Les flammes de Goultard
Le soleil brillait à travers les vitres de la taverne Kimbo et se refletait dans mes yeux, ce qui était très désagréable. Ma mère et moi étions installés à une petite table donnant l'impression de ne pas avoir été nettoyée depuis au minimum 1 an. Le serveur du bar ne tarda pas à nous apporter notre commande: une bière de Bwork pour ma maman, et un simple verre d'eau pour moi. Elle avala une gorgée de la bière puis releva la tête.
-" Je sais que ce sujet t'embête au plus haut point... Mais il faut absolument que tu trouves un travail. Je ne peux plus te payer tout. Les temps sont durs, tu sais? Et je ne suis pas le roi d'Amakna, tu dois le garder en tête." me dit-elle d'un air grave.
-" Je sais... Je sais... Mais, me laisseras-tu choisir moi-même mon futur boulot?" répondis-je.
-" Je compte simplement sur toi pour ne pas m'obliger à faire le contraire, si tu vois ce que je veux dire..."
Elle avait raison. C'était fini ce temps durant lequel chaque petit enfant ennuyait les Porkass de la paysanne la plus proche, fini de se tourner les pouces. Cela devenait sérieux et trouver un véritable travail était désormais important. Je pensai aussitôt au métier de pêcheur. Si j'avais de la chance, je pêcherais un poisson échangeable contre une belle somme de Kamas et je pourrais ensuite tout abandonner pour me consacrer à l'assassinat de mon père.
-" Il y a pêcheur, dis-je, hésitant, il paraît que cela rapporte pas mal d'or."
Ma mère parut indignée.
-" Crois-tu réellement que tu auras tant de chance que cela? De nos jours, les prix des poissons ont baissés. Pourquoi à ton avis? Car TOUT LE MONDE achète du poisson désormais: pour nourrir les montures des cavaliers, pour des banquets, etc. Tu peux me faire confiance Maxima, tu ne gagneras même pas 300 000 Kamas l'année... De plus, je te connais, tu n'aurais pas la patience d'attendre que l'hameçon coule... Alors oublie les pêcheurs."
Moi, cela m'avait paru pas trop mal au départ. Mais à bien y réfléchir... Ma mère interrompit ma réflexion:
-" Bon, je ne vais pas te faire réfléchir plus longtemps. Il y a un bûcheron nommé Oli Venders qui habite une cabane en bois, près du centre de la ville. Il vend des hâches bon marché et est toujours disponible en cas de besoin. Et si tu le lui demandes, je suis sûre qu'il acceptera de t'apprendre les bases et peut-être même quelques petites astuces."
Pour ma part, les travaux physiques... Même pas envie d'en parler. Mais il était vrai qu'avec notre bois, on fabriquait beaucoup de petites épées ou dagues, qui se vendaient d'ailleurs assez bien. J'ai fini par acquiescer et lui promettre que j'irais voir Mr.Venders d'ici peu.
J'ai embrassé ma maman et je suis sorti de la taverne en saluant le barman, Tek Abir. Une fois dehors, je me suis demandé comment j'allais pouvoir devenir un bon bûcheron avec mes bras tout fins de Crâ.
Il y avait plusieurs races dans le Monde des Douze. Pas les humains comme sur terre, mais une quinzaine d'espèces différentes. Le Féca était connu pour être un protecteur hors-pair. Il pouvait fabriquer les meilleurs boucliers du monde et sa magie offrait une protection sans limite.L'Osamodas, lui, était la seule race à parvenir à invoquer des créatures diverses. Certains s'en servaient pour leurs jobs, d'autres pour combattre et s'amuser. Le Sram était une des races les plus redoutées. C'étaient des personnes extrêmement sournoises et ils adorent les coups en douce. C'est pourquoi les plus peureux les détestent. L'Enutrof avait la particularité de vieillir prématurément. Deux ou trois ans après sa naissance, il poussait sur sa tête des mèches de cheveux blancs et après la cinquième année, il avait déjà une barbe. Cette espèce était particulièrement attirée par l'argent, les Kamas. Le Xélor est lui aussi très effrayant: c'est la seule espèce capable de contrôler le temps! Il peut l'arrêter temporairement, par exemple. Les meilleurs Xélors peuvent même percevoir le futur. Le Sadida est maître de la terre et des poupées Vaudou. Il peut faire jaillir des plantes, des arbres ou des ronces et peut donner vie à ses poupées s'il le désire. L'Eniripsa est LE médecin par excellence. Rien qu'avec des mots précis, il peut soigner les pires plaies. L'Ecaflip est soumis au hasard. Si un Ecaflip dit un jour qu'il est chanceux, il gagnera toujours dans tous les domaines. Le seul hic pour eux étant que des fois c'est tout l'inverse... Le Iop est sans doute la race la moins intelligente dans le Monde des Douze, mais c'est aussi la plus puissante physiquement. Le Sacrieur est plus ou moins semblable au Iop par sa force physique. Cependant, il l'obtient par accumulation de ses douleurs physiques ou mentales. Le Roublard est un personnage né pour être malhonnête. Il est maître dans l'art de la fabrication de bombes et s'en sert toujours à des fins assez traumatisantes. Le Zobal, depuis toujours, crée des masques magiques lui donnant des pouvoirs spécifiques. Et enfin, moi, le Crâ, mon espèce est spécialiste de la précision, tout ce qui est précis, il le réussit. Voilà donc la preuve que je ne serai certainement pas un bon bûcheron.
Je m'arrachai à mes pensées et me rendit à l'hôtel des métiers. Ce bâtiment accueillait chaque personne cherchant du travail et leur expliquait à qui s'adresser pour se faire embaucher pour tel ou tel travail, les leur décrivait, etc. Il y avait une foule interminable lorsque je fus enfin arrivé à l'hôtel. Je dus attendre une bonne vingtaine de minutes, ce qui m'irrita. Je fus encore plus énervé lorsqu'on m'affirma que la cabane d'Oli Venders se trouvait à deux pas d'ici, en réalité. Vingt minutes de file pour savoir cela, c'était décevant. Je m'assis quelques instants afin de me calmer, puis je me levai et pris la route en direction de la cabane du bûcheron.
Je l'aperçus enfin. Il se tenait devant sa maison, et observait les passants avec un sourire en coin. Lorsque je me fus approché de lui, il tourna lentement la tête puis me demanda sèchement:
-" Tu veux quoi petit?"
-" Du travail... J'ai 16 ans et il est temps que je gagne quelques Kamas. On m'a conseillé de venir vous voir."
-" La personne qui m'a conseillé s'est trompée. Je n'embauche plus, on n'est plus vraiment en pénurie."
Je ne sus même pas quoi répondre. Je suis parti, gravement déçu. Bien entendu je ne voulais pas partager ma déception avec ma mère. Donc j'ai continué à chercher encore et encore du travail dans le coin. Et j'ai fini par trouver