Reunification [nouvelle version]
Les Bontariens terminèrent rapidement leur repas et quittèrent la taverne aussitôt après les Brâkmariens. Comme eux, ils s'étaient fait remarqués. Méissara avait donc préféré ne pas rester trop longtemps pour éviter les problèmes. Certes, ils étaient des Miliciens Bontariens respectés dans le monde entier -sauf bien sûr par leurs ennemis. Mais en terrain neutre, il valait mieux être vigilants et éviter tout accrochage. La politique était quelque chose de compliqué et la moindre provocation envers un autre citoyen, quelque fût sa nationalité, pouvait entraîner de graves conséquences sur l'entente entre les cités.
Dehors, avant de reprendre la route pour leur terrain d'entraînement, ils virent les Brâkmariens s'éloigner. Méissara les considéra un instant. Elle se demanda quelle était cette histoire de destruction de leur cité. Et surtout qui avait bien pu faire une chose pareille. Elle ne s'était pas étonnée de leur réaction quand sa nation s'était faite accuser. Quand son camp se fait attaquer, la première personne à qui on pense est son premier ennemi juré. Mais dans ce cas, Méissara pensa à un nouvel opposant. Il était cependant encore invisible, même s'il avait déjà agi.
Méissara quitta les miliciens Brâkmariens du regard tandis qu'ils s'éloignaient de plus en plus. Puis elle se mit à marcher dans leur direction opposée, vers le sud. Aztre et Lefer la suivirent alors que Kuneh ne bougeait pas et continuait à fixer ses ennemis. La jeune milicienne la remarqua. Elle s'arrêta et se retourna.
— Quelque chose qui ne va pas Kuneh ?
L'autre ne lui répondit pas tout de suite. Elle attendit de ne plus voir l'homme et la femme poilue qui disparurent derrière l'épicerie.
— Je ne comprends pas ! Comment peut-on les laisser partir alors qu'ils sont nos ennemis ?
Elle était en colère et serrait les poings. Elle voulait les frapper. Mais à présent qu'ils étaient partis, elle voulait frapper Méissara qui l'exaspérait autant qu'eux.
— Je te l'ai déjà dit, répondit Méissara dans un soupir. Si nous attaquons quiconque à Amakna, qui est un territoire neutre dans notre guerre, nous auront des ennuis. Non seulement nous quatre, mais toute notre nation. Il est donc préférable de ne pas créer de conflit avec le roi Allister.
— Encore ta politique ! pesta la première. Mais qu'est-ce que tu peux en savoir alors que tu n'es qu'une gamine ?
— Tu ne m'écoutes vraiment pas, remarqua la jeune fille. Mais si tu veux vraiment les frapper, vas-y. Je ne t'en empêcherai plus. Sache seulement que si tu le fais, je te porterai pour seule responsable. Ensuite, on te dira au revoir !
Elle accompagna sa dernière phrase d'un signe de la main. Se sentant menacée, Kuneh se tut.
— Maintenant que ta petite crise est passée, peut-on se remettre en route ?
Kuneh baissait maintenant les yeux. Elle avait toujours réponse à tout, impossible de la contredire ! Elle avait les paroles pour faire taire les autres.
Méissara prit ce silence pour un oui. Elle se remit donc en marche. Cette fois-ci, elle fut suivie de ses trois apprentis.
Après une bonne demie-heure de marche, ils arrivèrent à destination. Méissara se débarrassa de son sac en bandoulière qui pesait lourd sur son épaule. Ce sac était important pour elle et elle l'emmenait partout où elle allait. Elle y rangeait de nombreuses choses qui lui étaient utiles lorsqu'elle partait en voyage, même si ce n'était pas loin de sa cité. Des fioles de potion pour récupérer de l'énergie, des parchemins qu'elle ramassait parfois sur la route, un ou plusieurs livres pour s'occuper lorsqu'il fallait attendre, des pierres d'âmes pour capturer les âmes de créatures rares qu'elle pouvait rencontrer sur son chemin... Et, bien sûr, elle n'oubliait jamais d'y fourrer un petit en-cas. Elle avait également un sceau de compagnon qu'elle gardait toujours dans son sac au cas où elle en aurait besoin.
Un compagnon était un être que l'on pouvait invoquer grâce à un sceau pour nous venir en aide lors d'un affrontement. Il en existait des dizaines de genres à travers le monde. Pour sa part, Méissara possédait un sceau de Krosmoglob. La Tour des Voyageurs le lui avait offert en récompense à la suite de nombreuses missions qu'elle avait effectuées dans les dimensions. À la suite, Méissara était devenue une Voyageuse elle-même. De ce fait, elle pouvait communiquer directement avec la Tour des Voyageurs grâce à son Krosmoglob qui permettait les communications à longue distance.
La jeune milicienne s'étira puis donna une mission à ses disciples.
— Vous allez faire le tour de la forêt en courant, ça vous fera un bon exercice d'entraînement.
Les deux hommes firent la grimace. Cet exercice ne les enchantait visiblement pas. Ils auraient préféré faire ce qu'ils avaient fait le matin même : la chasse. Mais il fallait diversifier les activités afin d'avoir un bon niveau dans tous les domaines.
Tandis que les deux premiers commençaient à partir pour faire leur ronde, Kuneh se cala contre un arbre et croisa les bras.
— Que se passe-t-il cette fois-ci, Kuneh ? demanda Méissara avec lassitude.
— Je ne ferai pas un exercice aussi simple.
— Simple ?
Ce simple mot la fit rire.
— Avec tout ce que tu as mangé ce midi, cette course peut être tout sauf simple.
Rien qu'en repensant aux nombreux plats qu'elle avait gobés au repas, Kuneh sentit la faim refaire surface.
— Va courir, répéta la milicienne plus sèchement.
Kuneh serra les poings. Ce qu'elle pouvait être agaçante ! Ce n'était pas parce qu'elle avait un rang respecté dans la Milice ou que le maître Amayiro la portait en haute estime qu'elle pouvait se permettre d'être aussi autoritaire envers ses aînés !
— Ce n'est pas une fille de ton rang et certainement pas de ton âge qui me dira quoi faire ! cria Kuneh en se redressant.
Elle avait tellement haussé la voix qu'elle pensait effrayer sa cadette. Mais celle-ci continua à la regarder d'un air fatigué.
— Donc je présume que tu sais te battre ?
L'autre acquiesça immédiatement. Si elle voulait voir comment elle se débrouillait, elle allait avoir la surprise de sa vie. Elle terrasserait son petit corps fragile en un rien de temps !
Un sourire confiant apparut sur son visage. Méissara lâcha un soupir.
— Dans ce cas, montre-moi ce que tu vaux ! exigea Méissara avec maintenant une pointe de moquerie dans la voix.
Kuneh ne se le fit pas répéter deux fois. Elle porta la main à sa ceinture, empoigna la garde de son sabre et dégaina sa lame irrégulière. L'autre ne fut nullement impressionnée par sa façon hautaine de défourailler.
Au son métallique que fit l'épée en sortant de son fourreau, Aztre et Lefer se retournèrent. Quand ils virent leur collègue avec une attitude de combat, il furent joyeux à nouveau, heureux de voir un duel. De plus, ce serait la première fois qu'ils verraient leur instructrice se battre. Ils avaient hâte de voir comment les deux se débrouillaient au combat !
Kuneh analysa la position de son adversaire. Elle se tenait droite et ne semblait pas vouloir bouger. À l'école d'apprentissage de la Milice, on lui avait appris à raisonner en fonction de la posture de l'ennemi. Ainsi, pour ce défi, elle choisit de mettre en avant sa vitesse d'attaque.
Avant qu'elle n'arrivât à la Milice, Kuneh s'était entraînée sans relâche au combat dans le seul but de rejoindre les rangs des miliciens. Elle s'exerçait tous les jours, alors que le soleil entamait sa descente dans le ciel, avec son père dans les champs qui entouraient la cité Blanche. Pendant plusieurs années, elle avait développé ses aptitudes physiques et avait gagné en endurance et surtout en vitesse. Elle était devenue si rapide qu'il était difficile pour ses adversaires de percevoir ses mouvements. De ce fait, elle était la meilleure combattante de sa classe d'apprentissage à ses débuts à la Milice. Il serait donc aisé de toucher cette milicienne qui était une gamine plutôt qu'autre chose et qui n'utilisaient que des mots pour la remettre à sa place. Maintenant, Kuneh pourrait montrer sa vraie force qui était physique. Elle la toucherait, elle n'aurait pas le temps de réagir, et elle lui montrerait qu'elle n'avait pas besoin de se faire instruire par une moujingue !
Kuneh serra la garde de son épée jusqu'à en saigner. Elle sentit son sang chaud couler sur ses doigts. Une goutte tomba et teinta de rouge l'herbe de la forêt. Elle ne ressentait pas la douleur et c'était là sa source de puissance. Elle voulait lui montrer toute sa force, alors autant ne pas faire semblant !
Elle leva son épée devant elle et chargea. Elle mit toute son énergie dans ses jambes pour courir le plus rapidement possible, et également dans ses bras pour frapper le plus fort possible. Elle sentait à peine le sol sous ses bottes et l'air lui fouettait le visage. Elle voyait le paysage défiler au ralenti. Elle fixait sa cible, yeux dans les yeux. Cette dernière soutenait son regard. Kuneh s'approchait petit à petit d'elle.
Alors qu'elle arrivait à quelques centimètres d'elle, un sourire élargit ses lèvres. Elle allait la transpercer de sa lame et l'autre n'aurait même pas le temps de savoir ce qui se passerait.
Pour les spectateurs, tout ceci ne dura qu'une seconde. Kuneh avait était si rapide qu'on ne l'avait pas vue partir. Elle avait démarré telle une flèche puis s'était retrouvée de l'autre côté comme si elle s'était téléportée.
Quand elle vit les airs dépités de ses deux camarades qui regardaient le défi, Kuneh fut encore plus joyeuse. Elle les avait impressionnés avec ce mouvement. Elle se retourna pour voir le résultat. Elle s'attendait à ce que Méissara tombât à genoux, les vêtements couverts de son sang. Elle plongerait son regard dans le sien et attendrait qu'elle la suppliât de sauver sa vie. Elle la sauverait, mais seulement après l'avoir vue souffrir quelques instants.
Quand Kuneh posa ses yeux sur le corps de Méissara, elle ne crut pas ce qu'elle voyait. Aucune tâche pourpre, pas la moindre blessure, pas même une écorchure. Elle s'était décalée d'un pas sur le côté pour éviter l'attaque. Tout simplement.
Comment ? Comment avait-elle fait pour éviter un coup si rapide que seuls les plus agiles peuvent esquiver ?
— Est-ce là tout ce dont tu es capable ? demanda alors Méissara d'un air moqueur.
Kuneh recentra son attention sur elle. Sa supériorité l'exacerbait et ses paroles l'agaçaient au plus haut point. Elle voulait voir plus ? « Tu seras servie dans ce cas ! » Car elle était capable de bien plus !
Elle serra sa garde de plus bel puis elle s'élança à nouveau. Elle bombarda son adversaire de coups plus puissants les uns que les autres. Elle levait les bras, les baissait, les lançait vers l'avant. Mais elle fut incapable de la toucher, malgré ses compétences. Méissara les évitait avec aisance comme la première fois. Les pas qu'elle faisait rappelaient même une danse.
— Te prends-tu pour une danseuse ? s'exclama Kuneh en la voyant gambader de gauche à droite.
L'autre rit pour toute réponse.
Alors que Kuneh commençait à s'essouffler, Méissara décida d'arrêter de jouer la ballerine. Elle cessa de tourner en rond et se posta en face d'elle, attendant que son épée vînt vers son corps.
Kuneh mit toute sa puissance dans ses bras et visa. Aussi vite que le sabre trancha l'air, Méissara leva le bras gauche devant elle, comme pour se protéger. L'arme de Kuneh se retrouva placée entre les deux lames soutenues par le bracelet que portait la jeune milicienne à son avant bras. La disciple de la déesse Sacrieur tira sur le manche de son épée pour la libérer mais l'autre la retenait coincée. Il ne suffit que d'un petit mouvement pour casser la lame qui se brisa en mille morceaux sous les yeux ébahis de Kuneh. Celle-ci regarda les éclats de métal voler et tomber à ses pieds. Aussitôt, Méissara dévoila son fourreau qui était caché sous son manteau et dégaina son arme. Elle en menaça son adversaire, plaçant la pointe sous son menton. Les apprentis furent éblouis par la lame que tenait leur cadette.
La garde était faite d'une unique matière, l'obsidienne, et était aussi noire que les ténèbres. Elle était entourée d'un long ruban rouge qui en faisait plusieurs fois le tour et qui flottait doucement dans le vent. Des perles dorées pendaient à chaque extrémité. Le pommeau se terminait en deux petites branches entre lesquelles un cristal de rubis était incrusté. Puis la garde s'ouvrait et laissait place à une longue lame. Son métal reflétait de nombreuses couleurs ; elle était donc faite d'un alliage rare qui dégageait une puissante énergie : l'ardonite. Cette association d'une dizaine de minerais demandait une grande connaissance de la part des mineurs et son utilisation de la part des forgerons. De ce fait, cette épée était un trésor en elle-même. Les apprentis étaient en extase devant une telle arme. Ils ne pouvaient même pas oser rêver tenir entre leurs mains pareille épée, si légère et si résistante à la fois.
Mais Amayiro leur avait annoncé, avant d'être confiés à Méissara, que celle-ci avait prêté allégeance au dieu Iop depuis sa première utilisation de la magie. Car oui, non seulement les miliciens étaient de redoutables combattants aux armes fabriquées par la main humaine, mais ils étaient aussi de talentueux magiciens. Alors, voir une milicienne comme elle user de cette arme était plus qu'étonnant. Elle qui faisait partie de la classe des guerriers biens connus à foncer tête baissée dans la bataille sans réfléchir et adeptes des grosses épées lourdes...
— C'est vraiment pitoyable ! critiqua froidement Méissara.
Cette soudaine remarque avait surprise Kuneh qui était tombée en arrière.
— Je n'ai jamais vu si mauvais combattant que toi ! ajouta-t-elle en regardant sa disciple. Et tu veux devenir milicienne... Ce n'est pas en te plaignant tout le temps, ni en prenant un air confiant que tu arrivera jusqu'au bout de ton rêve. Apprends d'abord à te battre.
Kuneh resserra les doigts autour de ce qui restait de son arme. Elle qui s'était entraînée avec acharnement pendant d'innombrables heures sous le soleil couchant et brûlant des champs, elle voyait où elle en était à présent. Elle avait lancé un défi à la personne qui était censée lui apprendre, elle avait combattu jusqu'à puiser toutes ses forces, et elle avait perdu en un rien de temps. C'était le premier duel qu'elle perdait. Si son adversaire avait été plus âgée qu'elle, si elle avait été un homme, elle n'en aurait pas fait toute une histoire. Mais voilà qu'il s'agissait d'une fille qui avait plusieurs années de moins qu'elle. Elle se sentait humiliée. Mais ce qui la mettait le plus en colère c'était qu'elle se sentait faible. Elle qui pensait pouvoir battre tous ceux qui se mettraient en travers de son chemin, elle avait maintenant l'impression d'être totalement impuissante !
Alors, pour surmonter cette faiblesse, elle voulait apprendre. Elle eut d'abord honte de ce qu'elle pensait, mais elle se résolut rapidement. Elle voulait savoir se battre comme Méissara, vaincre ses ennemis avec autant de facilité qu'elle l'avait fait elle-même. Elle souhaitait tout apprendre de l'art du combat, en ayant Méissara comme instructrice.
Résignée, Kuneh détendit ses muscles et releva la tête vers sa cadette. Elle l'observa ranger son épée dans un magnifique étui de cuir aux ornements dorés. Puis cette dernière posa de nouveau son regard sévère sur elle. Kuneh ne sut le soutenir et détourna les yeux un instant avant de la fixer à nouveau.
— Méissara, commença-t-elle d'une voix d'abord hésitante. J'ai été bête ! Bête de me croire plus forte que toi, de me croire imbattable... Je voudrais que tu m'apprennes à me battre à l'épée !
La jeune milicienne la considéra un moment.
— C'est bien que tu te rendes compte de cela, finit-elle par dire. Mais je ne t'apprendrai qu'à une seule condition : va faire le tour de la forêt.
Kuneh s'attendait à quelque chose de pire. Elle était submergée de joie ! Elle sauta sur ses jambes, voulut ranger la garde de son épée qui lui restait dans les mains.
— Donne-moi ton arme, l'interrompit Méissara en tendant la main. Que veux-tu en faire de toute façon ?
La disciple de Sacrieur baissa les yeux sur la lame brisée. Elle avait raison, elle ne pouvait plus rien en faire. Elle posa la garde de son épée cassée dans la main de sa supérieure. Puis elle rejoignit ses deux collègues et ils partirent ensemble en courant à travers la forêt.
Méissara ramassa les débris de la lame et rangea le tout dans son sac. Enfin ils étaient partis, elle était seule et pouvait se reposer. Elle avait l'impression que cette journée ne se terminerait jamais avec tous ces événements. D'abord la connaissance de ses trois apprentis qu'elle devait former. Elle ne se le cachait pas, ce travail l'ennuyait. En ce moment-même, elle aurait voulu être très loin d'ici, à la recherche d'un quelconque trésor. Ce n'était pas qu'elle détestait ses apprentis... Au contraire, elle aimait bien Aztre et Lefer. Ils ne faisaient jamais d'histoires, contrairement à Kuneh. Quant à elle, elle était têtue et colérique, elle prenait sans cesse un air supérieur qui l'agaçait. Elle l'avait forcée à utiliser son énergie pour rien lors de ce duel inutile. Mais si cela et ce qu'elle lui avait demandé l'empêchait de se plaindre et de la défier à la première occasion, alors Méissara n'avait pas agi vainement. De plus, elle savait que Kuneh avait un grand potentiel et qu'avec un peu d'entraînement, elle ferait de grands progrès.
La milicienne s'assit par terre, à l'ombre d'un arbre. Elle ferma les yeux et tenta de se reposer. Mais elle n'était pas patiente et s'ennuya rapidement. Elle pensa alors que ses apprentis en auraient pour un moment. La forêt était immense et il fallait une bonne heure pour en faire le tour, même en courant à pleine vitesse. Elle plongea la main dans l'une des poches de son manteau et en retira un objet rond et plat. C'était une boussole, avec une magnifique écriture pour indiquer les points cardinaux. Elle permettait aux aventuriers de se lancer à la recherches des portails dimensionnels qui menaient dans des mondes parallèles appelés Dimensions qui, pour l'heure, étaient au nombre de quatre. Mais contrairement aux boussoles ordinaires, elle possédait quatre aiguilles qui se rejoignaient au centre. Chacune indiquait la position d'une dimension. Une dorée pour la dimension du dieu Enutrof, le Dragon d'Or Flamboyant ; une violette pour celle du dieu Xélor, le Maître du Temps ; une en obsidienne pour la dimension du dieu Sram, le Seigneur des Ténèbres ; et enfin, une argentée pour celle du dieu Ecaflip, l'As des Dés.
Avec un peu de chance, un portail menant à l'un de ces quatre mondes était dans les environs de la forêt et Méissara pourrait y faire un tour, le temps que ses apprentis revinssent. Mais elle remarqua que les aiguilles de sa boussole étaient affolées.
« Étrange... » C'était la première fois que sa boussole était détraquée. Comment cela se faisait-il ? Elle savait comment leur mécanisme fonctionnait : grâce à une magie liée aux Dimensions. Si le compas ne marchait pas, il devait y avoir un problème à la Tour des Voyageurs...
Sans vraiment savoir s'il y avait un lien avec sa boussole, Méissara tourna la tête vers Brâkmar, qui se trouvait au sud-est. Puis elle repensa aux paroles du milicien Brâkmarien qu'elle avait vu plus tôt, à la taverne. Tout cela était bien mystérieux... Que s'était-il passé exactement ?