Histoire de famille

Chapitre 1

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:34

Chapitre 1

Peter avait passé la journée plongé dans  de vieux dossiers. De son bureau il pouvait apercevoir son partenaire et ami qui n’avait pas levé le nez depuis des heures.

Neal et lui avaient vécu des moments difficiles ces dernières années mais ils avaient fini par trouver un terrain d’entente fait de compromis et de confiance. Peter était fier de ce que son consultant était devenu. Neal était un membre important de l’équipe et, personne, ne remettait ses compétences en question. Il était parfois difficile de savoir jusqu’à quel point on pouvait se fier à Neal mais, dans l’ensemble, il avait su faire les bons choix.

Peter regarda sa montre et il décida qu’il était largement temps de rentrer chez lui auprès de sa femme. En descendant les marches menant à la salle commune il regarda une fois de plus Neal qui leva les yeux en l’entendant arriver. Peter remarqua qu’il avait l’air épuisé. Ces dernières semaines avaient été difficiles pour toute l’équipe mais, sans doute, encore plus pour Neal. Il avait du faire face à un de ses anciens associés et, d’une certaine manière, il avait du le trahir afin de le faire condamner lui et ses acolytes.

 

-C’est l’heure de rentrer, Neal. On a bien mérité un weekend de repos.

Le regard du jeune homme assis devant lui s’illumina d’un sourire satisfait et il ne se fit pas prier pour se lever et suivre Peter vers les ascenseurs.

 

Lorsque les portes de l’ascenseur se refermèrent, Peter se tourna vers Neal. Le jeune homme avait calé son front contre la paroi à sa droite et Peter pouvait voir qu’il avait fermé les yeux.

 

-ça va, Neal ?

-Bien sûr, Peter. Juste un léger mal de tête qui ne m’a pas quitté de la journée.

-Tu aurais dû me le dire.

 

Un petit sourire narquois éclaira le visage de Neal et Peter sut, avant même que le jeune homme n’ouvre la bouche, qu’il allait avoir droit à une réponse sarcastique qu’appréciait tant son ami.

-Et tu m’aurais sans doute proposé un petit massage pour soulager la douleur ?

-N’exagérons pas. Mais tu n’es, quand même pas obligé de travailler lorsque tu ne te sens pas bien.

-Merci, Peter.

Cette fois, la réponse n’avait rien de moqueur. Les remerciements étaient sincères. Il était assez rare que Neal montre ses émotions et sans doute que la fatigue ni était pas rien.

 

-Quoi de prévu pour le weekend ?

-June m’a invité à un vernissage…Ne t’inquiète pas, je resterai dans le périmètre autorisé.

Peter fronça les sourcils. Neal avait toujours l’impression que Peter le soupçonnait de préparer un mauvais coup.

-Si Elisabeth et toi êtes libres, vous pouvez venir. Je suis certain qu’El apprécierait cet artiste. C’est un photographe Israélien. Il a beaucoup fait, dans son pays pour tenter de rapprocher les peuples autour de l’art.

 

Peter était sûr que sa femme aimerait beaucoup ce genre d’exposition. Il doutait, par contre, que ce soit réellement sa tasse de thé.

-Je lui en parlerai.

Neal savait que son collègue n’était pas un grand fan de ce genre de manifestation mais il savait aussi que Peter ferait n’importe quoi pour rendre El heureuse.

Neal sortit un stylo et un vieux papier de sa poche où il nota l’heure et le lieu du vernissage.

 

Lorsque les portes s’ouvrirent sur le rez-de-chaussée, Neal prit les devants.

-On se voit demain soir ?

Peter marmonna une réponse qui n’équivalait ni à un oui ni à un non.

-Tu veux que je te ramène ?

-Non, je vais marcher un peu. ça devrait soulager mon mal de tête.

-Ok, bonne soirée.

 

Peter regarda Neal s’éloigner, sa démarche un peu moins élastique qu’à son habitude. Il se dirigea ensuite vers le premier sous-sol où sa voiture l’attendait depuis le matin.

Il régla la radio avant de tourner la clé de contact. Puis poussa un profond soupir en réalisant qu’il était plus fatigué qu’il pensait.

Il sortit lentement du parking, prit la première à droite et se dirigea vers le pavillon qu’il habitait avec Elisabeth depuis plusieurs années.

Il sourit en pensant à la soirée qui l’attendait : un bon diner, puis un film. El s’endormirait probablement sur son épaule. Il adorait ces moments-là, simples et sincères. Des moments paisibles qui étaient pourtant assez rares.

 

Ses pensées revinrent vers l’artiste dont Neal lui avait parlé. Cette évocation avait faire remonter à la surface des souvenirs qu’il croyait pourtant avoir soigneusement enfoui. Il était aussi né en Israël, il aimait aussi la photo. Mais il avait disparu il y a 10 ans déjà.

Peter essuya une larme qui avait coulée, silencieuse, le long de sa joue.

Se souvenir de cet épisode de vie lui était toujours aussi pénible. Il n’en avait jamais vraiment parlé. EL était au courant mais il ne s’était jamais étendu sur ses événements avec elle.

Il stationna la voiture devant la maison et prit quelques secondes pour reprendre le contrôle de ses pensées et de ses émotions. Lorsqu’il ouvrit la porte, une douce lumière et une merveilleuse odeur l’accueillirent.

 

-Chérie, je suis rentré.

-Je suis dans la cuisine.

Peter sourit en entendant la voix claire et rassurante de la femme qu’il avait épousée il y a presque 10 ans. Il l’aimait toujours comme au premier jour.  Il s’approcha d’elle et passa ses bras autour de sa taille. L’embrassant dans le cou, il laissa son parfum l’apaiser.

 

-Ta journée au bureau s’est bien passée ?

-D’un ennui à mourir…Une tonne de paperasse à remplir et du mauvais café.

Un doux sourire accueillit sa réponse.

-Mon pauvre chéri. Je t’ai préparé un bon diner. ça sera bientôt prêt.

-Tu es une femme merveilleuse.

 

Peter alla s’asseoir à la table de la cuisine et regarda sa femme s’activer. En glissant la main dans sa poche, il sentit le papier que Neal lui avait donné.

-Neal nous a invité à un vernissage demain soir…un photographe…

-Oui, June m’en a parlé. C’est un ami à elle qu’elle a fait venir pour une exposition. Il est très connu dans son pays à la fois pour ses photos mais aussi pour son engagement auprès des jeunes.

 

Evidemment, il aurait dû se douter qu’Elisabeth avait déjà entendu parler de cette exposition.

-On pourra y faire un saut, si tu veux.

-Vraiment ? Ecoute, Peter, je sais que tu n’aimes pas trop ce genre de sortie. On peut aussi rester tranquille à la maison.

-Non. ça peut être intéressant et puis ça fait longtemps que je n’ai pas vu June.

 

Elisabeth s’approcha et déposa un baiser sur son front.

-Tu es un amour.

-Il t’a fallu du temps pour t’en rendre compte.

-Je l’ai toujours su.

Ses lèvres lui firent oublier tous les soucis et petits tracas de la journée. El avait toujours été son refuge, son bouclier contre toutes les difficultés de la vie.

 

Ils passèrent le reste de la soirée à parler de tout et de rien. El finit par s’endormir sur le canapé et Peter la souleva délicatement pour la porter dans leur chambre. Il s’endormit, lui aussi, rapidement.

La nuit fut peuplée de souvenirs, certains plus douloureux que d’autres. Peter renonça au sommeil alors que le jour n’était pas encore levé. Il descendit se faire un café.

El le rejoint une heure plus tard et le trouva perdu dans ses pensées, assis sur le canapé du salon.

 

-Tu es bien matinal.

-Je n’ai pas très bien dormi.

-Qu’est-ce qui ne va pas ?

-Je ne sais pas.

Elisabeth savait très bien que son mari ne lui disait pas toute la vérité. Elle s’assit à côté de lui et lui prit doucement la main. Peter soupira. Il savait ce que sa femme attendait et il savait aussi qu’elle ne laisserait pas tomber.

 

-C’est ce vernissage, ce soir.

-Tu n’as pas envie d’y aller à ce point-là. Je t’ai dit qu’on pouvait rester à la maison.

-Non, ce n’est pas ça. C’est juste que ça m’a fait penser à Ari…

-Oh, chéri…j’aurais du y penser.

 

El lui caressa doucement les cheveux.

-Je sais que c’est idiot. ça fait des années mais …

-Non, ce n’est pas idiot, chéri. Et si on réservait plutôt une table dans un bon restaurant pour une petite soirée en amoureux…

-Non, ça me fait plaisir d’aller à ce vernissage et puis, Neal va me rabattre les oreilles lundi avec cette expo. Autant que je sache de quoi ça parle.

-Tu es sûr ?

 

Peter lui offrit son plus beau sourire et l’embrassa doucement.

-Je prends ça pour un oui. Pancakes pour le petit déjeuner ?

-Avec plaisir.

El se leva et laissa Peter seul avec son café et ses pensées. Il ne pouvait s’empêcher de sentir une certaine appréhension à l’idée de faire la connaissance de ce jeune artiste. Si les choses avaient été différentes, si rien de tout ça n’était arrivé…

 

La douce odeur des pancakes le sortit de sa rêverie quelques minutes plus tard. Le reste de la journée se passa calmement puis l’heure vint de se partir rejoindre June et Neal. Les doutes assaillirent à nouveau Peter mais ils s’évanouirent lorsqu’il vit sa femme descendre les marches dans sa petite robe noire. El aimait la simplicité et ça lui allait merveilleusement bien.

 

-Tu es magnifique.

-Merci. Vous n’êtes pas mal non plus Agent Burke.

-Allons-y sinon nous allons être en retard.

Le trajet jusqu’à la galerie se fit en silence. Après avoir garé la voiture, Peter et Elisabeth se dirigèrent main dans la main vers la galerie. La façade était illuminée et de nombreuses personnes étaient déjà présentes. Peter repéra rapidement Neal au milieu de la foule. Elisabeth se dirigea vers un groupe de personne parmi lesquelles elle avait reconnu une amie à elle.

Peter la laissa pour s’avancer vers Neal. Assez bizarrement, le jeune homme n’était pas entouré d’une cour d’admirateurs en tout genre. Il était seul, en train de contempler une photo noire et blanc suspendue au mur.

 

-Bonsoir.

-Ah, Peter. Ravi de te voir ici.

-Tu connais El, elle adore ce genre de …

-Mondanités…

-J’allais dire bêtises mais mondanités c’est plus correcte.

-As-tu jeté un œil sur ces photos ?

-Nous venons juste d’arriver.

 

Neal posa une main sur l’épaule de Peter et le poussa légèrement de côté afin de lui montrer ce qu’il était en train d’admirer. Ce qui sautait aux yeux en premier sur cette image, c’était le sourire de cette petite fille, lumineux, espiègle…

Peter ne put s’empêcher de sourire en la regardant. Puis son regard se porta sur le reste de la photo : le mur de brique, les barbelés, l’amoncellement de détritus dans la rue, l’état de ses vêtements… Quel contraste saisissant, quelle force…

Peter eut du mal à détacher son regard de cette image. Lorsqu’il regarda Neal celui-ci souriait.

 

-Tu comprends mieux maintenant ?

-Je crois.

-Ces portraits sont bien plus que des photos. Bien plus que de l’art. C’est un témoignage.

-Tu as raison. Où est l’artiste ?

-Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr qu’il se montre ce soir.

-C’est un peu bizarre.

-June, qui le connaît bien, dit qu’il se montre très peu en publique. Il laisse ses photos parler pour lui. D’autres disent qu’il préfère se cacher parce qu’il a reçu des menaces. Son action en faveur du rapprochement avec la jeunesse Palestinienne n’est pas bien vue par tous.

 

Peter reporta son attention sur la photo face à lui.  EL les rejoignit alors que Peter s’était à nouveau perdu dans le regard de cette petite fille. El était accompagnée de June.

-Peter, je suis heureuse de vous voir ici.

-June. ces photos sont…

June sourit face à l’embarras de Peter. L’agent du FBI avait toujours eu du mal à mettre des mots sur ce qu’il ressentait mais June pouvait lire l’émotion dans son regard.

-Je suis bien d’accord avec vous, Peter. Les mots ne suffisent pas à décrire ce qui se dégage de ses photos. Ari est un grand artiste et avant toute chose c’est un homme bien.

 

-Ari ? Mais je croyais que son nom était Eliya ?

-C’est son nom de famille ou son nom d’artiste. Je ne sais pas vraiment. Je le connais depuis des années mais il reste toujours aussi mystérieux. Peu de gens peuvent dire qu’il le connaisse vraiment.

 

El pouvait voir que Peter était troublé. Après la discussion qu’ils avaient eu ce matin elle pouvait comprendre la réaction de son mari. Peter semblait chercher quelqu’un des yeux dans l’assemblée.

Il demanda soudain sur un ton pressant.

-Est-il là, ce soir ?

-Non, je doute même qu’il fasse une apparition. Il déteste la foule.

 

Peter semblait déçu et il laissa ses amis pour se diriger vers la sortie sans ajouter un mot. June et Neal se tournèrent vers Elisabeth à la recherche d’une réponse.

-Il a mal dormi la nuit dernière et je pense que ces photos l’ont plus touchées qu’il ne veut bien l’admettre.

June sembla se contenter de cette explication.

-Je comprends. J’ai été bouleversée aussi la première fois que j’ai vu son travail.

 

Neal, qui connaissait Peter presque aussi bien que sa propre femme ne crut pas un instant à cette explication et lorsque June les laissa pour aller s’entretenir avec d’autres invités, il se tourna à nouveau vers El.

-Alors, qu’est-ce qui le tracasse vraiment ?

-Neal, j’aimerais pouvoir te répondre mais tu vas devoir chercher cette réponse auprès de Peter. Il s’agit de quelque chose que je ne suis pas libre de partager avec toi.

-Là, tu commences à m’inquiéter.

-Je suis certaine que tu trouveras un moyen de le faire parler. Et il a besoin de déballer toute cette vieille histoire.

 

Neal n’eut pas besoin d’explication supplémentaire. Si un évènement avait perturbé Peter à ce point, ce devait être quelque chose de grave.

Le jeune homme marcha vers la sortie. De nombreuses personnes discutaient sur le trottoir, la salle d’exposition étant devenue trop petite pour contenir tous les invités.

Neal leva les yeux à la recherche de son ami et le vit assis sur un banc de l’autre côté de la rue. Il traversa rapidement et alla s’asseoir à côté de Peter qui ne sembla même pas remarquer sa présence.

 

-Si j’avais su que cette exposition te ferait autant d’effet, j’aurais demandé à Jones et Diana de se joindre à nous…

Neal avait voulu détendre un peu son ami en essayant d’être drôle mais, visiblement, Peter restait insensible à son humour. Il ne répondit pas mais lorsqu’il daigna enfin regarder son ami et collègue, Neal vit une tristesse qu’il n’avait jamais vu dans ses yeux.

 

-Peter, tu m’inquiètes. Qu’est-ce qui ne va pas ?

-C’est rien, Neal. J’avais juste besoin de prendre un peu l’air.

-La question est de savoir pourquoi tu avais besoin de prendre l’air.

Neal se rapprocha de Peter et posa une main sur son épaule.

-Peter, je sais qu’on n’a pas toujours été d’accord. On a vécu des moments compliqués et il t’est certainement encore difficiles de me faire confiance. Mais je te considère comme un véritable ami et je sens que quelque chose ne va pas. Tu sais que tu peux me parler…

-C’est une vieille histoire et il vaut mieux qu’elle reste dans les archives.

 

Peter tenta un sourire mais il ne pouvait effacer cette expression de profonde tristesse de son visage.

-ça a quelque chose à voir avec les photos ? Avec le photographe ?

-Neal, s’il te plaît, n’insiste pas.

 

Les deux hommes restèrent silencieux de longues minutes. Aucun des deux ne semblait vouloir prolonger la conversation. Neal passait en revue tout ce qu’il avait appris au sujet de Peter au cours de ces années passées à ses côtés et il ne pouvait voir aucun lien avec cette exposition.

Peter semblait toujours perdu dans ses pensées. Alors que Neal l’observait du coin de l’œil, il vit une larme couler le long de la joue de son ami. Qu’est-ce qui pouvait le mettre dans cet état ? Il avait vu Peter dans des moments particulièrement douloureux et jamais il n’avait parut aussi vulnérable.

 

-Peter, Je t’en prie, parle-moi.

-Je ne peux pas…Je ne veux pas en parler.

-Je ne suis pas un grand spécialiste des confidences mais il paraît que ça fait du bien de parler à un ami…

-Je ne saurais même pas par où commencer…

-Commence par me dire qui est Ari…

 

Peter jeta un regard interrogateur au jeune homme assis à ses côtés.

-Comment…?

-J’ai appris à observer…J’ai vu ton regard quand June a prononcé ce nom.

-Bien vu, Inspecteur Caffrey.

-Alors…qui est Ari ?

Peter prit une profonde inspiration comme s’il s’apprêtait à se jeter dans le vide et c’était un peu ce qu’il ressentait.  Il n’avait jamais parlé de cet épisode de sa vie avec qui que ce soit. Mais ce soir, il sentait que c’était le moment et il savait que Neal était la personne avec qui il avait envie de partager ça. Il ne lui restait plus qu’à trouver les mots.

 

-Mon Ari n’a rien à voir avec ce photographe…mais ils ont beaucoup de points communs. C’est pour ça que tous ces souvenirs reviennent…

Les premiers mots n’étaient pas très clairs mais Neal savait que son ami avait besoin d’un peu de temps pour clarifier ses idées. Il le laissa donc continuer sans l’interrompre.

 

-ça s’est passé il y a dix ans. On a retrouvé son corps dans le désert. Il avait été battu à mort. L’enquête a été classée sans suite…On n’a jamais su.

 

Neal était en plein brouillard et Peter était à nouveau perdu dans ses pensées. Un homme mort, un désert…Toute cette histoire semblait sordide.

-Peter, qui était-ce ?

 

Peter planta ses yeux embués de larmes dans ceux de Neal.

-Mon petit frère…

Une centaine de questions traversa alors l’esprit de Neal.

-Je ne savais pas que tu avais un frère.

-Un demi-frère, en fait.  Mes parents se sont séparés quelques temps quand j’avais 5 ans. Mon père est parti travailler à Tel Aviv pendant deux ans. Il est revenu aux Etats Unis pour une conférence et ils se sont revus. Ils ont passé du temps ensemble, ils ont pris le temps de parler et ils se sont rendus compte qu’ils avaient encore des sentiments l’un pour l’autre. Mon père est revenu vivre avec nous.

-C’est une belle histoire.

 

Le sourire de Peter était plus joyeux cette fois.

-Durant les deux années qu’a duré leur séparation, mon père a connu une autre femme. ça n’a pas vraiment marché entre eux mais un petit garçon était né de leur liaison. Mon père a été honnête avec maman. Il lui a dit qu’il voulait assumer son rôle de père et c’est comme ça qu’Ari est entré dans notre vie. J’avais six ans la première fois que je l’ai vu. Un petit bonhomme qui marchait à peine.

 

Neal imaginait bien avec quel sérieux et quelle tendresse Peter avait assumé son rôle de grand frère.

-Il passait toutes ces vacances avec nous. Son anniversaire était le jour de Noël et on faisait toujours une grande fête à la maison. Au fil des années on est devenus très proches.  J’aurais voulu qu’il vienne vivre avec nous mais il a toujours refusé. Je pense qu’il ne voulait pas laisser sa mère seule. Il adorait la photo aussi. Il avait l’œil pour capturer les émotions sur le vif. Il pouvait mettre en lumière un sentiment avec une image…Quand j’ai vu ces photos, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à lui…à ce qu’il aurait pu devenir.

 

Après une longue pause, Peter reprit son récit.

-On préparait la fête pour ses 18 ans. C’était le 22 décembre et son avion devait arriver le lendemain. Quand le téléphone a sonné chez mes parents, mon sang s’est glacé. Je ne sais pas comment j’ai su … Mon père a décroché, après quelques secondes sans rien dire il a pali. Il s’est assis sur le canapé et le téléphone lui a échappé des mains.

J’ai ramassé le combiné. La personne au bout du fil parlait toujours. Je ne comprenais pas de quoi cet homme me parlait. Quand je lui ai demandé de quoi il s’agissait, il s’est rendu compte qu’il avait changé d’interlocuteur et les mots qu’il a prononcés résonnent encore dans ma tête.

 

Neal prit la main de son ami dans la sienne l’encourageant à poursuivre.

-Il a dit « J’ai une terrible nouvelle a vous annoncé. Votre frère a été retrouvé mort ce matin. Il a apparemment été victime d’une violente agression. Des promeneurs l’ont découverts inanimé à la sortie de la ville. Les secours dépêchés sur place ont tout tenté mais les blessures étaient trop graves… »

 

Peter avait récité de mémoire les mots qu’il avait entendus 10 ans plus tôt. Les larmes coulaient maintenant librement sur ses joues sans qu’il cherche à les essuyer. Neal aurait aimé soulager son ami, le prendre dans ses bras mais il resta immobile, choqué par le malheur qui avait frappé son ami.

 

-Mon père ne s ‘en ai jamais vraiment remis. On s’est rendu sur place mais il avait déjà été enterré quand on est arrivé. On a essayé de parler au responsable de l’enquête mais ils avaient visiblement d’autres chats à fouetter. Ils nous ont servi une histoire de règlement de compte entre bandes rivales…S’il y a bien une chose dont je suis certain c’est qu’Ari ne trainait avec aucune bande. C’était un étudiant brillant. Il avait intégré l’université avec deux ans d’avance et il ne trempait pas dans des histoires louches.

 

On pouvait encore sentir la colère de Peter dans ces propos ce que Neal pouvait parfaitement comprendre.

-Je suis désolé, Peter. Je comprends mieux pourquoi cette exposition t’a autant troublé.

-Tu ne pouvais pas savoir.

-Je ne sais vraiment pas quoi dire. C’est horrible et je n’imagine même pas ce que ta famille et toi avez dû vivre après un tel drame.

-Ce qui fait le plus mal c’est de penser que celui ou ceux qui ont fait ça s’en sont sorti sans être inquiétés.

-Ils n’avaient vraiment aucune piste…?

-Ils en ont eu des dizaines. Toutes aussi aberrantes les unes que les autres. Après avoir parlé de gangs, ils ont évoqué la drogue puis ils ont dit qu’Ari faisait parti d’un mouvement d’extrême gauche et qu’il aurait organisé des ventes d’armes vers la Palestine. Une de ses ventes aurait mal tournée…Ils semblaient déterminés à inventer n’importe quoi pour salir sa mémoire.

 

Neal regarda attentivement son ami. Peter était en colère et triste mais un autre sentiment animait son regard. Neal avait déjà vu cette dureté, cette détermination.

-Tu sais qui a fait ça.

Ce n’était pas vraiment une question. Neal pouvait lire la réponse dans les yeux de Peter.

-Il m’appelait toutes les semaines. On était en contact régulièrement. S’il avait trempé dans des histoires louches je l’aurais su. Ari a toujours été très pudique. Il était presque impossible de lui faire mettre un maillot de bain, même en plein été, il portait souvent des manches longues. Il avait toujours été comme ça, alors ça nous paraissait normal. On pensait que ça faisait parti de sa personnalité.

Lors de sa dernière visite, je suis entré dans la salle de bains alors qu’il y était. Il avait oublié de fermer la porte à clé. Il portait seulement un short. J’ai alors vu ce qu’il essayait de cacher. Il avait un énorme hématome dans le dos. En m’approchant j’ai vu d’autres marques plus anciennes. Je lui ai demandé des qui lui avait fait ça.

 

Peter serra plus fort la main de son ami.

-J’étais très en colère et je me suis approché de lui un peu vite. Il a cru que j’allais le frapper. Neal, si tu avais vu la peur dans ses yeux. J’ai compris que ce n’était pas la première fois qu’il avait peur, pas la première fois qu’on lui faisait du mal. Pendant toutes ces années on n’avait rien vu ou rien voulu voir. Il avait toujours l’air si joyeux. Il m’a dit que son beau-père était parfois violent et il m’a fait promettre de rien dire à papa…J’ai promis…

 

Neal pouvait entendre la suite même si Peter ne prononça pas les mots qu’il avait en tête. S’il avait dit quelque chose, s’il avait dénoncé cet homme… Ari lui en aurait peut être voulu mais il serait toujours en vie.

-Tu penses que c’est son beau-père qui est responsable de sa mort ?

-J’en suis sûr. C’est un homme puissant et personne n’a osé le soupçonner. Mais je n’ai pas perdu espoir de le voir un jour derrière les barreaux d’une prison.

 

Peter se sentait très fatigué mais assez bizarrement soulagé. Il était heureux d’avoir pu partager sa douleur et sa colère avec Neal.

-Merci, Neal.

-De quoi ?

-D’être là, de m’avoir écouté. J’ai l’impression d’avoir honoré sa mémoire en racontant ce qu’il lui était arrivé.

-Comment était-il ?

-Il souriait tout le temps. Ce qu’on voyait en premier c’était ses yeux. Il avait hérité du regard bleu azur de sa maman. Des yeux qui brillait d’intelligence et de malice. A 7ans, il parlait déjà trois langues couramment. Il avait aussi une sensibilité et une âme d’artiste. Tu aurais du l’entendre jouer du violon.

-J’aurais aimé le connaître.

-Je suis sûr qu’il aurait beaucoup aimé te connaître aussi. C’était un passionné d’art…tu me fais beaucoup pensé à lui…

 

Peter s’interrompit comme s’il venait de dire tout haut une pensée qui venait juste de prendre forme.

-Je suis touché que tu penses ça Peter.

-C’est vrai Neal. Je pense qu’Ari et toi vous avez beaucoup de choses en commun. Je n’y avais pas vraiment pensé avant ce soir…

 

Après quelques secondes, Neal posa une main sur l’épaule de Peter.

-Et si on retournait à l’intérieur. Il risque de ne plus rester aucun petit four.

-Tu as raison et puis il commence à faire frais.

Les deux amis traversèrent ensemble le boulevard qui les séparait de l’entrée de la galerie. Il ne leur fallu pas longtemps pour repérer June et El qui discutaient avec un jeune homme.

El les aperçut la première et leur fit signe de les rejoindre. Elle embrassa tendrement son mari et déposa un léger baiser sur la joue de Neal en lui glissant un discret merci. On pouvait compter sur Elisabeth pour comprendre sans avoir besoin de mots.

June les accueillit avec un large sourire et une coupe de champagne.

 

-Laissez-moi vous présenter Ari.

June prit la main de Neal et les conduisit vers le jeune homme avec qui elles bavardaient quelques secondes auparavant.

-Ari, voici les amis dont je t’ai parlé : Neal et Peter. Peter est Agent au FBI et Neal travaille avec lui en tant que consultant.

Peter leva les yeux vers l’homme qui avançait vers eux et sa vue se troubla. Ce regard, il croyait ne plus jamais le revoir. Son cerveau avait beau lui dire que c’était impossible, son cœur, lui, voulait y croire.

Neal vit immédiatement que quelque chose n’allait pas chez son ami. Peter ne fit aucun mouvement pour serrer la main qu’Ari lui tendait.

 

-Peter, qu’est-ce qui ne va pas ?

La voix de Neal lui paraissait lointaine. Il savait qu’il devait dire quelque chose, faire quelque chose mais son corps refusait de répondre.

Neal quitta un instant des yeux son partenaire pour suivre la direction de son regard. Peter semblait hypnotisé par l’homme qui venait se présenter à eux. Neal lut de l’incompréhension et de l’inquiétude dans les yeux de l’artiste.

Peter ne répondait toujours pas à leurs sollicitations et ce n’est que lorsqu’Ari s’approcha et posa sa main sur le bras de Peter que celui-ci réagit.

 

-Quelque chose ne va pas ? June, il faudrait peut être appeler un médecin ?

-Non, je vais bien. Je m’excuse.

La voix de Peter sonnait faux mais tous furent soulagés de le voir réagir.

-Vous êtes sûr ? Vous me semblez très pâle.

Ari semblait réellement inquiet et Neal ne pouvait pas lui donner tort. Peter avait l’air au bord de l’évanouissement.

-Je vais vous cherche un verre d’eau et quelque chose à manger.

 

Ari s’éclipsa avant même d’avoir une réponse. Peter se tourna vers Neal et lui murmura

-Neal, c’est lui. J’en suis sûr.

-Peter, de quoi tu parles ?

-Ari, c’est lui. Je ne sais pas comment c’est possible, ni ce que ça veut dire mais cet homme est mon frère.

-Peter, voyons, tu viens de me raconter comment Ari, ton frère, avait été tué…Il ne peut pas être vivant, ici, ce soir.

 

Peter fouilla vivement dans ses poches à la recherche de son portefeuille. Il finit par se rappeler qu’il l’avait confié à Elisabeth. Il ne prit pas la peine de lui demander et fouilla lui même dans le minuscule sac que portait Elisabeth.

Il sembla trouver ce qu’il chercher et tendit à Neal ce qui ressemblait à une vieille photo. Sur cette photo on pouvait voir Peter et un jeune garçon qui ne pouvait être que Ari.

 

-C’est la dernière photo qu’on a pris, juste avant son départ.

Ari revint à ce moment là et Neal dut se ranger à l’avis de Peter et concéder que l’homme face à lui ressemblait énormément au jeune homme sur la photo.

L’artiste tendait à Peter une assiette copieusement garnie de petits fours.

-Tenez. Peut être que vous vous sentirez mieux après avoir mangé quelque chose.

 

Peter reprit la photo des mains de Neal. Sans un mot il la tendit à Ari. Neal ne savait pas ce que Peter pensait faire mais la réaction de l’artiste les déconcerta. Il sourit et rendit la photo à Peter sans un mot.

-Cette photo a été prise il y a environ 11 ans avant que tu repartes pour TelAviv. Je ne savais pas, ce jour-là que c’était la dernière fois que je te voyais…En tout cas, jusqu’à aujourd’hui.

 

Les quatre amis avaient les yeux rivés sur le jeune photographe qui ne semblait absolument pas comprendre de quoi parlait l’homme face à lui.

-Je suis désolé mais je ne vois pas de quoi vous parlez.

-Le jeune homme sur la photo…Tu ne le reconnais pas ?

 

Ari ne regarda même pas la photo que Peter  lui tendait à nouveau. Il secouait vivement la tête.

-Ecoutez, je ne sais pas qui sont les personnes sur cette photo et c’est la première fois que je vous rencontre. Maintenant, si vous permettez, il y a, ici, des personnes à qui je dois parler.

Ari posa l’assiette qu’il avait amené sur la table derrière lui, salua Neal et Elisabeth de la tête puis déposa un léger baiser sur la joue de June avant de tourner les talons.

Peter fit un pas vers lui mais la main de Neal sur son bras le retint d’aller plus loin.

Peter semblait perdu et le regard qu’il posa sur Neal faisait peine à voir. Elisabeth ne paraissait pas savoir, non plus, comment réagir face au comportement de son mari.

Ce fut June qui brisa le lourd silence qui s’était installé.

 

-Peter, je suis sûre que vous avez de bonnes raisons de faire ce que vous venez de faire mais j’aimerais comprendre. Le jeune homme qui vous venez d’interpeler est un ami et, même si je vous considère aussi comme un ami, je n’apprécie pas vraiment la manière dont vous lui avez parlé.

-Je suis désolé, June. Je ne voulais pas vous manquer de respect mais je pense que cet homme n’est pas celui qu’il prétend être…

 

Peter se tut lorsqu’il vit Ari revenir vers eux. Il semblait préoccupé et il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir parler. Son regard allait de Neal à Peter sans réussir à se fixer réellement. Son angoisse était visible.

-Est-ce que nous pourrions convenir d’un rendez-vous ? Je…Enfin, j’aimerais…

Peter resta immobile, June, voyant son jeune ami en difficulté, lui prit tendrement la main.

Neal réalisa qu’il était probablement le seul à comprendre ce qui était en train de se jouer et il sentit qu’il devait prendre les choses en mains. Il nota son adresse sur une serviette en papier et la tendit à Ari.

-Demain vers 10h ?

Ari se saisit de la serviette et hocha la tête. Il adressa un dernier regard à Peter avant de quitter la salle.

 

Neal s’approcha d’Elisabeth.

-Peut être devrais-tu rentrer pendant que Peter et moi allons marcher un peu.

Elisabeth savait que Peter parlerait plus facilement avec Neal. Elle sourit et remercia le jeune homme.

-Chéri, je vais rester un peu avec June puis je rentrerai avec la voiture.

Peter hocha la tête sans vraiment sembler l’entendre. Neal le poussa doucement vers la sortie.

 

Ce n’est qu’après plusieurs minutes de marche silencieuse que Peter sembla se détendre un peu. Ses épaules s’étaient relâchées et il avait enfin ralentit son pas.  Neal poussa un soupir de soulagement quand il put reprendre une marche normale.

-J’ai cru que tu allais courir comme ça jusqu’à ce qu’on arrive aux limites de la ville…

 

Peter sembla se rendre compte à ce moment-là de la présence de son ami à ses côtés.

-Tu te sens un peu mieux ?

-Comment pourrais-je me sentir mieux ? Je ne sais même pas comment je suis sensé me sentir ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Il ne semblait pas comprendre de quoi je lui parlais…Tu as vu toi-même la ressemblance…

 

Neal posa une main sur le bras de son ami pour le ralentir et le calmer un peu.

-Tu as raison. Il ressemble beaucoup au jeune garçon de la photo mais ça ne veut pas forcément dire que c’est lui…

-Neal, tu as vu ses yeux…et puis ses photos…

-Je suis d’accord Peter, ça fait beaucoup de coïncidences. Mais pourquoi cacher son identité et pourquoi avoir fait croire pendant 10 ans qu’il était mort ?

Peter s’arrêta pour réfléchir aux questions de son ami. Evidement, il ne pouvait trouver d’explication rationnelle à ce qu’il venait de vivre. Comment expliquer le « retour à la vie » de quelqu’un qu’il croyait mort depuis une décennie ?

Mais il était sûr d’une chose : cet homme était son frère Ari, le frère qu’il avait pleuré toutes ces années.

 

-Nous aurons peut-être des réponses demain.

-Demain ?

-Je lui ai donné rendez-vous chez moi à 10 heures. J’ai eu le sentiment qu’il avait autant de questions sans réponse que toi.

-Comment ça ?

-Il a d’abord nié farouchement pour ensuite revenir vers toi en disant que vous devriez peut être prendre le temps de parler. Il donnait l’impression de quelqu’un qui cherche aussi des réponses.

 

Neal vit que son partenaire ne suivait pas vraiment son raisonnement.

-Il te regardait avec insistance même avant que tu ne lui montres la photo. Comme quand tu croises quelqu’un que tu penses connaître et que tu n’arrives pas à te rappeler où tu la vue.

-Neal, c’est mon frère. On ne vivait pas tout le temps ensemble mais on était très proches. Comment pourrait-il ne pas me reconnaître ?

-Je ne sais pas Peter mais il peut y avoir plusieurs explications. Tu m’as parlé des hypothèses de la police : peut être a-t-il eu besoin de se cacher ?

-Un programme de protection de témoins?

 

Neal ne trouva rien à répondre aux interrogations de Peter. Il se posait lui-même beaucoup de questions. Si cet homme était vraiment le frère de son ami, pourquoi n’avait-il pas essayé de le contacter en 10 ans ? Pourquoi avait-il feint de ne pas reconnaître son propre frère ?

En quelques minutes, les deux amis se retrouvèrent devant la maison de June. Peter savait qu’il ne pourrait pas fermer l’œil de la nuit et lorsque Neal lui proposa de monter boire un verre, il accepta volontiers.

 

Lorsque Peter avait retrouvé Neal assis sur cette terrasse il y a deux ans alors qu’il l’avait laissé quelques heures auparavant dans un hôtel miteux, il avait essayé de se mettre en colère et de lui faire la morale. Mais aujourd’hui, il était doublement heureux de l’audace de son ami. La première raison était la vue imprenable et relaxante dont il avait bien besoin ce soir. La seconde et plus importante, était sa rencontre avec June qui allait peut être se trouver, involontairement, à l’origine d’un profond bouleversement dans sa vie.

 

-A quoi tu penses ?

La voix de Neal interrompit le cours de ses pensées.

-A ma réaction, la première fois que je t’ai vu sur cette terrasse, dans ce peignoir hors de prix en train de boire le meilleur café que j’ai pu savourer.

Neal ne put s’empêcher de rire en se souvenant de l’œil noir que Peter lui avait lancé ce matin-là. Il avait un moment cru que celui-ci allait se débarrasser de lui et le renvoyer dans sa cellule.

-Je me souviens avoir vu ta colère s’envoler quand tu as trempé tes lèvres dans le café de June.

Les deux amis rirent de bon cœur jusqu’à ce que Peter se prenne la tête à deux mains.  Neal posa une main sur le dos de son ami en sachant bien qu’il serait impuissant à réconforter l’homme assis à côté de lui.

 

-Il est tard, tu devrais essayer de dormir un peu.

-Je ne pense pas pouvoir ralentir suffisamment mon cerveau pour trouver le sommeil.

-Je me doutais un peu de la réponse… Alors je te propose un marathon Hitchcock en DVD ?

-Avec plaisir.

 

Les deux hommes s’installèrent devant l’écran et commencèrent par La Mort Aux Trousses. Il ne fallut pas attendre bien longtemps avant que Peter ne ferme les yeux.

Le manque de sommeil de la nuit précédent, une longue semaine de travail et les émotions de la soirée eurent raison de l’agent du FBI.

Neal se leva sans bruit et déposa une couverture sur la silhouette de son ami alors que celui-ci s’allongeait sur le canapé. Lorsqu’il éteignit la lumière, Neal se demanda une dernière fois s’ils auraient vraiment les réponses à toutes les questions que Peter se posait.

 

 

Entrez votre texte ici

Laisser un commentaire ?