Suite de petits écrits

23/11/2020 : « Celui qui doute va quelque part » → Écrire un texte sur ces moments de doute soit à la première personne du singulier (mais qui n’est pas soi-même), soit à la troisième personne du singulier. Intégrer l’image d’une quelconque manière (pour moi, un homme fuyant un bombardement en portant un enfant).

Mauvais appartement

Excuse-moi. Ici n’était pas le bon choix. Nous aurions dû prendre l’autre appartement. Jamais tu n’aurais ouvert tes yeux aussi grands. Jamais le bruit ne t’aurait éveillée. Jamais mes bras t’auraient tirée de force de tes rêves. Mais il faut aller vite car je n’ai pas choisi le bon appartement.

Excuse-moi. Celui-ci était plus proche du centre. De ta future école. Il y avait un petit parc de jeux pas très loin. Tu aurais tellement pu t’amuser. L’autre appartement était pas mal aussi. Mais il aurait rallongé mon chemin pour aller au travail de dix minutes. J’aurais dû faire ce sacrifice.

Excuse-moi. Je n’aurais pas pu savoir que la bombe exploserait ici, ni même qu’elle exploserait. Mais je me cherche encore des excuses. La première erreur, c’était moi qui l’avais faite. Ce jour où mon frère nous avait dit de le rejoindre en campagne. « C’est trop calme » avais-je alors dit.

Excuse-moi. Mes oreilles ont mal. Elles sifflent. Qu’en est-il des tiennes ? Je regarde ton visage. Tu ne pleures pas, tu me fixes et j’essaie de paraître calme pour toi. Je cours sans trop savoir où aller. Nous n’avons plus de chez nous. Bientôt nous serons à la campagne.

Excuse-moi. Je ne ferais plus de mauvais choix. Je ne te réveillerais plus comme cela. Je tourne à droite. Et je le vois. Sa ceinture est reliée de fils. Il est trop tard. Ce choix sera mon dernier. Excuse-moi.