La Traque
Chapitre 6
La toiture de la maison gémit légèrement sous l'effort du vent. Un faible murmure provenait de la pièce jouxtant celle dans laquelle ils se trouvaient, immobiles et silencieux. Une odeur de renfermé et de tristesse, un relent de mort même, pesait sur eux et rendait chaque respiration pénible…
Morgan lança un coup d'œil à ce salon sombre et dénué d'éclat, à ces fauteuils affaissés au cuir usé et aux meubles qui semblaient ployer sous le poids des cadres et des photos… Tant de sourires, tant de promesses de joie qui n'avaient plus lieu d'être pour l'occupante de cette maison.
Il baissa un peu la tête, puis fixa la porte béante par laquelle s'était engouffrée la veuve, une dizaine de minutes auparavant. Le silence oppressant, à peine dérangé par les plaintes de l'habitation et leur respiration, était insupportable.
Le deuil avait véritablement tout emporté…
Enfin, la femme élancée, décoiffée et emballée dans son peignoir difforme revint dans la pièce, le visage animé par un mélange de folie et d'espoir. En tremblant, elle se précipita vers eux et leur agita une photo sous le nez :
-C'est eux ? N'est-ce pas ? C'est eux ?
Sa voix brisée éclata comme une bombe dans cette sinistre demeure. Derek lança un regard étonné à la photo et resta sans voix. La femme, presque hystérique l'agita de plus belle devant eux, en roulant ses yeux ébènes d'un agent à l'autre.
-Rudy Clints ! Alexa Lisben ! Là ! Non ?
Emily, à moitié pétrifiée par la réaction de la femme et par cette photo, finit par répondre, après avoir avalé sa salive avec difficulté :
-Oui…
Le frêle corps de la veuve sembla se liquéfier sur place. Morgan le rattrapa de justesse avant qu'il ne touche le sol et lui prit la photo des mains, pour mieux la regarder.
Il reconnaissait aisément toutes leurs victimes et trois personnes inconnues. Il observa ces mines réjouies, cette jeunesse, cette vitalité, ces traits confiants. Certains portaient le blouson de l'équipe de foot de l'université, d'autres des t-shirts larges. Son regard glissa sur la figure centrale de la photo : Alexa Lisben calée dans les bras de Rudy Clints. C'était la seule femme sur ce cliché.
Troublé, il ne put s'empêcher de repenser à Reid, à cette conversation qu'il avait eue dans la chambre d'Owen Savage… De nombreuses victimes faisaient partie de l'équipe de foot qui avait maltraité son ami.
Coïncidence ?
Il frissonna légèrement en se rendant compte qu'il était en train de soupçonner son collègue et se raisonna aussitôt : Reid était incapable d'agir de la sorte.
Ses soupçons étaient insensés et infondés.
Pensivement, il frotta le dos de la femme qui pleurait maintenant dans ses bras, en répétant inlassablement :
-Ils sont morts ? Juste Chris, Rudy et Alexa ou tous ? Pourquoi… ? Pourquoi… ?
Emily, avec un sang-froid exemplaire, répondit calmement :
-Je suis désolée. Seuls trois hommes sur cette photo ne font pas partie de nos victimes.
Morgan songea, tout comme elle, qu'ils ne faisaient pas partie de leurs victimes connues, mais ne fit aucun commentaire à ce sujet. Lentement, il aida l'épouse à se redresser et lui demanda enfin :
-Comment se connaissaient-ils ?
A moitié hébétée par la réponse d'Emily, la femme mit quelques longues secondes à comprendre sa question, puis répondit vaguement :
-C'était avant qu'on se rencontre… Mais Chris… me montrait souvent cette photo. Quand il était plus jeune, il n'avait pas assez d'argent… pour aller à l'université de Berkeley… mais il pratiquait pas mal de sports. Oui… Il était sportif et très doué… Il avait raté de peu l'obtention d'une bourse d'étude pour y étudier à cause d'un petit ennui à la jambe… Il avait dû se rabattre sur une petite fac…
Elle fit une longue pause, luttant contre les larmes et les souvenirs, puis continua son récit d'une voix atone et tremblante :
-Et puis, il a rencontré… Rudy dans une salle de sports… Ils ont sympathisé… Oh… Chris m'a tellement parlé de lui et de sa petite-amie… Il trainait tout le temps avec eux, l'équipe de foot et quelques autres gars… Il se sentait important, dans ce groupe… Il m'a toujours dit que c'étaient ses plus belles années…Oh oui, ses plus belles années avant qu'on se rencontre…
Son récit était décousu, mais cohérent. Emily lui lança un regard compatissant et l'invita à se rasseoir.
-D'accord… Je vois… Et connaissez-vous le nom de toutes les personnes qui figurent sur cette photo ?
La femme, assise sur un coin de fauteuil secoua la tête :
-Pas tous… Je… Il me les a dits… Mais j'en ai oublié pas mal…
Morgan indiqua à tour de rôle leurs trois inconnus.
-Vous rappelez-vous d'un de ceux-là ?
Les mains de la veuve se tordirent nerveusement sur ses genoux cagneux, puis agrippèrent à nouveau les pans usés de son peignoir :
-Je… Le deuxième… Le grand blond… Il s'appelle Brad… Ou Brendan… Quelque chose du genre. Et le troisième, je crois qu'il s'appelle Max… Mais je ne suis plus sûre. Pour le premier… Je ne sais vraiment plus…
Elle se mordit la lèvre et passa ses doigts noueux dans ses cheveux emmêlés.
-Il ne me parlait presque que de Rudy… C'était son Dieu… Je suis désolée de ne pas pouvoir faire plus…
Morgan lança un regard entendu à Prentiss qui avait noté les noms, puis rassura la femme de la victime.
-Vous nous avez été d'une grande aide madame…Nous allons vous laisser. Pouvons-nous garder cette photo ?
La tête de madame Randew dodelina sur ses épaules, formant un vague « oui ». Les deux agents se levèrent sans ajouter un mot pour laisser cette femme en paix et fuir ce sinistre endroit. Soudain, au moment où ils quittaient le salon, la voix éraillée de celle-ci les retint :
-Vous pouvez… me promettre une chose ?
Morgan se retourna vers elle, la regarda dans les yeux et répondit d'une voix tendue :
-Nous retrouverons celui qui a fait ça à tous ses pauvres gens et à votre époux, madame, je vous le promets.
Un sourire énigmatique et tordu s'immisça sur les lèvres de la veuve :
-Merci… Et quand vous l'aurez trouvé… Je vous en prie… tuez-le.
Derek sentit un nœud se former dans son estomac et un mauvais pressentiment l'envahit, sans qu'il sache pourquoi. Il ne répondit pas et se dirigea vers la sortie, manquant d'air…
Un fois à l'extérieur, il respira profondément et entendit vaguement Emily faire des commentaires sur la misérable existence de cette femme.
Il ne l'écouta pas.
Ses pensées revenaient sans cesse à Reid, à ce secret qu'il lui avait révélé, à ce comportement étrange qu'il adoptait depuis le début de cette enquête… Et s'il s'était passé bien plus qu'une simple humiliation… Et si Reid avait voulu se venger ?
Spencer était-il mêlé à tout ça ?
Sans dire un mot à sa collègue qui déblatérait toujours à ses côtés, il ouvrit la portière du SUV et s'installa derrière le volant, mal à l'aise. Il lança un regard à la vieille maison mal entretenue et sentit le regard interrogateur d'Emily peser sur lui.
Il devait savoir…et parler à Reid.
Le doux ronronnement du moteur ankylosait son esprit qui vagabondait sans cesse, absorbé par les plans fomentés par l'hôte, l'image tout fraîche de la scène de crime et les chaussures couvertes de sang qu'il portait.
S'ajoutait désormais à tous ses problèmes, les soupçons de Rossi.
Spencer prit une grande goulée d'air et se mordit la lèvre. Il se sentait traqué. Oui, c'était le terme approprié. Et même si cette poursuite relevait un peu le niveau du jeu et pimentait légèrement cette sinistre aventure, cette épée de Damoclès au-dessus de lui l'oppressait…
Les chances de s'en sortir se réduisaient de plus en plus.
Le large bâtiment clair dans lequel se trouvaient les locaux de la police se profila à l'horizon et sortit légèrement le jeune homme de ses pensées. Reid lança un bref regard à Rossi qui conduisait silencieusement le SUV.
Cet homme allait-il le faire tomber ?
La voiture tourna aisément dans le parking du poste et s'arrêta en douceur. Sans dire un mot, Spencer ouvrit sa portière et remarqua que l'inspecteur et Hotch étaient déjà de retour. Avaient-ils découvert quelque chose ? Le vent s'engouffra sous ses habits et il frissonna, autant à cause de l'effroi que de la fraîcheur de ce début de soirée. Il lança un vague regard à l'entrée et imagina son patron l'attendre, la mine sombre, une paire de menottes en main, encadré d'agents armés jusqu'aux dents, prêts à l'abattre.
Cette image finit de le glacer.
Mais un tel accueil ne lui était heureusement pas –encore- réservé. Si Hotch et Roger avaient trouvé quelque chose qui les avait poussés à rentrer plus tôt, ça ne devait pas l'incriminer directement.
Mal à l'aise, il suivit David qui marchait d'un pas ferme vers l'entrée et s'y engouffra à sa suite. L'air chaud et l'odeur de mauvais café le calmèrent aussitôt… Personne ne s'arrêta de travailler lorsqu'ils entrèrent. Aux yeux de tout le monde, il était profileur. Personne ne pouvait se douter de ses secrets.
Rien ne pouvait le relier directement à tous ses morts. Il était au-dessus de tout ce petit monde aveugle. Intouchable.
Les deux agents se rendirent directement dans la pièce qui leur était réservée, louvoyant entre les bureaux et les agents en perpétuel mouvements, visiblement absorbés par leurs tâches.
La plupart des policiers jetèrent des regards méfiants, las ou agressifs sur leur passage.
Reid se surprit à sourire, une fois de plus, en remarquant toute l'agitation et tout l'agacement qu'il causait. La population était sur les nerfs et les gens n'arrêtaient de téléphoner au moindre comportement suspect d'un passant ou d'un voisin. Voir tous ces policiers chasser les mouches avait quelque chose de jouissif.
Plus confiant, quoiqu'un peu stressé, il pénétra dans le bureau où étaient assis JJ, Hotch et Roger. Ils n'avaient visiblement rien de nouveau… La rencontre avec les parents d'Alexa avait été infructueuse.
Tant mieux.
Son patron posa un regard interrogateur sur ses agents et Rossi, ayant compris qu'ils n'avaient rien de nouveau, prit aussitôt la parole :
-Notre tueur possède très certainement une arme : il n'y avait aucune trace de lutte. Son meurtre était préparé, mais il a fini par sortir de son schéma. Il a littéralement perdu le contrôle lorsqu'il a noyé sa victime dans les toilettes.
Reid continua aussitôt, d'une voix un peu aigüe, espérant qu'Hotch ne s'intéresserait pas au dernier point soulevé par son collègue :
-Il doit sans doute être assez imposant pour maîtriser un homme comme Rudy Clints. Par ailleurs, il n'y avait aucune marque semblable à celles trouvées sur la scène de crime d'Alexa : il n'a donc pas utilisé de trépied pour filmer ce meurtre…
Roger leva le nez du dossier qu'il tenait en main et demanda, les sourcils froncés :
-Comment pouvez-vous savoir s'il a filmé tous ses meurtres ? Et pourquoi aurait-il utilisé un matériel différent pour ses victimes ?
L'inspecteur lança un regard méfiant et pénétrant à Reid qui ne put s'empêcher d'émettre un glapissement, déstabilisé. En bafouillant, décontenancé par l'expression étrange qui couvrait les traits de l'inspecteur, il tenta de répondre avec sincérité :
-Nous pensons qu'il s'agit non seulement de trophées pour lui, de souvenirs indispensables pour qu'ils puissent revivre encore et encore ses meurtres, mais également d'une partie de son rituel. Il y a donc de fortes chances pour qu'il ait filmé ses victimes en train de se torturer ou de mourir.
La première fois, il avait juste pris la peine de filmer les aveux de culpabilité de Rudy. Après, il avait préféré filmé un peu plus… De s'attarder sur leur mort, surtout…
Reid se laissa absorber par les prunelles sombres de Roger et continua, d'une voix plus hachée par la panique qui le gagnait :
-Pour la différence de matériel, ça peut s'expliquer par le fait que le tueur a sans doute ressenti le besoin d'apparaître sur la vidéo lors… de… du…
Les mots venaient mais restaient calés dans le fond de sa gorge. Une irrationnelle panique l'emportait doucement : il avait l'impression que chaque souvenir déterré par cette réponse s'affichait sur son front, à la vue de toutes les personnes présentes devant lui.
Roger lisait en lui. Et Reid sentait ses soupçons.
Hotch finit pour lui cette phrase restée en suspend, après lui avoir lancé un regard inquiet :
-Lors du viol d'Alexa Lisben.
Spencer, très pâle et intimidé, acquiesça doucement et baissa la tête, pour éviter tout contact visuel avec l'inspecteur. Ses chaussures semblaient presque clignoter sous les yeux de ses collègues.
Trop évidentes et couvertes de sang.
Un vertige fit vaciller la pièce : il sentait tous les regards peser sur lui, interrogateurs… Ils ne comprenaient pas son trouble... Mis à part Roger qui, tel un charognard, semblait attendre qu'il s'écroule sur place, fusillé par les remords ou la panique.
La porte s'ouvrit brusquement derrière lui.
Spencer se retourna vivement vers les deux arrivants, remerciant les cieux de lui avoir offert une telle échappatoire… Mais l'air soucieux qu'affichait Morgan, lui fit aussitôt froid dans le dos… Un horrible pressentiment contracta son abdomen et la peur s'intensifia, englobant rapidement toute autre perception.
Emily posa fièrement une photo sur la table et annonça d'une voix qui sonna comme une condamnation pour Reid :
-Nous avons trouvé le lien ! Et trois nouvelles victimes potentielles…
Cette entrée fracassante avait certes créé une salvatrice diversion pour Spencer, mais rendait la situation encore plus pénible. Les membres cotonneux, il avança vers la table et retint sa respiration en voyant les visages qui figuraient sur le cliché.
Ses victimes. Et ses proies. Brandon.
Ses collègues l'observèrent, tout comme lui, d'un œil aiguisé et critique. Rossi fut le premier à commenter :
-Ils étaient tous amis…
JJ se pencha un peu et fronça les sourcils.
-Où cette photo a-t-elle été prise ?
Spencer répondit d'une voix sourde et mécanique :
-Sur le campus de l'université.
Il sentit à nouveau tous les regards converger vers lui… La panique monta d'un cran. L'hôte se mit à s'agiter, à lui lancer des ordres contradictoires… Ils étaient si proches de lui. Trop proches et son travail n'était pas terminé. Ses collègues détournèrent les yeux, pensifs. Le jeune agent en profita pour laisser sa main droite glisser sur son flanc afin d'atteindre discrètement son arme. La voix d'Hotch le paralysa sur place, l'empêchant de commettre l'irréparable :
-Donc ces jeunes hommes trainaient de temps en temps sur le campus. Tu ne connaissais que ceux qui étudiaient à l'université, c'est ça ?
Livide, Reid acquiesça doucement, les oreilles sifflantes et mentit effrontément :
-Oui. Mais je ne les fréquentais pas… Je connaissais de vue l'équipe de foot et certains visages me disent vaguement quelque chose, mais c'est tout.
Prentiss continua, plongée dans sa réflexion :
-Rudy Clints et Alexa Lisben semblent être au centre de la photo. Ce sont très certainement les leaders du groupe.
Et les autres leur servaient de meute, songea amèrement Reid, parcouru de d'imperceptibles tremblements. Sa main oscillait toujours autour de son arme, incapable de se décider… Emily s'adressa alors à lui :
-Peux-tu nous en dire plus sur leur popularité ? Si c'est véritablement notre lien, le tueur a dû être lié d'une façon ou d'une autre à ces personnes, à cette époque.
Spencer sentit son cœur battre plus vite, irrégulièrement.
-Ils étaient aimés de la plupart des élèves. Ils étaient très populaires.
Il embrassa son équipe du regard et remarqua que Morgan le dévisageait. Il se mordit la lèvre et leur avoua enfin la version officieuse :
-Mais pas mal d'autres personnes les enviaient ou les détestaient. Ils avaient l'habitude d'humilier les autres élèves…
Rossi ajouta, avec un mince sourire satisfait :
-En noyant des jeunes dans les WC, par exemple…Notre tueur a sans doute été maltraité par eux.
Reid opina légèrement du chef, les yeux baissés. L'inspecteur lui demanda aussitôt, avec agressivité :
-Ils vous ont également fait subir ce genre de choses ?
Le jeune homme serra les poings, prit une seconde pour répondre et leva des yeux plein de défiance vers Roger pour couper court à toute autre question :
-Une fois. Mais j'étais l'un des protégés de l'université. Ils ne pouvaient pas me faire de mal.
Si cela avait été vrai, il ne serait pas là, à hésiter entre abattre ses collègues pour pouvoir prendre la fuite ou chercher stérilement un moyen de les diriger vers un autre suspect. Le jeune agent soutint un moment le regard de l'inspecteur, puis détourna les yeux. Morgan l'interrogea à son tour, la mine sombre :
-Tu connais quelqu'un qu'ils auraient humilié plus que les autres et qui serait capable de faire ça ?
La voix tendue de Derek le fit frissonner : que sous-entendait-il par cette phrase? Le soupçonnait-il, lui aussi ? Spencer réfléchit quelques secondes, à toute allure et, très vite, le visage de son joker s'imposa à lui. Son corps tendu s'affaissa légèrement. D'une voix hésitante et douce, il répondit :
-Ils frappaient et humiliaient pas mal de gens mais… on peut dire qu'ils s'acharnaient tout le temps sur un élève…
Il fit semblant de chercher le nom de celui-ci et lança enfin :
-Harper Hillman…
Il vit JJ noter cette précieuse information sur un bout de papier et sentit la pression redescendre lentement en lui. Sa main s'éloigna imperceptiblement de son arme.
Ils auraient beau chercher Harper, ils ne le retrouveraient pas. Il s'agissait de la victime que Garcia n'avait pas trouvée et qu'elle ne trouverait jamais.
Quelques mois plus tôt, Reid s'était rendu au domicile de cet enfoiré afin d'accomplir son œuvre. Il l'avait tué sans une once de regrets mais avait dû faire face à un problème de taille en sortant de la maison de sa victime : la voisine d'Hillman l'avait vu quitter les lieux du crime et l'avait même salué après l'avoir longuement dévisagé.
Un témoin. Une personne capable de mettre un visage sur ses crimes.
Si aujourd'hui, il éliminait toute personne sur son chemin, à l'époque, il ne s'était pas senti prêt à ôter la vie d'une personne innocente.
Paniqué, il avait alors décidé de revenir le soir même et de faire disparaître le sang et le corps de sa victime qui, à l'heure actuelle, était désormais enterré dans le désert du Colorado. La disparation de ce cher Harper Hillman n'avait rien eu d'étonnant puisque ce joueur invétéré était couvert de dettes et était accusé de fraude fiscale par l'état.
Tout le monde avait cru qu'il s'était enfui pour échapper à la prison… Et personne n'avait pris la peine de chercher du sang dans l'appartement ou un corps. La fuite était tellement plus plausible.
Hotch approuva lentement et indiqua la photo :
-D'accord. On va demander à Garcia de rechercher cet homme et ces trois inconnus.
Il fit une pause, puis demanda, sans lever les yeux du cliché :
-L'épouse de Randew a-t-elle pu vous donner des noms ?
Emily jeta un bref coup d'œil à son carnet.
-Elle pense que le deuxième homme s'appelle « Brad », « Brendan » ou un prénom s'en approchant… Et que le troisième s'appelle « Max ».
Brandon.
Ils avaient presque trouvé le nom de sa future victime.
Le désarroi remplaça momentanément la pression et la panique : l'équipe allait-elle le trouver avant qu'il n'ait pu se venger ?
S'il n'était pas assez rapide, Brandon allait lui échapper et révéler la vérité à ses collègues. Il devait donc rapidement le tuer pour le faire taire à jamais et laisser Harper Hillman endosser ses propres crimes.
Son cœur se mit à cogner sourdement dans sa poitrine.
Il ne craignait pas vraiment « Max », ni le sombre inconnu numéro un qui n'étaient pas présents le soir de l'humiliation… Et espérait que les membres de son équipe s'éparpilleraient avec ces deux là et Harper Hillman, lui laissant une marge de manœuvre plus étendue.
Reid observa Hotch composer le numéro de Garcia et se mit à prier pour que ces recherches prennent plusieurs heures… Leur patron allait sans doute leur accorder quelques heures de repos pendant ce temps-là et ainsi lui offrir une opportunité de continuer son œuvre.
Cette nuit serait la bonne…
A suivre…