Pas impliqué
Le lendemain quand Morgan arriva au bureau, les autres n'étaient pas encore là. Ils ne viendraient pas avant 9h vue l'heure tardive à laquelle ils étaient rentrés la veille.
Il était resté jusqu'au petit matin pour remplir ses rapports. Il lui en restait quelques uns mais c'était l'affaire de deux heures et il serait libre dès l'après-midi pour profiter de ces jours de congé bien mérités.
Il commença par se verser une tasse de café et s'appuya contre le plan de travail du petit espace cuisine. Dès que Pénélope arriverait, il l'appellerait pour lui proposer une sortie. Ils pourraient aller dans ce petit resto asiatique qu'elle aimait bien. Il devait absolument la faire parler. Il devait savoir ce qui avait provoqué un tel comportement. Elle l'avait délaissé pendant 3 jours, puis avait fait volte-face et recommencé à flirter avec lui comme si de rien n'était.
Il en était ravi mais se posait des questions.
Il prit la direction de son bureau.
Ses collègues arrivaient au fur et à mesure et se mettaient au travail. Hotch n'avait pas encore fait apparition. Peut-être avait-il pris le temps d'accompagner son fils à l'école.
Le téléphone du bureau sonna. Paul, l'agent de sécurité de l'accueil le prévenait qu'un visiteur montait pour le voir. Il leva les sourcils. Il n'avait rendez-vous avec personne. Il jeta un œil sur le hall d'entrée et crut avoir une attaque quand il entrevît le visiteur en question.
Tamara Barnes. « Merde, qu'est-ce qu'elle fout là ? » se demanda-t-il.
Elle avait bien choisi son moment. L'équipe était arrivée. Ils étaient payés pour leur sens de l'observation et à tous les coups ils la reconnaitraient. Ils sauraient qu'il était resté avec elle et se feraient de fausses idées sur la relation qu'il y avait entre eux.
Il se tenait la tête, désemparé. « Juste au moment où tout semblait s'arranger avec Pénélope », pesta-t-il. Si Pénélope la voyait, ce serait fini. Il regardait Tamara s'approcher, incapable de bouger.
Tamara s'arrêta au bureau de Prentiss et au bout d'un court échange prit la direction du bureau de Derek.
Elle frappa à la porte. Il inspira profondément et dit :
« Entrez !
— Salut Derek !
— Bonjour Tamara. Je n'ai pas le souvenir d'avoir pris rendez-vous avec toi, dit-il en levant un seul sourcil.
— Euh non, en effet » balbutia-t-elle. Il était content de l'effet qu'avait eu ce simple mouvement de sourcil. Elle devait savoir qu'il n'appréciait pas sa venue surtout si elle ne s'était pas annoncée avant de passer.
« Mais comme tu es rentré hier soir et que tu n'as donnée aucun signe de vie, je me suis dit que je pourrais passer te faire un p'tit coucou » s'expliqua-t-elle avec un sourire gêné. Elle lui présenta un sac en papier et dit « Tiens, c'est pour toi. Je les ai préparé moi-même »
Il accepta le paquet et l'ouvrit. C'était des cookies. Il la remercia, posa le paquet sur le bureau qu'il contourna pour venir s'y appuyer, les bras et les chevilles croisés. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. « Son bureau n'était pas le lieu pour avoir ce genre de conversation. » pensa-t-il.
« Quoi ? On dirait que tu n'es pas content de me voir, dit-elle manifestement indignée.
— Ce n'est pas que je ne suis pas content de te voir, mais je suis au travail Tamara. Je t'avais dit que je t'appellerais dès que je pourrais. Je n'ai pas encore rempli tous mes rapports. » dit-il en désignant la pile de papier qui se trouvait derrière lui sur le bureau.
Elle se rapprocha de lui, mit ses bras autour de son cou et le serra très fort dans ses bras en lui disant à l'oreille. « Je sais, mais j'étais tellement impatiente de te voir que je n'ai pas pu attendre ton coup de fil. »
Il se dégagea délicatement de son étreinte et se rapprocha de la porte. Reid regardait dans sa direction, les stores n'étaient pas tirés et il avait assisté à toute la scène. Le jeune docteur rougit et détourna le regard. Derek devait sortir d'ici. Tamara était imprévisible et pourrait lui créer des problèmes. Il lui dit :
« Et si on allait prendre un café ? Il y a un coffee shop à deux pas d'ici. » dit-il de manière très enthousiaste.
Le visage de Tamara s'illumina et elle accepta tout de suite.
Derek ouvrit la porte et la laisser sortir avant lui. Ils traversaient l'espace commun de travail pour se rendre à l'ascenseur lorsqu'il entendit Tamara crier « Pénélope ?! »
Morgan vivait la scène comme au cinéma, au ralenti. Il se tourna vers l'endroit que fixait Tamara et vit Pénélope. Elle se servait du café dans la kitchenette. Elle se figea, cligna des yeux plusieurs fois et esquissa un sourire crispé.
Derek sentit son sang monter à sa tête. Il se sentait fébrile comme s'il allait défaillir. « C'est un cauchemar ! » gémit-il intérieurement.
Tamara se dirigea vers Pénélope et lui tendit la main. Poliment Pénélope lui serra la main et lui dit : « Comment allez-vous Tamara ?
— Ca va merci, Pénélope. Tu peux me tutoyer tu sais. Je ne savais pas que tu travaillais pour le FBI
— Effectivement, je suis analyste pour le BAU, répondit Pénélope en évitant de regarder Morgan qui s'avançait maintenant vers les deux femmes comme dans un état de transe. C'était comme si son esprit avait quitté son corps et qu'il assistait à tout ça d'un point de vue extérieur, comme un simple spectateur.
« Bonjour Babygirl, dit-il à Pénélope avec un sourire gêné.
— Bonjour Morgan » répondit-elle avec un grand sourire en le regardant droit dans les yeux. Cette fois, ce n'était pas un sourire forcé.
« Babygirl ? répéta Tamara, confuse.
— Ce n'est qu'un surnom qu'il me donne depuis des années. Cela remonte à mon premier jour de travail ici. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis. » expliqua Pénélope en riant. Mais Tamara ne semblait pas partager son amusement à propos du surnom. Elle avait toujours les sourcils froncés.
Morgan, lui, était toujours sans voix. Pénélope n'avait pas l'air surprise de voir Tamara au bureau et plaisantait avec elle comme si elles étaient de vieilles amies. Elle n'était pas fâchée non plus alors qu'elle en avait toutes les raisons. Apprendre de cette façon qu'il lui avait caché des choses. Quelles choses ? ou plutôt qui ? Tamara Barnes. Un sujet qui avait provoqué une dispute entre eux.
Mais d'où se connaissaient-elles ? Non, d'où Tamara connaissait-elle Pénélope ? Garcia l'avait vue pendant l'enquête, Tamara n'avait eu affaire qu'à Derek, JJ et Hotch. Il ne comprenait plus rien. Une migraine s'amorçait pour lui. Sa tête allait exploser.
Garcia dit à Tamara : « Désolée, je dois y aller. A la prochaine.
— euh oui ! Au revoir Pénélope ! » bredouilla Tamara visiblement ébranlée par cette histoire de surnom.
Morgan sortit enfin de son état catatonique, regarda autour lui. Reid et Prentiss observaient avec intérêt. Derek toussota pour leur faire comprendre que le spectacle était terminé et qu'ils devaient se remettre au boulot puis guida Tamara vers la sortie en disant « je reviens dans une demi-heure. Je serai au café si vous avez besoin de moi. »
Il avait vraiment besoin de sortir de là. Il lui fallait de l'air frais. Il aurait préféré mettre Tamara dans un taxi et la renvoyer chez elle pour rester seul mais il lui avait promis un café. Il devrait faire contre mauvaise fortune bon cœur, la supporter une petite demi-heure et lui donner rendez-vous un autre jour pour mettre un terme à toute cette pagaille.
Dans le hall d'entrée au rez-de-chaussée, Tamara et Morgan croisèrent Hotch qui arrivait. Il se contenta de dire « Morgan, Madame » avec un petit hochement de tête sans ralentir son pas. Il avait l'air tout à fait courtois mais Derek avait lu autre chose dans ses yeux.
« C'est vraiment un cauchemar » se dit Derek en baissant la tête.