Bart et Hugo, une histoire d'amour
Chapitre 36
La nuit est tombée depuis un long moment maintenant. La pleine lune est vive et éclaire nos deux amoureux qui sont assis l’un face à l’autre enroulés dans le plaid polaire. Ils se sont régalés avec le pique-nique que Bart a préparé. Ils n’ont pas envie de rentrer tout de suite, ils veulent encore profiter de l’ambiance romantique qui flotte autour d’eux.
Bart : Quand tu étais petit, qu’est-ce que tu rêvais de faire ?
Hugo : Être Batman. Dit-il d’un ton amusé.
Bart : Non mais sérieusement ?
Hugo : Tu te moques pas hein ?
Bart : Mais non. Répond-il avec tendresse tout en glissant une main derrière sa tête, jouant avec ses petits cheveux bouclés.
Hugo : Je voulais élever des labradors. Ajoute-t-il d’un air un peu gêné.
Bart : Pourquoi ? Demande-t-il intrigué ?
Hugo : Parce que ma voisine en avait un. Il s’appelait Zoom. Il était super gentil et... Il fait une petite pause, baisse les yeux et soupire avant de relever le regard vers son amoureux. Il y a une légère tristesse au fond de ses yeux. Disons que quand ma mère pétait un plomb, ce chien c’était ma consolation. Il était gentil avec moi, lui.
Bart : Oh... mon cœur. Répond le jeune homme visiblement touché par la triste anecdote. Avec une infinie tendresse, il prend le visage de son homme dans ses mains. Je ne vois vraiment pas pourquoi je me serais moqué. Je trouve ça très touchant au contraire. Hugo esquisse un sourire. Je ne laisserai plus jamais qui que se soit te faire du mal. Je te le promets. Ajoute-t-il d’un ton grave et sincère.
Le sourire de Hugo se fait plus profond. Son cœur saute quelques battements. Il approche son visage de celui de son ange et lui parle avec douceur.
Hugo : Je sais... Tu es mon ange gardien depuis le premier jour.
Bart : Je n’ai pas pu te protéger de tout pourtant.
Hugo : Pourquoi tu dis ça ?
Bart : Tu es allé en prison parce que je... Hugo le coupe.
Hugo : Parce que j’avais fait des conneries. Tu n’y es pour rien, ôte toi ça de la tête. Au contraire, tu m’as protégé du mieux que tu as pu. Bart hausse les épaules d’un air incertain. Chat... tu m’as payé le meilleur avocat. Tu es venu me voir tous les samedis même quand je me suis retrouvé à l’infirmerie. Sans toi, je n’aurais jamais pu tenir, crois-moi. Et puis tu t’es battu pour que je sorte de taule après mon agression. Tu te rends compte que tu m’as sauvé la vie ? Dit-il d’une voix émue.
Bart est ému aussi. Pour lui, tout ce que vient de dire Hugo est juste normal. Il ne se sent pas comme quelqu’un de spécial. Simplement comme un petit ami qui a fait ce qu’il devait.
Bart : Je n’avais pas vu ça comme ça...
Hugo : C’est comme ça que tu dois le voir. Tu es un héros, Bart.
Le coeur du jeune Vallorta s’emballe et se met à cogner comme un fou dans sa poitrine. Hugo a ce pouvoir incroyable de le mettre dans tous ses états. De le faire se sentir vivant. Sans attendre une seconde de plus, il saute sur les lèvres rosées de son amoureux et l’embrasse passionnément. Pris dans l’élan, Hugo tombe en arrière et se retrouve allongé sur le dos avec son amoureux sur lui.
Le lendemain matin, les amoureux sont tranquillement chez eux. Bart finit la vaisselle du petit-déjeuner pendant que Hugo vérifie les derniers détails pour leur voyage qui est dans dix jours. Soudain on frappe à la porte. Hugo va ouvrir. Le visiteur est une visiteuse.
Hugo : Bonjour Flore...
Flore : Bonjour Hugo.
Immédiatement, Bart tourne la tête et constate que sa mère se tient à la porte. Il n’avait pas prévu ça. Il ne lui a pas reparlé depuis Noël et a copieusement ignoré tous ses messages. Apparemment, elle a pris ça comme une invitation à venir chez eux. Le jeune homme est agacé d’entrée. Il coupe le robinet et s’essuie les mains.
Flore : Je peux entrer ? Hugo ne répond rien mais lui fait signe de la main. Elle entre et le jeune surfeur referme la porte derrière elle. Merci.
Bart : Qu’est-ce que tu fais là ?
Flore : Ma beauté, s’il te plaît on peut se parler calmement ? Ça fait des semaines que je suis sans nouvelles de toi.
Bart : Ouais c’était fait exprès. Généralement, c’est le message qu’on veut faire passer quand on filtre quelqu’un au téléphone. Répond-il froidement.
Flore : C’est par Chloé que j’ai appris que tu avais eu une grosse grippe... Dit-elle d’un ton triste.
Bart : Et ?
Flore : Si tu me l’avais dit, je serais venue m’occuper de toi.
Bart : Tu vois c’est justement ça le truc. Je n’ai pas besoin de toi. Hugo était là pour moi. Il m’a soigné. Il m’a tenu la main quand j’étais malade à crever. Il a passé des nuits blanches à me surveiller. C’est ce qu’on fait quand on aime quelqu’un.
Les mots de Bart sont comme des coups de poing dans l’estomac de Flore. Il a tellement l’air de penser ce qu’il dit... qu’il n’a pas besoin d’elle.
Flore : Je n’ai jamais pensé que Hugo ne t’aimait pas, Bart.
Bart : T’façon je ne sais même pas pourquoi je te parle.
Hugo : Bart... Le jeune homme tourne la tête vers son amoureux qui l’appelle. Kite a besoin de sortir alors je vais en profiter pour vous laisser un peu tous les deux.
Bart : Tu n’as pas besoin de faire ça, Hugo. C’est Flore qui doit partir, pas toi.
Le jeune surfeur se rapproche de son chéri pour lui parler plus discrètement.
Hugo : On n’a pas tous la chance d’avoir une mère aimante. Toi, tu en as deux. Parle-lui, Bart.
Et allez, touché en plein coeur. C’est vrai que Hugo n’a jamais eu une mère digne de ce nom, lui. Alors Bart décide de faire un effort.
Bart : Je le fais parce que tu me le demandes mais je ne te promets rien.
Hugo : C’est déjà bien d’essayer, chat.
Hugo attrape son manteau sur le porte-manteau à l’entrée et siffle Kite. La petite boule de poils arrive en courant et il lui met sa laisse. Il sort en lançant un profond regard à son amoureux qui lui sourit.
Flore : Je veux bien un café, si tu en as.
Bart : Des petits gâteaux aussi ? Et puis on va se raconter les derniers potins comme deux copines ?
Flore : Ne sois pas cynique, s’il te plaît Bart. Je veux juste qu’on se parle.
Bart : Moi je n’ai rien à te dire. Alors je t’écoute. Il appuie ses reins contre le rebord de l’évier et croise les bras faisant face à sa mère qui s’est assise sur un tabouret.
Flore : J’ai compris que ma maladresse t’a blessé et je m’en excuse.
Ça commence mal. Bart est d’ores et déjà énervé par sa mère. Elle n’a pas l’air d’avoir réalisé la gravité de ce qu’elle a fait.
Bart : Non une maladresse c’est quand on cuisine un steak à quelqu’un qu’on ne sait pas végétarien. Mépriser l’homme que j’aime, ce n’est pas une maladresse.
Flore : Bart, je ne méprise pas Hugo. Je ne pensais pas que ton grand-père lui ferait un cadeau mais je n’avais pas de mauvaise intention.
Bart : Mais on s’en fout de ce que grand-père aurait fait ou pas. C’est pas ça la question. Tu vas regarder en face ce que tu as fait ou tu es juste venue pour pleurnicher ?
Flore : Je suis venue pour qu’on se réconcilie, ma beauté.
Bart : Donc tu es venue pour toi uniquement. T’en as rien à foutre du mal que tu as fait à Hugo. Répond-il froidement.
Flore : C’est pas ça... Bart la coupe.
Bart : Je te connais. Tu t’en fous parce que pour toi, c’est pas grave ce que tu as fait. Pour moi ça l’est. Pour Hugo, ça l’est. Tu es tellement hypocrite... tu fais celle qui a accepté mon couple mais au fond de toi, tu espères que ça va se finir le plus vite possible et que ton fiston va retourner dans ce que tu appelles le droit chemin. Ajoute-t-il d’une voix posée et mature.
C’est à ce moment là que la coupe déborde chez Flore et qu’elle finit par le dire.
Flore : Oui ! Voilà, tu es content ? Oui, j’espère que ça ne va pas durer avec Hugo.
Bart le savait, il le sentait. Mais l’entendre, c’est difficile. Il est blessé et en colère.
Flore : Ça me fait chier que tu sois avec un mec, et encore plus qu’il ait fait de la prison. Tu ne crois pas que j’ai le droit de rêver mieux pour mon fils ?
Bart : Mais tu es ignoble en fait... Tu es ancrée dans tes petits jugements de merde. Que je sois heureux, tu t’en fous. Tout ce qui compte, c’est que je sois le Bart Vallorta parfait selon tes critères. Propre sur lui, bon élève à l’avenir radieux, le petit bourge sous toutes ses coutures. Dit-il presque comme s’il le crachait.
Flore : Et alors ? C’est pas une honte d’être un fils de bonne famille, si ?! Monte-t-elle sur ses grands chevaux.
Bart : Mais tu t’entends ? On dirait une comtesse du dix-neuvième siècle.
Flore : Je t’ai pas élevé comme ça, Bart !
Bart : Comme quoi ??
Flore : Depuis que tu connais Hugo, tu renies tes valeurs.
Bart : Tu dis vraiment n’importe quoi. Tu ne me connais pas du tout en fait, c’est un truc de ouf.
Flore : Je suis sûre que tu vas finir par te rendre compte que tu mérites mieux !
Bart ne peut plus en entendre davantage. Il se lance dans la réplique finale.
Bart : Tu ne connais pas Hugo. Ni son enfance, ni son passé, ni ce qu’il a au fond de lui et tu es là à le juger parce qu’il n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Putain mais je suis tellement content de ne pas te ressembler ! Je n’ai rien de toi et c’est tant mieux. J’aime Hugo plus que tout que tu l’acceptes ou non. Tes excuses de merde, j’en veux pas. Alors maintenant, tu vas sortir de chez nous ! Il marche rapidement vers la porte d’entrée qu’il ouvre d’un mouvement sec. Dégage. Et ne t’approche plus de Hugo ni de moi. Casse-toi !
À moitié en pleurs, l’ancienne maire de Sète s’exécute et quitte le domicile de son fils. Le jeune homme bouillonne de colère. Les préjugés de sa mère le rendent fou.