Je suis une Légende
Après avoir passé le portail qui séparait le métro du monde extérieur, Maxime prit une lampe de poche qu'il scotcha sur le canon de son fusil et commença son exploration. L'endroit avait l'air tranquille. Trop tranquille. Au fur et à mesure qu'il progressait, Maxime sentit l'angoisse grimper en lui. Son cœur battait très fort et il commença à transpirer malgré la température relativement fraîche qui régnait. Il braqua son fusil dans tous les coins, ce n'était pas la première fois qu'il pénétrait dans un endroit abandonné, il l'avait déjà fait des centaines de fois quand il venait se ravitailler. Mais cette fois, il avait la certitude de ne pas être seul.
Alors qu'il avançait, il entendit soudain un bruit semblable à celui d'un rot qui serait sorti de quelqu'un ayant les cordes vocales enrouées. Maxime se plaqua alors contre un mur où se situait une ouverture à sa gauche. Il y jeta alors un coup d’œil et distingua dans l'ombre des formes humanoïdes qui se tenaient accroupies et fouillaient dans un tas d'ordures, elles poussaient des grognements et des gémissements très inquiétants qui confirmèrent les craintes de Maxime. « Ils » étaient là.
Maxime décida de ne pas rester là et poursuivit ses recherches. C'est alors qu'il entendit un gémissement qui lui était familier. Il se dirigea alors avec prudence vers la source du bruit et découvrit Canigou, caché sous un bureau. « Canigou, vieille canaille ! dit-il en essayant de parler le moins fort possible. Qu'est ce que tu foutais ? » Pour toute réponse, le chien sortit timidement de sa cachette et se mit à gémir. « Aller viens, on s'en va avant qu'ils nous aient... » Mais c'était trop tard. « Ils » l'avaient trouvé.
L'une des créatures se mit à rugir et Maxime tira par réflexe dans la tête. Il couru alors, suivi de Canigou vers un autre couloir qui menait vers l'entrée principale du métro. Les autres monstres furent alertés par la présence de cet intrus et se lancèrent à sa poursuite. Maxime courut le plus vite qu'il put, mais « ils » gagnaient de plus en plus de terrain. Heureusement, Maxime et Canigou réussirent à atteindre le portail, mais l'un des monstres bondit sur le jeune homme et ils furent éjectés hors du métro. Mais alors qu'ils se débattaient, la créature se mit à hurler de douleur et sa peau putride commença à fumer, comme si elle était en train de brûler. Elle tenta alors de retourner à l'intérieur du métro, mais elle s'écroula et agonisa. Maxime fut à la fois stupéfié et horrifié par ce qu'il venait de voir, tandis que les autres monstres se mirent à hurler une dernière fois avant de retourner dans les bas-fonds du métro. Maxime s'empressa alors de refermer le portail, une fois que la voie fut libre. Puis il contempla le cadavre. La créature était une laideur fascinante, on aurait dit un zombie sorti tout droit d'une de ses séries TV que les jeunes adoraient regarder à une certaine époque. Canigou s'approcha alors de son maître en haletant. « Tu peux pas foncer comme ça dans le noir espèce d'andouille, dit-il à son chien en lui tapotant la tête. »
Maxime observa alors la position du soleil dans le ciel et consulta son Pip-Boy : il était temps de partir. Il ramassa son sac, regarda la créature une dernière fois et s'en alla.
De retour chez lui, Maxime comme à son habitude nota sa récolte de la journée dans son registre et alluma le juke-box qui démarra The Times They Are A-Changin' de Bob Dylan. N'ayant pas trouvé de gros animal à chasser, Maxime et Canigou allaient devoir se contenter de conserves. C'est alors que Maxime vit le livre qu'il avait récupéré un peu plus tôt dans la journée. Il décida de s'y plonger afin de trouver des réponses à ses questions. Il alla dans le sommaire et regarda la catégorie « Créatures des Terres Désolées ». Il y avait des espèces de toutes sortes, certaines qu'il connaissait déjà, d'autres qui lui étaient inconnues. Finalement, il trouva la section qu'il l’intéressait et découvrit enfin quelles étaient les créatures qui venaient hanter les rues de Washington D.C toutes les nuits : des goules.
Maxime lut alors la description : « Les mécanismes de dégénération mentale d'une goule, aussi appelés dystrophie post-nécrotique féroce, sont encore mal comprises. On sait que cette dégénérescence est le résultat de l'atrophie des plus importantes fonctions cérébrales, accompagnée d'une augmentation de l'agressivité et de l'appétit. Les goules ne présentent aucune signature thermique corporelle et émettent des quantités mortelles de radiations. Cet état, proche de la mort, leur permet de vivre durant des siècles rien qu'en utilisant l'énergie fournie par les rayonnements, au détriment d'un aspect écorché. Toutefois, il est à noter que les rayons UV du soleil ont des effets néfastes sur leur organisme, provoquant la mort chez eux. » La lumière se fit alors dans la tête de Maxime. « Mais bien sûr ! » s'exclama t-il. La lumière solaire étant leur principal point faible, cela explique pourquoi ils ne sortent que la nuit, et aussi que la goule qui l'ait attaqué se soit brûlée en s'exposant au soleil. Et après des mois de survie, il n'avait même pas fait le rapprochement.
Satisfait de ces nouvelles découvertes, Maxime passa la soirée à lire le manuel en prenant son repas sous les yeux interrogateurs de Canigou. Puis vint l'heure d'aller se coucher. Maxime le savait car les goules recommencèrent à faire du bruit comme chaque nuit. Le jeune homme alla se déshabiller, se lava les dents et monta se coucher. Malgré les cris des goules, Maxime ne put s'empêcher de sourire. « Vous pouvez brailler autant que voulez, je sais maintenant quels sont vos points faibles. À présent, c'est moi votre pire cauchemar... » Sur ce, il ferma les yeux et s'endormit.