Indiana Doc

Chapitre 1 : Chasseur de trésors anachroniques

Chapitre final

2197 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/01/2018 18:41

Sur la Terre parallèle que les Whoviens désignent par commodité sous le nom de "Monde de Pete", il existe une ligne temporelle alternative où le Docteur vit dans les années 50 avec un Tardis qui n'a pas l'air d'une cabine de police bleue mais d'un Zeppelin. Par contre, les choses ont horriblement mal tourné pour lui : il est en fait devenu... archéologue.

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INDIANA DOC

Un crossover Doctor Who / Indiana Jones

Par OldGirl Nora Arlani

Cette esquisse est un cadeau pour Reimusha.

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UA années 50 librement inspirée d'Indiana Jones, des Mines du Roi Salomon et de l'épisode "Le règne des Cybermen" (DW saison 2)


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« I point and laugh at archeologists » (Tenth Doctor)

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Soixante paires d'yeux s'étaient tournées dans sa direction. Pas une seule ne s'égarait au dehors sur les jardins recouverts de neige ou les sapins enguirlandés du parc qui restaient stoïquement dressés face au blizzard. Debout devant le tableau noir d'une salle de classe aux étroits pupitres de bois, l'orateur jouait inconsciemment avec son bâton de craie pendant qu'il délivrait la leçon du jour, de mémoire et sans l'aide d'aucune note.

Pour tous ses élèves, il était le Pr J. Tennessee Smith du Prydon College. A priori, il n'était pas spécialement taillé pour impressionner et paraissait légèrement emprunté dans son complet trois pièces en tweed brun, sa cravate à petits losanges et ses lunettes rondes à monture de métal. De taille moyenne avec des oreilles décollées, un long nez droit busqué et un très grand front déjà ridé au-dessus de deux yeux clairs, il parvenait toutefois à captiver littéralement son auditoire comme personne lorsqu'il parlait d'archéologie, de géographie, d'astronomie ou d'à peu près n'importe quoi… Ce n'était pas le plus séduisant, mais il y avait quelque chose de foncièrement attirant chez lui, et qui transpirait dès qu'il parlait de la matière qu'il enseignait. Et cette aura de compétence et de flegme lui venait de sa deuxième activité professionnelle dangereuse, très peu recommandable et moins connue : chasseur de trésors anachroniques.

— C'est durant la conquête islamique entre le 9e et le 11e siècle que le temple indien de Khajurâho a le plus souffert de dégradations systématiques de sa statuaire exceptionnelle. Sur cette diapo, vous pouvez admirer quelques asuras ayant survécu au massacre, leur représentation assez typique s'inscrivant dans le plus pur canon de l'époque…

Au fond de la salle, un étudiant noir au large visage carré marmonna quelque chose qui mit en joie ses voisins. Le professeur s'interrompit ostensiblement en le toisant par-dessus ses bésicles depuis l'estrade. C'est dans ces moments qu'il regrettait de ne pas avoir sur lui son fidèle lasso sonique pour le faire claquer comme le tonnerre au-dessus de la tête des jeunes crétins qui peuplaient son amphi.

— M. Smith, levez-vous donc. Et prouvez, une fois de plus, au monde entier que nous ne sommes définitivement pas apparentés, en nous faisant partager la "pertinence" de vos commentaires éclairés...

Ravi d'attirer l'attention, le jeune homme prénommé Mickey s'exécuta brièvement en reprenant plus haut pour tous les autres :

— Je disais seulement que « canon » était bien le mot, professeur. Ces statues sont glorieusement pornographiques…

— Merci M. Smith, vous pouvez vous rasseoir. Pendant que j'y pense, puisque nous en sommes à ce chapitre, j'en profiterai pour rappeler à tous les aventuriers en puissance que ça intéresse... qu'un X n'a jamais – jamais – marqué l'emplacement d'un trésor…

L'amusement dansait dans ses yeux alors que quelques élèves gloussaient de plus belle, l'allusion au X ne leur ayant nullement échappé.

Sur ce, la sonnerie stridente de la fin de l'heure retentit en les faisant tous sursauter – certains de plaisir, d'autres de déception... Le professeur reposa fatalistement sa craie dans la gouttière. Dans le brouhaha des conversations, des chaises tirées et de la débâcle habituelle qui suivait la fin de chacun de ses cours, quand tout le monde remettait manteaux, gants et cagoules, il lança inutilement dans la mêlée devenue inattentive :

— Et je veux vos devoirs sur les civilisations précolombiennes avant mercredi… n'oubliez pas !

Le flot d'élèves pressés s'engouffra par la porte pendant que les plus hardies le frôlaient en faisant swinguer leurs jupes à dessein, en profitant de la cohue. Sortant en dernier, il ferma la salle de classe derrière lui et songea d'abord à regagner son bureau mais la masse compacte d'étudiants et d'étudiantes qui pavait son chemin jusque-là le fit reculer ; après un regard désespéré à sa secrétaire Sarah-Jane, il soupira et lui mima qu'il repasserait plus tard.

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Quand il pénétra dans le bureau beige et boisé de son ami Rory P. Williams, ce dernier l'accueillit avec chaleur en allant à sa rencontre. Le conservateur du Musée était un long jeune homme mince et tranquille aux cheveux châtains et aux yeux clairs un peu globuleux. Ils se serrèrent la main avant qu'il ne lui propose un verre.

— Allons, il est encore un peu tôt pour porter un toast, refusa-t-il, mais j'ai quelque chose pour toi…

Tennessee Smith ôta le sac en bandoulière de son épaule et en sortit un petit objet rectangulaire empaqueté dans un tissu protecteur qu'il tendit à son ami avec un large sourire satisfait. Ce dernier le reçut avec précaution et défit les pans pour libérer l'objet. Ses yeux s'arrondirent devant le contenu.

— C'est une boîte à fards de Cléopâtre. Elle contient tout un appareillage électronique à circuits imprimés incompatible avec l'époque, expliqua-t-il à son ami.

Le Conservateur Williams avait sorti une loupe en bois de renne. Avec une pipe et un chapeau ridicule, il aurait fait un Sherlock… non un Watson acceptable.

— Fantastique ! s'enthousiasma-t-il en observant les détails. Merci Doc !

Avec modestie, et comme si l'affaire était entendue entre eux depuis longtemps et qu'ils ne faisaient que jouer tous les deux une partition réglée de longue date, ce dernier répondit :

— Sa place est dans un musée… Pas dans les coffres d'une multinationale comme la Lumic Unlimited…

— C'est une pièce rare. A n'en pas douter un artefact datant de la période Song… ajouta Roricus d'un air rêveur.

— Content que tu sois content, je me suis donné un peu de mal pour le récupérer… C'était bourré de pièges de protection vicelards, et j'y ai encore laissé un éclaireur vénal qui fait désormais tapisserie sur le mur d'accès Ouest de l'entrée secrète du mastaba...

Williams se permit une brève moue face à son humour noir et replaça délicatement le tissu avant de ranger aussitôt l'objet dans un tiroir fermant à clé de son bureau ancien et impeccablement rangé.

Il considéra ensuite son ami avec attention et un peu d'hésitation, puis se raclant la gorge, il alla vers une carafe posée sur un guéridon voisin et se servit au préalable un verre d'une liqueur ambrée. Le connaissant, il y avait toutes les chances qu'elle soit aussi festive que du thé glacé.

— Doc, il y avait une autre raison pour laquelle j'avais souhaité te voir si tôt après ton retour… Je voudrais te présenter quelqu'un, la fille d'une de mes connaissances pour être plus précis. Elle cherche un guide pour conduire une expédition en territoire silbermane et je me suis dit que ça pourrait peut-être t'intéresser…

Malgré son sourire, Tennessee Smith, qui se faisait appeler familièrement par ses proches « Docteur » parce qu'il était bardé de diplômes dans toutes les disciplines universitaires, secoua la tête avec un air déconfit.

— Rory, je t'ai déjà dit que les touristes en mal de sensation, c'était pas mon truc… Et puis une femme en plus… Même si ce n'était pas aussi dangereux, j'aurais dit non…

Le jeune conservateur parut embarrassé, mais insista, ce qui intrigua l'aventurier à temps partiel. Son ami se frotta les mains nerveusement l'une contre l'autre.

— C'est-à-dire que je ne t'ai pas tout dit… Je suis un ami de sa famille. Ce collègue… c'est en fait Peter Tyler, le directeur de l'Institut Torchwood. Il a monté une expédition il y a plusieurs semaines, car il avait eu vent de la mise sur le marché d'une pièce très rare en argent, tiens-toi bien : une tête réduite de Silbermane qui aurait été rachetée par John Lumic en personne, avec l'intention avouée de la disséquer pour en étudier les composants.

— Qui est-ce qui lui servait de guide ?

Le conservateur plissa ses traits mélancoliques dans l'attente de l'orage qui n'allait pas manquer d'éclater dès qu'il aurait prononcé le nom de l'ancien associé du Docteur :

— Jack Harkness… hasarda-t-il.

Le résultat ne se fit pas attendre. Les traits patriciens du Docteur se contractèrent aussitôt et ses yeux lancèrent des éclairs.

— Oh, non pas lui ! Tout le monde le sait que c'est un escroc ! Mais enfin, pourquoi Tyler ne m'a pas demandé ?

— Puis-je te rappeler que tu n'étais pas là et que tu viens seulement de rentrer ?

— Mais il pouvait attendre ! s'énerva le plus âgé.

Rory dodelina sa longue figure perchée sur un cou de poulet d'un air dubitatif, avant de se pencher en avant pour chuchoter :

— Hum. Je ne suis peut-être pas censé en parler mais on murmure que la propre femme de Pete, Jacqueline, a été enlevée par Lumic pour faire pression sur lui. A l'heure actuelle, nous n'avons aucune information ni sur elle, ni sur Peter et nous craignons le pire… S'il te plait Doc, Rose attend dans la pièce à côté… elle est désespérée et très déterminée…

Et comme il disait ces mots, la double porte battante du bureau s'ouvrit théâtralement d'un coup dans un timing parfait, pour laisser passer une jeune femme blonde vêtue sportivement comme une aviatrice. Elle s'avança jusqu'à eux deux pour se planter là, une main impatiente sur sa hanche moulée dans un pantalon vert sapin qui marquait sa très jolie taille prise dans un chemisier crème.

— Laissez Rory, j'ai bien compris qu'il ne veut pas m'aider...

Le Docteur eut la présence d'esprit de fermer la bouche au lieu de laisser sa mâchoire se fracasser misérablement par terre face à la « petite Rose » qui devait avoir cinq ou dix ans la dernière fois qu'il l'avait vue. Son teint de porcelaine aux joues rondes, son petit nez, sa bouche peinte en rouge poinsettia, qu'elle mordillait nerveusement, ses longs sourcils fins plus sombres et ses yeux marron outrés qui le fusillaient sur place... Pour une fois, il se désola que Rose Marion Tyler ne fut pas une de ses étudiantes délurées. L'était-elle ? En tous cas, elle n'avait pas l'air de se laisser facilement impressionner.

— Je… je n'ai pas dit ça, répondit-il d'une voix légèrement éraillée en faisant mine se rendre avec un sourire d'excuse. Je suis John Tennessee Smith, j'ai travaillé avec votre père il y a de ça plusieurs années, dit-il en lui tendant la main plus formellement.

Elle le considérait avec curiosité et admit un peu à contrecœur :

— Je me souviens vaguement de vous… vous aviez toujours ce chapeau... J'étais très petite alors…

Il opina sans rien dire tout en serrant brièvement ses doigts fins, en ne pouvant que constater combien elle n'était plus si petite... Elle était tout simplement délicieuse et il se surprit à penser qu'il aurait voulu garder sa main dans la sienne et l'enlever séance tenante. Il devait bien y avoir une demi-douzaine de tribus où c'était le nec plus ultra pour déclarer sa flamme à une jeune beauté.

— ...mais ce n'est plus du tout le cas, comme vous voyez ! dit-elle en la reprenant d'autorité. Oncle Rory a dû vous le dire, je suis sans nouvelle de mes deux parents et leur situation m'inquiète à plus d'un titre. Mon père a de l'argent et j'ai les moyens de vous payer pour vos services… Je veux me rendre sur place au plus vite, quand pouvez-vous partir ? On m'a dit que vous aviez un dirigeable ?

Le Docteur tenta de l'arrêter d'un geste. Il fallait être ferme. Plus de femme à bord de son ballon ni dans ses folles aventures. Il s'était laissé fléchir autrefois par son épouse aujourd'hui disparue et il l'avait perdue. Ne restaient que l'amertume et le chagrin d'avoir cédé.

— Rose, soyez raisonnable...

Charmeuse, elle lui décocha alors un gigantesque et lumineux sourire, presque inconcevable pour une aussi petite bouche et qui le laissa désemparé et prêt à envoyer valdinguer ses bons principes.

— Appelez-moi Marion, le coupa-t-elle en battant des cils. « Rose » c'était le nom du chien.

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FIN


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