Cœur sur Papier

Père, Mère,

Ondiaa,

Cela fait bien longtemps que nous n’avions pas échangé de nouvelles. J’ignore si vous vous portez bien, peut-être le saurai-je si vous décidez de répondre à cette missive. Cela me ferait plaisir.

J’ai conscience que nous nous sommes quittés dans une ambiance quelque peu conflictuelle. J’ai mes torts, j’aurai pu prendre le temps de mieux vous expliquer mes projets. Nous aurions pu tenter de nous comprendre, plutôt que de vouloir faire entendre nos arguments à l’autre en voulant parler plus fort. Je pense particulièrement à toi Ondiaa, si tu me lis, toi aussi tu as dû beaucoup souffrir de cette situation. N’oublie pas que ton grand frère pense souvent à toi et t’aime fort.

Vous savez, malgré tout, je ne regrette vraiment pas toutes ces années d’incompréhension entre nous. J’ai bien fait d’insister ces longs mois durant, finalement je n’y ai pas trouvé la mort comme vous ne cessiez de me le répéter, mais bien un lieu où je peux m’épanouir. Je sentais que ma place était ici, à l’académie de Fortdhiver, et j’ose vous espérer rassurés quand vous saurez que je ne me suis pas trompé. Je suis d’accord avec vous, je l’ai toujours été, il est si rare pour un Nordique de vouloir devenir mage… Mais je le sentais au fond de moi, et aujourd’hui je ne fais que progresser.

Mon mentor, Tolfdir, a noté l’évolution positive de mes performances, qui se révèlent chaque jour meilleures que la veille. C’est un brave homme, son aura mystique contraste tant avec son côté tête-en-l’air si comique ! Par les Neufs, je ne suis pas peu fier de mon travail, j’y mets du cœur, vous me connaissez !

Il est vrai que les sorts de destruction me plaisent particulièrement. J’ignore pourquoi, mais acquérir leur maîtrise m’est comme naturel. De loin, il m’arrive parfois d’observer Faralda s’entraîner, sa dextérité m’impressionne toujours. Une fois avoir lu le tome qui décrit un certain sortilège, je n’ai aucun mal à l’imaginer, à faire appel à tout mon corps et à ses ressources pour ensuite le lancer. Je m’entraîne moi aussi, bien sûr, mais pour les sorts de destruction, cela vient plus vite ! Les brasiers, les souffles glaciaux, les tempêtes de foudre, pensez-donc, je suis capable de créer tout cela depuis que je suis ici ! Même si je peux comprendre que tout ce que je vous raconte doit vous sembler bien vague et incompréhensible…

Malgré nos différends, nous sommes toujours une famille et vous me manquez. Nos sessions de pêche tous les quatre, les histoires que nous nous racontions avant de dormir avec Ondiaa… Je conserve tant de beaux souvenirs. Merci d’avoir pris soin de moi durant le temps que j’ai passé sous votre toit.

Aujourd’hui, je sais ce que je compte faire de ma vie. Je poursuivrai mon apprentissage jusqu’à ce qu’il ne me reste plus rien à apprendre, puis j’arpenterai les terres sauvages de Bordeciel pour en découvrir les paysages les plus merveilleux. Je continuerai de rendre des services à l’académie, bien sûr. Je veux être certain que mon savoir peut être utile à d’autres personnes. Pourquoi ne pas proposer mes services pour accompagner les voyageurs solitaires dans quelques périlleuses grottes ou autres sanctuaires abandonnés ? J’ai tant besoin de découvertes ! Je vous vois déjà vous mordant les doigts, m’imaginant dévoré par des ragnards, mon corps sans vie abandonné au fond d’un ruisseau.

Je vous en prie, croyez en moi. Peut-être entendrez-vous parler de moi un jour, en tant qu’éminent mage à la maîtrise parfaite des sorts de destruction ? Peut-être serai-je à mon tour un émérite professeur de l’académie de Fortdhiver, et que je pourrai redorer son image ?

Faites-moi confiance, prenez soin de vous.

J’espère de tout cœur que tout va bien pour vous, et que je recevrai une lettre de votre part.

Je vous embrasse,

                                                                                                                                                                     Onmund