Pas impliqué
Derek et Tamara passait un agréable moment dans le bar mais il commençait à se faire tard alors il lui proposa de la raccompagner chez elle. Elle était venue à pied jusqu'au bar.
Il stationna la voiture devant son immeuble et descendit pour l'accompagner jusqu'au porche.
Elle lui proposa de monter un instant et il accepta après un court instant d'hésitation.
Elle ouvrit la porte et lui prit la main pour le guider jusqu'au salon. Ils s'installèrent sur le canapé. Ils discutèrent quelques minutes et elle s'excusa pour aller récupérer quelque chose dans sa chambre. Quand elle revint, elle avait un bijou en main, une chaine en or blanc avec un crucifix. Elle expliqua à Derek qu'il s'agissait de la chaine de son frère et qu'elle voulait la lui donner. Il refusa poliment mais elle insista en lui disant que c'était pour le remercier de l'avoir soutenue. Il finit par l'accepter et la mettre dans sa poche.
Ils parlèrent encore quelques minutes jusqu'à ce que Derek lui dît qu'il partait et qu'elle devait se reposer parce qu'elle avait l'air d'en avoir besoin. Il se dirigea vers la porte suivi de Tamara et se retourna pour lui dire au revoir. Elle se pencha pour l'embrasser si rapidement qu'il n'a pas eu le temps de tourner la tête pour lui présenter sa joue. Ses lèvres se posèrent sur les siennes juste quelques secondes et Derek la prit par les épaules délicatement et fit un pas en arrière. Sur le visage de Tamara, il pouvait lire un mélange d'étonnement, de confusion et de peine.
Il savait qu'elle était triste parce qu'il l'avait repoussée et il ne voulait certainement pas être celui qui lui causerait encore plus de chagrin que ce qu'elle ressentait déjà à cause de la mort de son frère. Il s'empressa de se justifier :
« Tamara, écoute.
— Mais je pensais que je t'attirais ! l'interrompit-elle
— Ecoute. Ce n'est pas que je ne trouve pas attirante, ce serait mentir. Mais tu es très fragile en ce moment et je ne veux vraiment pas profiter de ta faiblesse.
— Mais tu ne profites pas de moi. C'est moi qui t'ai embrassé. Je sais ce que je veux et je voulais t'embrasser. J'y ai pensé toute la soirée, argumenta-t-elle.
— Tamara, laisse-moi finir. Tu es confuse et c'est normal. Ton frère te manque et tu cherches du réconfort. Je suis prêt à te soutenir mais franchir ce pas maintenant serait une erreur tu n'es vraiment pas en mesure de prendre une telle décision. Tu pourrais le regretter et m'en vouloir après. » Il essayait de la raisonner mais ne semblait pas vouloir abdiquer. Elle répondit cette fois avec un léger haussement de ton :
« Comment pourrais-je regretter d'être avec toi ? Tu es gentil et compatissant. Tu t'es montré compréhensif alors que je devenais presque folle après la mort de William.
— Tamara, tu dois te donner le temps de faire ton deuil. As-tu pensé à voir quelqu'un pour en parler ? demanda-t-il.
— Oui, je discute au prêtre de ma paroisse. Ca m'aide un peu » murmura-t-elle.
Il eut envie de lever les yeux au ciel. Un prêtre ? Il ne voulait pas insulter sa foi, après tout elle venait de lui offrir un crucifix. Il prit une grande inspiration et lui dit :
« Non, je parlais d'un thérapeute ou d'un conseiller.
— En fait, le substitut du procureur m'a donnée des adresses pour des groupes de soutien mais…
— C'est une bonne chose. Tu vas rencontrer des gens qui ont vécu la même chose que toi et peut-être qu'ils vont t'aider en partageant leur expérience. Ils te donneront des conseils. Tu devrais vraiment y penser Tamara.
— D'accord, je vais y réfléchir, dit-elle … pour toi, ajouta-t-elle dans un murmure.
— Non Tamara, ne le fais pas pour moi, tu dois le faire pour toi » conclut-il en ouvrant la porte. Une fois dehors il lui dit au revoir et rentra chez lui.
Le lendemain, Derek se réveilla tôt pour faire ses exercices physiques quotidiens. Cela lui permettait de rester en forme mais également de faire le vide. Il en profitait pour réfléchir. Il repensa à la soirée de la veille avec Tamara. Lorsque Pénélope lui avait dit qu'il ne pourrait pas l'aider, elle avait peut-être raison. Elle avait besoin de beaucoup plus qu'un simple ami pour la soutenir. Il lui fallait des professionnels. Elle avait l'air fatiguée comme si elle ne dormait pas beaucoup. Elle s'était jetée à son cou. C'était par pur désespoir. Il savait ce que c'était que de se jeter dans le lit de tout ce qui porte jupon à Quantico pour oublier. Oublier ce qu'il avait vécu dans son enfance, tout ce qu'il voyait sur le terrain, l'horrible cruauté de l'homme.
Il l'a repoussée parce qu'il voulait qu'elle se remît de la mort de son frère avant de penser à aller plus loin avec elle.
Il se doucha et s'habilla pour aller travailler. Son regard se posa sur la chaine qu'elle lui avait donnée la veille, il la prit, la mit autour de son cou et quitta la maison.
Il arriva au bureau et pensa à Pénélope. Etait-elle déjà arrivée ? Aujourd'hui, c'était vendredi. Le jour qu'ils avaient choisi pour faire leur soirée DVD. Devait-il maintenir ce rendez-vous maintenant qu'il était le chef ? Pourquoi pas. Ce qu'ils faisaient en dehors du bureau ne regardaient personne ? Ils devaient rester professionnels au bureau mais ce qui se passait en dehors des heures de travail ne relevait-il pas de leur vie privée? En même temps, s'il continuait à la voir en dehors du travail, il aurait encore plus de mal à se contrôler, à faire des choses qui pourraient paraître tellement simples pour d'autres mais qui pour lui étaient presque insurmontables : comme l'appeler par son nom ou éviter de la toucher.
Il devait annuler. Il était hors de question de lui dire les vrais motifs derrière cette annulation. Cela risquerait de briser leur amitié. Il pourrait tout simplement prétexter qu'il avait du travail à faire. Il soupira et pensa « je suis dans la merde!».
Il entra dans son bureau le sourire aux lèvres en se rappelant que c'était sa déesse qui le lui avait décoré.
Il se mit au travail et ne sortit de son bureau que pour aller remplir sa tasse de café et pour aller voir si JJ avait reçu des demandes d'interventions. Ils avaient fait le tour des dossiers et aucun cas ne nécessitait le déplacement de l'équipe mais ils pouvaient aider dans des affaires en établissant des profils. La journée s'annonçait plus ou moins tranquille.
Il appela le bureau de Reid pour lui parler mais il n'était pas à son poste. Il partit donc à sa recherche.
Il l'aperçut dans l'espace cuisine, il discutait avec Prentiss et Pénélope. Elles devaient l'asticoter car il rougissait et les filles riaient. Pénélope riait à gorge déployée, la tête penchée en arrière. « Dieu qu'elle est belle », pensa-t-il. Ce rire, il pourrait tout faire pour qu'il ne cessât jamais. « Nom de Dieu, concentre-toi, Derek », se sermonna-t-il.
Quand il les rejoint, il salua Garcia. Sa langue allait encore fourcher, il allait l'appeler « Princesse ». Lorsqu'elle lui répondit, les bras lui en tombèrent. Pas de surnoms, un sourire pas très sincère. Que se passait-elle avec sa Babygirl ? Avait-elle des problèmes avec Lynch ? Si ce petit crétin avait quelque chose à voir avec l'humeur de sa Poupée Lynch verrait à qui il avait affaire. Il lui reposa la question et s'assura qu'elle sût qu'il était là pour elle si elle en avait besoin. Il se souvint de l'objet de sa venue et parla à Reid. Mais il était intrigué par le comportement de sa déesse. Il se tourna vers elle pour lui parler mais un bip se fit entendre annonçant qu'il avait reçu un message. Elle ne lui laissa pas le temps de réagir et répondit à Reid qui lui avait dit au revoir .
« Je dois y aller moi aussi, ajouta-t-elle. Bye Morgan, dit-elle à Derek . J'te vois plus tard ma beauté ténébreuse », s'adressa-t-elle à Prentiss en souriant et elle tourna les talons pour aller dans son bureau les laissant tous deux complètement sidérés.