Le démon du papillon

Le Domaine des Papillons était baigné d'une lumière douce, pourtant chargée d'une tension palpable. Le calme trompeur des lieux était perturbé par un va-et-vient incessant des pourfendeurs. Des éclaireurs et des messagers arrivaient en hâte, portant des rapports et des informations nouvelles. L'atmosphère était empreinte d'une vigilance exacerbée, chaque murmure transportant l'inquiétude de ce qui pourrait se cacher dans l'ombre.

Le Domaine des Papillons, habituellement un havre de paix, était ce jour-là le théâtre d’une agitation silencieuse mais pressante. La lumière du soleil qui baignait les jardins n’apportait aucun réconfort, car derrière chaque buisson, chaque arbre, semblait se cacher une menace invisible.

Shinobu se tenait à l'entrée de son bureau, son regard se perdant sur les jardins qui entouraient le domaine. Elle savait que quelque chose d'inquiétant se trame, mais les informations étaient encore trop éparses pour qu'elle puisse en tirer des conclusions définitives.

Soudain, Kanao arriva précipitamment, suivie de deux pourfendeurs moins gradés, chacun portant un rapport distinct. Kanao, toujours aussi calme malgré l’urgence, tendit une note à Shinobu. Les deux autres pourfendeurs attendaient patiemment leur tour, le visage grave. D'une voix calme mais avec un ton pressant, Kanao dit :

— Shinobu, j'ai trouvé ceci près du portail. C’est un rapport d’un éclaireur. Il mentionne avoir aperçu un individu suspect correspondant à la description que vous avez donnée, non loin d’ici.

Shinobu déplia la note, ses yeux parcourant rapidement les lignes. Le rapport était bref, mais précis : un homme d’apparence humaine, mais dégageant une aura anormale, avait été repéré dans la forêt voisine. Une autre mention indiquait que cet individu avait été aperçu observant le Domaine des Papillons à distance.

Avant que Shinobu n'ait le temps de réagir, l'un des pourfendeurs s’avança, un jeune homme au visage marqué par la fatigue des missions récentes. Il s'inclina respectueusement avant de lui remettre son propre rapport, et dit rapidement :

— Maître Kocho, des villageois du sud ont signalé avoir vu des ombres étranges rôder autour de leurs habitations la nuit dernière. Nous avons enquêté, mais n'avons trouvé aucune trace évidente de démon. Cependant, l'un des éclaireurs a cru apercevoir une silhouette qui disparaissait à l'orée de la forêt... là où l’individu suspect avait été vu.

Shinobu prit le rapport sans un mot, ses pensées tourbillonnant alors qu'elle essayait de relier les informations entre elles. Elle comprenait que la menace était proche, plus proche qu'elle ne le souhaiterait.

Le deuxième pourfendeur, une jeune femme aux cheveux courts, s’avança à son tour, son visage crispé par l'inquiétude et haletante.

— Maître Kocho, un autre rapport vient d'arriver du nord. Des signes de lutte ont été trouvés près de la rivière, mais aucun corps de démon n’a été retrouvé. Il semble que quelque chose de puissant soit passé par là... Les villageois sont terrifiés.

Shinobu fronce les sourcils en prenant la deuxième note. Il devient évident que l'individu mystérieux, celui qu'elle soupçonne d’être le démon qu’elle a rencontré, est à l'origine de cette agitation. Mais pourquoi ne s’est-il pas montré plus agressif ?

Kanao, qui a observé silencieusement les rapports, se tourne vers Shinobu. Son air est plus sérieux que d’habitude, et elle semble résolue.

— Shinobu, nous devons renforcer la sécurité autour du Domaine. Si c’est bien le démon que vous avez rencontré, il pourrait représenter un danger immédiat.

Shinobu hoche la tête, mais avant qu'elle ne puisse donner des ordres, Aoi fait irruption, visiblement troublée par les derniers développements. Elle s'arrête devant Shinobu, cherchant à garder son calme, et dit d'un ton inquiet :

— Shinobu, certains des pourfendeurs en convalescence commencent à s’interroger sur les patrouilles renforcées. Ils craignent qu’un danger imminent ne se profile. Devons-nous leur dire la vérité ?

Shinobu réfléchit un instant, pesant le pour et le contre. Elle sait qu’il est essentiel de garder le moral des troupes, mais elle ne peut ignorer les risques réels. Elle répond d'un ton sérieux :

— Il est préférable de ne pas semer la panique. Dis-leur que nous avons renforcé nos patrouilles en réponse à des rapports d'activités démoniaques dans la région. Ça devrait suffire pour le moment.

Aoi acquiesce, mais son regard reste préoccupé. Elle se tourne à nouveau vers Shinobu, son ton plus doux et empreint d’une inquiétude sincère.

— Prenez soin de vous, Shinobu. Vous semblez plus préoccupée que d’habitude...

Shinobu esquisse un sourire, tentant de rassurer son amie, mais au fond d’elle, l’angoisse grandit. La situation est plus complexe qu’elle ne veut l’admettre, et les questions commencent à l’assaillir : pourquoi ce démon reste-t-il si évasif ? Pourquoi n’a-t-il pas cherché à l’attaquer directement ?

Tandis qu'Aoi retournait à ses tâches, Shinobu restait plongée dans ses pensées. Chaque rapport, chaque témoignage, renforçait son sentiment d’urgence. Quelque chose de grave se préparait, et elle savait qu’elle devait se préparer à affronter cet ennemi énigmatique, dont les intentions demeuraient un mystère.

Elle leva les yeux vers la forêt qui bordait le Domaine des Papillons, se demandant si le démon était là, quelque part, à les observer.

La tension monte au Domaine des Papillons. Bien que le calme semble régner en apparence, chacun sent qu'une tempête est sur le point de se déclencher, une tempête qui pourrait bien bouleverser leur monde.

Les rayons du soleil traversent les feuillages épais, créant un jeu de lumière et d'ombre sur le sol de la clairière. Shinobu, accompagnée de Kanao et de deux pourfendeurs, avance prudemment. Chaque craquement sous leurs pieds semble amplifié dans le silence qui les entoure.

Les derniers rayons du jour se faufilent à travers les arbres, projetant des ombres inquiétantes sur le sol couvert de feuilles mortes. Le calme apparent de la forêt ne fait qu'intensifier la tension qui monte dans le groupe. Tout, dans l'air, semble suspendu à une attente invisible, comme si la forêt elle-même retenait son souffle.

Shinobu scrute les environs avec une attention accrue. Elle sait que le démon qu’elle cherche est dangereux, et il pourrait être tout près, dissimulé dans l’ombre. Le vent fait bruisser les feuilles, et elle s'arrête soudainement, tendant l'oreille. D'une voix basse, elle dit :

— Kanao, est-ce que tu ressens quelque chose d'étrange ?

Kanao ferme les yeux un instant, se concentrant sur son environnement. Elle hoche la tête, ses doigts effleurant doucement le manche de son katana, puis répond :

— Oui… Il y a une présence. Elle est faible, mais elle est là.

L'un des pourfendeurs qui les accompagne, un jeune homme au visage marqué par la nervosité, se penche pour inspecter le sol. Ses doigts frôlent une marque étrange, une empreinte qui n'appartient ni à un animal ni à un humain ordinaire. D'une voix basse et troublée, il dit :

— Regardez ceci… Une empreinte profonde, comme si quelque chose de très lourd s'était appuyé ici.

Shinobu s'agenouille pour mieux voir. L'empreinte est en effet profonde, mais ce qui attire son attention, c'est la forme irrégulière, presque griffue, qui suggère une créature non humaine. Un frisson la parcourt, et elle murmure pour elle-même :

— C'est lui, j'en suis sûre…

Les quatre pourfendeurs se déploient lentement dans la clairière, leur vigilance accrue à chaque pas. Shinobu s'éloigne un peu du groupe, ses yeux fouillant chaque recoin, chaque ombre. Elle ressent une légère présence, une réminiscence de l’aura qu’elle avait perçue lors de leur première rencontre.

Soudain, Kanao s’arrête brusquement, fixant un point au sol. Elle s'agenouille et découvre des traces de sang. Le liquide sombre contraste avec le sol terreux, mais il est encore humide, indiquant que la bataille a eu lieu récemment. Elle constate, d'une voix basse et calme, mais avec un ton grave :

— Il y a eu un combat ici…

— Du sang… Il est encore frais. Le démon n’est pas loin.

Shinobu rejoint Kanao et examine les traces. Le sang n'est pas en grande quantité, mais il est suffisant pour indiquer qu’un combat a eu lieu. Elle fronce les sourcils, tentant de comprendre ce qui a bien pu se passer ici. Elle se redresse lentement, scrutant les arbres environnants comme si elle s’attendait à voir surgir la silhouette du démon à tout moment.

Les deux autres pourfendeurs se rapprochent, visiblement nerveux. L’un d’eux, plus expérimenté, prend la parole d'une voix ferme.

— Maître Kocho, si le démon est encore dans les parages, nous devons être prudents. Il pourrait essayer de nous attirer dans un piège.

Shinobu acquiesce. Elle sait qu’il pourrait s’agir d’un piège, mais elle ne peut ignorer les indices. D’un ton décidé, elle répond :

— Nous devons rester sur nos gardes. Ce démon est intelligent et puissant. Il pourrait essayer de jouer avec nous, de nous attirer loin du Domaine pour mieux frapper ensuite.

Kanao hoche la tête en signe d'accord, son regard se posant à nouveau sur la trace de sang. Elle reste silencieuse, mais son expression montre qu’elle partage les préoccupations de Shinobu.

Alors que la lumière du jour commence à faiblir, les pourfendeurs comprennent qu’ils doivent bientôt rebrousser chemin. Shinobu fixe encore un instant l’ombre de la forêt, comme pour essayer de percer le mystère qui entoure cet ennemi. Résignée, elle dit :

— Nous ne trouverons rien de plus aujourd’hui. Retournons au Domaine. Nous devons préparer une nouvelle stratégie.

Le groupe se remet en marche, quittant la clairière. Alors qu’ils s’éloignent, le vent se lève, soulevant les feuilles mortes. La forêt semble les observer en silence, comme si elle cachait un secret que nul ne pouvait percer.

Dans l’ombre, à l’abri des derniers rayons du soleil, une paire d’yeux rouges sans pupilles apparaît. le démon observe silencieusement le groupe de pourfendeurs qui s’éloigne. Son regard est perçant, analysant chaque mouvement de Shinobu, Kanao et des autres pourfendeurs.

Au moment où le groupe atteint le bord de la clairière, Shinobu s'arrête soudainement, un frisson parcourant son échine. Elle tourne lentement la tête, sentant une présence derrière elle. Son regard balaie la clairière, mais elle ne voit rien, seulement les ombres des arbres qui s’étendent. Murmurant pour elle-même, elle dit :

— Quelqu’un nous observe…

Mais il n’y a que le silence, et les yeux rouges de ce démon disparaissent dans les ténèbres. Shinobu hésite un instant, puis décide de suivre le groupe. Une fois qu’ils sont partis, la clairière redevient calme, comme si rien ne s’était jamais passé.

Shinobu se tient sur la terrasse du Domaine des Papillons, regardant les étoiles dans un ciel dégagé. La fraîcheur de la nuit contraste avec la chaleur qu'elle ressent encore après la mission dans la clairière. Ses pensées sont tourmentées par les événements de la journée, et elle ne parvient pas à se défaire de la sensation qu'un danger imminent plane sur eux.

La nuit enveloppe le Domaine des Papillons d'une tranquillité trompeuse, mais l’esprit de Shinobu reste agité. Ses pensées tournent autour du démon qu'elle a affronté, mais aussi de cette étrange présence qui n'a cessé de l'observer.

Elle ferme les yeux, cherchant à comprendre la source de son malaise, mais rien de concret ne lui vient à l’esprit.

Le bruit léger des pas sur le bois de la terrasse interrompt ses pensées. Kanao s’approche silencieusement, suivie de près par Aoi. Les deux jeunes femmes remarquent immédiatement l'inquiétude sur le visage de Shinobu, et sur un ton préoccupé, Kanao lui demande :

— Shinobu-sama, vous semblez préoccupée. Est-ce à cause de ce que nous avons trouvé dans la clairière ?

Shinobu hoche doucement la tête, ses yeux toujours levés vers le ciel. D'un ton pensif, elle répond :

— Oui… quelque chose ne va pas. Ce démon, cette présence… c'est comme si quelque chose de plus grand se préparait.

Kanao observe sa mentor avec attention, tentant de comprendre l'origine de son trouble. Elle demande doucement :

— Ce démon… pensez-vous qu’il soit différent des autres ?

Shinobu hésite un instant avant de répondre, et avec gravité, elle dit :

— Peut-être… il y avait une détermination dans les traces que nous avons trouvées. Comme s'il chassait quelque chose, ou quelqu'un. Mais ce qui me trouble le plus, c'est cette sensation que j'avais… comme si nous n'étions pas seuls.

Aoi, qui jusque-là écoutait en silence, fronce les sourcils, inquiète. Elle s'approche un peu plus de Shinobu et, avec anxiété, demande :

— Vous pensez qu'il pourrait y avoir un autre démon, plus puissant ?

Shinobu secoue la tête, mais son visage reste marqué par une incertitude. Hésitante, elle répond :

— Je ne sais pas. Mais il y avait quelque chose… ou quelqu’un. C’était comme si une ombre nous suivait, une ombre que nous n’avons pas pu voir clairement.

Soudain, le visage de Shinobu se fige, un souvenir précis remontant à la surface. Elle se rappelle d’un détail qui l’avait troublée dans la clairière : ces yeux rouges qui l’avaient observée alors qu’elle quittait les lieux. Une présence puissante, mais invisible.

Elle baisse les yeux vers Kanao et Aoi, l’inquiétude visible dans son regard. Murmure-t-elle pour elle-même.

— Ces yeux… J’ai ressenti un regard sur moi… Rouge, intense…

Aoi et Kanao échangent un regard perplexe, avant de reporter leur attention sur Shinobu. Kanao dit doucement :

— Peut-être avons-nous affaire à quelque chose de plus… que ce que nous pensions.

Alors qu'elles discutent, une bourrasque soudaine s’élève, faisant frémir les arbres environnants. Un buisson près du domaine se met à bouger violemment, attirant immédiatement l'attention de Shinobu. Son corps se tend, et son regard se fixe sur l'endroit d’où provient le bruit. D'une voix angoissée, elle dit :

—Attendez…

Kanao et Aoi se retournent également, scrutant l’obscurité. Mais malgré leurs efforts, elles ne voient rien d’autre que les branches secouées par le vent. Shinobu, cependant, sent une présence, un regard pesant qui semble encore là, caché dans l'ombre.

Elle plisse les yeux, tentant de percer la pénombre, mais le vent cesse aussi soudainement qu’il a commencé, laissant le domaine dans un silence oppressant. Le buisson redevient immobile, comme si rien ne s’était passé. D'un ton inquiet, Aoi lui demande :

— Shinobu-sama, ça va ?

Shinobu inspire profondément, tentant de se convaincre que ce n'était que le vent. Pourtant, son cœur bat plus vite, et ses instincts lui crient que ce n’était pas qu’une simple bourrasque. Elle force un sourire et lui répond :

— Ce n’était rien… Juste le vent. Nous devrions rentrer.

Elle se retourne, mais un frisson parcourt son dos. Avant de partir, elle jette un dernier regard vers la forêt sombre, mais ne distingue rien de suspect. Pourtant, au fond d’elle-même, elle sait que ces yeux rouges ne cesseront pas de la hanter.

Les trois pourfendeuses rentrent dans le domaine, laissant la terrasse vide sous la lumière de la lune. Mais l’atmosphère demeure lourde de tensions non résolues, et Shinobu sait que quelque chose de plus grand se cache dans l’ombre, attendant le moment propice pour surgir.

Qu'elle ne pourra pas ignorer cette menace plus longtemps. L’ombre qui les hante pourrait bien être plus dangereuse qu’elles ne l’imaginent.

Shinobu entre dans la salle de réunion, où plusieurs piliers sont déjà présents, assis en cercle autour de maître Kagaya Ubuyashiki. Le maître, malgré son apparence fragile, dégage toujours une aura de sagesse et de sérénité. Kanao se tient près de l'entrée, attendant patiemment, tandis que d'autres pourfendeurs restent en arrière-plan, prêts à fournir des rapports supplémentaires si nécessaire.

La salle est empreinte d’une gravité silencieuse. Les visages des piliers, habituellement calmes, sont marqués par l’inquiétude. Chaque regard se tourne vers Shinobu lorsqu’elle prend place, sachant que son retour récent d’une mission importante apportera des nouvelles cruciales.

Maître Ubuyashiki commence la réunion en parlant doucement, son ton apaisant contrastant avec la tension palpable dans la pièce. D’une voix calme, il dit :

— Merci à tous d’être venus si rapidement. Nous avons reçu plusieurs rapports inquiétants ces derniers jours. Shinobu,

pourrais-tu partager ce que tu as découvert lors de ta mission ?

Shinobu s'incline légèrement en signe de respect avant de prendre la parole. Son visage est calme, mais son ton trahit une certaine inquiétude. Sérieusement, elle dit :

— Maître, lors de notre enquête dans la forêt près du village, nous avons trouvé un démon de la puissance d'une Lune Inférieure, déjà abattu. Mais ce n’est pas cela qui m’inquiète le plus... Il semblerait qu’il ait été tué par quelqu’un ou quelque chose d’inconnu.

Cette révélation suscite des murmures parmi les piliers. Himejima Gyomei , le Pilier de la Roche, pose une question d’un ton posé :

— Abattu par un autre démon, peut-être ?

Shinobu hoche la tête, mais son expression devient plus sombre. Elle dit en réfléchissant :

— C’est une possibilité… Mais ce démon ne s’est pas désintégré, et je n’ai trouvé aucune trace d’un pourfendeur à proximité. En revanche… j’ai senti une présence. Quelqu’un, ou quelque chose, nous observait.

Les piliers échangent des regards lourds de signification. L'idée qu’un démon ou un être inconnu, capable de rivaliser avec une Lune Inférieure, puisse agir sans être un pourfendeur, est perturbante.

Rengoku, le Pilier des Flammes, se redresse et interrompt les pensées de tous avec sa voix énergique et intense.

— Nous devons trouver cette personne ou ce démon ! Quelqu’un qui chasse les démons à notre place peut devenir soit un précieux allié, soit une grande menace.

Uzui Tengen , le Pilier du Son, qui était resté silencieux jusqu’alors, ajoute d'une voix calme, posée mais tranchante :

— Un démon qui ne se désintègre pas ? Cela peut signifier plusieurs choses, mais rien de bon pour nous.

Kagaya hoche la tête, ses yeux voilés fixés sur un point indéfini, perdu dans ses pensées. Doucement, il dit :

— Cela mérite une enquête plus approfondie. Shinobu, continue de surveiller la région avec discrétion. Si ce mystérieux individu refait surface, nous devons en savoir plus.

À ce moment-là, deux pourfendeurs de rang inférieur entrent dans la salle et s’inclinent profondément devant les piliers. Ils apportent des rapports sur des événements récents dans les villages voisins. L'un d'eux dit nerveusement :

— Maître, des villageois ont rapporté avoir vu des ombres se déplacer à la lisière de la forêt. Certains ont parlé de lumières étranges et d'une silhouette qui semblait chasser un démon.

L'autre rajoute :

— Et un autre village rapporte des rumeurs similaires. Des témoignages indiquent qu'un combattant inconnu les aurait protégés lors d’une attaque.

Shinobu échange un regard avec Kanao, cette dernière montrant des signes de compréhension silencieuse. Shinobu, réfléchissant à voix haute, dit :

— Il est insaisissable… mais ces témoignages confirment qu'il agit avec une intention claire, celle de protéger.

Maître Ubuyashiki se lève lentement, indiquant la fin de la réunion. Il dit avec sérénité :

— Restez vigilant. Ce n’est peut-être qu’une ombre pour le moment, mais elle pourrait se révéler être la lumière dont nous avons besoin, ou l’obscurité que nous devons craindre.

Les piliers s'inclinent en signe de respect et commencent à se disperser, chacun perdu dans ses pensées. Shinobu, cependant, reste immobile un instant, son esprit tourmenté par ce regard rouge et ces étranges sentiments d’appréhension qui la hantent. À chaque instant, elle ne peut se défaire de cette sensation pesante qu'elle est constamment observée, même dans les endroits où elle devrait se sentir en sécurité.