Enquêtes à Mytoss

Chapitre 7 : Déchiquetés #7

1303 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/04/2018 18:11

Il était 7 heures piles ce matin lorsque nos enquêteurs se dirigèrent vers la salle d'interrogatoire, où attendait patiemment Hank Krald. Il avait été trop tard hier, en fin d'après midi, lorsque Albert, Maria et Sam étaient arrivés au grenier de l'orphelinat. Les chirurgiens n'avaient pas réussi à replacer le cœur d'Ambellina et à refermer toutes les plaies. Mme Krald était déjà morte en arrivant à la clinique. Maintenant, c'était à son fils d'avouer ses torts et ses méfaits. Il attendait, menotté, dans la salle d' interrogatoire. Les micros placés devant lui étaient prêts à entendre et à enregistrer tous ses aveux. La caméra était prête à tout filmer. Il ne restait plus qu'à appuyer sur un bouton et tout serait lancé. Hank avouerait sûrement de lui même, et très vite. Même si ce n'était pas le cas, toutes les preuves concordaient. Il finirait de toute manière à la potence ou sur la chaise électrique. Les enquêteurs entrèrent dans la salle. Milton prit la parole en s'asseyant.


-Inspecteurs Milton, Ravel et Digg. 7 heures 02. Début de l'interrogatoire de Hank Krald.

-Vous savez pourquoi vous êtes ici Mr Krald, dit Ravel.

-Absolument, répondit l'accusé.

-Alors pourquoi ? continua l'enquêtrice.

-J'ai tué les pères Gordon et Jacques, ainsi que le juge Lynja et mère.

-Pourquoi ? dit Sam. Pourquoi les avoir tués ?

-J'avais tout découvert.

-Mais c'est qu'il avoue tout de son plein gré le p'tiot, dit Albert. On aura pas grand chose à faire. Et qu'est-ce que vous avez découvert mon p'tit ?

-Faites pas l'ignorant, continua Hank. Vous savez tout aussi bien que moi. Je vous ai vus fouiller la maison du juge. C'est moi qui ai mis le pot sur son bureau. C'était pour vous induire sur la bonne voie.

-Vous nous avez vus ? s'enquit Digg.

-J'étais dans un arbre lorsque vous avez découvert le corps. J'ai tout vu par la baie vitrée. Et vous, vous ne m'avez pas vu.

-Revenons à nos moutons, dit Maria.

-Vous dites donc avoir découvert ce que les pères Gordon et Jacques, ainsi que le juge Lynja et votre mère, Mme Krald, faisaient subir à ces enfants ?

-Oui.

-Comment l'avez vous découvert ?

-Petit, elle me tabassait, répondit l'accusé en posant les mains sur la table. Elle disait que j'étais trop curieux. Ça l'embêtait que je vienne mettre mon grain de sel dans toutes ses affaires. Elle me sortait de son bureau à coup de pieds au derrière. Elle me menaçait avec le fusil de père. N'est-il pas normal pour un enfant d'être curieux ? de vouloir voir le monde ? J'avais peur. J'étais terrifié. Je n'osais plus sortir de ma chambre à part pour les repas, où je restait assis sans parler à côté de mon père. Un jour, alors que mère était au marché, la curiosité me reprit. J'avais 14 ans, père était à la chasse, j'étais seul à la maison. Je me suis faufilé dans son bureau et j'ai cherché, fouillé de partout. J'ai finit par tomber sur des registres et des livres de formules. Je me souviendrais toujours de ce moment où la porte d'entrée claqua. Elle était de retour. Je suis sorti de son bureau en trombe, prenant tout de même soin de refermer la porte derrière moi, et retourna dans ma chambre.

-Et après, dit Ravel. Qu'est-ce que vous vous êtes dit en voyant les registres et les livres de formules ?

-Au début, pas grand chose. Les noms ne m'évoquaient rien et les formules non plus. Ce n'est que le soir venu, au dîner, que la réflexion commença. Maman et papa discutaient d'un orphelinat qui allait ouvrir. Je me rappela alors que les livres de formules expliquaient comment enlever le cœur d'un enfant et le conserver. Plus tard dans la soirée, Gordon, Jacques et Lynja étaient à la maison. Ils étaient dans le bureau avec mère et discutaient de l'orphelinat et d'une société cannibale qui devait être refondée. C'est là que j'eus tout compris. Je retournais vers ma chambre lorsque le parquet craqua. Je me mis à courir par peur, mais ma mère me vit par l'entre-bâillement de la porte. Elle ne dit rien et continua à parler avec les autres. Mais son regard m'avait tout dit. J'allais passer un très mauvais quart d'heure. Le lendemain père avait profité d'un dimanche ensoleillé pour retourner à la chasse. Mère me prit à part, entre quatre yeux. Elle me demanda en criant ce que j'avais entendu la veille. Je lui ai menti en lui disant que je n'avais rien entendu. Mais elle ne crut pas à mon mensonge. Elle commença à me taper en disant que je ne devait pas aller voir la police si je tenais à la vie.

-Comment vous en êtes vous sorti ? demanda Milton.

-Je savais que je n'aurais aucune chance. Après quelques coups, je me suis écroulé par terre. J'ai fait semblant d'être mort. Il faut croire qu'elle a cru à ce mensonge. Lorsqu'elle retourna à ses occupations, je partit. Je suis resté un moment caché, à épier.Je suis resté caché dans un arbre jusqu'à ce que la police s'en aille. Je ne sais pas ce qu'elle à dit à vos collègues de l'époque. J'étais dans les tribunes, quelques mois plus tard, lors de son jugement. Elle ne m'a même pas reconnu. La voir enchaînée comme elle l'était et comme je le suis maintenant me remplissait d'une joie indomptable. Mais lorsque le verdict est tombé, non-lieu pour manque de preuves, j'ai su que la justice ne ferait rien, que je devrais terminer moi même le travail. J'ai commencé à vivre sous les ponts, et c'est là que j'ai vu et reconnu le père Gordon. Je me suis mis à le suivre jusqu'à ses réunions avec le père Jacques. Un jour, ils ont tous deux pris la voiture. Je les ai suivis en courant. Croyez-moi, prendre la fuite face à un officier qui vous vire de votre squat, ça forge l'endurance. Ils sont allés jusqu'à la villa du juge Lynja, où ce dernier et ma mère les attendaient. Je me suis introduit dans leur réunion, écoutant à la porte de la cave. Il ne m'a pas fallut longtemps pour comprendre qu'ils recréaient leur organisation cannibale. Dès que j'ai su, je suis parti. Je suis retourné à la maison et j'ai fouillé dans le livre de formules que gardait ma mère. J'eu juste le temps qu'il fallait pour trouver toutes les informations que je voulais. Mon père me reconnut lorsque je sorti du bureau, mais il ne savait que dire. Il me laissa passer sans broncher. La dernière chose que je vit de lui fut son suicide lorsqu'il vit le livre ouvert sur le bureau de mère. Je mis au point mon plan pour les tuer. Je voulais qu'ils souffrent comme ils ont fait souffrir les enfants. Je les ai tous tués uns par uns, tout en m'assurant de garder le meilleur pour la fin, mère. Je devais ensuite aller me rendre à la police. Mais vous m'avez attrapé avant.

-Consignez tout ça par écrit, dit Milton en tendant en carnet et un stylo.


Les enquêteurs quittèrent la salle, laissant l'accusé faire ses aveux. Maria appuya sur le bouton. Les micros arrêtèrent d'enregistrer. La caméra arrêta de filmer. Ils n'avaient plus rien à faire. L'enquête était close. Un officier s'occuperait de remettre le meurtrier à la justice. Milton, Ravel et Digg se rendirent au Clff's Bar comme à leur habitude. A une seule différence près, il était midi, et non pas 19 heures.

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