Qui me sauvera si ce n'est moi ?
-Sauve moi, dis-je.
Il se précipite vers moi pendant que je commence à tomber. Christina pousse un cri de terreur pendant que Quatre m'empoigne fermement. Je lis de la détresse dans ses yeux. Il ne dit rien et me hisse dans ses bras. Il passe devant Christina et lui dit de ne rien dire à personne sur ce qu'il venait de se passer. Il lui demande de rentrer au dortoir, elle semble avoir peur mais il la rassure en disant que les garçons ne l'avaient pas vue. Elle opine et part en courant. Quatre me porte jusqu'à ses appartements où je m’effondre. Je me réveille plus tard. J'entends de l'eau couler, je tourne la tête et vois mon reflet dans un miroir. J'ai la tête entouré de bandage et la mâchoire violacée. Mon bras gauche est dans une attelle et mes jambes sont couvertes de bleu. Je gémis lorsque je veux bouger. Je n'avais jamais eu aussi mal de toute ma vie. Même lorsque Tédis se montrait particulièrement monstrueux. Quatre sort de sa salle de bain, tous les sens en alerte et plonge ses yeux dans les miens. Je détourne le regard, ayant peur d'y trouver de la pitié. Il s'approche de moi et pose un linge humide sur ma mâchoire. Je grimace et pousse un râle de souffrance. Il s'excuse puis frappe contre un mur. Je me relève avec mal, et quand il me voit lutter pour me redresse il accourt pour m'aider. Je prend sa main et pose le linge qui était sur ma machoir sur ces meurtrissures.
-Je vais bien, dit-il en retirant sa main.
Je reprends cette dernière et repose le linge. Je lui souris et lui dis que ça ne se voyait pas. Il sourit aussi et me dit que j'en avais plus besoin que lui.
-Je ne suis pas d'accord, dis-je. Tu es bien têtu!
-Pas plus que toi apparemment, rit-il.
-On me l'a déjà dit, dis-je avec un sourire nostalgique.
-Est-ce que sa va ? Demande t-il alarmer.
-Oui, tu me fais juste penser à quelqu'un, dis-je dans un sourire.
-Non, je te demande si tu vas bien ?
-J'ai l’habitude, dis-je calmement.
-Tu ne réponds pas à ma question, observe t-il.
-Je ne suis pas faible, dis-je.
-Alors pourquoi as-tu besoin que je te sauve ?
Sa question me poignarde. Je sens mon cœur se briser et je le regarde comme s'il venait de me donner un coup.
-C'est pas toi qui aurait du me sauver, dis-je en me forçant à rire.
-Qui alors ?
-Laisse tomber, dis-je.
-Non, dis moi. Tu peux me faire confiance!
-Je sais Quatre.
-Ne m'appelle pas comme ça, dit-il soudain en colère.
-Et comment alors ? dis-je sur le même ton.
-Tu le seras bientôt, dit-il mystérieux. Quelle promesse as-tu faite pour vouloir à tout prix venir ici ?
-Cela ne te regarde pas, dis-je acide.
Il ne dit rien mais me foudroie du regard.
-Tu n'es qu'une idiote!
Je sens une rage sourde monter en moi. Je lui mets une droite et sors en titubant de son lit. Je me dirige tant bien que mal vers la sortie de sa chambre mais il me rattrape trop facilement. Il me bloque le chemin, les bras croisés et me sonde de son regard qui me fait tout oublier. Je détourne les yeux des siens et veux le contourner mais il me bloque de nouveau le passage.
-J'ai promis à quelqu'un qu'un jour nous serions assez fort pour ne plus jamais subir les coups de nos pères! J'ai promis que nous serions le pilier l'un de l'autre! J'ai promis que nous pourrions compter l'un sur l'autre dans n'importe quel moment et que lors du choix nous serons l'un avec l'autre. Mais je n'ai pas pu être là lors de son choix! J’étais à l’hôpital, inconsciente par ce qu'on m'avait assommé. Depuis quatre ans ont passé et il doit penser que je lui ai menti! Il doit me haïr de ne pas avoir pu tenir ma promesse! De l'avoir laisser seul...
Je ne peux pas finir ma phrase car il me prend dans ses bras. Je veux me dégager mais il me sert trop fort. Mais sans me faire mal. Je le frappe de mon poing gauche au torse, sans conviction et finis par pleurer en tenant son t-shirt. Je m'endors une seconde fois et cette fois c'est lui qui me réveille. Je sens une main chaude sur ma joue. Je me lève d'un bon et me mets en position de combat en grimaçant de douleur. Mais lorsque je vois Quatre je baisse ma garde. J’allais m'excuser mais on frappa à la porte. Quatre me dit de me cacher dans la salle de bain. Je ne me le fais pas répéter et m'exécute.
-Salut Quatre, dit la voix d'Eric.
-Salut, dit Quatre calmement. Que fais-tu ici ?
-Je me demandais si tu savais où se trouvait la Fraternelle.
-Non, je ne sais pas pourquoi ?
-Il est bientôt dix-neuf heure et personne l'a vue, rit-il. Tu crois qu'elle a abandonné ?
-Je ne sais pas, dit-il. Mais pourquoi le ferait-elle ?
-Tu n'as pas lu le journal ? demande Eric incrédule.
-Je ne le fais jamais, lui rappelle Quatre.
-Et bien cette fois tu aurais du. Mais je vais t’épargner cette peine. Il y a un article sur elle. "Une Fraternelle qui quitte sa faction pour les Audacieux et qui réussit à rester en vie est un exploit sans aucun précédent! On peut alors se demander ce qui anime cette jeune fille à quitter une faction heureuse pour une faction dangereuse. Les Fraternels ne sont pas reconnus pour leur courage alors qu'a-t-il pu arriver à cette pauvre Carméllie Brass ? D'après les rumeurs, ce serait parce que son père adoptif, Tédis Brass, l'aurait frappée à plusieurs reprises et lui aurait fait subir des sévices sexuelles! Bien entendu ce ne sont que des rumeurs mais il y a de quoi se poser des questions. Et si c'était vrai ? Et si cette pauvre demoiselle avait intégré cette faction pour pouvoir échapper à un père trop égoïste et trop tendre envers elle ?" Le reste de l'article n'est que des revendications politiques. Alors ? Tu penses qu'elle s'est enfuie après avoir lu ça ?
Quatre ne répond pas. Eric parle encore un peu de moi, et dit que cette rumeur était sûrement vraie, vu les marques sur mon corps. Il se met à rire puis sort de la chambre en claquant la porte. Moi je suis effondrée et me laisse glisser contre le mur jusqu'à ce que ma tête touche mes genoux. Je suis tellement sous le choc que je n'entends pas Quatre se précipiter dans la salle d'eau. Il me prend par les bras et me secoue d'avant en arrière.
-C'est vrai ? Hurlai-t-il. C'est vrai qu'il te frappait et qu'il...
Il ne continue pas. Je le regarde comme si j’étais déjà morte. Tout le monde le savait. Tout le monde savait à quel point j'étais misérable et sale. Maintenant il savait quelle fille j’étais. Son regard se fait suppliant. Il semblait me supplier de lui dire que non, je n'avais jamais été violée. Cette fois c'est de la colère que je ressens. J'arrache mon attelle et mes bandages à la tête.
-Qu'est-ce que tu voudrais que je te dise ? Hurlai-je. Non, c'est faux ? Excuse moi de ne pas être celle que tu espérais!
Je me lève d'un bon et cours vers la porte de la sortie. Je dévale les escaliers puis cours comme je peux, dans les couloirs mais il est plus rapide que moi.
-Liberty, attend, dit-il en me prenant dans ces bras. Liberty je...
-Tu quoi ? cari-je. Tu es désoler ? Pas plus que moi, crois moi!
-Liberty je suis de ton coté...
-Pas du tout! Il y a à peine deux secondes tu me suppliais du regard que ce soit faux! Lâche moi Quatre!
Je me dégage et entre comme une furie dans le dortoir. Je suis soulagée de le trouver vide. Je regarde ma montre, plus que dix minutes avant le rendez-vous. Je change rapidement de vêtement et cours sur le toit. Tout le monde est déjà là.