Pas impliqué
Quand Derek arriva à l'étage où se trouvaient les bureaux du BAU, la première personne qu'il croisa était son pire ennemi. Il le salua et s'apprêtait à passer son chemin quand Lynch l'interpella d'un ton qu'il ne lui connaissait pas. Il n'aimait pas Lynch et il était sûr que c'était réciproque mais jusqu'ici, les deux hommes s'étaient montrés civils pour le bien de Pénélope. Le ton de Lynch avait changé. Cela attisa sa curiosité et même s'il n'avait aucune envie de lui parler à ce moment, il s'arrêta pour écouter ce que cet idiot avait à lui dire.
« Vous devez être content maintenant Agent Morgan. Depuis le temps que vous attendiez ça. Dommage pour vous que vous ne soyez plus libre, dit Lynch visiblement énervé.
— De quoi tu parles Lynch ? » questionna Derek en levant un sourcil. Il avait compris l'allusion à Tamara, les potins circulaient très vite au FBI, mais pour le reste il était perdu.
« Allez ! Remuez le couteau dans la plaie. Pénélope vous dit tout et je suis sûr qu'elle s'est empressée de vous dire qu'elle m'a plaqué. » dit-il encore plus irrité.
Derek en eut le souffle coupé. Sa Babygirl était libre. Il allait se précipiter vers le bureau de sa déesse quand Lynch reprit sa tirade.
« Oh ! On dirait que vous ne le saviez pas ! » dit Lynch avec un grand sourire.
Y avait-il de l'eau dans le gaz entre Morgan et Pénélope ? Elle lui disait tout mais là il avait vraiment l'air surpris. Il allait en profiter pour une fois qu'il n'était pas le dindon de la farce et rabattre le caquet de ce Monsieur Muscle qui se croyait sorti de la cuisse de Jupiter. Lynch poursuivit son discours :
« Depuis le début, vous pensiez que je n'avais pas compris que vous aviez des vues sur ma Penny ? Vous n'm'avez jamais respecté, vous n'avez jamais respecté notre relation. Vous avez continué à flirter avec elle et à utiliser tous ces surnoms inappropriés alors que vous saviez qu'on était en couple. Vous ne savez pas avoir de relations avec les femmes autrement que pour le sexe mais vous pourriez au moins respecter ceux qui ont des relations normales. Je voulais faire ma vie avec Penny. Mais vous ne nous en avez jamais donné la chance. Toujours là à l'appeler, à monopoliser son attention parce que soit disant vous vivez mal certaines affaires. Mais malheureusement pour vous, quelqu'un d'autre vous a coiffé au poteau. Elle est partie déjeuner avec votre patron. » Il jubilait. Il n'avait plus Pénélope mais se consolait que Morgan non plus. S'il elle devait sortir avec quelqu'un d'autre il serait dévasté que ce fût avec ce Casanova de pacotille qui ne ferait que lui briser le cœur. Au moins, la question ne se posait pas puisque, selon ce qu'il avait vu dans le bureau quelques minutes plus tôt avec Pénélope et Hotch, il savait que ces deux-là allaient finir ensemble.
Derek avait écouté toutes les élucubrations de ce crétin de Lynch, l'avait entendu pleurnicher à propos de son rôle dans l'échec du couple qu'il formait avec Pénélope, mais la seule chose qu'il retenait c'était qu'elle était libre. Toutes les jérémiades qu'il avait pensées sur le chemin du retour au bureau concernant une éventuelle relation avec Tamara puisque Pénélope ne voulait pas de lui étaient oubliées.
Il lui fallait maintenant régler le problème Hotch. Il se rendit dans son bureau, termina ses derniers rapports et attendait fermement le retour de celui qu'il considérait toujours comme son supérieur hiérarchique bien qu'il se fût mis en retrait.
Il était déterminé. Il avait laissé passer trop d'occasions, n'avait écouté que ses peurs et par lâcheté n'avait jamais voulu faire face à ses sentiments. Tout cela devait changer. Il allait se battre pour ce qu'il voulait vraiment : faire sa vie avec sa Babygirl.
Si cela impliquait une confrontation et une mise au point avec Hotch, il y était prêt.
Ensuite, il parlerait sincèrement à Tamara afin de mettre un terme à toutes ses illusions et enfin il irait se déclarer à Pénélope, lui avouerait son amour indéfectible et sa vénération éternelle pour elle.
Hotch et Pénélope revinrent de leur déjeuner. Derek pouvait les voir venir de son bureau.
Ils marchaient bras dessus bras dessous. Pénélope riait de quelque chose que lui avait dit Hotch. Elle était radieuse.
Un sentiment familier brulait Derek de l'intérieur mais à présent il savait exactement ce que c'était et pourquoi il le ressentait : c'était une jalousie dévorante. Il voulait arracher la tête de Hotch.
Il leur laissa quelques minutes afin de se remettre au travail et prit la direction du bureau d'Aaron.
Il frappa à sa porte et entendit Hotch dire :
« Entrez !
— Salut Hotch, vous avez une minute ? demanda-t-il en restant sur le seuil de la porte.
— Bien sûr, entre Morgan » rétorqua-t-il en gardant la tête baissée sur ses dossiers.
Derek s'assit en face de lui et se croisa les jambes, sa cheville droite sur son genou gauche.
Il entama la conversation qui pour lui allait changer toute sa vie :
« Hotch, j'ai besoin de vous parler d'un sujet très important pour moi. J'aimerais qu'on parle de Pénélope.
— Je t'écoute » dit-il en levant enfin la tête visiblement intéressé par le sujet.
« J'ai remarqué que ces derniers temps vous êtes assez proches. Est-ce qu'il y a quelque chose que je devrais savoir ?
— Morgan, c'est peut-être une question que tu devrais poser à Pénélope. Je veux dire, c'est ta meilleure amie, elle te répondra. Pourquoi tu poses la question ?
— J'aimerais avoir cette réponse de vous, Hotch. Êtes-vous intéressé par Garcia ?
— Qui ne le serait pas ? Elle est belle, intelligente, drôle …
— Je sais tout ça Hotch. Je voulais juste vous informer que je suis moi aussi intéressé par elle et que j'ai bien l'intention de le lui faire savoir.
— Morgan, je ne te suis pas. Je t'ai vu avec Tamara Barnes ce matin et je suis sûr qu'elle n'est pas venue par rapport à l'enquête sur la mort de son frère. On l'a bouclée il y a bien longtemps. Alors si je comprends bien, tu penses lui proposer un ménage à trois ? dit-il d'un ton moqueur.
— Il n'y a rien entre Tamara et moi. Elle était perdue après la mort de son frère, je n'ai fait que l'aider. J'ai répondu aux questions qu'elle se posait et on est sorti boire un verre et c'est tout. Je n'ai jamais envisagé avoir une relation autre qu'amicale avec elle. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour elle et je crois qu'elle a besoin de professionnels car elle s'est imaginé qu'elle était ma petite amie. » dit-il franchement à Hotch.
— Morgan, dis-moi. Ça fait combien de temps que tu connais Pénélope ?
— 5 ans. Pourquoi ?
— Et tu t'es réveillé ce matin en te disant qu'elle t'intéressait ?
— Non Hotch. Elle m'a toujours intéressé mais c'est aujourd'hui que j'ai réalisé que j'étais amoureux d'elle. Et j'ai bien l'intention de le lui dire, quelque soit sa réponse.
— Je suis content pour toi, mais tu devrais peut-être commencer par régler le problème Tamara avant d'impliquer Pénélope dans cette pagaille.
— Je sais bien tout ça. Maintenant, que vous connaissez mes intentions, puis-je connaitre les vôtres ? J'ai bien vu votre petit manège lors de la dernière affaire et puis aujourd'hui vous êtes allés déjeuner, c'est une nouveauté. Je ne parle même pas du fait que vous l'appeliez Pénélope à présent, dit Derek sèchement ne cherchant pas à cacher sa jalousie.
— Morgan, je ne pense pas que ça te regarde mais en tant que chef d'unité, donc mon supérieur, je te dirai juste que tu n'as pas de souci à te faire concernant une violation des règles contre les relations amoureuses entre collègues. Nous sommes juste de bons amis… pour l'instant. Elle avait besoin d'un ami, puisqu'elle avait l'impression d'en avoir perdu un et j'étais là. Mais si cela évolue, tu seras le premier à qui je le dirai. »
Morgan serrait les mâchoires. C'était à cause de lui que Pénélope s'était rapprochée de Hotch et qu'il risquait de la perdre. Lui et son satané besoin de se montrer professionnel. Et à présent qu'elle pensait qu'il était avec Tamara, ce serait deux fois plus dur pour lui de la convaincre de son amour.
Il ne savait plus quoi dire à Hotch alors il se leva et lui dit :
« Merci pour votre franchise Hotch. Profitez bien de vos congés. On se voit Lundi. »
Il regagna son bureau et fit le tour pour dire au revoir à ses collègues. Son dernier arrêt fut au bureau de sa Babygirl.