Derniers espoirs

Comment était-elle revenue jusque Capsule Corp ? Elle-même l’ignorait. Après avoir donné le senzu à Trunks, elle n’avait plus aucun souvenir du déroulement des évènements. La seule chose dont elle se rappelait, c’était qu’au moment où Trunks avait repris connaissance, elle était restée là, sans bouger, fixant  le vide. Le jeune saïyen, voyant Gohan inconscient et gisant sur le sol dans une marre de sang, s’était précipité vers lui et puis c’était le trou noir. Pourtant, elle n’avait pas perdu connaissance mais c’était comme si son esprit avait été déconnecté pendant un moment, refusant d’admettre l’horrible vérité.

 

Félincia se tenait près de son frère dans l’une des nombreuses chambres de la maison. Il n’avait toujours pas repris conscience. Bulma avait raccompagné chez lui le médecin qui était venu soigner Gohan. La jeune fille essayait de se remémorer leur retour mais son esprit refusait catégoriquement de s’en souvenir. Cependant, elle put se rappeler parfaitement l’angoisse qu’elle avait pu distinguer dans le regard de Bulma quand elle les vit revenir couverts de blessures.

 

- Mon dieu ! Mais que vous est-il arrivé ? avait-elle dit en se précipitant vers son fils qui venait d’entrer dans son laboratoire en portant son mentor sur ses épaules, Félincia, complètement hagard, sur ses talons. 

 

- Vite maman, il va très mal !

 

- Va l’allonger sur un lit, j’appelle le médecin, avait répondu sa mère en se jetant sur le téléphone posé près de son ordinateur.

 

Félincia avait observé la scène sans vraiment la voir. Dans un état de passivité totale, elle s’était contentée de suivre Trunks qui avait transporté son frère dans une chambre. Elle était ensuite restée debout près du lit jusqu’à ce que le médecin arrive. Elle ne s’était même pas rendu compte que les larmes avaient continué de couler sur son visage pendant tout ce temps. Une fois entrée dans la chambre, le médecin à sa suite, Bulma avait ordonné à son fils d’emmener la jeune fille dans la pièce d’à côté le temps que l’on soigne les blessures de Gohan. Le jeune adolescent avait attrapé la main de son amie pour la conduire dans un petit salon à quelques mètres de la chambre. Félincia n’avait pas protesté, elle n’avait même pas essayé d’empêcher Trunks de la faire sortir et cela avait beaucoup inquiété le demi-saïyen. Arrivé dans la pièce, il l’avait fait asseoir sur un canapé et s’était agenouillé à côté d’elle.

 

- Est-ce que ça va Félincia ?

 

Mais elle ne lui avait pas répondu. Son regard ne s’était même pas posé sur lui, elle avait continué de fixer le sol, silencieuse, et aucune émotion ne pouvait se lire dans ses yeux.

 

- Attends-moi là, lui avait dit Trunks, je vais te chercher un peu d’eau.

 

Il était sorti du salon et Félincia avait entendu ses pas s’éloigner dans le couloir. Pendant ce court instant, un silence de mort avait régné dans la pièce. Quand Trunks fut de retour, la jeune fille n’avait pas bougé d’un poil, son regard fixait toujours le sol et ses mains étaient posées sur ses genoux. Trunks semblait de plus en plus inquiet, Félincia allait vraiment très mal. Il commençait à bien la connaître et il aurait pu parier que pendant sa courte absence, elle se serait éclipsée pour rejoindre la chambre de son frère mais ce ne fut pas le cas. Il s’était approché d’elle à nouveau et avait posé un verre d’eau sur la petite table qui se trouvait juste devant le canapé où Félincia et lui étaient assis. Le jeune garçon aurait bien voulu lui parler mais il n’avait pas trouvé les mots justes, il avait beau chercher, il ne savait pas ce qu’il fallait lui dire. Trunks était mal à l’aise, il avait senti sa jeune amie en détresse et n’avait pas su quoi dire ni quoi faire pour la soulager. Il était resté assis auprès d’elle pendant un long moment, en silence, quand soudain la porte s’était ouverte laissant apparaître Bulma ainsi que le médecin. Ils s’étaient approchés des deux adolescents et l’homme s’était assis sur la table se trouvant ainsi face à eux.

 

- Je lui ai demandé qu’il s’occupe aussi de vous, avait annoncé Bulma d’une voix douce.

 

- Moi ça va, c’est plutôt Félincia qui m’inquiète, avait répliqué Trunks.

 

Le médecin s’était tourné vers la jeune fille qui n’avait toujours pas bougé et elle était restée tout aussi impassible pendant qu’on lui avait désinfecté et pansé ses plaies. Une fois que son travail fut terminé, l’homme s’était relevé et avait rangé son matériel dans sa mallette.

 

- Elle est très choquée, il ne faut surtout pas la laisser seule. Que quelqu’un reste auprès d’elle jusqu’à demain et si son état ne s’améliore pas d’ici deux jours, rappelez-moi.

 

Le médecin était sorti de la pièce accompagné de Bulma qui avait refermé la porte derrière elle. Ensuite, Trunks avait conduit Félincia au chevet de leur maître. Ils étaient maintenant auprès de Gohan et aucun d’eux n’avaient parlé depuis qu’ils étaient entrés. Trunks ne supportait plus cette tension, l’ambiance était beaucoup trop lourde pour lui. Il rompit donc le silence, espérant que Félincia lui adresserait enfin la parole.

 

- Je te remercie, lui dit-il.

 

La jeune saïyenne leva les yeux vers lui pour la première fois depuis qu’ils étaient revenus. Lisant l’étonnement dans son regard, Trunks comprit qu’elle ne voyait pas de quoi il voulait parler.

 

- Si tu ne m’avais pas donné le dernier senzu, je ne serais sans doute pas là à l’heure qu’il est.

 

Elle ne répondit pas, tout du moins pas immédiatement. Si elle l’avait soigné c’était parce que Gohan le lui avait demandé alors qu’elle était prête à donner le haricot à son frère.

 

- Ce n’est pas moi que tu dois remercier, lui répondit-elle. C’est Gohan qui m’a demandé de te le donner.

 

Le jeune garçon la fixa, elle avait toujours les yeux posés sur son frère mais elle semblait un peu moins pâle.

 

- Mais tu l’as fait quand même.
Tu le regrettes ? Lui demanda-t-il après quelques secondes de silence.

 

La jeune fille releva une nouvelle fois la tête vers lui. Elle paraissait indignée par sa question.

 

- Non ! Bien sûr que non ! Comment peux-tu me poser une question pareille !

 

- Désolé, je ne voulais pas te blesser mais tu avais l’air tellement renfermée et distante que je me suis dit que tu m’en voulais peut-être.

 

- Evidemment que je ne t’en veux pas, tu n’y es pour rien. J’aurais réagi de la même façon si ça avait été toi dans ce lit à la place de mon frère.

 

- Vraiment ?

 

- ...Oui.

 

Trunks fut touché par ce qu’elle venait de lui avouer. Malgré les différends qu’ils pouvaient parfois avoir, elle l’appréciait. Il fut aussi très soulagé car il pensait que c’était de sa faute si elle semblait autant choquée et terrifiée. Son regard s’attarda quelques instants sur son mentor et ami avant de reprendre la conversation.

 

- Je suis désolé pour ton frère, c’est en me protégeant qu’il a perdu son bras. Si j’avais été plus prudent tout cela ne serait pas arrivé.

 

- Les vrais fautifs ce sont ces pourritures d’androïdes. Aucun de nous n’est responsable de ce qu’il s’est passé.

 

Les poings de Félincia, posés sur ses genoux, tremblaient de rage et quelques gouttes de sang perlèrent autour de ses doigts repliés, signe que ses ongles s’étaient enfoncés dans la chair de ses paumes. Elle n’y prêta cependant aucune attention. Des larmes de colères avaient recommencé à ruisseler sur ses joues et allèrent s’écraser sur le drap blanc qui recouvrait le fils de Goku.

 

- Ils sont si puissants, reprit-elle, comment pourrions-nous arriver à les battre un jour ? Je pensais que Gohan était le plus fort, qu’il pourrait tous nous sauver mais je me trompais totalement.

 

- Gohan est très fort Félincia mais eux le sont encore plus. Ils n’ont aucune morale, rien ne leur fait peur et ils ne s’arrêteront pas tant qu’ils n’auront pas tout détruit et ça nous n’avons pas le droit de les laisser faire ! Si nous n’agissons pas, qui le fera ? Nous seuls avons les pouvoirs et la force pour les vaincre. Ils ont remporté cette bataille, c’est vrai, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils ont gagné la guerre. Nous ne devons pas baisser les bras, nous devons continuer à nous entrainer coûte que coûte !

 

Le monologue de Trunks impressionna Félincia. Malgré la défaite, il ne s’avouait pas vaincu pour autant, il était plus que jamais déterminé à éliminer C-17 et C-18. Le sang du Prince des Saïyens coulait avec ardeur dans ses veines, il n’y avait aucun doute là-dessus.  

 

- Je t’admire Trunks. Malgré tout ce que tu as enduré depuis ces nombreuses années, tu ne te laisses pas abattre, tu sembles plus déterminé que jamais. Comment fais-tu pour être aussi optimiste ? Je ne suis confrontée à cette situation que depuis quelques mois et je me sens déjà dépassée, alors que toi rien ne pourrais t’arrêter. D’où tires-tu ta force et ton courage ?

 

- La seule chose qui me fait tenir c’est l’espoir. L’espoir qu’un jour tout redevienne comme avant et que le monde soit enfin débarrassé de ces monstres. Je n’ai jamais connu la paix. D’aussi loin que je me souvienne, je ne me rappelle pas avoir connu un moment paisible ou de tranquillité et c’est pourtant ce que je désire par dessus tout. Alors je vais tout faire pour que cela arrive.

 

- J’espère aussi que tout redeviendra comme avant, enchaîna Félincia, même si je sais que nos amis et nos familles ne reviendront pas.

 

- Alors nous devons le faire pour eux, en leur mémoire. Ils se sont sacrifiés pour essayer de nous sauver, continua Trunks. C’est le moins que l’on puisse faire.

 

- Tu as raison.

 

C’est à ce moment là que Bulma entra dans la pièce. Elle s’approcha du lit et posa une main réconfortante sur l’épaule de la jeune fille.

 

- Je viens de raccompagner le médecin en jet, c’était plus sûr pour lui.

 

- Alors ? demanda Félincia, qu’a-t-il dit ? Gohan pourra vite se rétablir ?

 

- Ne t’inquiète pas Félincia, Gohan est vigoureux, il tiendra le coup mais malheureusement il n’a rien pu faire pour son bras.

 

Bulma sentit les épaules de Félincia trembler à cette annonce, elle l’entoura de ses bras et continua à lui parler doucement.

 

- Le médecin a dit qu’il avait eu beaucoup de chance mais ses origines saïyennes l’ont bien aidées, s’il avait été un humain normal il serait certainement mort.

 

- Je sais, je m’estime heureuse qu’il soit encore parmi nous, je ne sais pas si je l’aurais supporté s’il était mort. Merci Bulma pour tout ce que tu as fait.

 

- Je vous connais depuis que vous êtes nés tous les deux, vous faites partie de ma famille, ce que j’ai fait était tout à fait normal. Il est tard, vous devriez aller tous les deux dormir. Vous vous sentirez mieux demain.

 

- Non, je veux rester près de mon frère !

 

- Félincia, enchaîna Bulma, je resterai près de lui mais toi tu dois te reposer. La journée a été riche en émotions et tu as besoin de reprendre des forces.

 

- Ma mère a raison Félincia, Gohan ne risque plus rien maintenant. Il est hors de danger. En plus tel que je le connais, il n’aimerait pas que l’on s’inquiète autant pour lui.

 

La jeune fille hésita mais Bulma et Trunks n’avaient pas tort, elle ne savait rien faire d’autre pour le moment à part attendre qu’il se réveille. Le mieux pour elle était qu’elle aille dormir, le lendemain son frère serait sûrement réveillé et elle pourrait lui parler.

 

- D’accord, je suis épuisée de toute façon.

 

Elle se leva mais une douleur fulgurante dans le bas de son dos l’obligea à se rasseoir.

 

- Ouch ! Et puis j’ai mal partout aussi, ils ne nous ont pas épargné !

 

- Trunks, accompagne-la jusqu’à sa chambre puis va te coucher aussi. Je veillerai sur Gohan, ne vous inquiétez pas.

 

Le jeune guerrier aida Félincia à se lever et la conduisit jusqu’à sa chambre. Après s’être souhaité une bonne nuit, ils se retirèrent tous les deux et s’endormirent presque aussitôt. Félincia s’était effondrée sur son lit sans même avoir pris la peine de se changer. L’entrainement ainsi que son combat contre les cyborgs l’avaient vidée de toutes ses forces. Cette nuit-là, malgré sa fatigue physique et mentale, son sommeil fut très agité. Elle faisait cauchemar sur cauchemar et s’était réveillée plus d’une fois en sueur.

 

Elle se redressa en sursaut et complètement trempée pour la cinquième fois depuis qu’elle s’était endormie, un regard au réveil posé sur la table de nuit indiquait six heures trente du matin. Lassée de se réveiller toutes les heures à cause de mauvais rêves, elle décida de se lever et d’aller rejoindre son frère dans sa chambre. Sortant de son lit toujours endolorie par son combat de la veille, elle se dirigea vers la salle de bain pour se rafraîchir un peu. Le reflet que le miroir lui renvoyait était peu flatteur,  elle était d’une pâleur effrayante et ses yeux étaient cernés et gonflés. La nuit qu’elle avait passée ne l’avait pas du tout reposée, elle se sentait encore plus épuisée qu’hier soir mais elle savait qu’elle n’arriverait pas à dormir convenablement tant qu’elle n’aurait pas vu son frère réveillé et sur le point de se rétablir. Après avoir pris une douche glacée pour essayer d’effacer les traces de sa nuit agitée, elle s’habilla et sortit de sa chambre en essayant de faire le moins de bruit possible. Trunks devait sans doute encore dormir et elle n’avait pas l’intention de le réveiller. Elle longea le couloir et arriva devant la chambre où Gohan avait été installé, elle ouvrit la porte et entra. Bulma était toujours là, assise dans un fauteuil dans un coin de la pièce et s’était endormie, un livre posé sur ses genoux. Gohan aussi dormait toujours mais sa respiration était régulière et il semblait avoir repris quelques couleurs. Félincia s’approcha du lit, s’assit sur le rebord de celui-ci et prit l’unique main de son frère dans la sienne.

 

Qu’allait-il se passer maintenant ? Gohan avait perdu un bras, allait-il encore pouvoir les entraîner ? Pourrait-il encore espérer battre les androïdes ? Ces idées noires se bousculaient dans l’esprit de Félincia mais se reprenant, elle secoua la tête comme pour les chasser. Oui, évidemment qu’il pourrait toujours les entraîner et même éliminer les cyborgs un jour ! Il était le fils de Goku, celui qui avait plusieurs fois sauvé la terre ! Un bras en moins ne l’arrêtera pas !

 

- Je t’en prie Gohan, réveille-toi vite, murmura la jeune fille. Nous avons besoin de toi.

 

Comme si elle avait senti la présence de Félincia, Bulma se réveilla. La demi-saïyenne était assise sur le bord du lit et tenait la main de son frère. Elle avait l’air épuisée et était plutôt pâle.

 

- Déjà levée Félincia ? Il est pourtant tôt, dit-elle en regardant sa montre.

 

- Oh pardon je t’ai réveillée, lui répondit la jeune fille en se tournant vers elle.

 

- Non, ne t’inquiète pas, je somnolais seulement. Comment se fait-il que tu sois déjà debout ?

 

- Je n’arrivais plus à dormir, je n’ai pas arrêté de faire des cauchemars toute la nuit. J’en avais assez alors je me suis levée.

 

- Tu te fais trop de soucis, Gohan va déjà beaucoup mieux, il se rétablira vite.

 

- Je l’espère vivement Bulma.

 

- En attendant, tu as besoin d’un bon petit déjeuner. Viens, je vais arranger ça, dit-elle en se levant d’un bond.

 

Voyant Félincia hésiter, la mère de Trunks la tira par le bras.

 

- Allez, lève-toi ! Il ne craint plus rien maintenant.  

 

A contre cœur,  Félincia la suivit jusque dans la cuisine. Là, Bulma lui prépara un chocolat chaud ainsi qu’un véritable festin. Très vite, la table fut remplie de victuailles.

 

- Avec tous les problèmes qu’il y a dehors, je me demande comment tu fais Bulma pour trouver autant de nourriture.

 

- En fait c’est surtout un coup de chance, mon père avait créé une réserve importante de vivres au cas où nous en aurions eu besoin. Il a même inventé un nouveau processus de conservation des aliments, ainsi ils sont quasiment impérissables.

 

- Sur ce coup là, il a été particulièrement inspiré, enchaîna la jeune fille qui avait commencé à déguster son petit déjeuner.

 

- Je ne te le fais pas dire. Mais les réserves commencent à s’épuiser et je dois tout de même parfois aller très loin pour trouver certains produits.

 

- En tout cas, c’est délicieux !

 

Comme à son habitude, elle avalait une grande quantité de nourriture, elle n’avait rien mangé depuis hier matin et était affamée mais elle commençait à reprendre quelques couleurs et ses traits étaient moins tirés que tout à l’heure.

 

On ne saurait dire si c’était à cause de la délicieuse odeur qui émanait de la cuisine ou à cause du jour qui s’était enfin levé, mais Trunks choisit ce moment pour faire son apparition dans la pièce. Il était habillé et semblait moins fatigué que son amie. Il prit place aux côtés de Félincia, qui sirotait toujours son chocolat, et de sa mère qui s’était servie sa deuxième tasse de café. Son regard s’attarda quelques instants sur la jeune sœur de Gohan, elle avait une tête à faire peur.

 

- Toi t’as passé une mauvaise nuit, dit-il en se servant une tasse du délicieux breuvage marron.

 

- Sans blague ! C’est vrai qu’il n’y avait vraiment pas de quoi.

 

- Je veux dire par là que t’as l’air encore plus fatiguée qu’hier soir. Tu es certaine que ça va aller ?

 

- Ca ira, j’ai juste fait quelques cauchemars.

 

- Je sais, je t’ai entendu. Tu t’es réveillée plusieurs fois en criant.

 

- Désolée, je n’avais pas l’intention de te réveiller, répondit sincèrement la jeune fille.

 

- T’inquiète, j’ai mal dormi aussi. Je me sens coupable pour la blessure de ton frère.

 

- Je t’ai dit que ce n’était pas de ta faute Trunks ! Arrête de t’en vouloir, tu n’y es pour rien.

 

- Félincia a raison mon chéri, tu ne dois pas t’en vouloir pour ça. Ce qui est arrivé n’est de la faute d’aucun de vous deux. Vous ne pouviez pas prévoir que cela tournerait si mal.

 

- On sait maman. Mais tout de même, il a perdu un bras.

 

- Je ne pense pas que ce soit ce genre de choses qui vont arrêter Gohan, continua la scientifique, il n’est pas le fils de n’importe qui, il ne se laissera pas abattre aussi facilement.

 

- Oui tu as sans doute raison.

 

- Quoi qu’il en soit, aujourd’hui vous allez vous reposer. Pas d’entrainement ! Vous avez besoin de vous changer les idées. De toute façon, vu votre état, ça m’étonnerait que cela donne grand-chose.

 

Les deux adolescents savaient qu’il était inutile de protester, quand Bulma avait décidé quelque chose, il valait mieux lui obéir. Enfin c’est ce que disait Trunks mais Félincia le croyait sur parole. Ils passèrent donc la journée à ne rien faire. Bulma avait retrouvé les vieux albums photos qu’elle tenait avant l’arrivée des cyborgs et Trunks et Félincia passèrent une bonne partie de la journée à les parcourir. Bulma n’hésita pas à leur raconter quelques anecdotes bien croustillantes sur chacun de leurs amis, ce qui eut pour effet de détendre l’atmosphère et ils en avaient besoin. Gohan se réveilla en fin d’après-midi, il était un peu sonné mais il se sentait plutôt bien. La perte de son bras ne l’affecta pas plus que ça, il se contenta de dire que cela aurait pu être bien pire. Ses deux disciples passèrent la soirée auprès de lui, ils avaient apportés les albums photos et continuèrent à les parcourir tous ensemble.

 

Deux semaines plus tard, Gohan était tout à fait remis de ses blessures. Le médecin était repassé pour suivre l’état de son patient et fut sidéré de voir qu’il était déjà sur pied et en pleine forme. Ou presque.

 

- Avec une blessure pareille vous devriez encore être allongé ! Je ne comprends pas, vous n’êtes pas humain ! dit-il en examinant Gohan.

 

- Si tu savais... murmura Félincia qui se trouvait juste derrière l’homme en blouse blanche.

 

Gohan lança un regard à sa sœur qui se tût instantanément.

 

- Je me sens très bien docteur, je pense ne plus avoir besoin de vos services. Je vous remercie de ce que vous avez fait pour moi.

 

- Ne me remerciez pas jeune homme, c’est mon métier de soigner les gens. Mais soyez plus prudent à l’avenir, vous n’aurez peut-être pas la même chance la prochaine fois.

 

- Je m’en souviendrai. Au revoir.

 

Le médecin les salua et Trunks le raccompagna jusqu’à la sortie.

 

- Bon, je pense que nous allons pouvoir reprendre l’entraînement dès demain, reprit San Gohan plus déterminé que jamais.

 

- Tu es sûr que ça va aller ? lui demanda sa sœur.

 

- Ne t’inquiète pas, j’en ai vu d’autres. Tout ira bien.

 

- Si tu le dis.

 

Ils furent très vite rejoints par Trunks et sa mère.

 

- Je serai toujours impressionnée par la capacité de récupération des Saïyens, annonça Bulma. Tu es certain que tout va bien Gohan ? Ta blessure était tout de même très grave.

 

- Ne te fais pas de soucis Bulma, je me sens très bien. Je ressens encore une petite gêne mais cela passera vite et j’ai hâte de reprendre l’entraînement avec mes deux élèves. Je pense que ces deux semaines de repos leurs ont fait du bien mais ils ont encore beaucoup à apprendre. Comme je le disais à Félincia nous reprendrons dès demain.

 

- Très bien, moi j’ai encore quelques améliorations à apporter à mon programme et il me faut encore plusieurs mois pour que la machine soit opérationnelle. Je vous préviendrai quand ce sera terminé.

 

L’entrainement repris donc dès le lendemain. L’incident avec C-17 et C-18 était loin d’être oublié mais cela leur donnait une raison de plus de se donner à fond. Plus que jamais Trunks et Félincia désiraient progresser et atteindre le niveau de leur maître mais ils en étaient encore très loin. Même avec un bras en moins Gohan restait le meilleur. Les mois passèrent sans que les cyborgs ne se fassent remarquer. Sans doute attendaient-ils le bon moment pour passer à l’attaque. Les trois guerriers s’entraînaient sans relâche, Félincia et son frère aidant tant bien que mal Trunks qui n’avait toujours pas réussi à atteindre le premier stade de super saïyen ce qui le frustrait énormément. Il n’arrivait pas à maîtriser sa colère ce qui était cruciale dans leur transformation. Cependant, sa force s’était considérablement accrue, il pouvait maintenant tenir tête à Gohan seul et il en était fier. Gohan ne lui avait rien dit mais il allait bientôt le dépasser.

 

Presque huit mois après l’attaque des androïdes, Bulma leur annonça enfin que la machine était totalement chargée et que Félincia pouvait commencer ses exercices de simulation. Elle avait préféré attendre que la machine soit prête et totalement chargée en énergie pour commencer car au final c’était plus simple, une fois que Félincia maîtriserait la machine elle pourrait partir directement et cela rassurait Gohan qui ne s’était toujours pas fait à l’idée.

 

Ce jour-là, Trunks et Gohan étaient partis s’entraîner seuls. Félincia était avec Bulma et avait réalisé la simulation de voyage pour la centième fois. Au début, elle n’avait rien compris au programme de la scientifique mais après quelques explications et nombreux essais catastrophiques, elle avait réussi son premier « voyage ».

 

L’écran afficha le succès de la mission, Félincia enleva le casque qu’elle avait devant les yeux et sortit de la capsule de simulation.

 

- C’est très bien Félincia, tu as compris et tu maîtrises la machine. Je pense que tu es prête à partir.

 

- Je suis impatiente, j’ai tellement envie de revoir nos amis et surtout mes parents.

 

- Je sais, mais n’oublie pas que tu ne devras rien dévoiler à propos de Végéta et moi. Ni révéler que là d’où tu viens j’ai un enfant.

 

- Ah bon ? Mais de quoi tu parles Bulma ? Tu n’as jamais eu d’enfant, lui répondit-elle avec un petit clin d’œil.

 

- Je pense que je peux te faire confiance, enchaîna Bulma avec un sourire.

 

- Dis Bulma, si je partais maintenant ? Je n’ai qu’un aller-retour à faire et puis comme ça, quand il reviendra, Gohan sera soulagé de savoir que je suis déjà revenue. Il ne devra plus s’inquiéter de cette mission.

 

Bulma hésita.

 

- Je ne sais pas Félincia, j’aurais aimé qu’il soit là quand tu partiras. Si jamais il y a le moindre problème et qu’il n’est pas là, il ne me le pardonnera jamais.

 

- Alors premièrement, vu son hostilité par rapport à ce voyage, je pense qu’il n’aurait pas voulu assister à mon départ et deuxièmement, pourquoi y aurait-il un problème ? Tu as travaillé pendant des années sur ce projet, tu as toujours été sûre de toi et maintenant tu doutes ? En plus, tout à fait entre nous, je ne pense pas que, même s’il devait y avoir un problème, Gohan puisse y faire quelque chose.

 

- Sur ce dernier point tu as raison, mais je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée...

 

- Allez Bulma s’il te plait ! La coupa la jeune fille, je me sens vraiment prête, je sens que c’est vraiment le bon moment !

 

- Je ne sais pas Félincia, j’aimerais encore effectuer quelques tests pour m’assurer que tout est bien opérationnel.

 

Félincia souffla pour marquer son impatience.

 

- Des tests, toujours des tests ! C’est bon, elle fonctionne cette machine ! s’emporta la jeune fille.

 

- Ca suffit maintenant Félincia ! Je t’ai dit non, tu devrais apprendre à respecter les consignes que l’on te donne ! 

 

Bulma pressa le petit bouton qui permit à la machine de se retrouver rangée dans sa petite capsule. Elle la rangea ensuite dans une boîte qu’elle gardait toujours sur elle.

 

- C’est terminé pour aujourd’hui, continua la scientifique d’un ton autoritaire, les garçons ne vont pas tarder à rentrer.

 

Bulma s’éloigna sans dire un mot du plus, suivie de Félincia frustrée de ne pas pouvoir partir immédiatement. Elle commençait à en avoir assez de devoir toujours attendre, de devoir toujours obéir. Pourquoi Bulma ne voulait-elle pas lui faire confiance ? Elle se sentait prête, elle était certaine de mener à bien sa mission et elle allait le leur prouver !

 

Gohan et Trunks rentrèrent effectivement peu de temps après. Félincia faisait mine d’être de bonne humeur mais la frustration était toujours bien présente. Bulma l’avait d’ailleurs remarqué car la jeune fille lui adressa à peine la parole de toute la soirée. La scientifique n’éprouvait aucun remord, elle savait qu’elle avait agi comme il le fallait, Félincia devait apprendre l’humilité et la patience, ce qui lui manquait parfois cruellement. Elle ne se sentit donc pas blessée par l’attitude de la jeune fille qui faisait preuve en ce moment de très peu de maturité.

 

Volontaire et décidée, la jeune fille marchait silencieusement dans le couloir. Il était six heures du matin, Trunks et son frère venait de partir s’entrainer mais Bulma dormait toujours. Puisqu’on ne voulait pas lui faire confiance, elle allait prouver à tout le monde qu’elle était capable de prendre enfin ses propres décisions ! Elle savait que ce qu’elle s’apprêtait à faire était risqué mais le jeu en valait la chandelle. Le plus difficile, serait de s’introduire dans la chambre de Bulma pour lui subtiliser la capsule dans laquelle était enfermée la machine à remonter le temps. Mais pourquoi diable fallait-il qu’elle emporte cette maudite boîte à capsule partout avec elle ? Voilà encore une preuve que Bulma doutait de ses compétences. A cette pensée, une pointe de colère sera le cœur de la jeune saïyenne.

 

Arrivée devant la porte de la chambre, elle inspira profondément et tourna délicatement la poignée. Première chose positive : la porte n’était pas fermée à clef. Doucement, Félincia entrebâilla la porte et se faufila rapidement à l’intérieur afin que la lumière du jour qui commençait à se lever ne réveille pas la mère de Trunks. Un rapide coup d’œil à travers la chambre lui indiqua que la blouse de la scientifique se trouvait sur une chaise à côté du lit. A pas de loup, la jeune fille se dirigea vers la chaise et entreprit de fouiller les poches du vêtement mais ne trouva rien.

 

« Evidemment, cela aurait été beaucoup trop simple ! Bon si j’étais Bulma, où aurais-je rangé cette boîte ? »

 

A nouveau, elle balaya la pièce du regard,  passant en revue tous les endroits possibles où pourrait se trouver ce qu’elle cherchait. Puis, ses yeux s’arrêtèrent sur la table de nuit. Hormis la lampe de chevet et le réveil, il n’y avait rien mais ses yeux continuèrent leur course et se posèrent sur le tiroir. Délicatement, elle l’ouvrit et tomba sur la fameuse boîte.

 

« Bingo ! »

 

Il fallait qu’elle se dépêche car Bulma commençait à remuer et allait certainement se réveiller bientôt. Elle ouvrit la boîte, s’empara de la capsule et referma le tiroir aussi silencieusement qu’elle l’avait ouvert puis sortit rapidement de la chambre. Sans plus attendre, Félincia dégringola les escaliers quatre à quatre, alla chercher le remède pour son père dans la réserve de Bulma et se précipita dehors. Elle ne pouvait plus reculer maintenant, elle était allée trop loin pour renoncer. Elle savait qu’elle allait se prendre une sacrée raclée en revenant de sa mission mais au moins elle leur aura prouvé qu’elle était capable de prendre une décision sans se tromper. Sans réfléchir une seconde de plus, elle délivra la machine à remonter le temps de sa capsule. Vite ! Elle devait se dépêcher car la détonation qui suivait la libération de la machine avait fort probablement alerté Bulma. Félincia grimpa  dans l’appareil et commença à programmer son voyage. Elle tremblait d’impatience et elle était tellement excitée qu’elle ne remarqua pas qu’un voyant rouge s’était mis à clignoter quand elle avait enclenché les moteurs.

 

Le dôme de verre se referma, Félincia entra les dernières coordonnées puis jeta un ultime regard la Capsul Corp. Le voyant clignotait toujours sans qu’elle s’en aperçoive. Tout ce qu’elle voyait, c’était les rayons du soleil pointer derrière les ruines des immeubles. Se concentrant sur le tableau de bord, elle réalisa les manœuvres qu’elle avait mille fois répétées lors des simulations, puis appuya sur le bouton qui devait l’envoyer dans le passé.

 

Ce bruit ? Il lui était familier, on aurait dit le son que faisaient les capsules lorsque l’on appuyait dessus...Sortant de sa torpeur, Bulma se redressa sur son lit et tendit l’oreille. Il y avait de l’activité à l’extérieur. A en juger par la luminosité qui filtrait à travers les rideaux, le jour s’était déjà levé. Bulma jeta un regard sur son réveil. Six heures trente. Elle s’apprêta à se lever mais arrêta net son mouvement. Le tiroir de sa table de nuit était entre ouvert. Un frisson lui parcouru l’échine. Tout se mit en place dans sa tête. Les bruits, l’activité à l’extérieur... Même sans ouvrir son tiroir, elle aurait pu dire avec certitude ce qu’elle allait découvrir. La boîte à capsule vide...

 

- Oh non, Félincia...

 

D’un bond et sans prendre le temps d’enfiler sa robe de chambre, Bulma se précipita dans le couloir. Ses pieds nus frappaient le sol froid, son cœur battait dans sa poitrine. Elle n’arriverait jamais à temps, elle le savait, déjà elle entendait les moteurs de sa machine vrombirent de plus en plus fort. En passant dans la cuisine, elle renversa une chaise sur son passage qui s’effondra sur le sol avec fracas, elle n’y prêta aucune attention. Elle déboucha dans la cour et vit avec effroi Félincia et sa machine prendre de plus en plus d’altitude. Sachant pertinemment que cela ne servirait à rien, elle tenta quand même d’arrêter la jeune fille en faisant de grands gestes et en criant de toutes ses forces pour que sa voix passe au-dessus du bruit que faisait la machine.

 

Félincia vit Bulma bondir hors de la maison et faire de grands gestes en lui criant quelque chose mais de là où elle se trouvait, elle ne pouvait rien entendre et puis de toute façon, elle n’avait aucune intention de revenir en arrière sur sa décision. Au sol, Bulma agitait les bras de plus en plus fort.

 

Ce qui suivit se passa très vite. Normalement, la capsule temporelle aurait dû juste disparaître du champ de vision de Bulma mais ce qu’il se passa ne fût pas ce qu’elle attendait. Elle avait vu la machine se brouiller, comme une chaîne de télé où l’on n’aurait pas le décodeur pour analyser l’image, elle avait immédiatement fait de plus grands signes à Félincia pour qu’elle stoppe les moteurs mais cette dernière avait fait mine de ne pas les voir. Ensuite, elle avait entendu un grand bruit, un sifflement strident et insoutenable, et, venant du centre de l’appareil, une très forte lumière avait progressivement englobé la capsule. Bulma ne put hélas rien faire pour empêcher le drame qui se déroulait devant ses yeux. La lumière était maintenant tellement puissante qu’elle dût se protéger les yeux et quand elle s’estompa légèrement, la capsule n’était plus qu’une gigantesque boule de feu qui s’éloignait à grande vitesse dans les airs et qui explosa presque aussitôt. Bulma se baissa par réflexe et enroula ses bras autour de sa tête pour se protéger des débris de sa machine qui allaient lui tomber dessus mais étrangement rien ne se produisit. Au contraire, juste après l’explosion, il n’y eut qu’un long silence et pas une trace de fumée ou quoi que ce soit qui aurait trahi la destruction de la machine, juste le ciel bleu et un calme étrange, comme si rien ne s’était passé. Bulma se releva et regarda les alentours, tétanisée. Rien, il ne restait rien, Félincia et la machine à remonter le temps avaient tout simplement été complètement désintégrées.