Un deuxième furie nocturne ?
Il faisait chaud, trop chaud, le feu l'encerclait, personne n'était là pour le bambin criant dans son berceau. Une face monstrueuse toute droit sortie des flammes se dressa devant le petit être fragile, allait-elle le dévorer ? Non, il ne pouvait pas mourir si jeune, un bébé vit, il ne finit pas sous les dents acérés d'un monstre orange comme celui qui se tenait au milieu de l'incendie. Pourtant, le gigantesque démon le dévorait bien, mais des yeux seulement... il observait l'humain attentivement de ses pupilles fendues entourées d'ambre et d'or enfermées dans deux sublimes amandes. Leurs regards se croisaient, comme s'ils se connaissaient depuis une existence entière. Le démon était peut-être en réalité un ange... qui le savait ? Il approcha sa griffe du bambin, si doucement, avec les plus grandes précautions dont il pouvait faire preuve, il ne pouvait pas se permettre de le blesser, il avait l'air si fragile. Quelque chose rompit brusquement la brève bulle de douceur qui n'avait que grandit depuis que leurs regards s'étaient croisés, l'ange se retourna si vite, par peur, par esprit protecteur, par colère, par une émotion vive et emporta un de ses biens les plus chers.
Il blessa profondément l'enfant.
Harold sursaute. Il se réveille. L'herbe grasse et encore parée de rosée dans laquelle il est étendu lui rappelle qu'il n'est pas chez lui, auprès du feu ronflant dans la cheminée et emmitouflé dans des fourrures. Abasourdi, Harold se lève lentement mais sûrement, il va encore devoir s'habituer à sa "nouvelle jambe"...
Autour de se dressent des pins lui emplissant les narines d'une odeur fraîche de sève et des falaises de calcaire réfléchissent sur lui un rayon de soleil matinal. Le jeune viking marche et s'aventure dans cet endroit dépaysant; c'est une île dans la forme lui est totalement inédite, conclut-il après une examination rigoureuse de sa carte. Où Harold pourrait-donc la dessiner ? Il ne sait même pas où il se trouve sur l'océan ! Impossible de se référer aux étoiles, impossible de se situer sur Terre, il faut bien se rendre à l'évidence : "Nous sommes perdus ! " laisse échapper l'aventurier avec découragement. Harold se concentre du mieux qu'il peut. Où était-il hier soir ?
Il revoit le ciel, la mer, des îles, son dragon. Puis surgissent ses souvenirs les plus récents :ceux de l'éboulement.
Les questions fusent par centaines dans son esprit : Où suis-je ? Comment cette falaise a-t-elle pu tomber toute entière ? Pourquoi n'ai-je pas réagit plus tôt ?
OÙ EST KROKMOU ?