From Vegas with love

Chapitre 1 : C1 : La chanteuse et le milliardaire

3738 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/05/2019 10:03

FROM VEGAS WITH LOVE

Une aventure de Melody Malone*

Fanfic Doctor Who – Saison 8 alternative ep. 8.02 et 8.03

par OldGirl Nora Arlani | Fanfictions . fr

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1e PARTIE : You know my name

CHAPITRE I

LE DOCTEUR ET CLARA OSWALD

L'atmosphère était feutrée et la lumière tamisée dans la salle du palace où le Docteur se trouvait. Dans un coin, quelques convives dînaient, dans un autre, quelques tables de jeu, au centre, la piste de danse. Au fond, on distinguait aussi une petite scène, où quelques musiciens jouaient de vieux airs de façon à ne pas perturber les transactions, les conversations ou les digestions.

Rideau de scène rouge sang, nappes blanches, lustres en cristal, bougies projetant une lumière d'or, quelques plantes dans les coins, des serveurs en costume noir. On aurait facilement pu penser qu'on était sur Terre, dans les années 50. Et pourtant, ce n'était pas du tout le cas. De nombreux anachronismes trahissaient une reconstitution peu soigneuse du lieu et de l'époque, typiques des établissements de divertissement à thème comme il y en avait tant dans l'univers et à toutes les époques. Les tenues des convives étaient particulièrement anachroniques. Sans parler de leur morphologie.

Adossé près de l'entrée, le Docteur réfléchissait à ce qui l'avait amené ici, en attendant Clara qui avait promis de revenir vite. Le chic naturel de la tenue sobre du Docteur lui permettait d'entrer, mais pas celle de la jeune femme qui s'était vue refouler. La jupe courte qu'elle portait, son petit chemisier et son gilet à motifs naïfs n'étaient pas du goût du videur.

— Entrez, Docteur, avait-elle soufflé. J'arrange ça et je suis là dans dix minutes.

— On pourrait retourner au Tardis et vous trouver quelque chose de…

— Tss, tss, laissez donc. Vous avez vos petits tours et j'ai les miens ! Dix minutes ! Faites-moi juste une légère diversion pour que j'entre au vestiaire…

Il n'était pas sûr de devoir la croire sur le temps d'attente, mais elle avait l'air si heureuse d'être là.Il avait hésité à aller la chercher aussi rapidement qu'il en aurait eu envie après leur premier voyage ensemble. Mais après une excursion solitaire et infructueusement frustrante à Pompéi – dont il était rentré avec plus de questions que de véritables réponses, en découvrant que Lucius Caecilius existait vraiment comme brave négociant en marbre et à tous les âges de sa vie – il avait ensuite décidé de passer à autre chose. Il se passait toujours quelque chose d'intrigant dans l'Univers, et il n'avait pas tardé à rematérialiser le Tardis dans le petit jardin de la maison de banlieue de Clara. En sonnant à sa porte, il lui avait promis un dîner à Las Vegas !

Bien sûr ce n'était pas Las Vegas. Mais il y en avait partout dans l'Univers et à toutes les époques, la Terre ne faisant pas exception. Elle avait vite compris et souri en regardant le ciel orange et ses nombreuses lunes. Elle avait sans doute été impressionnée par la façade blanche aux colonnes surdimensionnées du bâtiment où il la conduisait. Conçue pour donner une impression de luxe insolent, il était plus vraisemblable qu'elle n'ait été que clinquante et de mauvais goût. Mais il voulait croire que le sourire ravi de la jeune femme devant l'immense lobby en marbre était plutôt dû au plaisir de cette invitation peut-être inespérée…

Un léger contact sur son bras, le ramena au moment présent. Clara était revenue et sa transformation était convaincante.Les cheveux relevés en chignon, elle s'était débarrassée de son gilet, et avait ouvert son chemisier blanc un peu plus largement pour créer un décolleté tout à fait charmant. Elle portait une nouvelle jupe noire longue et la jonction entre la jupe et le chemisier était masquée par une grande écharpe de tissu soyeux rouge qu'elle avait nouée par-dessus. Et en dix minutes. Cela donnait l'illusion d'une robe de soirée longue et originale.

— Et là, je passe, fit-elle en lui tendant le bras avec un petit sourire.

— A qui avez-vous pris cette jupe ? demanda-t-il.

— Si vous voulez vraiment le savoir, ce n'est pas une jupe, c'est une cape, et il y en a plein le vestiaire, dit-elle avec un petit rire content. Alors pourquoi sommes-nous là ?

— Et si pleine de ressources… commenta-t-il sans réaliser qu'il avait parlé à voix haute. Nous sommes là pour dîner, pour danser, écouter de la musique et passer une agréable soirée…

Elle sourit en s'appuyant à son bras pour l'accompagner dans sa marche et secoua la tête négativement tout en lui donnant un petit coup dans les côtes.

— Je vois bien ce que vous essayez de faire… mais la vraie raison du Docteur n'est sûrement pas celle-là. Ce sont là des activités humaines que vous trouveriez en elles-mêmes beaucoup trop ennuyeuses ! Vous êtes là pour une autre raison qui n'a rien à voir avec le fait d'essayer d'être un peu gentil avec votre vieille Clara…

Il la conduisit à une table libre. Bien décidé à se comporter adroitement, il lui tira une chaise avant de prendre place en face d'elle… dans une position stratégique qui lui donnait une bonne vue sur toute la pièce. Un serveur empressé vint prendre leur commande et son œil s'amusa de voir comme elle regardait avec stupéfaction celle-ci couler quasiment instantanément du shaker, jusque dans leurs verres. Que celui qui n'a jamais été réchauffé par l'émerveillement d'un compagnon lui jette la première pierre… Un liquide blanc pour lui et ce qu'il y avait de plus proche d'un peu de vin blanc pour elle.

— Et vous comptez vous enivrer avec quoi ? demanda-t-elle en reniflant son verre avec curiosité.

Il le lui reprit des mains en faisant naître chez elle une moue boudeuse.

— Faites attention, ce n'est pas pour les fillettes.

— Ça a une tête de lait de chamelle !

Il ne put retenir un large sourire avant d'avaler une première gorgée.

— C'est bien ce que je disais !

— Vous pouvez vous enivrer au lait de chamelle ? demanda-t-elle avec un peu d'incrédulité.

— Non, concéda-t-il. J'ai besoin de toute ma tête ce soir.

— Parce que je suis magnifique ?

Il ne répondit pas, car il était concentré sur un petit groupe de quatre hommes en grande discussion, assis à une table un peu plus loin d'eux.

— C'est effectivement un genre de lait légèrement fermenté, expliqua-t-il machinalement, mais ce n'est pas ce qui lui confère les propriétés pour lesquelles il est recherché… En ce qui me concerne, les hormones qui s'y trouvent ont un effet particulier sur moi…

— De quel genre, s'enquit Clara. Est-ce qu'elles développeraient votre sens de l'humour ?

— Ce n'est pas prouvé… mais en tous cas, une légère relaxation. Et surtout ça augmente mes capacités auditives d'un bon tiers.

— Reprenez-en un peu, soupira Clara qui avait l'impression de ne pas être entendue.

Il esquissa le geste de poser un doigt sur sa bouche pour qu'elle comprenne qu'elle devait se taire parce qu'il cherchait à entendre ce qui se disait à la table qui l'intéressait. Comme elle allait rouvrir la bouche pour protester, il posa doucement sa main sur la sienne, les yeux toujours rivés de l'autre côté de la pièce.

— Oui, vous êtes magnifique, mais j'ai besoin d'entendre ce qui se dit là bas, chuchota-t-il en restant concentré.

Clara regardait sa main qu'il laisserait là tant qu'il serait distrait par la conversation des ennuyeux bonshommes attablés plus loin, avec leur mine de représentants de commerce d'une société pharmaceutique… Sitôt qu'il aurait conscience de son geste, il arrêterait. Ce contact était loin d'être désagréable. Elle avait souvent remarqué fortuitement combien ses mains étaient chaudes. Peut-être était-ce dû à la physiologie spécifique des Seigneurs du Temps ? Mais une question sur la température interne normale pour un Gallifréen n'était pas chose aisée à ramener dans la conversation…

Elle choisit pourtant de l'ignorer et s'intéressa à ce qui se passait sur scène. Une poursuite venait de créer un pinceau lumineux éclairant un antique micro solitaire qu'on venait juste d'installer. Une femme blonde et frêle, vêtue d'un fourreau lamé argent, s'en était approchée. Les musiciens avaient entamé les premières notes d'un air annonçant plutôt les premiers accords introductifs d'une chanson, au lieu la musique d'ambiance qu'ils jouaient jusqu'à présent.

Immédiatement, un remue-ménage de chaises racla le sol : les convives se levaient pour venir s'enlacer sur la piste. Le Docteur fronça les sourcils sous la contrariété. Les hommes qu'il surveillait de loin en profitaient pour se lever et sur les quatre, deux d'entre eux saluaient et partaient. Deux autres étaient restés assis et s'étaient rapprochés l'un de l'autre pour continuer à parler à mi-voix.

— Vous n'entendez plus vos conspirateurs maintenant, n'est-ce pas ? supposa Clara.

— Non, confirma-t-il, en jetant un œil peu amène à la chanteuse, sans laquelle il aurait pu écouter un peu plus de ce qui se disait.

— Reprenez un peu de votre breuvage…

— Ça ne servirait à rien, il y a trop de bruit maintenant.

Sans surprise, en reportant son attention sur sa compagne, il avait fini par réaliser qu'il avait sa petite main dans la sienne, et l'avait éloignée aussi naturellement que possible. Elle ouvrit la sienne, paume en l'air et la posa contre la table.

— Buvez pour vous détendre car… je vais vous demander de m'inviter à danser.

Il commença par froncer un sourcil dans l'intention de lui répliquer qu'elle n'avait toujours pas besoin de jouer avec lui, et puis son expression s'adoucit tout d'un coup lorsqu'il se leva.

— Oh, oui, j'y suis ! Chère et secourable Clara ! Sur la piste de danse, nous serions plus près d'eux et je pourrais espionner plus facilement…

Elle inclina la tête, puis le précéda sur la piste. En se tournant vers lui, elle leva les bras dans la posture classique de la valse. Il secoua la tête.

— Pas si formel, dit-il. Et c'est moi qui conduis !

— Parce que vous savez danser ? le provoqua-t-elle un peu en s'approchant de lui.

— Vous en aurez une meilleure idée quand je vous aurai marché pour la troisième fois sur les pieds… répondit-il avec une lueur amusée dans les yeux.

Il l'enlaça gentiment d'un bras et sa main libre prit la sienne pour la ramener entre eux deux. Elle était sûre que si « son » Docteur avait fait cela, l'instant aurait été éminemment romantique. Mais à dire vrai si son grand-oncle l'avait invitée à danser dans un mariage de famille, la sensation aurait probablement été la même à ce qu'elle éprouvait à l'instant.

La chanteuse était nimbée de lumière et scintillait légèrement. Par-dessus l'épaule du Docteur, Clara l'écoutait égrener la mélopée suave aux paroles douces-amères.

Now you say you're sorry

For being so untrue

Well, you can cry me a river

Cry me a river

I cried a river over you

You drove me, nearly drove me, out of my head

While you never shed a tear

Remember, I remember, all that you said

You told me love was too plebeian

Told me you were through with me and…

— Racontez-moi votre soirée, murmura Clara.

— Je viens ici chaque soir depuis plusieurs jours. J'y cherche quelqu'un qui ne se montre pas. J'ai entendu parler d'une histoire intrigante et la piste me ramène ici. Je ne sais pas ce qu'il faut en penser. Ça ressemble à une forme de sabotage industriel, de destruction de matériel… Il y a des informations qui remontent sur des effractions répétées dans des usines de jouets. En temps normal, je ne m'en préoccuperais pas. Mais deux précautions valant mieux qu'une, j'ai eu envie de m'assurer que ça n'avait rien à voir avec nos bons amis les Cybermen… Vous savez, juste pour être sûr que personne n'essaie de les reconstruire… Ces hommes que j'essaie d'écouter sont des industriels. Ce sont des grands patrons dans la robotique, tous à la tête de sociétés concurrentes. Ce sont leurs entreprises qui sont attaquées. Ils se réunissent à part, en marge d'un congrès officiel sur les supraconducteurs quantiques qui a lieu dans un autre hôtel en ville pour discuter de la stratégie de défense à adopter.

— Et qu'est-ce qui vous intrigue vraiment ?

— Je ne suis vraiment pas sûr que ça ait un rapport avec les Cybermen.

— Et en quoi est-ce inquiétant ? demanda-t-elle. Ça aurait plutôt l'air d'une assez bonne nouvelle…

— Oui, convint-il avec un sourire plus large. Et vous, comment est votre soirée ?

— Mhh, fit-elle, vous aviez promis de me marcher sur les pieds, et vous ne l'avez pas encore fait une seule fois… Avec ce que vous venez de me dire, je me demande si vous avez emmené une fille différente ici chaque soir de la semaine, et si elles ont toutes succombé à votre plus éblouissant discours sur la recrudescence du piratage industriel dans secteur des supraconducteurs quantiques…

— Pourquoi parlez-vous de piratage ? Je n'ai pas dit que c'en était…

— Non, vous ne l'avez pas dit, confirma-t-elle. Mais, c'est uniquement parce que vous n'êtes pas prêt à tout pour séduire une femme… se moqua-t-elle. Vous savez que cette chanteuse vous dévore littéralement des yeux depuis tout à l'heure ?…

— Qu'allez-vous encore imaginer ? Je ne la connais pas du tout, et je crois bien qu'elle n'était pas là les autres jours… protesta-t-il en jetant un coup d'œil sur la scène.

"Now you say you love me

Well, just to prove that you do

Come on and cry me a river

Cry me a river

I cried a river over you"

Il cligna des yeux plusieurs fois. L'espace d'un court instant, il avait cru voir quelque chose dans le scintillement qui l'entourait. Placée comme elle était tout contre lui, Clara ressentit la crispation légère qu'il avait éprouvée.

— Quoi ? demanda-t-elle.

— Non, c'est bête…

La chanson se terminait et il reporta son attention vers elle. D'un mouvement presque spontané, il embrassa très légèrement le bout des doigts qu'il tenait toujours.

— Merci ma chère. Mais ne vous y habituez pas.

— A quoi ?

— A ce genre de soirée, répondit-il en la reconduisant à table pour dîner.

Elle reprit place sur sa chaise avec un gentil petit sourire qui exprimait pourtant le doute.

— Dans un instant, vous allez vous lever et partir, aussi sûr que deux et deux font quatre, l'avertit-elle.

— Vous me prenez donc vraiment pour un mufle ?

— Mais, non… protesta-t-elle, inquiète de son air offensé. Pourtant, si vous regardez par là-bas, ajouta-t-elle en se penchant un peu vers lui, vous verrez que la chanteuse qui vous trouve à son goût semble néanmoins en excellents termes avec l'un des types que vous surveilliez tout à l'heure. Et ça, je sais que vous n'êtes pas capable d'y résister… prédit-elle avec un sourire.

Il regarda dans la direction qu'elle lui indiquait. C'était parfaitement vrai. L'un des deux industriels enserrait la taille fine de la chanteuse d'un bras possessif. Elle n'avait pas l'air de s'en formaliser. Bien au contraire, le regard qu'elle posait sur lui était plein de passion, semblait-il. Le couple manifestement peu désireux de s'éterniser, se dirigeait vers la sortie.

— Vous me connaissez un peu trop bien, commenta-t-il avec un sourire embarrassé. Puis-je vous demander… douze minutes, et vous confier la mission de commander le dîner tout en gardant un œil sur celui qui reste ? pria-t-il avec une grimace laissant supposer qu'il s'attendait à un refus.

Elle acquiesça.

— Bien sûr. Mais soyez conscient que lorsque vous reviendrez, je ne serai peut-être plus là.

— Parce que… ?

Il avait sourcillé et elle crut bon de s'expliquer.

— Si l'autre bouge, je serai bien obligée de le suivre…

Il pianota nerveusement des doigts sur la nappe et se leva.

— Si ça arrivait, je me ferais du souci. Parce que peut-être vous n'auriez pas pensé à me laisser un mot… Je n'aurais pas dû laisser votre cadeau dans le Tardis. Ce soir, il aurait été parfait.

Elle lui adressa un regard étincelant et un grand sourire qui réchauffèrent ses deux cœurs. Il signifiait : « Je ne vous le fais pas dire » et peut-être « Pourquoi croyez-vous que j'y avais pensé ? ».

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LE DOCTEUR

Il courut vers l'accueil et demanda au réceptionniste si le couple qu'il voulait saluer avait déjà quitté l'hôtel. Le concierge répondit par la négative et désigna les ascenseurs. Le Docteur s'était senti un peu rasséréné, parfois, un peu de chance ne faisait vraiment pas de mal.

Il ignora la remarque du concierge au sujet du fait qu'ils n'aimeraient peut-être pas être dérangés et se dirigea d'un pas alerte vers les ascenseurs. Au lieu de les prendre immédiatement, il poussa une porte marquée « Personnel Seulement ». Dans une petite pièce exiguë, trop brillamment éclairée sans doute afin d'éviter tout assoupissement, un homme était assis là, le nez sur une rangée d'écrans de contrôle, en train de siroter quelque chose dans un gobelet.

— Hello Bob. Comment ça se passe ce soir ? demanda le Docteur d'un ton jovial.

— Tranquille, tranquille.

— Ernest à l'accueil m'a dit que cette nouvelle chanteuse avait pris une chambre ici ? J'aurais bien aimé lui faire porter un bouquet, elle a chanté divinement ce soir…

— Ah, mon ami, fit le dénommé Bob qui était gras et chauve, je crains qu'elle ne nous ai préféré un autre plus chanceux. Elle est montée avec ce bellâtre qui sent le fric à trente pas, il y a même pas trois minutes.

— Ah, zut ! fit le Docteur. Donc je n'aurai pas le temps de la voir avant qu'elle ne soit… indisponible pour un moment, je pense. Est-ce que l'un des ascenseurs est plus rapide que les autres ? s'enquit-il légèrement comme pour plaisanter.

— Ça se pourrait, fit Bob avec un petit sourire.

Le Docteur sourit en retour en exprimant quelque chose sur le fait que ce serait vraiment chic de sa part, et lui dit à demain.

— C'est ça, à demain ! fit l'autre en agitant une main dubitative. Et prenez le premier sur la droite jusqu'au 32e étage…

Le Docteur ressortit et prit l'ascenseur recommandé par le chef de la sécurité de l'hôtel. Il venait le voir tous les jours depuis qu'il faisait sa petite enquête. A peine parti, l'ascenseur à vue panoramique sur la ville donna rapidement un coup d'accélération qui lui fit sauter vingt étages d'un coup sans faire aucun arrêt. Les portes s'ouvrirent, et le Docteur avança prudemment une tête dans le couloir en essayant de ne pas se faire voir.

Quentin Cormack, le quarante-septième du nom, qu'il filait depuis le début de la semaine, n'avait pas l'air de se préoccuper beaucoup du sort de ses entreprises à la minute... La chanteuse, semblant légèrement éméchée, s'appuyait lourdement sur lui tandis qu'il essayait infructueusement d'ouvrir sa porte.

— Dépêche-toi un peu, disait-elle d'une voix trainante, je n'en peux plus…

— Oui, un instant, cette saleté de badge ne marche pas.

Quand ils purent entrer (non sans recevoir un peu d'aide à distance, de la part du sonique du Docteur) ce fut elle qui referma la porte pendant que l'homme l'enlaçait pour l'attirer contre lui. Elle avait regardé dans le couloir, dans sa direction, ce qui troublait le Docteur parce qu'il aurait normalement dû être invisible. Il avait retrouvé la vieille clé du Tardis de Martha, bricolée il y a longtemps, et la portait au cou pour se rendre à peine discernable. La chanteuse le voyait-t-elle malgré tout ? Et si oui, est-ce qu'elle s'en fichait ? Même derrière la porte fermée, le Docteur continuait de les entendre assez distinctement.

— Montre le moi, disait-elle d'un ton particulièrement suggestif.

— Ça ne peut pas attendre un peu ? répondait-il un peu surpris.

Le Docteur s'apprêtait à battre en retraite pour les laisser tranquilles quand il entendit la dernière phrase de Quentin Cormack.

— On dirait que ce robot t'excite plus que moi…

— Oh, toutes ces choses technologiques, soupirait-elle, ça m'impressionne tellement, c'est… tellement fascinant. Tu es si brillant Quentin… Tu peux imaginer le futur…

Oh, oh. Robot ? Dans le couloir toujours désert, le Docteur pesa le pour et le contre et puis décida de rebrousser chemin. La femme voulait voir le robot ? La femme ne venaitque pour le robot ?

— Explique-moi, suppliait-elle. Tu es tellement intelligent. Comment ça marche ?

Dans la voix de l'homme, il entendait que ce genre de basse flatterie fonctionnait à merveille. Il commença à parler d'un ton assuré, comme s'il avait préparé son discours de représentant de commerce longtemps auparavant.

— Ce n'est qu'un prototype, tu saisIl n'est pas tout à fait au point. À terme, il pourra répondre à de nouvelles applications plus commerciales, mais pour l'instant, je veux peaufiner le concept. J'ai à le présenter bientôt à un très gros consortium, de gros clients qui se sont montrés franchement intéressés…

— Ça ne fait rien, gloussait la fille, est-ce qu'il est allumé ?

— Oui il l'est, répondit l'autre.

Quand il n'entendit plus rien d'autre que des gloussements, le Docteur se hâta de rejoindre l'ascenseur pour redescendre en salle où Clara l'attendait pour dîner. En posant le pied dans la cabine, il entendit alors distinctement le bruit mat et sourd d'un corps qui tombait lourdement sur le sol. Sans doute les deux amants venaient-ils d'entamer leurs préliminaires amoureux... Les portes se refermaient lentement quand il entendit alors :

— Merci beaucoup Quentin, ton aide me sera très précieuse.

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* Note de l'auteur : Melody Malone est l'un des pseudos de River Song notamment lorsqu'elle est auteur de polars et enquêtrice à New-York (pré-Manhattan). Si vous lisez l'anglais, je vous recommande l'excellent roman plein d'humour "The Angel's Kiss" de Justin Richards qui a été l'une de mes sources d'inspiration.

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