Le journal d'Anna
Chapitre 1 : 17 juillet 2017: Le grand retour
978 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 29/03/2020 17:57
Bonjour, moi c’est Anna Delcourt, je suis journaliste indépendante, j’ai trente et un an et j’ai décidé de revenir dans ma ville natale après dix-sept ans d’absence. J’ai besoin de reprendre contact avec cet environnement, ce soleil, cet étang. Ma sœur me manque tellement. Ma mère, elle, ne me manque pas, j’avoue, c’est à cause d’elle si je suis partie il y a dix-sept ans. Mais je vous raconterais cette histoire le moment venu. Mon père a disparu quand j’avais environ trois ans et je ne l’ai jamais revu depuis. En fait, ma seule attache dans cette ville, c’est ma sœur, mais Dieu sait à quel point elle me manque.
Parlons un peu de ma vie après être partie de chez moi. J’étais enceinte à ce moment-là, mais je ne pouvais pas garder cet enfant. Je n’avais pas de toit et presque pas d’argent. J’avais donc décidé de le donner à une femme qui avait perdu son bébé mais qui avait une situation plus stable. Et puis, le père de mon enfant était son mari. Je sais, c’était un adultère et je n’en suis pas très fière. Par la suite, j’ai rencontré un homme adorable : Martin Constant. Nous vivions ensemble en Normandie près de la mer. On a été pacsé pendant plus de dix ans mais en ce moment plus rien ne va entre nous. On ne communique qu’en s’engueulant et quand je le vois, j’ai juste envie de me barrer. C’est ce qui a poussé mon départ.
17 juillet 2017, 8h32
Ça y est, c’est le grand jour, aujourd’hui je vais revoir cette si belle ville et peut-être ma sœur. Je me demande sans cesse ce qu’elle est devenue, a-t-elle des enfants, un mari, quel est son métier ? Je vais enfin pouvoir le découvrir. Je me demande aussi quelle va être sa réaction en me voyant ? Sera-t-elle en colère ou sera-t-elle ravie ? Je me pose trop de questions.
Comme je ne sais pas où elle habite, j’attendrais de la croiser, j’espère la reconnaître, sinon je demanderais aux gens. Ça pourrait être sympa, une chasse au trésor.
Je prends une grande respiration. Je quitte l’hôtel dans lequel je vivais depuis quelques temps avec toutes mes valises (il y en a tellement que je ne sais pas s’ils vont me laisser entrer dans le train) et je me dirige à la gare de ma ville. Le train est déjà arrivé, alors je monte.
Ça y est, je n’ai plus qu’à attendre, dans quelques heures j’aurais les réponses à mes questions. Pendant ce temps-là, je cherche des articles à écrire. J’aimerais monter mon propre site, que je gérerais seule alors je m’entraîne.
9h30 plus tard, 18h00
On y est, le train entre en gare de Sète, ça fait tellement bizarre de revenir ici, cette gare qui est la dernière à m’avoir vue. Vais-je reconnaître ? Je sors de cette dernière presque en larmes, ça me fait remonter des émotions de revenir ici, revoir ce soleil, et ce théâtre dans lequel nous sommes allées voir quelques pièces quand j’étais plus jeune ! Cet endroit que j’aimais tant. Je décide de prendre le bus pour aller à l’hôtel que j’ai réservé. J’y pose mes affaires.
Je décide ensuite d’aller me balader dans la ville, au bord du canal. Ça me fait du bien, cette chaleur, cette foule. Ça me rappelle à quel point la ville m’a manquée. Je vois aussi que ça a beaucoup changé, un bar a remplacé cette boutique de vêtements où j’aimais tant aller avec ma sœur, quand notre mère travaillait. Je me promets d’y passer un de ses jours, des gens connaitrait peut-être ma sœur.
20h00
Je vais me chercher un truc à manger puis je remonte dans ma chambre. Je me mettrais à la recherche de ma famille dès demain. Pour l’instant, je dois aller me reposer. Je vais en profiter pour vous raconter certaines choses que vous ne savez pas encore sur moi.
J’ai été obligée de partir de chez moi il y a dix-sept ans. Ma mère m’a mise à la porte quand elle sut que j’attendais un enfant. Mon amant a dû m’héberger dans un cabanon près de l’étang de Thau. Ensuite, j’ai accouché et j’ai fait le choix d’abandonner cet enfant. Quand j’ai fait cadeau de ce dernier, Sacha, à Flore Vallorta, j’étais soulagée, il allait avoir une vie heureuse, avec une mère et un père aimant. Malheureusement, j’ai appris quelques temps plus tard que le mari de Flore et mon ancien amant avait péri lors d’un accident de voiture. C’est à ce moment-là que j’ai regretté d’avoir abandonné mon fils. Depuis, chaque minute ne passe sans que je pense à lui, à ce qu’il est devenu, s’il me ressemble, s’il a les mêmes yeux que moi. J’espère de tout mon cœur qu’il n’a pas quitté Sète, j’aimerais le voir juste une fois, une seule fois, c’est tout ce que je demande. Je vous en dirais plus quand le temps sera venu. Pour l’instant je vais me reposer un peu, je suis fatiguée de ce long voyage et puis demain est une grande journée, je rencontrerais peut-être ma sœur, du moins je l’espère.