Nouveaux horizons
« Maxime ? demanda-t-elle quand il décrocha. »
Il fut surpris d’entendre sa voix. C’était idiot ; il sut que c’était elle dès que son téléphone se mit à vibrer au son de Et si tu n’existais pas. Il avait choisi cette sonnerie il y a quelques mois pour la faire rire, alors qu’ils étaient encore ensemble. Elle s’était moquée de lui mais ne lui avait pas demandé de la changer.
Mais c’était avant. Avant qu’il ne gâche tout en la trompant avec Amanda. Avant qu’elle ne finisse d’enterrer leur relation en se rangeant du côté de son ex-mari dans cette douteuse affaire de kidnapping dans laquelle il avait été soupçonné, loupant au passage son baccalauréat. La goutte d’eau. Après la différence d’âge, la relation prof/élève, l’adultère, le handicap, l’hostilité de leur entourage (surtout Garance) : ce fut l’obstacle de trop.
« J’aimerais te parler. On pourrait… tu crois qu’on pourrait se voir ? reprit-elle, hésitante.
— Je croyais que tu étais à Toulouse ? s’entendit-il répondre.
— Oui. J’ai beaucoup réfléchi là-bas. J’avais besoin de prendre l’air, de comprendre tout ce qui m’est arrivé ces derniers mois. J’ai vu un psychologue. Il m’a aidé à gérer ce qu’il s’est passé avec Christophe. Enfin il m’a donné des pistes pour y arriver, je n’y suis pas encore.
— Je suis encore désolé pour tout ça…
— Tu n’y es pour rien ! s’exclama-t-elle.
— Je sais bien mais j’aurais pu être plus présent. Je ne sais pas ! Être là après !
— Maxime… on n’était pas vraiment en bons termes si ? C’est à peine si on s’est parlé depuis avant l’été. Mais si tu veux m’aider alors dis oui ; laisse-moi une chance de te dire tout ce que je veux te dire. »
Il ne pouvait pas refuser. C’était étrange. Ils ne s’étaient pas parlé depuis des semaines à part quelques rencontres impromptues sur la plage ou lors de leurs joggings matinaux. A chaque fois il avait tenté d’écourter ces échanges au maximum. Il avait passé son été à se convaincre que c’étaient ses révisions pour le rattrapage du bac qui l’empêchaient de passer du bon temps à flirter à la Paillote comme ses amis. A part une poignée de séances de kite avec Bart et quelques soirées au Spoon il n’avait pas fait grand-chose ni vu grand monde.
Il avait pourtant essayé de profiter quand le mois de juillet est arrivé. Il avait donné une chance à Amanda, mais il s’était vite demandé ce qu’il lui avait trouvé. Comment il avait pu être attiré par elle alors qu’ils n’avaient rien en commun lui échappait totalement. Alors il mit vite fait un terme à cette relation avant qu’elle ne s’attache et se retrancha chez lui, le nez dans les bouquins. Si au moins il pouvait décrocher une mention ça serait toujours ça de pris. Sa mère serait fière de lui et ça serait une preuve que sa décision de quitter le lycée pour être auprès de Clémentine tout en étudiant à la maison n’était pas stupide.
Finalement la mésaventure avec Christophe était arrivée et leurs différends lui parurent soudain puérils mais il ne sut pas comment la soutenir ni d’ailleurs si elle en avait envie. Malgré tout il n’aimait pas savoir qu’elle souffrait.
Alors il se rendit à la plage comme elle lui avait demandé. Elle n’avait pas donné plus de précisions et il n’avait pas demandé. Mais il la trouva dès qu’il arriva, là où ils s’étaient déjà retrouvés pour parler au début, quand elle n’était pas encore sûre de pouvoir s’abandonner à lui et qu’il avait dû la convaincre de leur laisser une chance. Elle était assise sur le même rocher, son regard vers le large en l’attendant et il sut en la voyant qu’il avait totalement échoué dans sa tentative de passer à autre chose : il tenait toujours à elle et quoi qu’elle ait à lui avouer il lui pardonnerait.