Ewilan, ou le grand saut

Chapitre 1 : Ewilan, ou le grand saut

1249 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:39

Ewilan, ou le grand saut

 

Ewilan s'arrêta subitement au somment de la falaise. Le coeur au bord des lèvres, elle contempla les quarante-cinq mètres de chute qui l'attendaient. Vertigineux. Tout en bas, un lac immense à l'eau bleue lumineuse. Elle jeta un regard derrière elle à Salim. Le jeune homme avait un grand sourire aux lèvres. Apparement, l'appréhension de sa femme l'amusait beaucoup.

- Maman ! Descends !

Ewilan regarda de nouveau en bas. Sa fille, Eryn, aux grands yeux violets, les mêmes que les siens, aux cheveux blonds et à la peau caramel, lui faisait de grands signes depuis une saillie rocheuse, quinze mètres plus bas.  Depuis qu'elle avait vu son père accomplir d'incroyables exploits Marchombres, la petite fille n'avait cessé d'entraîner ses parents vers les coins fabuleux qu'elle découvrait au fil de ses pas sur le côté, qu'elle effectuait avec la même aisance que son oncle Mathieu.

- J'arrive, chérie ! répondit Ewilan.

La jeune femme déglutit. C'était Salim, qui avait eu l'idée de desescalader cette falaise. Pour "s'amuser". Le jeune homme s'approcha d'Ewilan et la prit par la taille. Elle sentit une bouffée de chaleur au contact de ses mains, comme à chaque fois qu'il la touchait.

- Tu peux le faire, murmura-t-il à son oreille. Si tu tombe, ce n'est que l'eau qui t'attend. Mais tu ne tomberas pas. Parce que je suis là, et parce que tu es forte.

Il déposa un baiser dans son cou, lui sourit et recula. Tous les doutes d'Ewilan s'envolèrent lorsque leurs yeux se trouvèrent. L'amour qui émanait de Salim était tellement fort qu'elle n'aurait jamais pu en douter un seul instant.

Ewilan inspira profondément. Salim avait raison. Elle pouvait le faire. Elle s'assit au bord du précipice, examina la paroi, se retourna, et commença son préiple. Elle rejoignit Eryn sur la saillie en moins de temps que ce qu'elle avait prévu. Sa fille se blottie contre elle, puis repartie aussitôt sur sa lancée. Legère et gracieuse.

- Tu viens, Salim ? demanda Ewilan.

Le Marchombre secoua la tête.

- J'attends que vous soyez plus bas.

Ewilan plissa les yeux, tentant de deviner ce qu'il avait derrière la tête, et soupira. Arriverait ce qui arriverait. Elle suivit Eryn sur la paroi en faisant bien attention aux prises qu'elle prenait. Lorsqu'elles furent à mi-chemin du sol, Salim émit un sifflement strident. La mère et la fille s'arrêtèrent et levèrent la tête d'un même mouvement. Salim leur adressa un signe de la main et disparut de leur champ de vision lorsqu'il s'éloigna du bord.

- Qu'est-ce que... commença Ewilan.

Elle fut interrompue par le cri de joie de Eryn. Salim volait. Ou plutôt, Salim chevauchait. Pas la brume, comme Ellundril Chariakin. Le vent. Les bras écartés, le vent le portait comme s'il n'avait été que plume. Instant majestueux du Marchombre. Salim passa devant leurs yeux à une vitesse folle. Lorsqu'il arriva dans l'eau, c'est à peine s'il y eut des remous.

- Génial, papa ! s'exclama Eryan.

Et, avant qu'Ewilan ait pu émettre la moindre protestation, elle s'élança à la suite de son père. Un "plouf" plus tard, tous deux sortirent la tête de l'eau en riant. Ewilan, qui retenait encore son souffle, se détendit.

- A toi maman ! l'exhorta Eryn.

Ewilan apprécia la distance qui la séparait de l'eau d'un oeil mauvais, contempla les visages extatiques de ceux qu'elle aimait le plus au monde, ferma les yeux. Sauta.

Le vent la retint comme si elle ne pesait rien. Soudainement grisée par la vitesse, elle écarta les bras comme l'avait fait Salim et bascula en position de plongeon.

L'eau était délicieusement bonne, et d'une clarté saisissante. Les rayons du soleil donnaient un aspect fantomatique, magnifique, au sable blanc et aux cailloux qui jonchaient les profondeurs du lac. Ewilan atteignit rapidement le fond, y prit appui, se propulsa vers la surface.

Salim et Eryn s'éclaboussaient en riant. Ewilan les regarda jouer, les yeux brillants. Le bonheur dans lequel ils vivaient depuis la disparition des mercenaires du Chaos et la naissance d'Eryn lui semblait iréel. Pourtant, il était bien là !

Salim lui envoya une grande gerbe d'eau, la tirant de ses pensées. Ewilan s'escalffa et nagea jusqu'à lui.

- Eryn, aide-moi à le couler ! Je réclame vengeance !

Elles se jetèrent sur lui et attrapèrent ses bras. Salim se laissa faire en riant. Après une gorgée d'eau, il se dégagea de leur étreinte, s'empara d'Ewilan et lui mit la tête sous l'eau, puis envoya Eryn voler dans les airs avec facilité.

Leurs trois rires se répercutèrent sur la paroi de la falaise et montèrent jusqu'au ciel avec un message d'amour et de bonheur.

oOoOoOo

Les flammes orangées dansent sur l'eau et les rochers. Les rires se sont tus, mais les messages qu'ils portaient sont restés. Eryn est couchée sur le côté, une couverture au-dessus d'elle. La nuit est douce et chaude, mais Ewilan et Salim restent serrés l'un contre l'autre. Ils contemplent le doux visage de leur fille en pensant à tout ce qui a bien pu se passer depuis ces temps anciens où, amis, ils traînaient dans le parc de l'autre monde et ignoraient alors l'identité de Camille.

Ewilan et Salim pensent au jour où ils sont arrivés, à un autre où la goule a étreint Ewilan et la presque tuée. Au jour, aussi, où l'Oeil d'Otolep les a réunis, pour une énième fois.

La main de Salim trace de tendres cercles sur l'épaules d'Ewilan. Leurs yeux se rencontrent, s'émerveillent. Leurs boouches se trouvent et s'étreignent, douces et passionnées.

Leurs coeurs, eux, ne se sont jamais quittés.

Et dans nos coeurs, à jamais est gravé leur amour.

Alors, doucement, nous murmurons : merci.

Merci de nous avoir enchantés.

*****

Fin

Spécial dédicace à Monsieur Pierre Bottero, vous vous en doutez ! *RIP*

J'espère que cet O.S. vous a plu !

A bientôt !

Delynn Lie 

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