sont de vrais globe-trotters, j’aurais beaucoup à apprendre de vous ! Mais moi, je préfère rester chez moi, à observer le ciel pleurer ses larmes glacées, à me questionner sur leurs formes si complexes, si variées. Je troque le sac à dos contre ma cheminée, même si je sais bien qu’elle ne fait pas partie de tes plus grands amis. Enfin, il se pourrait que si, après tout. Me voilà encore à faire des suppositions et à juger bêtement à partir de rien !
Oh, justement, tu devrais apprécier la cheminée, puisque tu m’avais confié que tu comptais partir pour l’Australie, quand le ciel dénué de nuages viendrait te reprendre tout comme il t’a créé. Je le reconnais, petit Rémi, tu as des goûts très prononcés. J’ai oublié de te demander les raisons qui te poussaient à désirer découvrir cet endroit particulier, l’esprit trop occupé à songer à toutes les destinations que tu avais déjà pu parcourir. Apprécies-tu le son du didjeridoo, es-tu intéressé par leurs dreamtime stories ? Ou bien, peut-être désires-tu découvrir la faune et la flore locale, te faire de nouveaux amis ? J’espère que ton niveau d’anglais est bon, mais prends garde, leur accent est très prononcé.
Si tu restes assez longtemps là-bas, j’espère que tu auras la chance de passer un Noël aux coutumes de l’Australie. Bien que je sois casanière, j’aime beaucoup me renseigner sur les habitudes du monde. Comme Noël a lieu, pour eux, au cœur des vacances d’été, n’oublie pas ta crème solaire ! Profite du bon temps à la plage, il se pourrait même que tu rencontres des amis à toi faits de sable ! Et surtout, ne passe pas à côté du Carols by Candlelight. C’est vraiment la tradition que tu dois graver dans ta mémoire !
Envoie-moi une carte postale de là-bas, tu connais l’adresse de mon cœur, elle ne changera jamais.
Joanne