Recueil de divagations
Dans ce texte, mes sources d’inspiration sont le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, Neverland de Timothée de Fombelle, ainsi que (même si c’est peut-être moins flagrant) Le soldat rose de Louis Chedid et Pierre-Dominique Burgaud et L’enfant et la rivière d’Henri Bosco.
Nous devions raconter notre retour sur un lieu marquant de notre enfance. Je me suis gardé la possibilité d’inventer un souvenir...
J’ignore quand mon enfance m’a quitté. Elle est partie doucement, sans que je m’en rende compte, et m’a laissé dans un monde décoloré. Alors que j’avais grandi, je me sentais étriqué dans cet univers vide et froid. Un jour, j’en eus assez et je décidais de partir. En quête de l’enfance.
J’ignorais par où commencer mes recherches, mais je savais que ma quête ne devait avoir ni logique ni plan, sans quoi elle n’aboutirait jamais. Elle devait être pure, candide et innocente. C’est pourquoi je me rendis dans le désert du Sahara.
Je le parcourais des jours durant, jusqu’à ce que mon cœur me dise que c’était là, là qu’un aviateur s’était écrasé il y a bien longtemps et avait rencontré un petit garçon aux cheveux d’or originaire de l’astéroïde B612. Je campais sur place, dans les étendues infinies de sable, mais nul Petit Prince ne vint. Avant de m’endormir, je regardais le ciel et il me sembla entendre rire les étoiles.
Lorsque je me réveillais le lendemain, je n’étais plus dans le désert, mais au bord d’une rivière. Je me redressais à moitié, écoutant le bruit de l’eau qui s’écoulait sans se presser mais sans jamais s’arrêter. Finalement, je me levais pour descendre le cours de la rivière, marchant tranquillement alors que le soleil montait dans le ciel. Alors que je me promenais, le paysage me semblait toujours plus familier. Dans l’après-midi, je crus entendre un rire porté par le vent. Je m’arrêtais, surpris : cette voix, je la connaissais !
Sans même m’en rendre compte, je me mis à courir. Je sautais par-dessus les talus, filant toujours vers l’avant. Tandis que je me précipitais, je réalisais que je connaissais cet endroit, cette rivière. Et alors que je venais de comprendre à qui appartenait ce rire, je stoppais net. J’étais arrivé à un coude de la rivière. Là, le pantalon retroussé à mi-mollet et les pieds dans l’eau, se trouvait un petit garçon. Il batifolait dans l’onde claire, provoquant des éclaboussures et riant aux éclats. J’avais retrouvé mon enfance, revenue sur son terrain de jeu favori.
Le garçon m’aperçut et me fit un grand sourire, avant de reprendre ses jeux. Je l’observais un long moment, cette vue m’apaisant doucement.
Finalement, je partis pour regagner le monde des grandes personnes qui, bien que trop petit, était ma véritable place. Je savais que l’enfant resterait à jouer dans la rivière pour toujours et que, si j’en ressentais le besoin, je pourrais revenir l’observer.