THE SAVAGE AND HER VAMPIRE

Chapitre 4 : Chapitre 4: Promesses

2404 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:29

Certain appelait cet endroit « Eden ». D’autre « le Paradis ». En un sens c’était paradisiaque : un océan de fleurs de toutes les couleurs jonchait le sol. Le ciel ne croisait jamais aucun nuage et ne connaissait jamais la nuit. Tout n’était que paix et prospérité. Mais surtout, ceux qui vivaient ici étaient immortels. L’une d’elle marchait d’un pas décidé vers la grande arche aux anges, où elle devait faire son rapport. Une fois arrivée devant le trône elle se prosterna face à l’ange aux ailes dorées qui se trouvait devant elle.

 

« - Relève toi, Noimosyni, fit-t-il d’une voix cristalline. Comment s’est passé ta rencontre avec le peuple d’en bas ?

- Le Roi Avalro, gardien du cristal d’améthyste donc je suis la protectrice, envoie ses troupes dans la Mer Primaire. D’ici vingt-quatre heures vos Chevaliers partiront se battre en votre nom, Seigneur Keimenos. Nous allons enfin pouvoir sauver Lliaki retenu prisonnière des Varja.  

- Voilà qui est bon à entendre. J’ai entendu des rumeurs des plus accablantes sur l’état de santé de Lliaki.

- Que lui est-il arrivé ?! Qu’ont-ils fait à ma sœur ?! s’emporta la femme-oiseau.

- Vous n’avez pas besoin de le savoir, fit l’ange dans un sourire presque malsain. Concentrez-vous sur votre mission qui est de guider les Chevaliers à bon port.

 

Noimosyni fixa encore l’ange un instant. Ses yeux violets lui piquaient, comme si elle s’apprêtait à pleurer. Et détourna le regard et reparti pour le jardin extérieur. Les Seiren ne pouvaient pas pleurer. Elles étaient des êtres supérieurs. Pas au même titre que les anges bien sûr, qui façonnaient l’espace et le temps comme bon leur convenait. Les Seiren, elles, servaient de messager entre le monde des cieux et le monde d’en bas. Leurs deux mondes étaient reliés par des cristaux géants qui faisaient office de portail, mais pas seulement : les cristaux avaient la faculté de créer et réguler la magie dont les créatures célestes et terrestres jouissaient. C’est pour cela que chaque Seiren avait la mission de protéger un cristal, chacun nommé par une pierre précieuse. Si l’un d’eux venait à être détruit, la magie disparaitrait et le monde céleste s’écroulerait.

Mais pour le moment Noimosyni ne pensait pas à ce qu’elle pouvait risquer si sa sœur venait à mourir. Rien qu’à l’idée que Lliaki souffrait la mettait hors d’elle. Pourquoi d’ailleurs ? Dans le monde céleste la compassion n’existait pas, au même titre que les sentiments. Les désirs étaient prohibés, sous peine d’être chassé du « paradis ». La jeune femme-oiseau regarda son reflet dans une fontaine et soupira. Elle devait se reprendre. Lliaki, tout comme elle, était immortelle, tant qu’elle ne mangeait pas de nourriture du monde d’en bas, et tant qu’elle ne couchait pas avec un mortel elle ne risquait rien. Elle prendrait sa mission au sérieux, les mortels pouvaient bien mourir eux, tant qu’elle pouvait retrouver sa sœur.

 

*

*      *

    

Nevra était chez lui et préparait tout ce dont il avait besoin pour le voyage. Il avait hâte que tout ça se termine. Et en même temps l’idée qu’il pourrait devenir un héros lui plaisait énormément. Peut-être que même Miiko lui demanderait de sortir avec lui ? Il rigola à cette folle idée et s’assit lourdement sur son lit en fixant son plafond. Peut-être que c’était la fin du voyage aussi. Nevra n’avait pas peur de sa propre mort, mais de celle de ses amis. Il rêvait d’un monde où toutes les créatures vivraient en paix, sans craindre de se lever le matin. Les temps étaient durs ces jours-ci...

Soudainement, il cru entendre des bruits de pas et se redressa vivement lorsque sa porte s’ouvrit avec violence.

 

« - Seigneur Nevra, le Roi vous demande, fit un soldat. Il vous attend dans la salle du trône, c’est urgent. »

Et merde, qu’est-ce qu’il lui allait lui reprocher cette fois ? Le jeune homme se leva avec agilité et couru jusqu’à la salle du trône. Le Roi tapotait nerveusement du pied, les bras croisés. Lorsqu’il vit le garçon, il s’approcha de lui en soupirant.

« - Juste Ciel, enfin vous êtes là ! J’aurai une requête à vous soumettre.

- Euh… Que puis-je faire pour vous ? Je ne suis pas très bon pour organiser les banquets…

- Il ne s’agit pas de cela… J’ignore comment, mais… (Il se racla la gorge) Une petite fille vous demande. Il est temps pour elle de manger mais elle refuse d’avaler quoique ce soit… Pouvez-vous essayer quelque chose ?

- Je ferai mon possible Votre Majesté, s’inclina Nevra qui avait bien compris qu’il s’agissait de Ione. »

 

Le brun suivit le Roi jusque dans les cuisines, mais s’arrêtèrent devant la porte entre ouverte en entendant tous les bruits de cris et de casse. Le Roi jeta un œil inquiet à Nevra qui se mordit les lèvres. Ça risquait d’être coton. Il entra dans la pièce entièrement saccagée. Une femme plutôt grosse apeurée dans un coin de la pièce tentait de calmer la furie de cinq ans qui poussait des cris stridents en brisant tout sur son passage. Nevra entra la pièce calmement et fixa la fillette. Elle était à quatre pattes, prête à se jeter à son cou, et fit démonstration de ses crocs tranchants. Ses yeux jaunes luisaient de violence et de colère.

« - C’est quoi ton problème ? fit Nevra avec le plus de détachement possible. »

La fille se mit à rugir et sans prévenir s’attaqua au Chevalier et lui mordit le poignet. Une douleur cuisante lui traversa l’avant-bras. Il cala son dos contre le mur et s’écroula au sol. Ione ne lâchait pas prise, et même resserra la pression de sa mâchoire sur le bras du brun. Nevra soupira. Il ne pouvait décemment pas se battre contre une petite fille, encore moins dans le château. Mais il ne pouvait pas attendre nous plus qu’elle lui bouffe le bras. Il leva son autre main disponible et la posa sur la tête de la petite fille, et lui caressa les cheveux.

« - Ça va, tu n’as rien à craindre. Calme-toi. »

 

Ça semblait marcher. La petite fille lâcha son emprise et leva le regard vers Nevra. Elle semblait profondément triste.   

 

« - Nevra ne doit pas partir chez les méchants ! Nevra doit rester ici !! hurla-elle en pleurant.

- Humm, elle n’arrête pas de répéter ça depuis tout à l’heure, fit le Roi qui s’était rapproché.  

Le brun regarda la petite fille avec étonnement. Qui avait pu lui dire qu’il partait ?

- La dame multicolore, je l’ai vu ! Elle me l’a dit ! Nevra ne doit pas partir !

- Tu veux parler de la Volonté du Cristal ? fit Nevra qui avait de plus en plus de mal à comprendre.

La petite hocha de tête.

- Oui, c’est maman ! Elle me parle de Nevra et elle s’inquiète ! Alors reste… »

 

Qu’est-ce qui était le plus impressionnant ? Que la petite sauvage avait une mère céleste ? Ou qu’une divinité se préoccupait de son sort au point de l’empêcher d’accomplir sa mission ?  Nevra se frotta la nuque et lança un regard interrogateur au Roi qui haussa des épaules.

 

« - La Volonté du Cristal ne m’a rien dit de tel, fit-il. Ce n’est peut-être qu’un rêve…

- Non ! s’écria la fille, Ione n’est pas menteuse ! Maman est venue et à parlé à Ione !

- Je te crois, répondit Nevra avec assurance. Mais quoi que ta maman dise, je suis un chevalier. Et j’accomplirai mon devoir. Et quand je serai revenu, je ferai de toi mon écuyer. »

 

La fillette hocha la tête, un peu confuse. Le brun posa un baiser protecteur sur la tête de l’enfant et lui intima d’aider à ranger ce qu’elle avait cassé. Elle s’exécuta et s’excusa auprès de sa nourrice et du Roi. Nevra s’apprêta à partir mais elle le retint par son bras ensanglanté. Et remonta délicatement la manche afin de le pas toucher à la blessure et la regarda l’air désolé.

« - Ce n’est pas grave, ça va partir vite. Je suis un vampire après tout, il suffit que je boive du sang et…

La petite fille se mordit le bras. Du sang tomba de son poignet qu’elle tendit à Nevra.

- Je ne bois que du sang synthétique, fit-il sous le choc. Je ne boirai pas de sang pur, et encore moins le sang d’une petite fille !

Ione le fixa mécontente et lui donna un coup de pied dans le tibia. D’instinct il se pencha en avant et la gamine lui pris le col avec son autre main. Puis lui chuchota dans l’oreille.

- Si Nevra pas boire mon sang, Ione dira au Roi que Nevra est venu voir Ione dans la tour alors qu’il avait pas le droit, fit-elle pleine de malice.

Heureusement qu’il n’y avait plus personne dans la pièce, il aurait été bien embêté que quelqu’un voit à quel point il était soumis à une petite fille ! Et merde, quelques goutes ne ferait pas de mal, et au moins personne viendra lui prendre la tête avec sa petite escapade. Il jura en silence et se mit en tailleur. Ione s’installa sur ses genoux et lui tendit le bras. L’odeur du sang monta à la tête du garçon. La dernière fois qu’il en avait bu du pur remontait à bien longtemps. Mais boire le sang de ses semblables le révulsait au plus au point. Il lécha les perles rouges qui ruisselaient sur le maigre bras de l’enfant. Le sien était fruité, et chaud. Il se surprit à en réclamer encore un peu. Il remonta sa langue jusqu’aux traces de morsure. Il devenait dingue. Ce sang le rendait dingue. Plus il le goutait, plus il en voulait. Ses canines commençaient à sortir en réclamant encore plus, sa respiration se faisait saccadée, signe de son impatience. Soudainement, comme un éclair conscience, il lâcha le bras, se souvenant qu’il prenait le sang d’une petite fille. Lui planter ses canines était presque comparable à un viol.

Ione le regardait avec étonnement et sursauta lorsqu’elle vit que les pupilles d’ordinaires noires de Nevra étaient devenues rouges. Elle comprit que le garçon était tourmenté par son désir de sang. Elle leva sa main blanche et lui caressa la joue tendrement. Ione était petite, et un peu brutale, et parfois elle avait l’impression de ne pas être comme toutes les autres petites filles. La dame multicolore lui avait dit que Nevra serait quelqu’un d’important dans sa vie, et qu’il fallait qu’elle le protège. Elle lui avait juré. Mais plus que sa promesse, elle aimait Nevra. Elle aimait les bonbons aussi, mais Nevra était bien plus important que toutes les sucreries et tous les gâteaux de la terre. Oui, elle le protégerait. Parce qu’il était comme elle. Différent. Et seul.      

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