Bart et Hugo, une histoire d'amour

Chapitre 15

2463 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/11/2018 17:47

L'intensité du stress commence à faire tourner Bart de l'oeil. Il regarde sa montre qui indique 15h20. Il n'avait pas réalisé que ça fait déjà plus de cinq heures qu'il est là. Il n'a absolument pas faim et ne veut rien manger mais un peu d'eau lui ferait du bien. Il se penche vers Hugo et murmure à son oreille.


Bart : Je vais juste chercher un verre d'eau. Je reviens tout de suite.


Il dépose un doux baiser sur le front de son amoureux et quitte la chambre quelques instants. Ses jambes en coton arrivent tout de même à le porter jusqu'à la fontaine à eau près de l'accueil du service. Il prend un verre et s'assoit sur une des chaises à l'entrée, les coudes sur les genoux. Il passe sa main dans ses cheveux, souffle un grand coup et tente de reprendre ses esprits. Il repense à l'époque où tout était si simple quand Hugo et lui passaient leurs journées à surfer et à rire, et se demande comment les choses ont pu si mal tourner. Aujourd'hui il est là, dans un service de réanimation à prier pour que l'homme qu'il aime survive à un tabassage en règle. Tout lui semble si fou et incompréhensible.


Maxime : Bart...


Le jeune homme lève les yeux et constate que son cousin ainsi que Jess sont là. Il sourit. Ça lui fait du bien de voir des visages familiers.


Bart : Qu'est-ce que vous faîtes là ?


Maxime : Ta mère a appelé la mienne et de fil en aiguilles, j'ai su ce qui était arrivé.


Jess : Alors on s'est dit que tu aurais besoin d'un peu de soutien.


Maxime : On sait qu'on ne peut pas rester longtemps mais regarde, on a apporté des trucs pour Hugo.


Bart est ému par l'attention de ses amis. Ils connaissent peu Hugo mais ils ont pensé à lui, et ça le touche.


Jess : Alors moi j'ai amené Pouki. Dit-elle en tendant une petite peluche à Bart, un chiot avec trois pattes et un seul oeil. Je sais, il est un peu déglingué mais il a vécu beaucoup de choses le pauvre. C'est mon doudou d'enfance et quand j'avais un problème, que j'étais triste ou malade, je lui faisais des câlins et je me sentais mieux.


Bart : Merci Jess, c'est adorable. Répond-il avec un sourire timide.


Maxime : Et moi j'ai pensé que la plage doit manquer à Hugo depuis toutes ces semaines alors j'ai pris un peu de sable et je l'ai mis dans ce petit flacon.


Bart : Vous êtes géniaux, merci beaucoup !


Ils se font un câlin à trois. La chaleur de ses amis redonne un peu d'énergie à Bart. Parce qu'ils sont là pour lui bien sûr mais aussi parce qu'ils ont pensé à Hugo, et ça c'est vraiment quelque chose qui l'émeut beaucoup.


Maxime : T'inquiète pas, je suis sûr qu'il va vite se réveiller. Ajoute le jeune Delcourt d'une voix rassurante.


Bart : J'espère. Je pourrais pas supporter... Il ne peut pas aller au bout de sa phrase, c'est trop difficile pour lui.

 

Jess : Pense pas à ça Bart. Il faut rester positif. Hugo il est jeune, il est fort. Il va s'en sortir. Et quand il sera libre, on fera une méga teuf pour fêter ça ! Répond-elle de son air guilleret habituel.

 

Maxime : Jess a raison. Bon, ça sert pas à grand-chose qu'on reste vu qu'on peut pas aller le voir mais tu nous tiens au courant dès qu'il reprend connaissance, ok ?

 

Bart : Oui. Dit-il en hochant la tête. Merci d'être venus, et pour les petits cadeaux.

 

Après avoir dit au revoir à ses amis, le jeune homme retourne dans la chambre. Il constate avec tristesse qu'Hugo est toujours dans le même état mais il essaie de garder le sourire pour lui transmettre de bonnes ondes. Il pose la petite peluche sur le ventre de son amoureux, et le flacon au creux de sa main gauche, puis s'assoit de nouveau sur la chaise et lui reprend la main droite.

 

Bart : Tu vois, il n'y a pas que moi qui t'aime mon coeur. Jess et Max ont pensé à toi et ils ont hâte que tu ailles mieux. Il lui caresse tendrement la main avec son pouce. Qu'est-ce que je peux faire pour que tu te réveilles ? Demande-t-il d'une voix perdue. Qu'est-ce que je dois te dire ? Tu sais à quel point je t'aime. Tu es tout pour moi. Tout... Dit-il dans un souffle, ne quittant pas son amoureux du regard.

 

Le visage d'Hugo reste impassible mais tout à coup, Bart sent quelque chose. Un très léger mouvement. Il fixe alors la main droite de son amoureux et il constate que le mouvement recommence. Ses doigts se contractent un peu et puis ils se mettent à serrer la main de Bart, dont le sourire explose sur son visage.

 

Bart : Tu m'entends ! Je suis sûr que tu m'entends Hugo. Allez mon coeur, ouvre les yeux. Tu peux le faire, tu es fort et courageux. Allez, s'te plaît.

 

Un espoir fou renaît en Bart. Enfin il entrevoit la lumière au bout du tunnel. Il sent qu'Hugo est sur le bon chemin pour reprendre connaissance alors il continue de lui caresser la main et de l'encourager. Il s'assoit près de lui sur le lit pour être au plus proche et guette le moindre mouvement. Au fil des secondes, ses yeux commencent à ciller puis ils s'ouvrent doucement, comme si ses paupières pesaient une tonne. Ils se posent sur Bart, qui ne sait plus s'il doit rire ou pleurer alors il fait un peu les deux.


Bart : Hey salut toi. Merci de t'être battu pour revenir vers moi... Dit-il ému, se mordillant la lèvre inférieure. Je vais aller chercher un médecin pour qu'il t'enlève tout ça. Ajoute -t-il en parlant du respirateur.

 

Il prend la peluche et le flacon de sable et les déposent sur la table près du lit puis presque chancelant d'émotion, le jeune homme sort de la chambre et prévient une infirmière qu'Hugo est réveillé. Plusieurs personnels médicaux se rendent au chevet du kite-surfeur. Une infirmière explique à Bart qu'il ne peut pas rentrer pour l'instant et qu'il va falloir une bonne heure pour effectuer toutes les vérifications nécessaires. Alors il décide d'aller marcher un peu dehors pour prendre l'air en attendant. Il en profite pour appeler ses amis et leur donner des nouvelles. Il est tellement impatient de pouvoir remonter voir Hugo. Il a l'impression que ça fait cent ans qu'ils ne se sont pas vus. En attendant, il appelle maître Amalric.

 

Bart : Il faut le sortir de là, maître. Il ne peut pas y retourner.


Avocat : Les prisonniers qui l'ont agressé ont été mis en quartier d'isolement pour trois semaines.


Bart : Et après ces trois semaines, ils reviendront dans la même unité qu'Hugo et ils recommenceront. Et cette fois, ils le tueront. Répond-il d'une voix inquiète.


Avocat : Mais non, Barthélémy. Les gardiens seront vigilants. Ils ne laisseront pas une telle chose se reproduire.


Bart : Vous vous moquez de moi ? Karim m'a dit que ça faisait des semaines qu'Hugo se faisait harceler et qu'ils l'avaient déjà frappé. Les surveillants n'ont strictement rien fait. Alors vous allez vous bouger et trouver un moyen de le faire sortir ! Ajoute-t-il en devenant plus ferme.


Avocat : Il doit effectuer au minimum la moitié de sa peine avant que je puisse faire une demande de liberté conditionnelle, Barthélémy.


Cette fois, Bart s'énerve vraiment et se met à hurler dans le téléphone. Il est absolument hors de question que son petit ami retourne dans cet enfer.


Bart : Mon grand-père vous paie une fortune alors vous allez trouver une solution !! Hugo a failli mourir aujourd'hui. Si vous le renvoyez dans ce trou, c'est un meurtre ! Demandez une audience d'urgence au juge, expliquez-lui tout ce qui s'est passé et faites le sortir ! Crie-t-il avant de raccrocher au nez de l'avocat.


Lui qui est d'habitude si calme et si posé, là il est en rage. Il ne peut pas croire ce qu'il vient d'entendre. Il est impossible que son amoureux retourne un mois en prison pour effectuer la moitié de sa peine. Une seule journée pourrait lui coûter la vie. Un juge devrait voir à quel point la situation est dangereuse. Il se dit que si maître Amalric n'est pas capable de plaider la cause d'Hugo, il ne mérite pas son surnom de ténor du barreau. Il a besoin de parler alors il appelle Anna, qui l'a toujours soutenu depuis le début de son histoire avec Hugo. Après avoir passé un long moment avec elle, à écouter ses mots rassurants, il se sent un peu plus calme et décide de remonter en réanimation pour voir s'il peut retourner auprès de son petit ami. L'infirmière à qui il avait parlé plus tôt lui dit qu'Hugo a besoin de repos mais il insiste.


Bart : S'il vous plaît. Je le laisserai se reposer, je vous le promets. Je veux juste être près de lui.


Infirmière : Bon... d'accord. Mais allez-y vraiment doucement. Il est très fatigué. Répond-elle, attendrie par l'air concerné du jeune homme.


Bart la remercie et entre dans la chambre. Quel soulagement de voir Hugo éveillé et sans ce maudit respirateur. C'est vrai qu'il a l'air épuisé mais au moins, il est en vie et conscient. Il s'approche doucement puis s'assoit sur le lit. A nouveau, il prend la main de son amoureux dans la sienne et lui sourit.


Bart : Comment tu te sens ?


Hugo : Vous êtes qui ? Dit-il d'une voix un peu cassée par l'irritation provoquée par le respirateur.


Bart : Hein ? Je... je... Bafouille le jeune homme, complètement en panique, les yeux écarquillés. Hugo ne se souvient plus de lui ? Je suis Bart... ton petit ami... Finit-il par articuler, le coeur cognant à fond la caisse dans sa poitrine.


Hugo reste silencieux deux ou trois secondes puis...


Hugo : Je plaisante... Répond-il avec un léger sourire et les yeux rieurs.


Bart : Hhhhhan putain tu m'as fait peur ! Dit-il avec la main sur le coeur. T'es fou, me fais pas des frayeurs pareilles. J'ai crû que notre histoire avait disparu de ta mémoire.


Hugo : Jamais... Dit-il d'une voix pleine d'amour malgré la fatigue, et des yeux tout autant amoureux. Tu es tout pour moi.


Ces mots sont la goutte d'eau qui fait déborder le vase de l'émotion de Bart car se sont les mêmes qu'il a prononcé juste avant qu'Hugo ne se réveille. Les larmes perlent aux coins de ses yeux sans couler.


Bart : Toi aussi... Murmure-t-il avant de se pencher vers son amoureux et de cacher son visage au creux de son cou.


Hugo l'entoure de ses bras et le serre tendrement. Il ferme les yeux et inspire profondément. Le parfum de son petit ami l'envahit et il ne peut s'empêcher de sourire. Bart relâche la pression. Il a bien crû perdre son amour pour de bon alors pouvoir à nouveau sentir ses bras autour de lui est presque comme un miracle.


Hugo : Mon petit chat... Dit-il tendrement en caressant les cheveux d'or de son compagnon. Tout va bien. Tout ira bien maintenant.


Bart : J'ai eu tellement peur que tu ne te réveilles jamais. J'étais perdu sans toi. Répond-il en se redressant en position assise normale.


Hugo : Je suis désolé...


Bart : Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu avais des problèmes ?


Hugo : Je ne voulais pas t'inquiéter, Bart. Je te connais, tu te serais rongé les sangs si je t'en avais parlé. Je ne pensais pas que ça en arriverait là.


Bart : Je sais que tu as voulu me protéger mais... Il fait une courte pause, secoue légèrement la tête puis reprend la parole. C'est toi qu'il fallait protéger en priorité.


Hugo : Je sais... Répond-il d'une voix fatiguée.


Bart : Ecoute, on ne peut pas revenir en arrière et le plus important pour l'instant, c'est que tu te reposes et que tu retrouves tes forces. Pour le reste, je m'en occupe.


Hugo : Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu ne fais rien qui puisse te mettre en danger, hein ?


Bart : Non, ne t'en fais pas. J'ai juste mis les points sur les "i" à ton avocat pour qu'il te fasse sortir de prison.


Hugo : Vraiment ?


Bart : Oui. Mais ne pense pas à tout ça pour le moment. Il faut juste te reposer.


Hugo : Il y a un truc qui ne va pas...


Bart : Quoi ? Tu as mal quelque part ? Tu veux que j'appelle une infirmière ? S'inquiète-t-il.


Hugo : Tu ne m'as pas encore embrassé... Répond-il avec un tendre sourire.


Bart : Ah... bah je peux arranger ça. Ajoute-t-il d'un air rieur.


Il se penche vers son amoureux et ils joignent leurs lèvres dans un doux baiser. C'est un tel soulagement pour Bart de sentir le goût de son petit ami sur sa bouche. Il sourit tout en l'embrassant.


Bart : Ça va mieux ?


Hugo : Hum, c'est un bon début. Répond-il avec taquinerie. Il plonge son regard dans celui de son amoureux, se noie dans le bleu océan de ses yeux. Tu es beau...


Bart sourit timidement, le rose lui monte aux joues. Hugo l'admire, le dévore des yeux. Il le trouve sublime dans son petit pull noir qui fait ressortir la blondeur de ses cheveux.


Bart : Tu parles, je dois avoir une tête de déterré.


Hugo : Tu es beau. Répète-t-il avec amour. C'est quoi ça ? Ajoute-t-il en voyant la peluche et le flacon de sable.


Bart : Des petits cadeaux de Maxime et Jess.


Hugo : C'est gentil...


Bart : Jess a déjà prévu de faire une grosse fête quand tu seras sorti. Hugo sourit. Je vais te laisser dormir, tu as l'air vraiment épuisé.


Hugo : Attends, reste encore un peu s'il te plaît. Il le retient par le bras.


Bart : Ok... Mais tu te reposes alors.


Hugo : Promis. Tu t'allonges à côté de moi ?


Bart : Je ne vois pas comment je pourrais dire non à ça. Répond-il en souriant.


Alors doucement, il s'allonge et cale son corps contre celui de son amoureux. Tête à tête, Hugo ferme ses yeux et se laisse bercer par les mouvements réguliers de respiration de Bart. Pour la première fois depuis des semaines, l'horizon a l'air de s'éclaircir pour les deux amoureux.



Laisser un commentaire ?