Demain nous appartient, la LOVING FICTION

Partie 1 : [Dans la tête de Samuel]

Il est 15h et aujourd'hui j'ai pris une journée de RTT au travail. Non pas que je me suis mis minable et qu'il m'est donc impossible de me rendre sur mon lieu de travail, non ça c'était le moi d'avant, maintenant je ne suis plus comme ça, Leïla m'a sauvé. Et c'est d'ailleurs parce-que Leïla m'a sauvé que j'ai pris ce RTT aujourd'hui. Elle rentre de son périple parisien en compagnie de ses co-aventuriers et de la fameuse Noor. Et d'après ce que j'ai compris la gamine ne pète vraiment pas la forme...et dans le fond ça me fait de la peine. Oui je sais ça peut paraître bizar, moi-même je m'épate! Je n'ai jamais pensé qu'un jour je ressentirais de la peine pour Noor, pas une seule fois, mais pourtant...Je ne sais pas comment l'expliquer mais j'ai comme un mauvais pressentiment. Je connais trop bien l'ambiance de Paris, les ruelles sombres, les nuits où tous les excès sont permis, j'en ai moi-même été adepte jadis. Et c'est pour ça que je suis presque convaincu que Noor a fourré son nez dans la drogue et que maintenant elle ne sait plus comment en sortir, une addiction est si vite arrivée. Et si c'est ça, alors je suis bien placé pour la comprendre, et affronter ça si jeune ça ne devrait pas être permis. C'est pour ça que j'ai décidé de prendre ma journée aujourd'hui, car Leïla et la troupe vont bientôt rentrer, et je suis bien décidé à lui donner un coup de pouce comme elle a su le faire à bien des reprises pour moi.

Je suis assis sur le canapé, en train de me remémorer des souvenirs de moi vraiment peu avantageux concernant ce cercle vicieux qu'est la toxicomanie, quand soudain une voix qui ne m'est pas inconnue retentit dans l'entrebâillement de la porte d'entrée. Je me lève d'un bond en entendant mon prénom, c'est ma chérie. Je m'approche d'elle et la serre très fort dans mes bras. Après une montagne de bisous baveux (adieu le côté glamour), je commence :

"Samuel - Ma chérie, enfin! Comment tu vas?

Leïla - Bof, j'ai connu des jours meilleurs, mais au moins je suis près de toi et ça ça n'a pas de prix

Samuel - Bien-sûr mon cœur je suis là maintenant, je suis là pour toi et ce qui compte pour toi compte pour moi, je suis sincère

Leïla - Merci, c'est adorable

Samuel - Que s'est-il passé là-bas?

Leïla - Je te raconterai je te le promets mais pour l'instant j'ai plus urgent à faire, Noor ne va pas bien, j'aimerai l'emmener dans sa chambre pour qu'elle puisse se reposer dans un environnement qui lui est familier

Samuel - D'accord bien-sûr, où est-elle d'ailleurs?

Leïla - Elle est passée par derrière, par le jardin, Soraya et Rémy sont en train de la conduire jusque sa chambre et j'aimerai les rejoindre

Samuel - Pourquoi ils ne sont pas passés par la porte d'entrée? Ça aurait évité à Noor de faire un détour

Leïla - Euh...bah tu sais elle...elle n'est pas vraiment prête à affronter, elle se sent faible et elle déprime au plus haut point, ce sont les effets de la drogue qui font ça mais même si ça commence à s'atténuer je ne préfère pas remuer le couteau dans la plaie, elle ne voulait pas te voir...

Samuel - Oh...alors c'est bien ça? Noor se drogue?

Leïla - Oui et apparemment ça dure depuis un certain temps, bien avant que nous nous alertons...

Samuel - Je suis désolée ma chérie...je n'ai jamais essayé de comprendre Noor mais dans le fond j'aurais peut-être pu la comprendre...je ferais des efforts dès qu'elle tolérera ma vision je te le promets

Leïla - Merci beaucoup, je suis sûre qu'elle se rendra très vite compte que rien n'a changé, que tu es l'homme que j'aime et que donc tu as ta place ici, que ce n'est pas parce-que mademoiselle le désire que tu vas disparaître de nos vies du jour au lendemain...

Samuel - Hmmm oui sûrement...et comment vont nos trois petits monstres?

Leïla - Euh je ne sais pas trop, ils vont bien, ils ne se sont pas vraiment manifestés pendant mon escapade à Paris

Samuel - Oh...j'aimerai t'examiner après que tu as deux minutes, d'accord? Nous ne sommes jamais trop prudents

Leïla - D'accord oui si tu veux, demain peut-être, tu ne travailles pas aujourd'hui?

Samuel - De base si mais j'ai pris ma journée, tu vas avoir besoin de moi ici, tu es enceinte chérie tu ne peux pas tout gérer toute seule constamment

Leïla - Tu as raison...merci

Samuel - Bon file voir ta fille, je vais te débarrasser de tes valises et les ranger en attendant

Leïla - Merci chéri, tu es un amour, nous discutons après d'accord? Mais là...

Samuel - Oui là tu as d'autres chats à fouetter, je comprends

Leïla - Oui voilà c'est ça"

Elle part en trombe vers la chambre de Noor. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour ses enfants? Je me le demande...ah oui si je sais! Se reposer! Elle pense à une partie de ses enfants mais à tendance à minimiser les risques qu'elle fait encourir à ces autres progénitures, celles à venir...mais bon, comment lui en vouloir?

Partie 2 : [Dans la tête de Leïla]

En ouvrant la porte, j'aperçois Soraya et Rémy assis sur une chaise, en train de regarder Noor. En me penchant, je me rends compte que Noor est toute dégoulinante de sueur et qu'elle a le sommeil vraiment très agité, comme si elle était en train de faire un cauchemar duquel elle ne parvient pas à se réveiller. Rémy me prend la main d'une façon extrêmement bienveillante et débute :

"Rémy - Leïla je ne suis ni médecin ni père donc je ne peux ni poser un diagnostic exact ni comprendre ce que vous devez ressentir, mais j'ai acquéri une petite expérience professionnelle grâce à l'hôpital et je pense que Noor est dans un état pareil car elle est en manque...son corps réclame de la drogue...et je pense qu'elle avait pour habitude de lui en donner régulièrement, sûrement tous les jours ou tous les deux jours grand maximum...

Leïla - À ce point là?! Merci Rémy, j'apprécie...je...je pense que Samuel pourrait m'en dire plus, il a de l'expérience dans ce domaine, il peut nous être d'une aide précieuse j'en suis sûre!

Soraya - Mais maman on parle de Samuel là! De 1 il ne voudra pas nous aider car il ne nous aime pas et de 2 si Noor se réveille et qu'elle le voit elle ne va s'en sentir que plus mal...

Leïla - Ma puce tu te trompes s'il-te-plaît crois-moi...Noor n'est pas sa grande copine mais il a du respect pour elle et il veut simplement trouver un terrain d'entente avec elle c'est tout, il est à 1000 lieux de la détester et mieux encore il ne veut que son bien, il n'a pas si mauvais fond que ce que vous vous imaginez! Ça a été le premier à me demander des nouvelles de ta sœur...

Soraya - Bon fais comme tu veux maman mais qu'il soit réactif car il ne faut pas qu'il reste ici 2 heures alors que Noor est susceptible de se réveiller et de tomber sur lui à tout moment...

Leïla - Bien, je vais le chercher"

Je sors ni une ni deux de la chambre, soulagée que Soraya ai suivi le chemin de la raison. J'arpente la maison à la recherche de l'homme que j'aime, je le trouve dans la chambre en train de ranger les affaires présentes dans ma valise. Je l'admire quelques secondes, il a beaucoup changé depuis notre première rencontre et je sais que si il a changé c'est pour moi, par amour...je l'aime tellement, je suis si fière de ce que nous avons accompli ensemble. Mais pas le temps de rêvasser, la nostalgie n'a pas sa place ici pour le moment, ma fille avant tout. Je le tire par le bras sans même lui apporter d'explications complémentaires jusqu'à la chambre de Noor, j'ouvre la porte puis je le pousse à l'intérieur, au bord du lit. Il regarde autour de lui, l'air assez perplexe. Puis il commence :

"Samuel - Je peux savoir pourquoi tu m'as traîné ici de force comme un sac de patates chérie? Tu sais bien que je me sens mal pour Noor, c'est difficile cette situation, mais c'est justement parce-que c'est difficile que je pense qu'il faut la préserver, elle n'a pas besoin de me voir, elle ne m'aime pas, ce n'est pas une bonne idée cette affaire...

Leïla - Si, si chéri, c'est bien que tu sois là...c'est bien parce-que tu vas pouvoir nous apporter des réponses...

Samuel - Je veux bien mais je suis gynécologue pas toxicologue...

Leïla - Non bien-sûr mais tu as déjà traversé des mauvaises passes à cause de la drogue toi aussi, tu peux comprendre Noor mieux que quiconque et c'est pile poil le genre de soutien dont on a besoin en ce moment...

Samuel - C'est vrai...qu'est-ce que vous voulez savoir?

Soraya - Noor transpire énormément depuis toute à l'heure, elle est trempée et elle parle toute seule, elle s'agite comme si elle était en plein cauchemar, impossible de la réveiller elle se rendort aussitôt...

Samuel - Je vois ça...il n'y a pas grand-chose à dire...en fait ce que son corps est en train de faire c'est une combinaison de deux choses, en premier lieu elle est en train d'évacuer la drogue donc forcément elle est en train de retomber de son petit nuage et c'est ce qui peut entraîner des pensées noirs, des cauchemars car la chute est douloureuse...et en deuxième lieu elle est en état de manque, son corps réclame de la drogue, il en est addict et c'est ce qui entraîne les suées voir la paranoïa...il n'y a rien à faire pour ça, le processus est en marche, il faut laisser le corps faire...ça peut encore durer plusieurs heures, ça dépend

Leïla - Et une fois que ce processus sera terminé Noor redeviendra comme avant? Elle n'aura plus envie de toucher à cette m**de?

Samuel - Comme avant physiquement oui...elle se réveillera mais elle aura toujours cette sensation de manque en elle et son corps ne s'en débarrassera pas avant qu'elle ne replonge, c'est ça une addiction...pourquoi nous envoyons les gens dans des centres de désintoxication selon vous? C'est pour les aider à s'en sortir

Leïla - Des centres tu dis?

Soraya - Maman n'y pense même pas, c'est hors de question! Noor ne se mélangera pas à ces gens là!

Leïla - D'accord ma chérie, ce n'était qu'une hypothèse calme-toi...bon mais toi Samuel tu n'as pas été en centre et pourtant tu t'en es sorti non?

Samuel - Oui mais je suis adulte et consentant, Noor c'est différent...c'est encore une enfant dans le fond, ils sont beaucoup plus fragiles, sans aide c'est dévastateur pour eux...et puis elle n'a pas l'air d'avoir envie de se battre pour aller mieux...

Leïla - Hmmmm...bon il faut qu'on la laisse se reposer maintenant...

Samuel - Chérie on peut aller dans le salon tous les deux s'il-te-plaît? J'ai à te parler

Leïla - Je ne sais pas trop...

Rémy - Vous pouvez y aller Leïla, nous on reste là de toute façon

Leïla - Bien, merci les enfants"

Je suis Samuel jusque dans le salon et je m'assois sur le canapé. Il commence :

"Samuel - Chérie tu me demandes ce que je pense de l'état de Noor mais tu ne m'as même pas raconté ce qu'il s'est vraiment passé...j'aimerais simplement savoir, il ne faut pas que tu crois que ça me passes au-dessus de la tête, non, je ne déteste pas Noor, je lui souhaite que du bonheur moi, ce n'est qu'une gamine après tout...

Leïla - Je sais chéri pardon, je t'en demande souvent beaucoup et j'ai tendance à foncer à 200 à l'heure mais...pour moi c'est si soudain, Noor mon bébé qui se drogue, je n'arrive pas à y croire...le pire c'est que c'est une rechute, ça veut dire que ce n'est pas la première fois...et moi je n'ai rien vu, j'ai été aveuglée...excuse-moi j'aurais dû t'expliquer la situation en arrivant mais je ne sais même pas par où commencer, je ne reconnais plus ma fille...

Samuel - Ne t'en fais pas chérie, calme-toi, tu l'as dis toi-même tu es à 200 à l'heure là, rien ne t'arrête tellement tu es speed mais ce n'est pas bon, pense à la grossesse chérie, respire...et il n'est pas trop tard pour m'expliquer comment et dans quel état vous avez retrouvé Noor d'accord? Je t'écoute

Leïla - Oui tu as raison...Soraya et moi on a cherché Noor de nuit, Rémy est resté à l'hôtel pour surveiller nos affaires...avec Soraya on a prit un taxi et on a fait le tour des bars, personne...alors on a décidé de faire le tour des cabarets, on en a fait plusieurs jusqu'à ce que je me démotive et que je m'assois quelques minutes au comptoir d'un de ces cabarets en question, le plus connu de Paris : le Lido...et c'est là que Soraya l'a aperçu...Noor à moitié dénudée sur la scène du cabaret, en train de faire du pole-dance devant des hommes qui lui lançaient des billets...je te jure tu aurais dû voir la scène, ça a profondément meurtrie mon âme de mère, voir ma fille se faire reluquer ainsi...le pire c'est que Kévin, son soi-disant ami, était avec les autres hommes en train de la mater, et dire qu'elle avait confiance en son amitié avec ce garçon...pfff tu parles ce n'est qu'un salop et c'est lui qui a déclenché tout ça...alors après ça Soraya a sorti Noor de force du cabaret et moi je me suis disputée avec ce fameux Kévin, je peux te dire qu'il en a prit pour son grade...mais c'est en sortant qu'on s'est rendues compte de la gravité de la situation, on s'est rendues compte que Noor était complètement à l'ouest...alors on l'a ramené à l'hôtel, on a fait venir un médecin et le verdict de la drogue est tombé...de plus il a bien soutenu le fait que ce n'est pas la première fois qu'elle y touche d'après lui...je ne sais plus quoi faire je te jure, je suis à bout de nerfs, je suis épuisée...

Samuel - Ma chérie je...je ne sais même pas quoi dire, je ne serais jamais un assez bon menteur pour te regarder dans les yeux et te dire que la situation va s'arranger...elle ne va pas s'arranger car Noor ne réussira pas à arrêter seule, tu sais la drogue c'est un engrenage infernal...je me sens profondément navré du numéro qu'elle a pu faire sur scène à cause de cette m**de, mais ce qui m'énerve le plus c'est que des hommes qui prétendent être des hommes de principes se rincent l'œil devant une gamine encore mineure, ça tu vois ça me répugne et en plus là c'est de Noor qu'on parle! Je sais que nos rapports sont compliqués mais je l'apprécie...je te jure que si ces hommes étaient en face de moi je les dégommeraient...

Leïla - C'est gentil chéri mais je crois que tu ne donnerais pas le bon exemple à nos futurs bébés en agissant ainsi...quand j'accoucherais ils n'auront pas besoin d'un papa en prison pour coups et blessures, ils auront besoin d'un papa présent donc prends sur toi, mets de l'eau dans ton vin s'il-te-plaît chéri...quand j'ai vu cette scène moi aussi j'ai vrillé, je m'en suis prise à Kévin, je l'ai même giflé, mais après réflexion je pense que la violence ne sert à rien, on répond aux imbéciles par le silence...

Samuel - Bien-sûr chérie tu as raison pardon...je ne savais pas pour la gifle, ma femme est vraiment badass!

Leïla - Excuse-moi ce n'est pas contre toi mais je ne suis pas d'humeur à plaisanter...j'ai des vagues à l'âme...

Samuel - Je comprends

Leïla - Bon j'ai beau retourner le problème dans tous les sens je ne vois qu'une seule solution : l'envoyer en cure de désintoxication...je pense que comme elle est mineure on pourra lui rendre souvent visite et je pense que c'est le meilleur moyen pour elle de remonter la pente...

Samuel - Je pense comme toi chérie, ça doit être un crève-cœur bien-sûr mais c'est nécessaire...c'est pour son bien

Leïla - Oui sans doute...je vais commencer à me renseigner sur le sujet, dans quelques jours j'en parlerais à Soraya, elle risque de péter un plomb en apprenant ça mais...je ne m'attends pas à ce qu'elle comprenne, elle se rendra compte que c'est la meilleure chose à faire tôt ou tard...non ce qui me peine juste c'est que Noor ne connaîtra personne sur place, je ne saurais jamais si elle est vraiment en sécurité ou si tout ceci n'est qu'une mascarade...

Samuel - Hmmmm...écoute concernant la solitude au sein de l'établissement ce n'est pas forcément une fatalité, j'ai peut-être un plan pour que quelqu'un veille sur elle de l'intérieur...mais pour l'instant je préfère attendre avant de t'en parler, j'aurais juste besoin que tu me communiques les résultats de tes recherches une fois effectuées comme le nom du centre par exemple, histoire que je m'organise dans mon micmac...

Leïla - Bien, merci chéri...tu me tires une belle épine du pied là car c'était ça ma pire hantise...je vais voir ce qui est possible dans la mesure du raisonnable mais pour l'instant pas un mot d'accord? Ça va créer des conflits, or Noor n'a pas du tout besoin de ça pour le moment, elle a besoin de sérénité et d'osmose...

Samuel - Pas de problèmes mon cœur, je serais muet comme une carpe...mais...tu penses que si Noor se drogue c'est à cause de moi? Parce-que j'ai emménagé avec vous?

Leïla - Je pense surtout que c'est un ensemble, une accumulation de beaucoup de choses, et l'annonce des triplés a été le coup de grâce..."

Et il se pourrait que ce soit à mon tour de recevoir le coup de grâce. Un coup de massue. Voir un de mes enfants malheureux est le pire des supplices pour moi, comme beaucoup de mères je suppose. Mais le pire c'est de connaître son malheur et de ne rien pouvoir faire. Cette impuissance que nous pouvons ressentir face aux lois de la nature, de la biologie, de la vie, c'est déconcertant! Je pense qu'un passage par le centre est nécessaire pour Noor. Et ce qui est nécessaire pour moi c'est de savoir que ma fille va bien. Or ce n'est le cas ni pour l'un ni pour l'autre. Décidément il n'y a pas que la drogue qui est un cercle vicieux, l'amour et le dévouement que nous portons aux êtres aimés l'est tout autant...