Un écho du passé
Les personnages et tout l'univers de Criminal Minds ne m'appartiennent évidement pas. En revanche la fanfiction qui suit sort tout droit de mon esprit torturé et ne peut être exploitée sans mon autorisation. Merci.
Un écho du passé
Prologue
Tout est blanc et froid, comme aseptisé. On se croirait presque dans une morgue si le sang qui s’écoulait lentement en suivant le fils de l’eau ne provenait pas d’une veine encore frémissante de vie.
Un fin sillon se dessine sur le carrelage et disparaît dans le siphon conçu à cet office. Une sorte de petite tornade se forme sur la grille encrassée par des cheveux, des ongles et des lambeaux de peaux mortes depuis bien longtemps. Ses yeux ne peuvent se défaire d’un sentiment étrange de colère. Tout devait être pur et propre, tout devait être nickel pour ce moment tant de fois rêvé. Mais il n’avait pas eu le choix.
L’équipe avait découvert son identité, il n’en attendait pas moins.
L’équipe avait découvert son plan, c’était prévu. Mais ils avaient compris et su en même temps que lui quelle serait la fin. Leur anticipation était logique mais l’avait empêchée de préparer le lieu avec autant de minutie qu’il l’aurait voulu.
Ses oreilles bourdonnent. Sans doute l’endormissement, l’analgésie liée à l’eau froide qui les enveloppe comme un linceul depuis plusieurs heures déjà. Le bourdonnement ressemble à une marche nuptiale. Une agréable sensation l’envahie. Le bruit de l’eau et du sang se mêlent en tombant doucement sur le carrelage. Cette funèbre mélopée l’hypnotise et l’emporte si loin qu’il en est douloureux de s’attacher au présent. Pourtant il n’a pas le choix. La vie s’échappe doucement de l’être aimé et il ne faut pas qu’il soit seul en cet instant. Plus que tout, il ne faut pas qu’il perdre la moindre miette de ses sentiments à lui. Sa peur, sa souffrance, son amour, tout cela doit lui revenir et non se perdre avec la dernière bouffée d’air expirée. Même cet air lui appartient. Il posera ses lèvres contre les siennes, comme il l’a fait maintes et maintes fois avec les autres, et prendra l’ultime fragment de son existence. Mais cette fois-ci, leurs lèvres seront scellées à tout jamais. C’est ainsi que l’équipe les trouvera. Et ils comprendront qui il était et qui ils ont perdu.
Doucement il plonge ses doigts dans ses cheveux fins puis y glisse le nez comme en une féline caresse. Hum… l’odeur suave est à peine gâchée par le goût métallique qui envahie maintenant la pièce. Le sang fait partie de l’être comme son âme et sa chair, pourquoi le rejeter au lieu de l’aimer ?
Il effleure son visage et capte son regard. Il tremble sous l’impact brutal du plaisir. Une décharge électrique traverse son corps et lui donne une jouissance qui surpasse de loin toutes les autres. Comme la femme est prétentieuse quand elle s’imagine qu’en enfantant un môme vagissant elle crée la vie. La vie, lui, il la façonne, la crée selon son bon vouloir en décidant de son commencement et de sa fin. Aucune de ses créations n’avait été à la hauteur de celle-ci et c’est pourquoi elle sera l’aboutissement de tout.
Leur relation avait commencé il y a douze ans par un regard et une compréhension mutuelle. Il lui avait demandé de le sauver puis s’était enfui. Mais tout deux savaient que leur union ne pouvait s’achever autrement que dans la souffrance.
***
Morgan longe le mur, son arme bien en main. Ils ne sont pas loin, il le sait. Une partie de lui a envie de courir, de foncer tête baissée pour le sauver. L’autre partie sait qu’il ne faut pas l’effrayer. Un psychopathe qui se sent coincé, avec aucune autre issue que la mort, n’hésiterait pas un instant à entraîner avec lui sa victime.
Elle est déjà sienne d’une certaine façon, alors qu’importe son enveloppe charnelle? Elle importe dans la mesure où elle a de la valeur dans le regard de ceux qui lui vouent de l’amour… et Dieu sait que Morgan n’a aucune envie de le perdre.
Un bruit sourd, une détonation… Morgan hurle.
Il hurle contre lui-même. Mais pourquoi n’a-t-il pas suivi son instinct au lieu de respecter scrupuleusement les ordres. Pourquoi ?
***
Un cri au loin. Il le reconnaît pour l’avoir trop souvent entendu. Un cri au loin comme un écho du passé. Un cri puis plus rien.
Douze jours plus tôt…