De Métal, de Chair et de Sang

L’homme de stature imposante vérifia que ses jumelles fonctionnaient correctement avant de les porter à ses yeux une nouvelle fois. Ce qu’il voyait depuis son poste d’observation était tout simplement stupéfiant. Trois guerriers étaient en train de s’affronter à plusieurs centaines de mètres de là, sur une plaine herbeuse. Leur puissance semblait démesurée et l’écho de leur combat résonnait sur les collines qui ceinturaient cette région sauvage. De temps en temps, un rayon lumineux fusait des mains de l’un des protagonistes, arrachant des soupirs admiratifs de l’individu qui les espionnait en secret. S’il avait su qu’il tomberait sur des mecs pareils lors d’une simple patrouille de routine, il aurait ramené de quoi enregistrer une vidéo. Le fait que ces gars existent était tout aussi fantastique que problématique.

 

“Qu’est-ce qu’ils foutent, bordel ?”

L’individu embusqué s’impatientait et se prit à parler tout haut. Il avait informé ses collègues et son supérieur de sa découverte à l’instant même où il avait trouvé un amas de rochers surélevé pour admirer le spectacle en toute sécurité, mais ses alliés mettaient un peu trop de temps à le rejoindre. Ils allaient rater la fin… et peut-être l’opportunité de tirer profit de cette situation inattendue. Une bonne minute plus tard, il les vit finalement arriver : deux autres gardes du corps bâtis comme lui et habillés des mêmes vêtements chauds ainsi qu’un vieillard en blouse blanche. Ils progressaient par bonds successifs, précis et rapides tout en restant les plus discrets possible. À l’évidence, ce n’étaient pas des humains normaux non plus.

 

Lorsque le trio rejoignit l’espion, le vieux à l’apparence de scientifique lui arracha les jumelles des mains et s’installa à sa place, sans un mot.

“Qu’en pensez-vous, maître ? risqua le premier arrivé sur les lieux, après avoir laissé passer juste assez de temps pour ne pas paraître irrespectueux.

-Hmm… celui aux cheveux longs, qui porte une sorte d’armure… c’est clairement lui le plus puissant. Ils sont à deux sur lui et ils n’arrivent à rien.”

Ce fut tout ce que daigna répondre le doyen du groupe, mettant dans l’embarras celui qui l’avait interrogé. Ce dernier réajusta nerveusement sa chapka abîmée. Il recevrait de toute façon des directives précises de la part de son supérieur lorsque celui-ci se serait fait son avis sur la situation.

 

Une autre minute s’écoula dans un semblant de silence, troublé par le vacarme étouffé de l’affrontement qui avait lieu un peu plus loin. Enfin, le vieillard se retourna vers ses subalternes, la mine grave et le regard médusé.

“Il vient d’être vaincu. Un gamin est sorti du gros objet rond se trouvant à côté d’eux et l’a frappé au ventre. Suite à cela, l’être à la peau verte l’a transpercé avec une attaque énergétique, emportant également l’autre combattant vêtu d’un kimono rouge qui a visiblement donné sa vie pour immobiliser momentanément leur ennemi commun.

-C’est peut-être le moment d’intervenir, proposa l’un des trois hommes de main.

-Pas question ! cracha son maître, dévoilant des gencives presque dépourvues de dents. Ni vous, ni moi, n’avons le niveau nécessaire pour ne serait-ce qu’importuner celui qui reste debout. Il lui manque peut-être un bras mais ça ne change rien.”

 

“Regardez, un avion se pose sur les lieux ! fit remarquer le troisième sbire.”

Le vieux scientifique reprit les jumelles et demanda à ses compagnons de se taire. Il resta quelque temps à marmonner des choses incompréhensibles. Il parlait vaguement d’une femme aux cheveux bleus, d’un plagiste à l’âge avancé portant des lunettes et d’un petit chauve sans nez. Puis il rendit les jumelles à celui qui les lui avait données.

“Bien… ils ont tous quitté les lieux. J’ai perdu des yeux le cadavre du gars en rouge mais j’ai repéré l’endroit où ils avaient enterré l’autre, celui aux cheveux longs… celui qui nous intéresse. Ah ! Ah ! Les imbéciles...”

 

Complètement allongé sur une pierre plate, le vieillard se redressa bien plus facilement que son physique décrépi ne l’aurait laissé supposer et posa fièrement les mains sur ses hanches.

“Attendons que la nuit tombe avant d’aller le chercher, afin d’être certains de n’éveiller aucun soupçon. Ensuite, le plus gros du travail ne fera que commencer. Mais quand nous serons enfin prêts, plus rien ne nous arrêtera !”

Il avait prononcé cette dernière phrase avec une lueur malsaine dans les yeux qui fit frissonner ses trois subordonnés.

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“Tu vas creveeer ! hurla Nappa en préparant un kikoha dévastateur dans sa main gauche.”

Le Saiyajin à la carrure colossale s’apprêtait à mettre fin aux jours du petit Gohan, comme il l’avait fait avant pour Yamcha, le beau garçon aux cheveux longs et au regard charmeur, pour Tenshinhan, le grand combattant taciturne aux trois yeux ainsi que pour Chaozu, l’être minuscule à la peau blanche et aux pouvoirs télékinétiques. Pendant toute l’année qui avait suivi la mort de Raditz, les Terriens s’étaient entraînés sans relâche, avaient repoussé leurs limites et peaufiné de nouvelles techniques pour prouver à ces deux extraterrestres que les habitants d’une soi-disant faible planète savaient très bien se défendre.

 

Pourtant, un seul de ces Saiyajin était en train de tous les massacrer. Ce grand gaillard nommé Nappa était une force de la nature. Mesurant plus de deux mètres, il était encore plus grand que Piccolo et Tenshinhan tout en étant doté d’une musculature impressionnante. Son crâne chauve et sa petite moustache ajoutaient encore une touche de virilité à cet homme d’âge mûr qui en avait vu beaucoup et qui s’en était sorti à chaque fois grâce à sa nature de guerrier hors pair. Malgré sa vantardise et son excessive confiance en lui, sa puissance était telle que personne ne pouvait s’opposer à lui. Il avait certes perdu momentanément son sang froid grâce à la stratégie menée par le fils de Daimao, Krilin et Gohan mais il leur était trop supérieur. Et le fait qu’il obéisse aveuglément à Vegeta était encore plus inquiétant.

 

Vegeta avait un visage relativement jeune et une épaisse chevelure similaire à celle de Goku, excepté le fait que ses pointes partaient tout droit vers le ciel. Il était bien plus petit, de constitution moins impressionnante que son partenaire et pourtant, il semblait avoir une telle emprise sur lui qu’il était forcément plus terrible encore que Nappa. Il portait la même armure à épaulettes que ce dernier mais y avait ajouté une tunique bleue moulante en dessous. En tous cas, la queue qui lui ceinturait la taille ne faisait aucun doute sur sa nature de Saiyajin. Il était à la fois très serein et cruel, prenant plaisir à lire la peur sur le visage de ses ennemis. Il adorait les fixer longuement sans bouger, en silence, un sourire malsain sur les lèvres… ce qui glaçait le sang de Piccolo et des autres. Mais brusquement, il avait changé d’attitude.

 

“Nappa, achève-les, abruti ! avait-il ordonné un instant plus tôt.”

Son détecteur lui avait indiqué qu’une grande puissance s’approchait à toute vitesse. Certainement Kakarotto, que ces minables Terriens attendaient désespérément depuis de longues heures. Soudain, le chef du duo fut alerté par un autre avertissement sonore de son appareil. Une deuxième présence fonçait droit sur eux… venant d’une toute autre direction. Une présence très surprenante, sinon inquiétante. Les autochtones l’avaient remarqué aussi. Etaient-ils capables de ressentir les énergies sans détecteur ? Toujours est-il que leur visage s’était éclairé une seconde avant de s’assombrir encore plus. Ils n’étaient pas au courant pour ce second trouble-fête.

 

Le plus petit des Saiyajin mit quelques secondes à réaliser que cette autre apparition était encore plus proche et même si elle était inconnue des Terriens, ce ne serait probablement pas un allié pour les envahisseurs.

“Non… ce n’est pas possible. Une énergie encore plus forte que celle de Kakarotto ? lâcha-t-il en perdant son air supérieur. Nappa ! Débarrasse-toi d’eux sur le champ, on va avoir de plus gros morceaux à se coltiner ! Pourquoi es-tu si long, imbécile ?”

Sans même écouter son supérieur, le tas de muscles s’extirpa des gravats, bouillonnant de rage. Face à lui, à quelques mètres, le petit Gohan qui venait de le frapper, momentanément galvanisé par un élan de colère. À présent, il restait statique, totalement exposé, tétanisé par l’air belliqueux de son ennemi.

 

Incapable de bouger, paralysé par la terreur, le fils de Goku allait recevoir une attaque fatale de plein fouet. Piccolo était prêt à s’interposer et à se sacrifier pour sauver le gamin mais il n’en eut pas l’occasion. À la droite du colosse venait de se poser un nouvel individu. Il était apparu à une vitesse impressionnante et Nappa ne l’avait pas vu arriver. Vegeta n’en revint pas lorsqu’il reconnut celui qui avait rejoint le champ de bataille. Un homme au physique de combattant, portant une armure similaire à la sienne mais rafistolée en plusieurs endroits. L’intrus possédait une longue crinière de cheveux noirs tombant presque au niveau de ses pieds.

“... toi… bredouilla Vegeta. Tu devrais être mort !”

Nappa, toujours la main en l’air, prêt à décharger sa vague de Ki, resta interdit lui aussi. Il mit également quelques instants à pouvoir ouvrir la bouche.

“Raditz ? C’est bien toi ?”