Tous les deux.
Chapitre 1 : Tous les deux
1382 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 26/07/2020 20:44
Assis à l'arrière d'un taxi, Connor observait le paysage qui défilait devant ses yeux noisette. Il finit par les fermer, voulant être un instant seul avec lui-même.
Il l'avait fait.
À présent, il aurait faim et soif, comme celui qu'il considérait comme son père. Il connaîtrait également la douleur physique et bien que cela l'effrayait, il ne regrettait pas son choix. En faisant cela, il se rapprochait plus de Hank, il comprendrait encore mieux ses réactions humaines et c'était le plus important.
Un raclement de gorge le sortit de ses pensées. Il paya le chauffeur et sortit de la voiture. Il n'avança pas tout de suite vers la maison qui se trouvait à seulement quelques mètres devant lui. Il resta immobile, inspira profondément et s'avança. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre et sourit en découvrant Hank et Sumo étalés sur le canapé. Il ouvrit la porte et constata que tous les deux dormaient. Il se mordit la lèvre en réalisant qu'il devrait attendre avant de parler à Hank, et fronça les sourcils à la sensation désagréable qui suivit.
Il regarda l’horloge sur le mur, c'était presque l'heure de nourrir Sumo et de préparer le repas. Cette fois, pensa Connor, il allait pouvoir goûter la nourriture, et il y aurait deux assiettes sur la table.
Il n'y avait plus grand-chose, que ce soit dans les placards ou dans le petit frigo de la cuisine. Mais, Connor n'en fut pas gêné. Il avait pris l'habitude, depuis qu'il vivait avec Hank, de cuisiner avec presque rien. Cette fois, il allait devoir se contenter de pâtes, d'un reste de crème et de tomates fraîches.
Ce fut l'odeur de nourriture qui sortit Hank de son sommeil. Connor lui tournait le dos.
« Ça m'a l'air mieux que d'habitude, taquina Hank en se levant.
— Je l'espère, répondit l'androïde en prenant les assiettes et en les posant sur la table.
— Dis-moi, j'ai la berlue ou il y a deux assiettes ? grommela le lieutenant en s'asseyant et étouffant un bâillement.
— Eh bien, commença Connor en posant la gamelle pleine de Sumo sur le sol et en s'asseyant enfin, j'ai décidé que moi aussi j'avais le droit d'apprécier la nourriture. »
Hank fronça les sourcils.
« Donc... Tu peux... te nourrir comme moi et goûter les aliments ?
— Exact.
— Ça explique pourquoi, pour une fois, c'est presque bon. »
Connor allait répliquer lorsque l'on frappa à la porte. Hank jura dans sa barbe. Il détestait être dérangé, qui plus est lorsqu'il était dans sa propre maison.
« Je vais ouvrir, lança le plus jeune en se levant.
— Je te signale que le micro-onde est cassé. Si tu vas ouvrir, ça va refroidir et crois-moi ce n'est pas agréable.
— Je me dépêche ! » lança l'androïde à l'intention de Hank.
Il ouvrit la porte et trois hommes le dévisagèrent.
« Tu es bien l'ami d'Anderson ?
— En effet, répondit le concerné, pourquoi ?
— C'est un ancien collègue. Notre voiture vient de tomber en panne, je sais que Hank n'est pas très doué avec ça, tu pourrais voir ce que tu peux faire ? »
Sans hésiter, Connor suivit le petit groupe jusqu'au trottoir où la voiture était garée. Il voulut s'approcher mais une main l'agrippa par le poignet, le prenant par surprise.
« Sache que Hank n'est pas notre ami. Tu ne comprends sûrement pas cette notion, mais nous voulons venger notre chef. Et tu es le seul qui compte pour lui. »
Connor n'eut même pas le temps d'assimiler ses paroles qu'une douleur fulgurante s'empara de son côté. Une main se plaqua contre sa bouche bloquant son cri de douleur. Il s'effondra sur le sol, tandis que du thirium se répandait sur sa chemise blanche. Il tenta de se relever mais le stress, l'incompréhension et la douleur rendirent sa tentative vaine. Une seconde vague d'agonie le foudroya. Il voulut se recroqueviller, mais ce fut un échec. Des larmes coulaient sur ses joues. Il avait mal. Il avait tellement mal. Son côté et son bras droit lui faisaient vivre un véritable enfer. Il haletait, tentant de réfléchir à une échappatoire possible.
Soudain la voix de Hank se fit entendre, et une boule de poils énorme déboula sur le petit attroupement.
Les agresseurs se ruèrent dans la voiture et partirent en trombe.
Hank les ignora et s'agenouilla à côté de Connor.
« Accroche-toi fiston ! Accroche-toi ! »
Connor ne répondit que par un faible gémissement alors que les larmes coulaient de plus belle sur ses joues. Hank commença à paniquer. La situation était incroyable. Connor... pleurait ?
« Je vais te porter jusqu'à la maison, » annonça le plus vieux, s'obligeant à mettre de côté les mille questions qui se bousculaient dans sa tête.
Les gémissements de Connor lui brisaient le cœur. Il le posa doucement sur le canapé et courut chercher de quoi bander ses blessures. Puis, une fois les pansements réalisés, il alla chercher des poches de thirium, qu'il gardait toujours avec lui, depuis qu'il avait accueilli Connor suite à la manifestations des androïdes.
« Tu dois boire ça, fiston. »
Un énième gémissement franchit les lèvres du plus jeune.
« ... Mal, » siffla Connor.
Hank passa une main dans les cheveux du blessé et essuya les larmes de son visage.
« Ça va aller, fils. Je suis là maintenant. Je vais appeler un réparateur d'androïdes, il saura quoi faire. »
Fouillant dans ses poches, Hank finit par en extirper son vieux téléphone. Il composa le numéro des urgences et la main droite dans celle de Connor, attendit que l'on décroche.
Une voix de femme résonna dans l'appareil et Hank lui expliqua rapidement la situation. Après un examen guidé par la jeune femme, il s'avérait qu'aucun bio-composant n'avait été touché. Néanmoins, Connor devait boire trois poches de thirium pour se débarrasser à la fois de sa sensation de faiblesse, mais aussi de la douleur qui faisait rage dans son corps. Hank raccrocha, et aida Connor à se redresser assez pour qu'il puisse boire. Les gémissements redoublèrent alors que le mouvement accentuait la douleur.
« Ça va aller Connor, ce sera bientôt fini. Trois poches de sang bleu et tout ira bien. En plus tu adores ça, » ajouta le plus âgé en souriant.
Connor esquissa un sourire et commença à boire. Mais une grimace déforma son joli visage et il repoussa la poche.
« C'est immonde, souffla Connor.
— Tu dois boire Connor. Quand je pense qu'avant tu bafouais toutes les règles d'hygiène... »
L'androïde aurait aimé répliquer mais il était trop faible et la douleur ne diminuait pas. Avec une moue de dégoût, il continua de boire la première poche.
Lorsqu'il l'eut fini, il se rendit compte qu'il commençait à cicatriser.
La seconde poche eut encore plus de mal à passer, mais quand Hank lui tendit la dernière, il crut qu'il allait vomir.
« Je vais mieux, » mentit Connor en se relevant sans laisser à Hank le temps d'intervenir. Mais avant même que Hank ne puisse répliquer, il sentit ses jambes se dérober sous lui et laissa échapper un cri. La douleur venant de sa blessure au côté droit venait d'augmenter d'un seul coup. Il chancela mais fut rattrapé par les bras protecteurs de Hank.
Il s'attendit à une montagne de jurons mais rien. Hank ne leva même pas les yeux au ciel quand Connor lui assura qu'il avait simplement trébuché.
À nouveau allongé, Connor observa les yeux bleus qui le regardaient et y vit une profonde crainte. Alors, ignorant son dégoût, il but la dernière poche.
Un large sourire illumina les traits du lieutenant. La douleur avait presque complètement disparu. Il sourit.
« Ne me refais plus jamais une chose pareille.
— Je suis désolé...
— Ne t'excuse pas. Je t'aime, fils, » murmura Hank en prenant doucement Connor dans ses bras.
Sumo monta sur les jambes du plus jeune, et se roula en boule. Connor resserra l'étreinte et chuchota :
« Je t'aime, papa. »