L'amour sous toutes ses formes.

Chapitre 6 : Cercle vicieux

Notre petit séjour aux sources d’eau chaude touchant à sa fin, nous reprenions la route vers Magnolia. Toujours dans le plus grand des silences, pour ma part du moins, à cause des nausées incessantes qui me procurait chaque voyage dans un moyen de transport. Quel qu’il soit d’ailleurs. Toutefois, cela n’affectant pas mes partenaires, ils discutaient joyeusement entre eux du plaisir de pouvoir se prélasser pendant des heures dans des sources d’eau chaude.

• Dommage que toutes nos missions ne se terminent pas par une nuit dans des sources d’eau chaude ! Déclarait joyeusement Ever.
• Oh que oui, répliquait Freid avec un grand sourire à mon attention.

Je ne répondais rien, mais ce genre de commentaire, devant nos camarades me mettais mal à l’aise. Très sincèrement, je ne sais pas s’ils sont au courant pour moi et lui… Je pense que oui, que Freid a dû leur en parler. Et cette pensée me met soudainement mal à l’aise. Que doivent-ils penser de moi ? Je dois… avoir baissé leur estime… Pourtant, ils ne montrent rien, et ne me dise jamais rien… Ils continuent tous de me suivre sans que je ne puisse comprendre pourquoi… Très franchement, parfois, je ne comprends pas pourquoi ils me suivent ainsi… Pourquoi ils m’admirent ainsi… Et parfois, je me dis aussi… que je n’aurais jamais dû revenir… Qu’ils auraient été mieux sans moi… Et c’est sur ces pensées négatives que nous arrivions enfin à destination.

Je sors rapidement du véhicule, et je dois dire que j’apprécie plus que tout pouvoir enfin retrouver la terre ferme et j’ai l’impression de respirer pour la première fois de ma vie. Une impression que j’ai à chaque fois que je sors d’un moyen de transport finalement. Puis, c’est délicatement que nous retournions jusqu’à la guilde pour enregistrer notre réussite auprès du maitre. Qui s’avère très content de notre popularité auprès de ce village qui semble de plus en plus nous apprécier. Puis, comme à notre habitude, on s’installe au bar et on commande des boissons à Mira. Toujours pleine d’entrain, elle nous demandait comme s’est déroulée notre mission. Et comme d’habitude, je laissais mes coéquipiers répondre à ma place.

Et tandis que l’ambiance retombe un peu, et que Ever partait rejoindre Elfman et que bixslow discutait avec Lisanna, Freid vient se coller à moi.

• Laxus, tu veux qu’on sorte boire un verre ce soir ? Pour fêter ça…
• Non. Répondis-je froidement et brièvement.
• Tu préfères qu’on se rejoigne chez toi ? Demanda-t-il avec malice.
• Certainement pas.
• Que… veux-tu ? Me dit-il visiblement perdu.
• Que tu me laisses tranquille. Dis-je en me redressant.
• Laxus, j’en ai marre ! S’énerva soudainement le mage aux runes.

Les larmes aux yeux, et les mains tremblantes, il n’osait même pas me regarder dans les yeux. Préférant essayer de contenir toute cette émotion négative que je lui inspire… Lui qui est toujours si joyeux, positif et attentionné… Je suis en train de le pousser dans ses retranchements. Mais alors que j’allais dire quelque chose, Mirajane s’approcha de nous et nous demanda :

• Tout va bien tous les deux ?
• Oui. Dis-je en tournant le dos à Freid et à la mage démoniaque.
• Ne part pas comme ça, me supplie soudainement Freid dont le ton a totalement changé.

En quelque sorte, il semble être passé de la colère à la supplication. Ou au désespoir, au choix. Dans tous les cas, je décide de ne pas le regarder. De ne pas rajouter quoique ce soit… Je… J’en ai tellement marre de cette situation…

Je quitte la guilde et je décide de ne pas retourner chez moi. Cela ne sert à rien, car je sais que Freid viendra dès que l’occasion se présentera. Et, cela ne ferait qu’aggraver les choses. Je n’assumerais jamais la relation que j’ai avec lui, et je ne ferais que de le faire souffrir… Je… ne mérite pas d’être heureux avec lui. Et pire encore, lui ne pourra jamais être heureux en ma compagnie. Ça, je commence seulement à le réaliser pleinement… Quoique je fasse, je retombe toujours dans mes vieux travers…

J’erre sans but dans les rues de la ville, la tête remplie par des pensées qui ne cessent de venir m’envahir l’esprit. Que faire ? Dois-je me mettre avec lui ? Dois-je le quitter définitivement ? Mais est-ce que j’arriverais à me séparer de lui ? Ou est-ce que je vais continuer ce petit jeu toxique auquel on s’adonne depuis plusieurs mois ? Je finis par me retrouver au parc de Magnolia sous le grand cerisier, et je décide de m’y assoir, car c’est un endroit paisible. Lorsque j’étais plus jeune, je venais souvent dans ce parc avec le vieux pour jouer. Et cet endroit m’a toujours rappelé de bons souvenirs.

• Vous avez toujours aimé venir ici lorsque vous vous sentez mal, déclare une voix dans mon dos.

Cette voix, je pourrais la reconnaitre entre mille.

• Freid, que fais-tu ici ? Demandais-je dans un long soupire.
• Je suis venu vous voir. Nous devons discuter Laxus…
• Que dire de plus que ce qu’y a déjà été dit ?
• Pourquoi vous refusez de vous mettre avec moi ? Je vous fais honte ? Me demande-t-il la voix tremblante.

Je ne peux m’empêcher de le regarder. Son regard empli de désespoir, la panique qu’il tente de dissimuler dans sa voix, ses gestes hésitants… Tout trahi chez lui le mal être qu’il ressent… Bon sang… Pourquoi… je… pourquoi je le fais souffrir ainsi ? Je l’aime… Tellement…

• Freid… Laisse-moi tranquille…
• Laxus, je t’en pire, parle-moi… Dis-moi ce qui se passe dans ton cœur… Dis-moi ce que tu ressens…
• Non… je refuse…
• De me parler ?
• Tout… Laisse-moi Freid… Je… ne peux plus te faire subir ça…
• Alors, ne me fait plus souffrir ! Tu as juste à suivre ton cœur Laxus ! Dit-il avec passion.
• Arrête ! Bon sang ! Pourquoi tu te comportes comme ça ?!
• Comment ? Me dit-il totalement perdu.
• Comme… un… je ne sais pas… M’emportais-je.
• Laxus, je n’ai rien fait de mal… Dit-il comme une excuse.
• Si ! Tu fais tout mal ! Pourquoi tu viens me courir après comme un petit toutou après tout ce que je te fais ? Pourquoi tu m’aime ?!
• Parce que… je… vous êtes toute ma vie… Dit-il en tentant de poser ses mains sur mon visage.
• NE M’APPROCHE PAS ! M’énervais-je tandis que la foudre vient s’abattre de façon incontrôlée entre nous. ARRETE ! ARRETE D’ETRE COMME ÇA !
• Mais Laxus, je ne peux pas faire autrement… je vous aime, je n’y peux rien…
• MAIS TU NE ME CONNAIS PAS ! Hurlais-je.
• Mais, je vous connais ! Je sais ce que vous aimez, ce que vous n’aimez pas…
• Non tu ne me connais pas ! Tu t’imagines des choses sur moi ! Toi, tout comme Ever et Bixslow ! Vous ne m’avez jamais aimé pour ce que je suis réellement !! Je ne suis pas celui que vous pensez !
• Alors laissez-moi découvrir la personne que vous êtes réellement, me dit-il d’une voix douce et rassurante.
• Je ne peux pas… Grognais-je.

Je ne peux pas… je ne peux pas… S’il découvre réellement… qui je suis au fonds de moi… il me rejettera… Personne ne peut aimer un individu pareil… Et… en réalité, je ne supporterais pas qu’il me rejette… Je… l’aime… Tellement…

• Laisse-moi tranquille…

Ne supportant plus cette conversation plus longtemps, je décide de partir. Mais c’est sans compter sur la détermination de Freid à l’idée d’avoir une réponse ce soir. Aussi, il me barre le chemin et me déclare avec une énergie nouvelle :

• Laxus ! Je veux des réponses ! Des vraies réponses ! Pas des mensonges !
• TU LES AS TES PUTAINS DE REPONSES ! QU’EST-CE QUE TU VEUX DIRE DE PLUS !
• Pourquoi vous êtes persuadés que je ne vous connais pas ?! Je vous connais depuis des années Laxus. Je vous suis partout, on discute ensemble tous les jours ! On a partagé des moments de joie, de tristesse… De désespoirs ! On s’est battu côté à côté, et on a risqué nos vies ensemble ! Je vous connais mieux que personne ! Et je vous connais même probablement mieux que vous-même !
• Non ! Tu ne connais rien !
• Si ! Je sais tout de vous, toutes vos petites habitudes ! Comme le matin, vous…
• Mais cela ne… fous-moi LA PAIX !
• Non ! Je refuse qu’on continue à tourner en rond dans notre relation ! Que cela continue comme ça !
• TU AS RAISON ! ÇA NE PEUT PAS CONTINUER COMME ÇA ! JE TE QUITTE ! DEFINITIVEMENT ! C’EST TERMINE ! JE TE BANNIS DES RAJINS ! M’époumonais-je.
• Vous ne pouvez pas ! S’effondra le mage aux runes.
• Si ! J’en peux plus de te voir tous les jours en train de chialer ! Je veux juste que tu dégages de ma vie !
• Laxus… S’exclama-t-il en sanglot.

Mais je ne répondis rien, et je quittais le parc sur le champ. Bon sang… C’est de pire en pire… il faut que j’arrête ça… Je ne peux pas le laisser souffrir ainsi… Je ne peux pas retrouver vers lui à chaque fois qu’il se met à pleurer… Car là, je n’ai qu’une envie… C’est de retourner le voir pour le consoler et faire en sorte qu’il arrête de pleurer. Mais ce ne serait pas une bonne chose, car je ne ferais que le faire souffrir un peu plus en fin de compte. Je dois arrêter cette relation néfaste. Coûte que coûte. Et permettre à Freid de se trouver quelqu’un de bien. Quelqu’un qui l’aimeras, qui prendra soit de lui. Qui le fera passer avant tout. Et je sais que cela ne sera pas moi…

C’est toujours aussi furieux que je regagne mon domicile, et que je décide qu’il est grand temps pour moi de partir m’isoler. Aussi, j’empaquette mes affaires, et après un crochet à la guilde pour récupérer une mission, je pars vers la gare. J’ai choisi la plus loin et la plus difficile possible, histoire de pouvoir m’éloigner le plus longtemps possible. Cela me permettra de faire le point sur notre relation… Ce que je veux… Ce que je vais faire… Et surtout de réfléchir au meilleur moyen de pouvoir mettre un terme à tout ça sans trop souffrir. Mais alors que je suis sur le quai de la gare, le maitre, mon grand-père vient s’installer à mes côtés sur le banc face aux railles. Sans rien dire, il sort sa pipe et commence à fumer en silence à mes côtés.

• Qu’est-ce qu’y il y a grand père ? finis-je par lâcher.
• Dis-moi Laxus, qu’es-tu en train de faire ? Me demande-t-il.
• Je pars en mission. Lâchais-je.
• Je vois. Répliquait Makarof toujours sans me regarder. Sans ton équipe ?
• Que veux-tu ? Je ne suis pas d’humeur à jouer ce soir.
• Moi non plus. Répondit-il froidement avant de me demander : Pourquoi traites-tu Freid avec tant de dureté ?
• Pardon ? Comment tu sais… Dis-je abasourdi

Comment peut-il savoir ce qu’il se passe avec Freid ? Qui lui a dit ? Freid ? Bixslow ? Ever ? Mira ?

• Comment je le sais ? Est-ce vraiment important comme question ? Me demande-t-il en tournant le regard vers moi.
• Non. Avouais-je.

Dans le fonds, peu importe comment il le sait…

• Es-tu sincère avec lui ? Me questionnait-il avec une forme de dureté.
• Cela ne peut pas être sérieux, grand-père. Soupire-je sans avoir la force de le regarder.
• Pourquoi cela ? Enchaine-t-il.
• Je… Franchement… Il mérite mieux que moi…
• Tu ne penses pas que c’est à lui de choisir avec qui il veut être ?
• Il ne sait pas…
• Ce qu’il veut ? Tentait-il devant le silence dans lequel je suis en train de me murer.
• Je ne pourrais jamais le rendre heureux… Avouais-je à haute voix pour la première fois de ma vie.
• Ne dit pas de bêtise, en amour, le bonheur se construit avec la personne qui fait battre notre cœur. Dit sagement mon maitre.
• Pas avec un Drayer…
• Que veux-tu dire par là ?
• Nous n’avons jamais été… le genre de personne… capable d’être en couple… et de rendre heureux la personne… qu’on aime…
• Ne dit pas ça, Laxus.
• C’est la vérité… Et tu es mal placé pour me dire le contraire. Lâchais-je. Si tu avais su… tout le mal que tu ferais à ta femme, tu te serais quand même mis avec elle ?

Grand père ne me répondit rien à ma question. Sans doute se l’est-il déjà posé ? Après tout, s’il ne l’avait pas rencontré, elle serait encore en vie… Car, c’est à cause de la naissance de mon père qu’elle est morte en accouchant… Alors que Makarof n’était même pas présent, trop occupé à accomplir des missions. Elle est morte seule en donnant la vie tandis que son mari était à l’autre bout du monde. Et il n’était même pas revenu à Magnolia lorsqu’elle fut enterrée…

• Je pense que oui. Nous avons eu la vie que nous voulions tous les deux. Certes, elle est partie trop tôt, mais…
• Trop tôt et seule. Lâchais-je.

Immédiatement Makarof me lança un regard noir. Sans doute suis-je en train d’appuyer là où ça fait mal… Mais qu’importe, je n’ai pas envie d’entendre des mensonges de sa part ce soir… Surtout si c’est pour qu’il me juge sur ma relation avec Freid.

• Laxus, mon histoire avec Aria1 n’a rien à voir avec celle que tu es en train de construire avec Freid. Ne te fixe pas sur mes erreurs et celles de ton père, tu es un individu propre et…
• Je sais… Mais, comment pourrait-il être heureux avec quelqu’un comme moi ? Je… tu sais que je ne suis pas quelqu’un de bien…
• Laxus, ne dit pas de bêtise. Tu es quelqu’un de bien. Me corrigea Makarof.
• Sérieusement ? Tu oses me dire ça ? Après ce que j’ai fait ? Tu m’as banni de la guilde… parce que…
• Et je t’ai réintégré car tu n’as pas un mauvais fond.
• Contre ton gré, grognais-je.
• Ne dit pas de sottise, je suis fier que tu sois de nouveau dans la guilde. Et tous les membres pensent la même chose.
• Ça m’est égal ce qu’ils pensent… La seule chose que je veux… C’est… en fait… Je… ne veux pas… lui faire du mal…
• Laxus… Tu ne lui fais pas du bien en le repoussant ainsi. Dit-il en posant sa main sur mon dos.
• Ce sera pire s’il se lance dans une histoire avec moi… Ce sera juste une perte de temps pour lui ! Tu penses sincèrement que je pourrais le rendre heureux ? Soyons honnête deux minutes, je ne suis pas fait pour être en couple ! M’emportais-je.
• Tout le monde est fait pour quelqu’un, me contredit-il. Toi compris.
• Peut-être, mais à quel prix ? Je… l’aime mais je ne veux pas qu’il… souffre…
• Pourquoi serait-il obligé de souffrir s’il est avec toi ?
• Je ne sais pas… Je… ne veux pas… qu’il découvre qui je suis réellement…
• Laxus, il ne te rejettera pas. Devine-t-il.
• Tu n’en sais rien…
• Tu ne peux pas le deviner non plus, me lâche-t-il.

Soudainement, on entend le bruit du train qui vient me sauver de cette conversation plus que désagréable.

• Je dois y aller.
• Laxus, ne lui fais pas de mal. Il est très épris de toi. Me réplique le maitre.
• Je sais…

Oh ça, je sais qu’il m’aime. Et Dieu sait à quel point je l’aime aussi… Mais, je refuse de continuer le cercle vicieux dans lequel on s’est installé. Cette relation est toxique et elle ne pourra pas bien se terminer. Je vais continuer à lui faire du mal au gré de mes humeurs et de mes vagues à l’âme. Et ça, je refuse. Je l’aime trop pour le faire souffrir. Et si pour l’aider à m’oublier, je dois partir loin de lui… Loin de la guilde… C’est un prix que je suis prêt à payer.

A suivre... !

1 Le nom de la femme de Makarof ainsi que son histoire sont totalement inventés ! Car on n’en parle jamais dans le manga !