Bart et Hugo, une histoire d'amour

Bart : Au fait, j'ai tenu ma promesse. Hugo le regarde fixement un instant le temps de comprendre de quoi il parle.

Hugo : Ah tu as reparlé avec ta mère ? Répond-il souriant.

Bart : Je suis retourné vivre avec elle.

Hugo : Génial !

Bart : Je crois qu'elle et Anna se sont parlées entre quatre yeux et qu'elle a fini par comprendre la situation.

Hugo : Tu vois, je te l'avais dit. Il lui fallait seulement un peu de temps. C'est quelqu'un de bien ta mère. Enfin tes deux mères. Rajoute-t-il avec légèreté. Ça me soulage de savoir que tu es rentré chez toi.

Bart : Je t'avoue que je préfère quand même mon lit au canapé de Karim ! Répond le jeune homme avec un demi-rire. Même si... Il se coupe lui-même.

Hugo : Même si quoi ?

Bart : Hum, rien.

Ça n'est pas la peine d'en rajouter, pense-t-il. Il est inutile de dire à Hugo qu'il dort à peine la nuit parce qu'il a peur pour lui. Qu'il stresse de ce qui peut lui arriver en prison. Qu'il lui manque trop. Non, ça n'est pas le moment de donner plus de raisons à son petit ami de s'inquiéter.

Bart : Je suis allé faire du kite ce matin et j'ai réussi à passer un tootsie roll ! Balance-t-il l'air de rien, pour changer de conversation.

Hugo : Hum c'est vrai ce mensonge ? Titille Hugo, les yeux joueurs.

Bart : Je te jure. Je peux te montrer si tu veux.

Hugo : Hein ?

Bart : Maxime m'a filmé. Attends... Il attrape son portable dans sa poche. Hugo le regarde, perplexe. Le surveillant qui m'a amené ici ne m'a pas fouillé. Répond Bart, qui a compris ce que son petit ami se posait comme question. Il cherche dans son téléphone. Voilaaaa... dit-il en lançant une vidéo. On entend Maxime crier "Allez mec, tu peux le faire !" puis on voit Bart,s'élancer dans les vagues et réaliser la fameuse figure. "Yeaaaah !" réagit Maxime avant d'arrêter de filmer.

Hugo : Punaise... il était vraiment beau ! Réagit-il. Son regard est plein de fierté. Le tootsie roll est une figure très difficile à réaliser. Tu as vachement progressé !

Bart : J'ai eu le meilleur des profs. Répond Bart, un petit sourire taquin aux lèvres.

Hugo : L'élève a dépassé le maître.

Bart : Mais non. Il y a encore tellement de figures que tu passes et pas moi. Je suis loin de ton niveau. Tu me les apprendras.

Hugo : Je vais sortir en plein hiver. Les conditions ne seront plus très bonnes pour surfer ici.

Bart : On s'en fout, on ira ailleurs. C'est toi qui l'a dit, on peut surfer autour du monde. Répond le jeune homme d'une voix pleine d'amour et d'enthousiasme.

Hugo : Ça c'était le plan quand j'avais encore marqué "cambrioleur" sur mon CV et que la thune tombait du ciel, Bart. Et puis il y a ton bac.

Bart : Alors premièrement la thune, c'est pas un problème. J'en ai de côté et puis on peut toujours faire des petits boulots. Et deuxièmement, je ne suis pas obligé d'aller en cours pour passer le bac. Je pourrais le faire en candidat libre.

Hugo le fixe quelques instants sans rien dire. Il semblerait que Bart ait réfléchi à beaucoup de choses ces derniers temps.

Hugo : Tu es sérieux là ?

Bart : Oui bien sûr, pourquoi ?

Hugo : Tu n'as pas renoncé à partir avec moi ?

Bart : Bah non, pourquoi je devrais ?

Hugo : Parce que les choses ne sont plus du tout comme elles étaient quand je te l'ai proposé...

Bart : Il n'y a rien qui a changé entre nous, Hugo. Répond Bart tout en prenant le visage de son amoureux dans sa main droite et caressant sa joue avec son pouce. On s'aime toujours et on a toujours les mêmes rêves. Ça n'est qu'une question de temps et de patience.

Hugo ne répond rien mais il sourit avec émotion à son petit ami, ferme les yeux et leurs fronts se rejoignent tendrement. Il titille le nez de Bart avec le sien, ce qui fait sourire le jeune homme, puis ils s'embrassent avec douceur. Hugo mime de ses lèvres un "Je t'aime" en silence. Bart lui répond "Moi aussi" de la même manière. Cette façon de se dire "Je t'aime" est leur truc. Chaque couple a son petit truc et pour eux, c'est ça.

Malgré le contexte, ils sont biens. Dans les bras l'un de l'autre, rien de mal ne peut leur arriver. Se laissant un peu emporter par ses sentiments, Hugo glisse une main sous le T-shirt de son amoureux et lui caresse délicatement le ventre. Le contact peau à peau les font frissonner. Depuis qu'Hugo est enfermé, ils n'ont plus d'intimité et c'est quelque chose de difficile à gérer. Le coeur de Bart s'accélère. Il a tellement envie de son petit ami mais c'est impossible.

Bart : Me fais pas ça... Bredouille-t-il en se raclant la gorge, les joues rosies par l'envie.

Hugo : Quoi ? Répond-il tout en sachant très bien ce que Bart veut dire.

Bart : Me toucher comme ça. Ça me rend dingue.

Hugo : Comme ça tu veux dire ? Taquine-t-il en accentuant ses caresses sur la peau dorée de son amoureux.

Les paupières de Bart se ferment en un clin d'oeil et il doit inspirer profondément pour ne pas complètement perdre le contrôle. S'il pouvait, il sauterait sur Hugo et lui ferait l'amour pendant des heures mais il doit prendre sur lui. Il attrape la main coquine de son amoureux et l'éloigne de sa peau. Puis il rouvre doucement les yeux.

Bart : Pour ça aussi, il faut qu'on soit patients... Murmure-t-il à demis-mots.

Hugo sait que son amoureux a raison même s'il aurait voulu pouvoir avoir un vrai moment d'intimité avec lui. Il soupire longuement pour évacuer sa frustration.

Hugo : Viens là... Dit-il simplement en ouvrant son bras pour que Bart puisse poser sa tête au creux de son cou. Une fois que son petit ami est installé, il plonge sa main dans sa chevelure blonde et joue longuement avec, entre caresse et taquinerie.

Ils restent un long moment ainsi mais le temps passe vite et l'heure des au revoir approche. Hugo plonge une main sous son oreiller et en ressort une enveloppe.

Hugo : Je ne savais pas que tu viendrais aujourd'hui mais je ne voulais pas la laisser dans ma cellule. On ne sait jamais.

Bart : Qu'est-ce que c'est ? Demande le jeune homme, surpris.

Hugo : Certaines choses que je voulais te dire. Mais lis là quand tu seras rentré, pas maintenant.

Bart : Ok... Répond-il, se demandant ce que cette lettre peut bien contenir.

Hugo : Tu viens la semaine prochaine ?

Bart : Evidemment ! Tu n'oublies pas, tu m'as promis de prendre soin de toi, hein ! Alors tu manges et tu te reposes. Reviens-moi en pleine forme.

Hugo hoche la tête et tend ses lèvres, réclamant un bisou, que lui donne immédiatement Bart. Les au revoir sont toujours tellement compliqués. Leurs ventres se tordent de douleur car ils savent qu'ils vont beaucoup se manquer pendant les sept prochains jours.

Pendant le trajet retour, Bart meurs d'envie d'ouvrir la lettre que Hugo lui a remis mais il y a beaucoup de monde dans le train et il préfère attendre d'être chez lui au calme. Il ne sait pas ce qu'elle contient et il vaut mieux qu'il soit seul pour la lire. Une fois arrivé chez lui, il constate que sa mère n'est pas là. Tant mieux, pense-t-il. Il s'assoit en tailleur sur le canapé et n'y tenant plus, ouvre la lettre.

" Mon amour,

Être enfermé loin de toi est la chose la plus difficile que j'ai jamais eu à vivre. Je réalise ce que c'est que d'aimer vraiment. Avant toi, tout était frivole et superficiel. Je passais de ville en ville, de plage en plage, sans jamais m'attacher à personne. Je croyais que c'était ça le bonheur. N'avoir aucune contrainte, faire ce que je veux quand je veux. Et puis tu es arrivé avec tes yeux bleu océan, ta chevelure d'or et ton sourire ravageur et tout a changé. Tu n'as pas volé mon coeur, je te l'ai donné sans conditions et c'est la meilleure chose que j'ai fait de ma vie car maintenant, je sais ce que c'est d'aimer et d'être aimé. Tu es la seule personne au monde qui compte et je ferai tout pour te rendre heureux. Même si, depuis que je suis ici, je me dis que tu mérites mieux que moi, mieux que tout ça... Tu es tellement courageux de supporter toutes ces galères pour moi. Je suis fier de toi. Tellement fier, si tu savais. Je n'en reviens pas que tu gères aussi bien une épreuve pareille à dix-huit ans. N'importe qui d'autre m'aurait laissé tomber mais pas toi, parce que tu es exceptionnel. Tu es un diamant. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter un homme comme toi mais je remercie le destin de t'avoir mis sur ma route. Je ne pourrais plus jamais vivre sans toi. Quand je serai sorti, je te promets qu'on vivra nos rêves. Je te promets qu'on rira, qu'on surfera, qu'on s'aimera... Je te promets de te donner tout ce que j'ai en moi. Je t'aime plus que tout.

Ton ange tombé du ciel"

Chaque mot de la lettre a touché Bart en plein coeur. Personne ne lui avait jamais écrit des choses aussi belles et aussi sincères. Même s'il n'en avait jamais douté une seconde, il sait qu'Hugo est son petit trésor. Son grand amour. Alors il relit la lettre, encore et encore, gravant chaque mot dans sa tête.

Il ne sait pas encore qu'un nuage noir va bientôt planer au dessus de leurs têtes...