Un démon et une fan de choux à la crème
Chapitre 1 : Une réponse positive
« Oui…
Mamori avait parlé timidement, mais avec intensité et détermination. Elle n’avait pas crié cette réponse, elle l’avait dite à voix basse, mais son intonation sonna comme si elle l’avait hurlé. Ce petit mot, ce tout petit mot, sorti droit de la bouche de Mamori donnait à celui à qui elle parlait une joie intense. Elle l’aimait. Mais elle avait comme… hésité… Peu importe, se dit-il, elle m’aime, point. Il l’aimait depuis longtemps, presque depuis le début du collège. Par bonheur, ils étaient allés dans le même lycée. Il s’était rapproché d’elle pour devenir un copain, puis un ami, puis un proche, et son meilleur ami. Au fil des ans, son amour pour elle avait triplé. Il l’aimait comme un fou, serait prêt à mourir pour elle. Quelle injustice qu’il ait eu à attendre aussi longtemps pour pouvoir lui avouer son amour ! Mais aujourd’hui, il était là, avec elle, dans ce magnifique parc, tous deux bercés par le bruit de la fontaine. Et elle lui avait dit oui. Elle était sienne. Ils s’aimaient.
Il l’enlaça. Ils étaient dans un parc à environ 1 km de chez Mamori, au centre de Deimon, un parc magnifique, avec beaucoup de verdure, des bancs, des aires de jeux pour les enfants, et même un peintre, qui était toujours là d’ailleurs, qui dessinait ce qu’il voyait. Et Mamori essayait de ne pas penser au fait qu’il les observait. Elle était si heureuse ! Jamais elle n’aurai cru que son ami, son meilleur ami, qu’elle connaissait depuis le collège, soit depuis si longtemps amoureux d’elle ! Elle était… sous le charme. Elle trouvait incroyable qu’un homme puisse aimer depuis si longtemps et ne jamais se lasser de son amour pour sa belle ! C’était aussi pour ça qu’elle lui avait dit oui. Elle l’aimait, oui, certes, mais pas autant que lui l’aimait. Mais cela viendrait, il était tellement dévoué ! Et si beau ! Il était grand, avait de long cheveux bruns avec des reflets dorés au soleil, d’agréables yeux couleur des blés envahis par l’amour et le bonheur, une musculature fine mais certes impressionnante, un nez droit, des lèvres pleines, une démarche féline, des mains fortes mais douces, comme si tout ce qu’il tenait était très fragile.
« Oui, dit Mamori, pivoine, je t’aime Masaru. Et je veux bien sortir avec toi.
- Moi aussi je t’aime. Pour toujours. Répondit-il, la voit pleine d’émotion.
Et ils s’embrassèrent.
- QUE !
Cette voix était familière à Mamori. Trop familière. Elle était remplie de ressentiment, de colère, d’étonnement, mais son habituelle indifférence. Très peu cependant. Pourtant, le parc auquel Masaru avait donné rendez-vous à Mamori était censé être désert. Surtout à cette heure-ci, car d’après ce qu’elle voyait, il était plutôt tard. Elle était partie de chez elle à la suite de l’appel de Masaru vers 21h. Le soleil finissait de se coucher, le ciel orangé laissait la place à une nuit étoilée. Les derniers rayons du soleil étaient agréables dans la brise fraîche du soir. Cette voix (trop) connue fit devenir le visage de Mamori plus rouge qu’une tomate. Bien mûre. Elle tourna la tête vers celui qui avait prononcé ce mot. Son visage eu un instant une expression haineuse, mais il se rattrapa et repris son expression indifférente de tous les jours. C’était la voix du redouté et célèbre démon blond aux yeux verts, celle de Hiruma Yôichi, le quater back et capitaine des Devil Bats, équipe dans laquelle Mamori était manager. Celui-ci fit éclater une bulle de chewing-gum et s’avança vers eux. Instinctivement, Masaru mit Mamori à moitié derrière pour la protéger du démon qui avait l’air… démoniaque.
- Qui est-ce ? demanda Masaru à Mamori, à voix basse.
- C’est… C’est Hiruma Yôichi, le quater back des Devil Bats. Répondit-elle d’une voix blanche.
- Qu’est ce que tu fais, fucking’manager ? lança le démon avec mauvaise humeur.
- Ne m’appelle pas comme ça ! Je m’appelle Mamori ! Ma-mo-ri ! Et ce que je fais ne te regarde pas !! lui répondit Mamori d’un ton cassant.
N’importe qui serait parti en hurlant en voyant le regard que lançait au petit ami de Mamori. Si l’expression « foudroyer du regard » était vraie, Masaru serait mort sur le champ. Une expression de peur couvrit le visage de Masaru durant un instant, mais il fit face, et lui lança :
- En quoi ça te regarde ? T’es pas son petit ami que je sache !
Hiruma sourit en découvrant ses dents pointues, une lueur démoniaque brillant dans les célèbres yeux verts. Ce qu’il répondit surprit Mamori. Mais le ton qu’il prit était assez indifférent (exprès ?)
- Nan, je suis pire ! Son capitaine !
- Mon capitaine ne commande pas aussi ma vie privée ! Répliqua Mamori, et toi, que fais-tu ici à cette heure ?!
- Je viens de revenir de l’épicerie pour acheter des chewing-gums sans sucre.
Son ton était indifférent, comme s’il s’ennuyait fortement.
- Eh bien tu les as ! Alors va-t’en ! Répliqua Masaru, avec colère.
- Kékékéké ! Tu crois que je vais partir comme ça sans t’avoir donné une leçon, fucking’petit ami de MA fucking’manager ! dit-il avec une expression mi-amusée, mi- en colère.
Le ton sur lequel il prononça le « ma » déstabilisa Mamori. Mais elle tint bon.
- Arrête ! Tu n’as à donner le leçon à personne ! Je fais ce que je veux avec qui je veux !
Elle lui lança le tout avec un ton cinglant puis un regard appuyé. Elle allait en baver au club demain, mais si ça le faisait partir…
Sans ajouter un mot, il tira en l’air avec son AK 47 avec une expression diabolique, il foudroya Masaru du regard une dernière fois, puis il s’en alla en direction de la sortie nord du parc. Ils le regardèrent jusqu’à ce qu’il eut disparu dans la pénombre du parc (ce qui ne prit pas longtemps car il était vêtu de noir).
La belle rousse et Masaru allaient s’en aller quand le peintre arriva et donna le dessin à Mamori. Elle le regarda et prit soin de ne pas le montrer à Masaru. Il représentait elle et Hiruma enlacés.
**************************
Putain ! Chiotte ! MERDE !!! Pourquoi elle était là avec ce type, la fucking’manager ? Et pourquoi est-ce qu’il s’était à ce point énervé ? Pfff, c’était vraiment pitoyable ! Digne d’un faible ! Mais faible, il ne l’était pas. Il faisait subir aux faibles. Il les rendait obéissants, comme des toutous qui sont bien obligés d’obéir à leur maître. Des coursiers. Des esclaves. Rien que du parasite, servant tout bonnement à servir un maître capricieux. Car c’était lui le maître, lui qui faisait chanter à tout va, s’aidant de son fidèle carnet de menaces. Lui qui faisait pleurer les petits et les grands. Lui dont tout le monde avait peur. C’était lui le « démon ». Lui le suppôt de Satan, autoproclamé fils du diable en personne.
Alors, pourquoi, par tous les Enfers, pourquoi s’était-il montré faible en révélant ses expressions, ses émotions, en se mettant en colère pour RIEN !! Juste pour la fucking’manager. La fucking’manager… Avec des yeux si bleus que l’on pouvait se noyer dedans, une expression si douce et si pur que l’on dirai sans arrêt un ange tombé du ciel. Ses cheveux roux, couleur du feu, mais un feu démoniaque comme celui qui embrasait le regard de Hiruma, non, un feu pur qui guérissait le mal au lieu d’en faire. Elle était si belle… Et dans les bras de ce… Quoi ?! Que ! Mais qu’est-ce qu’il lui prenait de penser à elle comme ça ! Il était sûrement malade, fiévreux, elle l’avait rendu malade cette sorcière, Cette fucking’manager n’était qu’un esclave se plus à devenir, juste une rebelle qu’il allait bientôt faire plier sous sa volonté ! Il fallait qu’il trouve un prétexte contre elle. Il sortit son carnet de menaces et chercha ce qui pourrait lui nuire. Elle… Elle raffolait des choux à la crème ! Elle pourrait tuer pour en avoir ! Si les gens le savaient, ils la traiteraient de grosse, de porc, ce serait parfait pour l’humilier. Alors pourquoi la main qui tenait son stylo semblait si lourde ? Pourquoi il avait le sentiment de ne plus savoir écrire ? Ne sachant répondre à ces questions, il posa son carnet de menaces, lassé, fit éclater une bulle de chewing-gum avant de le jeter, se mis en sous-vêtements et se coucha, se sentant fiévreux. Il ne tarda pas à sombrer, et dans son rêve, il mangeait des choux à la crème avec Mamori, ils riaient tous deux comme deux amants, insousciants…
Il se réveilla en sursaut. Quel horrible cauchemar ! Il en frissonna. Lui, le démon dont tout le monde avait peur, révélerait ses faiblesses au grand jour, en plus des sentiments d’AMOUR ? Décidément, il ne se sentait pas bien. Il enfila des vêtements à la hâte puis sortit prendre l’air.
L’air frais lui fit du bien, le détendit, il ne devait pas avoir dormi longtemps, car la nuit venait juste de tomber, on voyait encore quelques rayons de soleil à peine perceptible. Il allait rentrer quand il entendit un cri. Déchirant, plein de peur et de douleur. Mamori.