Fallout : Une graine à Vegas

Chapitre 1 : Une Graine à Vegas

Chapitre final

4741 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Cette fanfiction participe au Défi : Les pissenlits par la racine de mai-juin 2025 du forum fanfiction.fr


« Approchez ! Approchez ! Mesdames et Messieurs ! Venez gagner notre nouveau prix ! »


Un cri retentit du casino Gomorrah, cette immense tour entourée de deux silhouettes de femmes réalisant des poses érotiques encerclées de flammes qui illuminent toute la rue en pleine nuit.


Le Gomorrah-Hôtel est l’un des casinos les plus célèbres et les plus puissants du Strip à l’intérieur de New Vegas, dirigé par l’une des quatre grandes familles du paradis du Nevada et des terres désolées, pour beaucoup un symbole de renaissance humaine, pour d’autres un symbole de pouvoir écœurant.

Les « Sécuritrons », les robots gendarmes de New Vegas, entourent le casino, les hommes du Gomorrah laissent la foule entrer petit à petit dans le casino attirée par les cris de ce « prix spécial ». Une queue se forme devant le casino, une queue hétéroclite aux visages et odeurs différentes.

Parmi eux, les familles aisées du Strip, les maris, les femmes venues tenter leur chance, d’autres des soldats de la République de Nouvelle Californie en permission, des aventuriers, des propriétaires, des parieurs…

Puis parmi les plus pauvres, des pauvres sans capsules ni armes qui ont tout perdu pour payer le passeport exorbitant permettant d’entrer dans le Strip, mais pour eux mieux vaut être pauvre à Vegas que riche dans les terres désolées…

Et enfin un homme (ou une femme ?), fusil plasma accroché au dos, lunettes infrarouges sur les yeux et une armure de ranger customisée marchant vers le casino, impossible de voir le visage de celui-ci, seul transparaît ces yeux à travers ces lunettes. À New Vegas on ne l’appelle que par son métier.


« Le Courrier »


Pas un simple postier mais un mercenaire travaillant pour qui il veut et livrant des paquets à travers toutes les terres désolées en affrontant mille dangers, on dit qu’il a même travaillé pour Monsieur House le fondateur de New Vegas.

Lorsqu’il se met dans la file, les vêtements trempés de sueur, les murmures se font entendre...

« Il est en mission ? »

« Ça doit être un sacré prix ! »


Le Courrier avance prudemment dans la file, suivant respectueusement les autres clients…

Enfin après 30 minutes d’attente, il passe les grandes portes du casino quand il est pris à partie par l’un des hommes du bâtiment.

« Pas d’armes à l’intérieur du casino mon gars ! »

Il fixe l’homme à travers ces lunettes rouges et se contente d’acquiescer sans prononcer un mot, détachant son fusil à plasma sur le dos et le confiant à l’homme.

Il grommelle : « C’est bon, entrez. »


La salle des machines se dévoile sous les yeux du Courrier, des centaines de personnes mettent leurs capsules dans les machines à sous, des croupiers réalisent des parties de tarots, de poker et de « Caravane » (un jeu de cartes typique du Nevada).

Au fond, des prostitués proposent leurs services aux clients, certaines proposent des strip-tease, d’autres sont là pour « décorer » le casino.

Le nouvel arrivant achète des jetons près du caissier, 5 capsules pour 1 jeton.

« Un jeton ? » Le caissier le regarde incrédule. « Un seul ? Vous ne voulez pas en prendre plusieurs, ça vous évitera de perdre du temps... »

Le Courrier fait non de la tête et aligne les 5 capsules et le caissier les saisit à travers la grille puis pose le jeton sur la main gantée du Courrier.

« À dans une minute monsieur, madame, je m’en fiche, mais ne venez pas vous plaindre si on prend votre place dans la machine à sous ! »

La main serre le poing sur le jeton et l’arrivant se dirige sur le côté vers une machine à sous inoccupée, à côté se trouve une femme jouant frénétiquement et tapotant des mains, à gauche d’elle, un autre homme au chapeau melon à l’accent hispanique prononcé mais les bruits des machines et la musique diffusée dans le bâtiment empêchent de comprendre ce qu’il dit.


Le Courrier s’assoit sur la petite chaise en face de la machine à sous mal nettoyée empestant l’alcool et le tabac, il pousse un long soupir et regarde son jeton en face de lui, le tenant entre ses doigts…

Sa chance insolente va-t-elle encore faire effet ? Il insère le jeton dans la fente et il saisit fermement le levier de la machine qui réalise un bruit strident et mécanique.

Les images défilent…

« 7 ! »

Il joint les mains, celle-ci tremblant un peu.

« 7 ! »

Il inspire, et si…

« 7 ! »

La machine joue une musique de victoire qui interrompt immédiatement la musique dans la pièce, les regards se tournent tous vers ce petit coin du casino.

Une voix à travers les haut-parleurs retentit.


« MESDAMES ET MESSIEURS ! NOUS AVONS UN VAINQUEUR ! QUE CELUI-CI SE DIRIGE VERS LE CENTRE POUR RECEVOIR LE PRIX ! »

Le Courrier saisit le petit ticket vert distribué par la machine à la suite de sa victoire et il se lève, esquissant un sourire sans même s’apercevoir que tout le monde le fixe.

Il se dirige vers le centre de la pièce, traversant les machines à sous et les regards jaloux des personnes, il accélère légèrement le pas trahissant sa curiosité quant à ce prix.

Là l’attend une femme à robe blanche à rayures aux côtés de deux hommes armés jusqu’aux dents dévisageant le gagnant qui s’approche d’un pas pressé vers eux, la foule s’agglutine autour de la scène.

Tout le monde veut voir le prix.

Le gagnant tend son ticket à la femme, celle-ci ne laisse transparaître aucune expression en saisissant le ticket et tend à celui-ci un petit sachet de graines.


Des membres dans la foule commentent :

« Qu’est-ce que c’est ? »

« On dirait des graines... »

La femme parle d’une voix claire et sa voix résonne dans la salle.

« Félicitations ! Vous venez de gagner notre prix spécial ! L’une des choses les plus précieuses des terres désolées. Des graines de plante. »


Des protestations se font entendre dans la foule.

« Quoi des plantes ? On a dépensé des capsules pour ça ? »

« Il s’est fait arnaquer ! »

« Pas n’importe quelle plante. » La femme lève le doigt alors que le Courrier saisit le petit sachet avec délicatesse, dévisageant celui-ci.

« Il s’agit de Punga ! Ces plantes possèdent des propriétés précieuses, elles sont capables de nettoyer les radiations, peuvent soigner les blessures, et nécessitent peu d’eau pour pousser... »


La foule pousse des murmures et un groupe de soldats de la RNC se montre sceptique.

« Et ça ramène l’être aimé aussi ? »

« Laisse tomber, c’est un attrape-gogo ! »

Une femme crie : « Et d’où ils viennent vos Punga ? »

La femme fixe la foule avec un sourire narquois, d’un ton moqueur envers la foule :

« Ils viennent de la côte-Est, d’un endroit appelé Point Lookout au Maryland et le Gomorrah a le plaisir d’annoncer que bientôt le Strip bénéficiera de ces fruits extraordinaires ! »

La foule proteste.

« De la côte Est ! Mon œil ! »


Les hommes du Gomorrah se mettent autour de la femme et du Courrier pour empêcher la foule qui commence à taper des mains et des poings de colère, la plupart exigent le remboursement de leurs capsules.

Et le gagnant…


Le gagnant regarde le sachet, observant chacune des petites graines... Il en a déjà vu... Il y a fort-fort longtemps durant son jeune âge, à Point Lookout justement. Il écarquille les yeux, ce qui est visible même à travers les lunettes rouges.

« Et vous, monsieur, madame en doutez-vous ? » demande la femme qui s’en aperçoit.

Le Courrier glisse le sachet avec délicatesse dans sa poche et sa voix androgyne perce la pièce.

« Ce sont des vrais. »

La foule se calme, la femme continue son discours.

« Comme je le disais, New Vegas va bientôt être fourni de ce bien précieux et les plus chanceux d’entre vous pourront gagner ces plantes et leurs propriétés extraordinaires ! Grâce à eux les temps de sécheresse seront bientôt derrière nous et le Strip prouve encore une fois son génie ! »

La foule retourne vers les machines à sous sans faire plus attention aux paroles de la femme, ils sont visiblement déçus, la femme éclate de rire avec les deux hommes en désignant le Courrier :

« On n’aurait pas pu rêver de meilleure publicité ! »

L’un d’eux répond : « Mouais... Mais ces idiots de clients ne sont là que pour le fric ou le sexe. »


Celui-ci ne fait plus attention et se dirige vers la sortie, satisfait de sa curiosité récompensée mais il part avec une autre question en tête. « Comment ils ont pu avoir un bien si précieux ? Et combien en ont-ils si ils peuvent prétendre le mettre en loterie, voire d’ouvrir un marché ? Ils ont donc trouvé un fournisseur au delà la côte Est. »

Il regarde autour de lui si des mercenaires ou d’autres agents de casinos concurrents ne l’observent pas.

Pour avoir voyagé partout à travers les terres désolées, de la végétation aux fermes de différents villages ou même des campements militaires, il sait une chose.

Le Punga est bien plus précieux qu’un diamant et à la différence de celui-ci, il peut bâtir un village.



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« Ça va aller Lucie... »

Dans une tente miteuse, Grégory, le médecin du campement, applique une seringue sur l’épaule de Lucie, sa collègue. Il s’agit d’un « Stimpak » capable de guérir les blessures et les maladies les plus graves. Il l’applique délicatement sur sa collègue.

« AIE ! AIE ! »

« Ça va aller... »

Il termine d’administrer le Stimpak à Lucie quand celle-ci pousse un long soupir, une fois retiré.

« Je t’avais dit de ne pas y aller », gronde Gregory. « Ça grouille de fourmis géantes ! »

« Je ne pensais pas qu’elles seraient aussi nombreuses, je voulais juste étudier les œufs... »

Le médecin claque des doigts pour lui indiquer de sortir. « Oui bah ne me refais plus un coup comme ça ! »

La jeune femme sort du lit et, se tenant le bras droit, elle renifle l’odeur de sang et de médicaments qui parcourt la pièce. Il y fait une chaleur épouvantable, la météo étant de moins en moins clémente ces derniers temps…


Le médecin accompagne la jeune scientifique vers la sortie où se dévoile sous leurs yeux le soleil tapant, une dizaine de petites tentes servant de maison improvisées.

À gauche se trouvent les réserves de nourriture.

À droite se trouvait la petite ferme et l’élevage que la jeune communauté avait commencé à aménager.

Et puis un panneau posé à l’entrée avec écrit en peinture blanche :

« LibertySide, communauté gérée par les disciples de l’Apocalypse. »

Gregory pousse un soupir nostalgique, il se souvient quand il avait rejoint les Disciples de l’Apocalypse, cette association humanitaire qui cherche à préserver les connaissances et aider les gens d’où qu’ils viennent dans les terres désolées. Une partie de cette communauté traversait les routes et a décidé de fonder au sud de Vegas, en plein désert…

« LibertySide », une communauté autonome qui se voulait solidaire, loin de la guerre, loin de Vegas…

Lucie l’interrompt dans ses pensées : « Je vais aller me reposer. Une caravane de marchands devrait passer aujourd’hui, Mélanie compte sur toi. »

« Bien sûr », soupire-t-il.

C’est toujours lui qui négociait avec les marchands et organisait les stocks, cela faisait beaucoup mais c’était plus gratifiant que quand il était médecin militaire.

Jetant un œil en arrière, il décide de marcher à travers le camp…


Ici on aperçoit des femmes et des hommes faire de l’artisanat et réparer les armes.

Là on peut voir les fermiers et les fermières travailler.

De l’autre on peut voir les séances de lecture.

Chaque visage vient d’un lieu, d’un passé différent.


Il se dirige vers l’entrée où une femme monte la garde avec son berger allemand, l’odeur de viande de fourmi émane encore de ses babines.

« OUAF ! OUAF ! »

La femme caresse le chien. « Doucement Abraham ! Ce n’est que Grégory... »

Grégory sort la main de sa blouse et salue la femme. « Cassandra ! Tout va bien ? »

« Oui tout va bien. J’ai entendu dire que Lucie s’était blessée face aux fourmis ? » répond-elle avec sarcasme. « C’est quoi ? La troisième fois ? »

« Qu’est-ce que tu veux, je n’ai pas de solution à ça. Cela aurait pu être pire. »

« OUAF ! OUAF ! » Le chien se met soudain à sautiller et aboie en direction du désert et de la route craquelée.

Cassandra se met à crier : « Abraham, tu as vu quelqu’un ? »

Grégory regarde au loin et s’essuie le front, et c’est là qu’il l’aperçoit.

Au loin, des lunettes rouges transparaissent a travers le désert, une silhouette avec un fusil plasma.

Pas de doute.


C’est lui : le « Courrier ».


Celui-ci approche de la porte d’entrée, ce n’est pas la première fois que LibertySide rencontre celui-ci. Il y a un an, il était tombé par hasard sur le village et les avait aidés à tuer des Yao Guai (ces espèces d’ours géants) qui menaçaient le campement. Qu’est-ce qu’il peut bien faire ici ?

« Vas chercher Mélanie », indique Cassandra à Grégory, celui-ci s’exécute immédiatement, le Courrier n’est pas là par hasard.

Le Courrier justement aperçoit la petite porte d’entrée improvisée entourée de clôture en bois. Accablé par la chaleur, il a du mal à marcher correctement et aperçoit le chien qui jappe vers lui.

Il a marché longtemps pour arriver jusqu’ici, et il n’est pas mécontent d’être enfin arrivé. Il se pose devant la porte d’entrée alors que Cassandra pointe son fusil vers lui.

« Halte ! »


Le Courrier lève les mains, essoufflé.

« Que venez-vous faire ici ? » demande la sentinelle. Abraham en profite pour renifler l’arrivant qui ne bouge pas d’un pouce.

Il attend que le chien ait fini de l’inspecter puis répond de sa voix androgyne, essoufflée :

« Je viens... faire un don. »

Cassandra baisse son arme : « Un don ? De combien de capsules ? »

Le Courrier fait non de la tête. « C’est mieux que ça. »


Grégory revient accompagné de Mélanie, une femme âgée et cernée. Il s’agit de la « secrétaire » du village, celle qui gère les ressources de la communauté. Ils arrivent près de Cassandra et observent le Courrier levant les mains en l’air.

« Il dit faire un don », explique Cassandra.

« Un don ? » Grégory tente de regarder l’arrivant à travers ses lunettes rouges.

« C’est un ami, Cassandra, tu peux baisser ton arme, tu le sais bien », ordonne Mélanie, ferme.

Celle-ci s’exécute. « J’espère qu’il n’y a pas de pépin. »

Mélanie fait signe avec la main d’entrer, pendant que plusieurs personnes de la communauté regardent vers la porte.

Le visiteur avance, essoufflé, épuisé. Son masque est trempé par la sueur, chaque pas semble pénible et il traverse la petite clôture, regardant le panneau avec douceur.

Grégory commente : « Comment tu as fait pour nous retrouver, on ne s’est pas vu depuis 1 an ! »

L’arrivant pointe une petite machine à écran tactile, un petit ordinateur attaché à son poignet contenant une carte intégrée ainsi qu’une radio, son «Pip-Boy» .

« Évidemment », sourit le médecin. « Tu as marqué notre emplacement. »

Mélanie met la main sur l’épaule du Courrier. « Tu as l’air fatigué mon ami, viens te restaurer, j’ai du Nuka Cola. »


Le Courrier sourit même si personne ne peut le voir. Il sent l’odeur venant de la ferme et des cuisines, tout cela lui rappelle son abri natal…

Il en profite pour dépoussiérer son Pip-Boy et, accompagné de Grégory et de Mélanie, on le conduit au centre du campement, à la tente centrale.

Ses pas sont lourds, trahissant une fatigue constante, et il ne fait plus attention au regard qu’on lui porte.

Quand il entre dans la tente centrale, on le fait s’asseoir en face d’un bureau et d’un petit coffre marqué « don » et, bien sûr, l’ordinateur de la doyenne.

Grégory s’assoit à côté du Courrier pendant que Mélanie sort une petite bouteille de Nuka Cola avant de s’asseoir en face de l’arrivant, et elle pose ses doigts sur le clavier.

L’arrivant saisit la bouteille de sa main gantée et la décapsule d’un geste bref mais vif, puis relève une partie de son masque et commence à déguster ce liquide gazeux et sucré, le sourire jusqu’aux oreilles. Ce goût sucré qu’il n’avait pas goûté depuis si longtemps, un goût qui lui fait oublier la chaleur du camp.


Le médecin, toujours assis à côté de lui, ne peut plus retenir sa curiosité.

« Quel est ce don ? »

Le Courrier lève le doigt, indiquant qu’il veut terminer sa bouteille.

Mélanie a un ricanement. « Hey bien... »

« Heureusement qu’il ou elle ne boit pas d’alcool », plaisante Grégory. « Je n’en aurais plus pour mes médocs. »

Le Courrier pousse un long soupir de satisfaction, posant fermement la bouteille sur la table. Sans faire attendre ses interlocuteurs plus longtemps, il plonge sa main gantée dans sa poche avec une délicatesse surprenante.

Il espère qu’il n’a pas abîmé ce bien précieux. Et là, un petit bruit de plastique résonne dans la pièce et, comme un bien précieux, il sort le petit sachet de graines de Punga qu’il pose sur la table.

« C’est mon don. Je l’ai gagné au casino. »

Mélanie se penche et regarde les graines.

« Des plantes ? »

« Oui, du Punga. » confirme le Courrier.

Grégory hausse un sourcil. « Du Punga ?! Je croyais qu’il n’y en avait que sur la côte Est ! » Il avait déjà lu un livre sur les plantes du Maryland.

« Ils ont un fournisseur », confirme le Courrier, mais avec difficultés, comme si parler l’épuisait. « Je veux faire don de cette plante précieuse. Elle nécessite peu d’eau, elle soigne les radiations. Propriétés médicinales excellentes. Si bien poussée, elle donne même un arbre fruitier. Vous en avez besoin. »


Mélanie et Grégory se regardent avec étonnement. Celle-ci note le don sur l’ordinateur et saisit le petit sachet qu’elle met dans le coffre à don. Si les casinos de Vegas en proposent, c’est que cela est précieux.

« Qui t’envoie les livrer ? » demande-t-elle.

« Personne. C’est mon don. Pour vous. »

Grégory intervient : « Donc tu as fait tout ce chemin juste pour faire un don personnellement ? »

Le Courrier confirme en hochant la tête.

« Qu’est-ce qu’on peut faire pour te remercier ? » demande Mélanie avec gratitude. « Les routes sont dangereuses. »

Le Courrier pointe la bouteille de Nuka Cola. Ce qui fait rire ses interlocuteurs de bon cœur.

« Nos fermiers seront contents. Hé bien merci mon brave. Avec ça, peut-être que l’on pourra gagner plus d’autonomie. » conclut Mélanie. « Tu peux te reposer un peu ici si tu veux, je suis sûr que les membres de la communauté seraient ravis de te parler. »

« Si c’est bien bel et bien le même Punga que dans les livres, au bout de quelques années, on pourra dire adieu aux blessures et à la faim ! La chaleur sera moins pénible. Merci mon ami ! » clame le médecin avec gratitude


Le Courrier, à travers ces lunettes rouges, leur adresse un regard brillant. Pour une fois, il fait une action par lui-même, pas de livraison, pas de combat, juste une bonne action. Il fixe ces graines et imagine les fermes de LibertySide dans le futur, de magnifiques fruits, de beaux médicaments, de beaux arbres et un désert radioactif disparaissant petit à petit… Comme les oasis des livres, autre chose que Vegas.


Il se lève, regardant une dernière fois Mélanie dans les yeux, puis Grégory, et s’incline respectueusement avant de se diriger vers la sortie de la tente.

« Déjà ? » commente Grégory. « Tu es sûr que tu ne veux pas rester ? »

Mélanie insiste avec lui : « Après un cadeau pareil, tu ne veux même pas voir la ferme ? »

Le Courrier se contente d’une réponse simple qui laisse transparaître une pointe de tristesse.

« J’ai à faire. »


Il aurait aimé rester, mais le travail n’attend pas. Il doit retourner à Vegas, les livraisons n’attendront pas éternellement, mais il leur adresse un sourire de fierté, ravi d’avoir fait quelque chose d’utile.

Il sort délicatement de la tente et observe le campement. La chaleur s’est calmée et les fermes au loin attirent son attention. Un jour, des Punga pousseront.

Un jour, il y aura un oasis qui prendra racine au Nevada.

C’est du moins ce qu’il espère.

Et il aura participé à en semer les graines.




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La radio se met à grésiller à travers l’ordinateur métallique sur le poignet du Courrier, son fameux Pip-Boy, un vieux modèle qui date de son enfance dans l’abri…

Il a quitté LibertySide depuis une bonne heure maintenant et, par chance, il n’a croisé aucune créature dans les environs et a pu rejoindre le chemin goudronné qui devrait être moins dangereux, de quoi lui permettre d’allumer la radio afin de moins s’ennuyer pendant le voyage.

Il ajuste la petite molette de la machine pour trouver une fréquence précise, la radio de New Vegas qui passe ses chansons de jazz préférées.

CRIK ! CRIK !


La radio se met soudain à parler, ce qui arrache un sourire au Courrier.

« Hey ! Ici monsieur New Vegas pour la radio de ...New Vegas ! »

Le Courrier reprend la marche, buvant une gorgée d’eau pure et écoute avec attention les informations.

« La RNC a voté l’extension des colonies fermières dans le Nevada... »

Il continue de marcher en sifflotant un peu et aperçoit plusieurs cactus au loin.

« ANNONCE DE PREMIÈRE IMPORTANCE : Les 4 familles de New Vegas et Monsieur House annoncent détenir le marché des fruits Punga suite à un accord avec les marchands de la côte est. La nouvelle loi est claire : quiconque en dehors de Vegas détenant ces biens de manière illégale et les utilisant en dehors de Vegas sera sévèrement puni... »

Un petit jingle retentit et la voix masculine conclut :

« C’est tout pour les infos ! Et maintenant un peu de musique. »

Une petite musique de jazz retentit à travers la radio, accompagnant à merveille le paysage désertique et le goudron craquelé. Le Courrier en profite pour boire à nouveau.


Il tombe sur un bout de métal qu’il reconnaîtrait entre mille. Il se penche et s’agenouille pour le saisir entre ses doigts…

C’est un bout de Sécuritron, les robots gendarmes de Vegas, mais qu’est-ce qu’ils feraient si loin ? Mais cela arrive que House envoie ces gendarmes en mission.

Et continuant de marcher sur le goudron, ses pensées sont bercées par le jazz, mais néanmoins toujours intrigué par le bout de métal qu’il a trouvé, comme si un Sécuritron l’avait suivi…


Soudain.


Il s’arrête net et regarde en arrière…

La voix de la radio résonne dans sa tête : « Quiconque en dehors de Vegas... »

Il éteint sa radio et inspire, des nœuds serrant son ventre au point de lui faire mal, regardant son Pip-Boy…

Les fréquences, sa position…

ON A PU LE SUIVRE ?!

COMMENT A-T-IL PU ÊTRE AUSSI IMPRUDENT ?

Il se met à courir en arrière vers la position de LibertySide et il crie.

« NON ! NON ! »



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Le panneau de LibertySide est rempli de traces laser, les tentes continuent de brûler, les clôtures sont ravagées et détruites, et l’odeur de putréfaction remplit l’atmosphère. Les cadavres sont empilés partout au centre, hommes, femmes, vieillards, ça ne fait aucune différence.

Les fermes et les armureries ont été pillées, les impacts de combats et de balles ont laissé des traces partout dans cet océan de flammes dont la fumée commence à masquer peu à peu la putréfaction dans l’air.

Et peu à peu, des bruits de pas au loin, une silhouette courant de désespoir vers le camp qui, à la vue de la fumée, s’arrête…

Témoin de cette vision d’horreur.


Le Courrier aperçoit la fumée noire qui émane du camp, il aperçoit le cadavre d’Abraham étendu sur le sol. Pour la première fois depuis longtemps, il sent quelque chose d’humide sous ses yeux, quelque chose qui coule à travers ses lunettes infrarouges. Il franchit la clôture enjambant le cadavre de Cassandra, ne prenant pas le temps de regarder, dégainant son fusil à plasma à la recherche de survivants.

Il fonce vers la tente centrale de Mélanie qui s’est complètement effondrée sous le coup de tir de plasma, le corps de Mélanie et de Grégory dépassant et entassé avec plusieurs autres… Ils ont dû chercher à se réfugier, à se cacher des Sécuritrons.

Comment a-t-il pu être aussi imprudent ? Avec un bien aussi précieux, il aurait dû douter qu’on le suivrait à la trace. Il était peut-être même la cible principale…

Il ne prend pas le temps de regarder les corps et fouille le coffre décadenassé à côté de l’ordi endommagé, c’est dans ce coffre que les graines avaient été posées…

Rien…

Il n’y a plus rien, elles ont dû être prises.

Vegas ne perd jamais un marché.

Arrivé dans les fermes, les corps continuent de s’accumuler et le seul son que l’on entend est le crépitement des flammes qui ravagent le camp…

Les plantations ont été piétinées, l’eau asséchée.

Les corps ?

Jetés à l’eau…


Le Courrier a le souffle qui se coupe de plus en plus, incapable de se retenir.

Comment a-t-il pu être aussi naïf ?

Comment a-t-il pu être aussi incompétent ?

Il serre les poings.

S’il avait accepté la proposition de rester…

S’il était resté une heure…


UNE HEURE !


Il aurait pu les protéger, il aurait battu ces Sécuritrons. Mais non, il a préféré partir.

Et pourtant, il sait que Vegas piste, surtout les personnes de son métier.

Les Sécuritrons sont partis…

Trop tard…


Une erreur pareille, il ne l’aurait pas commise si on lui avait confié un diamant. La vigilance aurait été de mise. Il se met à sangloter à travers son masque au milieu des corps, dont les crépitements sont couverts par ses reniflements.

Pour une fois qu’il pouvait faire un don…

Les sanglots se font de plus en plus forts, la gorge nouée et l’air devenant de plus en plus difficile à respirer.

Il en est convaincu, c’est sa faute. S’il avait désactivé son Pip-Boy… S’il était resté…

C’est sa faute, il le sait.

Le Courrier traîne des pieds en sortant du camp, incapable de s’arrêter de sangloter. Il voulait les aider à semer la vie, mais dans les terres désolées, tout trésor est maudit et pour le vie, cela se paie très cher …


Mais lui, le Courrier, n’a jamais su semer que la guerre.



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