Le rapport du jour n’est toujours pas positif…

Les soldats se succèdent et se ressemblent. « Capitaine Alev est introuvable ». « Capitaine Alev n’est pas dans cette zone ». « Capitaine Alev n’a pas répondu à nos messages ».

Cela fait combien de jours, maintenant, que j’entends la même mélodie encore et encore ?

Je me lève de mon trône, droite comme toujours.

-Je me rends dans mes appartements. J’affirme

-Bien sûr, Reine Fajro. Répond le garde devant moi

Les gardes s’inclinent sur mon passage. Ma longue trainée de lave me ralentit à peine, tant j’avance vite. Je ne veux pas rester ici plus longtemps.

Certes, ils ont besoin de leur reine.

Mais moi, j’ai besoin de ma fille.

J’arrive enfin dans mes appartements. Pour les séparer du reste du palais, il s’y trouve une coulée de lave impénétrable pour tous, sauf moi et ceux que j’invite. C’est moi-même qui l’ai installé, afin d’être plus tranquille.

J’entre sans hésiter, et laisse plusieurs étincelles s’échapper de mon souffle. Je m’effondre sur une roche en fusion. Cette pièce, formée à même la roche, est le seul endroit de toute cette capitale souterraine où je suis réellement tranquille.

Je respire longuement, et place une main sur mon visage. D’habitude, lorsque je rentre le soir, une petite voix m’appelle pour que je la rejoigne, que je dépose ma lourde couronne, et je m’entraine avec elle joyeusement.

Pas ce soir. Aucune voix n’est là, je suis parfaitement seule.

-… Alev…

Je tremble légèrement contre mon gré. Je ne dois pas faiblir, je dois rester forte, je suis leur reine, je dois être là, je dois leur montrer la voie, je dois…

Je me penche légèrement en avant, la lave de ma trainée coule, bien moins organisée et contrôlée. Je lève la tête, fixant une pierre devant moi.

Une petite gravure est visible dessus. Une minuscule flamme, tenue par la main par une silhouette de lave. Elle était si minuscule…

Je vois ce tout petit dessin et… Je ne peux pas m’en empêcher…

Je plaque mes mains sur mon visage, et commence à pleurer.

Des torrents de gouttes de laves tombent le sol, et refroidissent à son contact. Malgré la chaleur, ici, ces petits gouttes sont trop frêles pour tenir bien longtemps.

Je suis leur reine, je dois être forte, je ne dois pas pleurer, je dois être une figure puissante qui les amène à la guerre…

… Mais je ne voulais pas que ma fille disparaisse…

Je suis prête à tout assumer. La gemme est perdue alors que j’en avais la responsabilité. La vie de nombreuses flamme va s’éteindre, des soldats valeureux, des innocents, des jeunes, des anciens…

Le temps presse déjà. Le Feu n’a connu aucune naissance depuis des années après tout. Nombreux sont ceux qui se posent des questions, les jeunes flammes deviennent des puissants feux qui iront combattre sans avoir pu faire une descendance…

Si nous ne récupérons pas la gemme rapidement…

Il faut que je me redresse, que j’attrape ma lance et que je me batte. Pour mon peuple, pour mon royaume, pour le Feu. Je dois garder ce masque que je porte devant eux et ne pas le craqueler, ou tout sera perdu.

…

Mais je ne sais même pas ou se trouve ma fille…

Ma toute petite flamme… Alev… Elle est partie… Je sais qu’elle a rejoint Fey, elle ne peut pas être ailleurs mais…

Je n’ai même pas pu lui dire au revoir…

Je n’ai pas eu un mot, je n’ai pas eu une note, une trace dans la roche. Le matin, je me suis réveillée, j’ai embrassé son front pour lui dire bonjour…

Et le soir, elle était introuvable.

Combien de jour cela fait-il ? Je l’ignore. Le temps passe si vite, sous terre, et dorénavant il passe lentement, puisqu’elle n’est pas là.

Alev, ma si petite flamme… Ou es-tu… Comment puis-je me battre, si tu risques de te trouver de l’autre côté…

Je suis leur reine, je dois être forte, je dois prendre ma lance, affronter Avkor et reprendre notre gemme avant qu’il ne soit trop tard. J’ai choisi cette guerre, je dois en assumer les conséquences. Je savais qu’Alev n’était pas heureuse de cette situation, c’est de ma faute si je l’ai entrainée là-dedans… Et si elle a décidée de s’en échapper.

J’ai déjà ôter tant de vies, tant de feuilles de pousses et de fleurs. Tous les jours, ma petite flamme avait des visites d’esprits lui montrant Fey face à elle.

Alors qu’en réalité, la voir l’a convaincu que cette guerre insensée prendrait fin à ses côtés. Comment lui en vouloir, de plus croire en sa sœur qu’en une mère qui lui mens ?

Tout ce que je souhaite, c’est que ce conflit s’arrête. Peut être que lorsque toutes les forêts seront brûlées, tu sortiras de ta cachette.

Avkor, tu ne pourras pas m’échapper éternellement.

… Déesse Feuna, dans votre miséricorde ne me faites pas affronter ma Alev…

Mes larmes cessent enfin de couler, alors que je me redresse. Il faut que je cesse de pleurer, cela est parfaitement inutile.

Je n’ai pas assez de temps à perdre pour le passer à me lamenter… Bien que…

Je n’ai aucune envie de me battre.

Je voulais me battre pour Alev, pour mon peuple, et je dois le faire, je n’ai pas le choix. Mais Fey… Le désespoir dans son regard…

Fey, Avkor, ils sont mes amis. Ils sont même comme ma famille… Pourtant, pour la sécurité du Feu, je vais devoir les abattre. Comme je prie qu’ils me révèlent simplement où est la gemme… Mais s’ils l’ont pris, c’est forcément pour une bonne raison…

J’ai bien vu la gemme verdoyante sur le torse de Fey, mais alors pourquoi me l’ont-ils volé ! Si seulement, Avkor, tu ne l’avais pas dérobé…

Si seulement tu ne m’avais pas trahi…

Je me redresse, et donne un coup dans la roche. Je me battrais. Quoi qu’il arrive je me battrais. Je réglerai tout, je le jure…

-Reine Fajro ?

Je me retourne, fixant le rideau de lave. Je grimace un peu, qui veut déranger une reine dans ses moments de tranquillités ?

-Que voulez-vous.

-Quelqu’un souhaite vous voir.

-Je ne reçois pas de visite. Je rétorque

-Cette personne a un message important- Tente l’autre derrière le rideau

-Je ne veux pas la voir.

J’entends plusieurs murmures, puis le rideau de lave s’ouvre, sans même que je le contrôle. Personne n’est assez puissant pour le faire, mais je n’y fais même pas attention tant je me sens en colère.

Je serre les poings, des flammes apparaissant autour de moi.

-J’ai dit que je ne-

Cependant, la personne qui vient d’arriver… N’est pas n’importe qui. Lorsque je la reconnais, je sens ma lave se refroidir dans mon dos.

-Je détiens des informations qui peuvent t’être utile.

Je fais un pas en avant, les flammes autour de moi disparaissant. Je ne murmure qu’un prénom, incapable de dire autre chose sous la surprise :

-Väle.

Väle me sourit. Elle porte une cape d’eau boueuse, pour se cacher dans cet endroit de feu. Si la Grande Prêtresse Väle était vue me rendant visite, cela ferait jaser irrémédiablement.

-C’est un plaisir de te- Elle commence

-Je t’ai dis de ne pas revenir ici.

Je détourne la tête pour ne pas la regarder, croisant les bras.

-Qu’est ce que tu ne veux pas comprendre… Laisse-moi, Väle. Je n’ai pas le temps pour ça. Je t’ai dit que je ne voulais plus te voir, c’est terminé, tout est terminé.

-Fajro…

J’entends Väle soupirer, quelques gouttes tombant sur le sol. Cependant, elle ne baisse pas la tête.

-Je t’ai aussi dit que je n’allais pas t’abandonner.

Je me retourne, et sens deux mains froides sur mes joues. Elles baissent légèrement mon visage, permettant à la Grande Prêtresse de poser ses lèvres aquatiques sur les miennes.

Je reste figée un instant, avant de la serrer contre moi. Son visage froid contre le mien créé une sensation étrange, mes lèvres durcissent, mais Väle ne recule pas.

Au bout de plusieurs secondes, elle recule, me fixant avec ses yeux doux.

-Väle…

-Même si tu ne veux pas que je vienne, je le ferais toujours. Tu auras beau me repousser, je n’abandonnerai pas. Je ne te laisserais jamais, jamais tomber.

-…

Je baisse la tête.

-Väle… On ne peut pas continuer à se voir, pas comme ça.

-Je te dis, je-

-Ce n’est pas à propos de toi ! Tout n’est pas à propos de toi ! Je coupe

Je recule et lui tourne le dos.

-Je dois guider mon peuple à la guerre, c’est le seul espoir qu’il me reste, et toi tu… Tu veux qu’on fasse comme si de rien n’était.

-Fajro…

-Stop. Väle, stop. Je ne veux plus te voir ici. La situation est assez difficile comme ça… Je ne supporte pas de…

Je sais que Väle est au bord des larmes. Mais elle ne doit pas venir ici. Ça a été assez dur de la rejeter une première fois… Et maintenant…

Elle a toujours été têtue, déterminée mais têtue. Pourquoi suis-je étonnée ?

-Je ne suis pas venue que pour te voir.

Je me retourne lentement vers elle. Elle est droite, sérieuse, impassible. Une façade, je la connais trop bien.

-Alors pourquoi la Grande Prêtresse a-t-elle prit le risque de me rendre visite ?

-J’ai des espions d’une rivière qui ont repérés Alev.

J’ouvre d’immenses yeux et me jette sur elle, attrapant ses épaules.

-Ou est-elle ?!

-…

Je baisse la tête, réalisant mon hypocrisie.

-Pardonne moi Väle… Je suis… Je suis affreusement tendue, tu ne mérites pas-

-Ce n’est rien. Je ne te laisserais pas, quoi qu’il arrive.

Elle sourit tendrement, une main se plaçant sur ma joue.

-Ils sont au nord de la Capitale de l’Air. Alev est accompagnée de Fey, Kusiya, un soldat de l’Air et cet humain… Etian.

-Évidemment… Je m’en doutais déjà, pour être honnête.

Je soupire.

-Au moins elle n’est pas seule… Ma petite flamme… D’autres choses ?

-Elle va bien, elle ne semblait pas blessée d’après l’espion. Explique Väle

-Quel soulagement…

Je détourne la tête.

-Ou est ce qu’ils peuvent se rendre…

Une lumière s’illumine dans mon esprit.

-Avkor.

Je tourne la tête.

-Ils veulent le voir avant moi. J’affirme

-Comment peux tu en être aussi sûre ? Demande doucement Väle

-J’ai dit à Fey qu’Avkor était dans le secret. Elle va le voir pour tenter de savoir quoi.

Je me sens sourire.

-Elle est si maline… Mais…

Je serre les poings.

-Mais je ne peux pas la laisser faire, il me faut la gemme à tout prix.

-Fajro…

-Si seulement cet imbécile ne l’avait pas perdu ! S’il avait su se battre contre Avkor, rien de tout cela ne serait arrivé !

Je me retourne et frappe la roche.

-Si seulement il avait pu la garder ! Si seulement il avait pu faire son foutu boulot ! Si… Si…

-Fajro.

Väle dépose sa main sur mon épaule, avant de se caler contre moi. Elle reste silencieuse plusieurs secondes.

-Je ferais tout pour toi, tu le sais ?

Je ne répond rien, je respire pour ne plus frapper la roche.

-Je me fiche des sacrifices, s’il te faut une gemme, je t’en trouverais une. Je n’hésiterais pas à m’arracher ma propre gemme si tu en as besoin.

-Non !

Je me retourne immédiatement et attrape ses mains.

-Ne fais jamais cela. Jamais Väle tu m’entends ?! Jamais !

-Tu m’aimes encore alors…

Elle sourit, sa voix est douce comme le bruit des vagues, malgré la langue sèche qu’elle parle pour moi.

-Je suis si heureuse de l’entendre…

-Väle enfin…

-Cela me comble de joie.

Elle se niche dans mes bras. Je soupire, et la serre doucement.

-Lorsque tout sera terminé… Est-ce que tu me reviendras ?

Je sens sa douce gemme contre moi, et ferme les yeux.

-Si je parviens à m’en sortir, je te reviendrais.

Je sais que Väle sourit en me serrant contre elle. Je reste silencieuse, profitant juste d’elle contre moi.

Cela fait si longtemps… Que je ne l’ai pas vu… La dernière fois, je me souviens de sa peine…

Je ne veux plus la faire pleurer.

Cependant… Je dois toujours me battre. Aussi triste que cela me rende, je ne peux plus perdre de temps avec Väle. J’ai une mission, confiée par la déesse, je dois faire perturber mon peuple.

Que cela soit à travers le feu, les larmes, les morts, je suis prête à affronter ce qui m’attends. Amis, ennemis, ils n’ont plus aucune importance.

Je sauverai le Feu, quoi qu’il m’en coute.

***

FIN DES ELEMENTAIRES

***

Oui, vous avez bien lu.

Ainsi se termine…

Le premier tome des Elémentaires !

Je voulais garder la surprise jusqu’au bout, car oui, les Elémentaires comportera deux tomes ! Tout simplement car le document Word fait déjà presque 400 pages, et que croyez-moi, les aventures ne sont pas terminées ici !

Du coup, même si j’écris ce petit message de fin, je ne suis pas spécialement émue puisque ça va revenir très bientôt ! Mais il faut tout de même qu’on parle un peu…

Quelle aventure cette fic, hein ?

Je l’ai commencée il y a trois ans, et l’ai reprise 11 mois après, dans une pause… Absolument terrible. Il y a eu des hauts et des bas mais elle est là !

Les Elémentaires tome 1 est complètement terminé ! Enfin presque, puisque maintenant je vais devoir tout relire depuis le début si je veux le publier. Mais on en est pas là.

Cette fic, cette histoire, ces personnages, ils sont dans ma tête depuis si longtemps… Lorsque j’étais au collège, j’écrivais déjà sur des feuilles à petits carreaux les différents scénarios. Je parlais à mes amis -à qui je ne parle même plus aujourd’hui- de Fey, Etian, Alev, Kusiya et Szèl.

Me dire que « Les Elémentaires » sera écrite comme terminée sur le site, ça fait quand même un petit quelque chose, même si ce n’est pas la fin ^^

Pas d’inquiétude, je ne vous ferais pas attendre 11 mois. Ne vous attendez à rien pour février, puisque je m’occuperais d’un chapitre de ma fic « Un pour Quatre ». Ce sont des longs chapitres, donc je me laisse tout le mois pour m’en occuper.

Ensuite, durant le mois de mars, je vous ferais comme à mon habitude un petit teaser temporaire, jusqu’au prologue qui sortira 2 semaines après !

Aussi, je ne vous laisserais pas entièrement seule… Le forum est là pour ça, après tout ! Il y aura des petits updates de temps en temps, et pourquoi pas certaines traductions de phrases en Feu Eau Terre ou Air, qui sait :3

Avant de vous abandonner lâchement pendant au moins une semaine, je voulais sincèrement vous remercier, tous. Tous ceux qui lisent, tous ceux qui commentent, Ensorceulerisee, Trésor, Xinvek, et tous ceux qui ont lâchés cette fic à cause des 11 mois de pause, je vous remercie sincèrement d’être venus faire un petit tour sur Les Elémentaires.

Merci à tous d’avoir permis à cette histoire d’obtenir 63 commentaires, 19.K vues, et 14.K de téléchargements. C’est… Enorme, pour une fille qui écris dans sa chambre sur un PC portable.

Et je vous retrouve bientôt pour encore plus d’Elémentaires !

Moi, Etian, Fey, Kusiya, Alev et Szèl, on vous dit le plus sincèrement du monde…



MERCI !!!